Chapitre 21 :

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Les campus ne fêtaient pas Noël et le nouvel an puisqu’ils avaient lieu pendant les grandes vacances. Du moins, les grandes vacances des élèves de la communauté. Cependant, les fêtes de l’année scolaire comme Halloween nécessitait l’organisation de soirée. Pâques ne dérogeait pas à la règle et le banquet se déroulait le samedi neuf avril au soir. Tout simplement car la zone des jumeaux se trouvait donc en vacances et que la plupart retournait chez leur famille le lendemain pour les deux semaines de congés. Or à chaque fête, l’ensemble du campus devait être présent. Tout le monde devait avoir la chance d’en profiter. Pour respecter cette règle le directeur du campus l’organisa donc ce soir-là, juste avant les départs.

Il y avait de la musique si forte qu’il fallait quasiment hurler à s’en tuer la voix pour discuter. Certaines personnes restaient dehors pour profiter du calme et de la nature. Malheureusement, Laurène était trop frileuse pour y rester. Elle n’aimait pas du tout ce genre de soirée dans lesquelles les personnes buvaient - souvent à s’en rendre ivre mort -, dansaient, flirtaient avec tout ce qui bougeaient, s’isolaient pour faire leur affaire sans aucune discrétion. La jeune fille ne tolérait que les personnes masquées même s’il ne s’agissait pas d’une soirée déguisée : au moins elle ne voyait plus les têtes de certaines personnes désagréables. Laurène commençait à devenir aigrie à cause de l’ennui et l’envie de dormir. En résumé : la soirée s’annonçait longue. Contrairement à Joyce ou Clara, elle n’avait fait aucun effort vestimentaire. Porter quelque chose d’élégant, cela n’allait pas avec Laurène qui favorisait le confortable dans toute situation !

Le petit groupe s’installa près du buffet à volonté et Lucas s’y jetait déjà. Valentine, Joyce et moins souvent Anna furent approchées par des jeunes hommes. À chaque fois elles déclinèrent les propositions. Laurène se félicitait de ne pas avoir assez de beauté selon les personnes du campus pour être approchée. Peut-être que sa réputation de Liée hyper étrange aidait aussi. Lucas, Valentine, Anna et Joyce parlaient vivement alors que Laurène se contenta de placer des phrase de temps à autre, elle n’avait pas le cœur à bavarder et faire la fête après les révélations des prophéties. La jeune fille regarda Clara s’approcher, tenant un verre de cidre à la main. Elle avait reçu un coup de fil de sa mère avant-hier, et elle n’avait pas dû être très sympathique puisque Clara s’était renfermée. Laurène avait tenté de savoir ce qui n’allait pas sans résultat. Maintenant, son amie semblait avoir pas mal bu avec ses camarades Dresseurs, sûrement pour oublier ce que sa mère lui avait dit.

– N’as-tu pas peur que ton père te voit dans cet état ? demandant la Liée en lorgnant le verre que sa meilleure amie portait à ses lèvres. Il pourrait en parler à ta mère.

– Il le ferait sans doute. Mais pour une fois que je peux m’échapper des restrictions imposées par ma mère ! Je le fais. Si tu savais toute la pression qu’elle me fout ! J’ai besoin de respirer.

L’alcool possède l’incroyable don de délier les langues. Clara ne confiait jamais cela donc elle n’était clairement pas sobre. Laurène fut soulagée de la voir rejoindre la discussion de leurs amis. Ils la tiendraient à l’œil. La Liée subtilisa le verre de Clara pour l’empêcher de boire et lança un regard entendu à son frère. Sa meilleure amie devait se calmer sur la boisson ! Laurène réprimait son envie de s’enfuir de ce cauchemars. L’adolescente préférait mille fois dormir à cette fête. À force de s’entraîner au partage, son corps ne réclamait que ça. Sa santé mentale aussi ne réclamait que du repos, Laurène se sentait encore plus oppressée qu’elle l’était déjà dans cette salle remplit de monde.

La Liée observa Aaron. Il restait dans son coin sans rien dire, à l’évidence il n’était pas plus à l’aise qu’elle dans ce type de fête. Ils se ressemblaient bien plus qu’ils le pensaient. Laurène se demandait comment il pouvait s’entraîner autant au partage sans être fatigué de la sorte ! Elle aurait voulu connaître son secret pour s’exercer sans relâche. Mais elle se focalisait surtout sur ses soupçons. Elle se demandait ce que cachait les doutes qu’il ne lui partageait pas. La brune suivit le regard d’Aaron : il se posa sur Henry. Ce dernier était la personne la plus discrète du campus mais Aaron ne le portait pas dans son cœur. Cela se voyait dans son regard. Laurène pensait qu’Aaron soupçonnait Henry, mais tant qu’il ne le disait pas, elle ne pouvait pas savoir. Laurène se sentit triste pour lui, il l’appréciait beaucoup, et elle en retour, elle ne ressentait rien, de l’indifférence avec un fragment de sympathie…

La fête se termina tard, vers quatre heures du matin, au grand damne de l’adolescente. Joyce et Lucas raccompagnèrent Clara qui tenait à peine debout. Laurène lui ferait la morale lorsqu’elle serait sortie de sa gueule de bois. Il y avait des limites avec l’alcool et elle les avait dépassées de très loin. Cela perturba ses trois amies d’enfance de la voir dans cet état. Alors qu’ils rentrèrent dans le quartier des Liées, Laurène remarqua l’absence d’Henry. Il devait sûrement être déjà rentré, il paraissait si fatigué lorsqu’elle l’avait vu. La Liée souhaita une bonne nuit à Aaron avant de regagner sa chambre puis elle s’étala mollement sur son lit. Enfin elle allait dormir ! Sa vision se troublait déjà mais redevint très vite net avec l’écho de la voix d’Ignisaqua.

« Quelque chose se trame. »

Avant qu’elle n’ait pu demander à son dragon d’éclaircir ses propos, elle entendit des bruits d’explosions ainsi que des cris. Laurène s’inquiéta immédiatement et bondit sur ses pieds alors que la porte s’ouvrit. La peur la tétanisa sur place. Son sang se glaça en voyant un individu in-identifiable. Il vêtait un grand manteau gris à la capuche rabattue sur la tête. Un masque noir dissimulait son visage ne laissant qu’apparaître des yeux bleus glacés. Laurène recula autant qu’elle le pouvait alors que l’inconnu n’esquissait pas encore de geste. La Liée paniqua totalement car elle comprit immédiatement que c’était un opposant. L’attaque. Ils venaient pour elle. Valentine, Anna et les autres Liés dont son frère étaient particulièrement en danger. La jeune fille, en plus de cela, ne se trouvait pas du tout dans une bonne posture pour se battre.

L’individu brandit une épée à défaut d’une arme à feu. Néanmoins cela ne la rassura pas : il souhaitait la capturer. Malheureusement, Laurène ne pensait pas être suffisamment préparée pour se défendre assez correctement. Mais elle essayerait.

L’ennemi s’approcha très vite d’elle ne lui laissant pas le temps pour faire quoique ce soit, même se préparer mentalement à une bagarre. Ce fut trop soudain. Il l’attrapa par la jambe pour la faire tomber et rangea son épée puis souleva l’adolescente sur une épaule. La jeune fille s’agita furieusement. Ses poings cognèrent le dos de son agresseur, ses pieds la poitrine. Il lâcha son emprise et Laurène chuta en avant. Elle s’éloigna le plus possible mais son adversaire l’empoignait déjà. Elle choppa un vase qu’elle cogna de toutes ses forces, plusieurs fois sur le crâne de l’homme. L’emprise de ce dernier faiblit et le vase se brisa au sol. Laurène se leva et s’élança, son poignard en main jusqu’à la porte mais l’opposant la bloqua à nouveau. Elle hurla de l’aide en espérant que quelqu’un puisse la secourir. L’homme sortait à nouveau son épée pour la menacer. La jeune fille se rendit compte de la chaleur de ses mains : le partage. Pendant un instant cette capacité était sortie de sa tête. Elle fit grandir les flammèches sur ses mains chaudes et tendit sa main vers l’homme. Les flammes léchèrent le tissu du vêtement de l’ennemi qui commença à s’embraser, jusqu’à sa peau. Laurène le regarda être dévoré par les flammes. L’adolescente récupéra l’épée au passage et sortit de sa chambre. D’un geste maladroit elle coupa suffisamment la gorge d’une femme ennemie pour qu’elle lâche son arme dans le but de mettre ses mains autour de son coup. Le sang gicla sur le visage de la Liée et l’assaillante s’écroula en convulsant. Laurène se précipita pour aller chercher Aaron dans le quartier des garçons mais un autre opposant pointait déjà une épée sous sa gorge. Elle ne bougea plus et regarda un poignard s’enfoncer profondément dans la poitrine de l’ennemi par un bras qui arrivait dans le dos de la victime. Elle se vida vite de son sang lorsque l’arme se retira de son corps qui s’écroula, laissant place à son tueur.

– Es-tu blessée ? demanda Aaron en la fixant.

Laurène répondit par un signe de tête alors que le jeune homme inspectait le corps de sa camarade pour être certain. Les cris provenant de la chambre l’alerta donc il jeta un coup d’œil. L’homme brûlait toujours en se roulant au sol. La Liée esquissait un pas pour y retourner.

– Ne va pas l’éteindre, l’arrêta Aaron en lui barrant le passage. Il pourrait t’attaquer directement après. Garde son épée, on doit essayer de sortir d’ici le moins blessé possible.

Les deux jeunes coururent vers le salon. Des dizaines d’opposants s’y trouvaient : ils les attendaient visiblement. Cela aurait pu être facile de s’en débarrasser : Aaron pouvait inonder la salle ou Laurène l’enflammer. Sauf qu’aucun des deux résistaient au feu ou à l’eau, puis ils ne se résignaient pas à détruire leur habitat. Les deux Liés se positionnèrent dos à dos, encerclés. Aaron chargea en premier. Il se battait comme si sa vie en dépendait – ce qui était réellement le cas – pendant que Laurène tentait de s’en sortir. S’entraîner était une chose, combattre contre de vrais ennemis, cela ne ressemblait malheureusement en rien. Elle ressentit une douleur à son bras et enfonça l’épée dans le ventre du responsable et aperçut ses boyaux. Une femme l’attaquait déjà par l’arrière. Elle n’eut pas de chance non plus : Laurène l’enflamma. Aaron était rapide, propre et efficace. Même avec un seul poignard il causait des dégâts considérables. Trancher la gorge ou enfoncer dedans. Atteindre le ventre ou la poitrine pour blesser mortellement. Toucher un poumon ou le cœur pour tuer. Il parvenait même à conserver son sang-froid pour aider Laurène qui manquait cruellement d’expérience mais se débrouillait mieux que n’importe qui dans son cas. Enfin il ne resta qu’eux deux dans la pièce jonchée de cadavres. Essoufflés, fatigués et parsemés de sang ici et là, ils étaient en vie !

– Sortons, souffla difficilement le jeune homme.

Il observa une plaie à sa jambe gauche et fut pris de stupeur lorsque Laurène leva son épée vers lui. Elle la projeta en avant mais pas contre lui. Son bras s’étendait alors que sa tête cognait le torse d’Aaron. Il entendit un gémissement de douleur et se retourna. L’homme qui souhaitait l’attaquer s’écroula au sol. Aaron s’agenouilla et récupéra le poignard pour en obtenir un autre, car un Lié n’a jamais assez d’arme sur lui ou dans son artillerie. Après réflexion, il la tendit à sa camarade étonnée.

– J’en possède déjà pas mal, affirma-t-il. Tu devrais t’entraîner à manier différentes armes pour être plus à l’aise possible. Prends-le.

La jeune fille accepta l’offre sans un mot. Il faisait froid dehors mais la plupart des gens y étaient. Eux aussi avaient subi une attaque mais elle s’était achevée. Il y avait des blessés plus graves que d’autres, mais le campus ne ressemblait assurément plus à ce lieu rassurant de paix au début du levé soleil. Laurène tenta de repérer son frère alors que beaucoup de monde la fixait. Laurène en était persuadée, ils la tenaient tous pour responsable de cette attaque, et ils avaient parfaitement raison. Si elle n’existait pas, rien de tout cela ne serait arrivé. Elle paniqua en ne voyant aucun de ses amis. Étaient-ils encore à l’intérieur ? Une main se posa sur l’épaule de la petite adolescente et elle leva la tête pour regarder Sébastien.

– Des opposants ont réussi à nous attaquer dans nos quartiers. Ils nous visaient spécialement. Il faudrait penser à renforcer la sécurité, informa Aaron au père de Clara.

– On ne sait pas comment ils ont pu trouver l’emplacement du campus… une enquête sera ouverte, ajoute l’homme inquiet. Allez-vous faire soigner à l’infirmerie. Vous avez de méchantes plaies. Vous y passerez le reste de la matinée et de la journée tout entière. Vous devez vous reposer maintenant. Les autres y sont en ce moment même.

– Il y a beaucoup de cadavres, prévint Aaron d’une voix dégoûtée car même s’il savait tué, il faisait cela uniquement dans le but de se défendre. Et un homme doit encore hurler ou il est déjà mort, en feu dans la chambre de Laurène.

La réalité frappa durement la jeune fille. L’adrénaline l’abandonna et elle se mit à trembler fortement. On l’avait prévenu qu’elle risquait de tuer pour pouvoir se protéger. Mais jusqu’alors, elle n’y avait pas cru. Du moins, Laurène ne pensait pas que cette extrémité soit possible d’être atteinte : la mort étant une chose violente et radicale. Elle ne pensait encore moins devoir le faire aussi tôt. Elle n’avait même pas encore eu ses 16 ans !

La jeune fille s’effondra par terre.

Sa blessure ne noircissait pas sa vison au fur et à mesure que le sang s’écoulait. Non, la blessure n’était pas légère mais pas grave non plus. Elle ne risquait pas de perdre son bras, elle aurait juste mal pendant plusieurs jours voire semaines. Ce fut le choc, le contrecoup qui la paralysa au sol. Le lourd fardeau de actes atroces commis pendant la bataille lui semblait insupportable. Elle venait de tuer. Volontairement. Il y avait eu un dilemme rapide : c’était ses ennemis ou elle. Laurène restait comme toutes personnes : elle espérait vivre quand même pas mal de temps et ne pas mourir avant sa majorité. Elle avait choisi sa vie au détriment de celles des autres. Donc elle les avait tués. Et maintenant, la culpabilité qu’elle ressentait la prenait aux tripes. Laurène pensa fermement qu’elle était une horrible personne. Elle ne méritait pas mieux que ses agresseurs.

– Vous resterez toujours meurtris par ce soir, lâcha honnêtement l’adulte posant une main réconfortante sur l’épaule de la jeune fille. Mais vous devez comprendre que votre statut vous y oblige… vous n’êtes jamais totalement en sécurité. Normalement dans un campus oui, mais celui-ci est devenu moins sûr désormais.

– Nous sommes des Liés, le coupa Aaron aussi ébranlé que sa camarade. Redoutés par les opposants qui veulent surtout comprendre nos différences avec les Dresseurs pour créer une armée et dominer, récita-t-il comme si cela allait le calmer, sauf que cela n’en ferait rien.

– C’est triste de dire ça, mais la vérité est qu’à partir du moment où vous l’êtes devenus, il était évident que vous seriez obligés de tuer pour vous défendre d’eux. Je regrette que ce soit arrivé aussi tôt.

– Ça nous entraîne pour les autres attaques et les grands événements qui s’augurent, affirma sarcastiquement Aaron.

Il retrouva vite son sang froid car il n’avait pas l’habitude de craquer. Encore moins devant des gens. Il saisit Laurène par les aisselles pour la relever et se posta devant elle plongeant son regard dans le sien.

– Tu dois t’endurcir Laurène, asséna-t-il sur un ton sec et dur, presque de reproches. Tu n’as pas le droit d’être sous le choc. Nous n’avons pas le droit car nous devons être tout le temps sur nos gardes. Sinon on ne peut pas survire. Et si tu continues à te laisser ronger par les morts que tu as causés, tu ne dépasseras pas tes 18 ans.

Elle leva la tête vers lui pour scruter son visage. Cela ne ressemblait pas à Aaron, certes il était dur, mais pas de cette manière. Pourtant elle ne descellait rien en le voyant. Son conseil était sincère et il n’avait pas tort. Laurène le savait. Et elle le gifla. Il n’en sembla même pas étonné, conscient de l’agressivité de ses paroles.

– Il y a une différence entre s’endurcir suffisamment pour se défendre et être humain, murmura-t-elle. On peut se protéger en tuant dans notre cas, et on a le droit de culpabiliser sans que sa vie soit détruite par ce sentiment. Car on est humain, donc on ressent des émotions. Donc on a le droit de culpabiliser, regretter, d’avoir peur. On ressent ça et on est aussi capable de surmonter. Je sais que je peux le surmonter. J’ai assez de force mentalement car je reste humaine. Mais au vue de tes réactions, j’espère pour toi que tu sauras te défaire de tes sentiments et non de t’irriguer une barrière que personne ne pourra franchir pour te comprendre. Je voudrais bien t’aider, mais je ne sais pas j’en suis capable, enfin, si tu me laisserais te soutenir.

Elle le gratifia d’un regard noir puis le bouscula en partant. Aaron se retourna en souriant. Il ne souhaitait que lui donner un conseil. Et elle lui prouvait encore une fois qu’elle était plus solide, plus forte qu’elle en avait l’air, qu’il ne pensait, qu’ils pensaient tous. Elle possédait une détermination, une volonté et une force mentale que personne dans le campus n’avait aux yeux du jeune homme. Et cela lui plaisait, peut-être qu’au final il pouvait s’ouvrir à sa camarade. L’adolescent la rattrapa et ils allèrent ensemble à l’infirmerie dans un silence lourd.

Tout le monde s’y activait. Trop de bruits, trop de mouvements… l’ambiance était pesante et le stress se sentait. Les lits étaient tous occupés et certains avaient été très grièvement blessés. Les Soigneurs en dernière année de formation apportaient aussi leurs aides à leurs aînés. Laurène se rendit compte qu’il y avait du sang par terre. Des traînés de sang. Certains devaient être stabilisés, des plaies nécessitaient beaucoup de points de suture, des opérations s’improvisaient dans le vacarme, quelques décès s’annonçaient. Une jambe sans corps passa devant le duo de Liés… l’attaque avait été très violente et les deux camarades s’énervaient de voir les autres touchés alors que les opposants avaient débarqué spécialement pour eux. Laurène prit la main d’Aaron à contrecœur. Elle s’y cramponna, gênée et ses joues s’enflamment. Mais, hors de question de se perdre seule ! Alors qu’ils avançaient, ils virent des gens entubés, d’autres avec des armes encore coincées dans le corps… heureusement ils trouvèrent vite leurs amis.

– Laurène ! s’écria Lucas en apercevant sa jumelle.

Il se jeta dans ses bras. Il la serrait si fort ! Laurène aussi avait eu hyper peur pour lui. Elle ne supporterait pas de le perdre une nouvelle fois. Ils retrouvèrent les autres. Tous semblait traumatisé, particulièrement Henry qui avait encore des larmes sur ses joues. Il avait pleuré abondamment et Laurène voulait le prendre dans ses bras pour le rassurer.

– Êtes-vous blessés ? s’enquit l’adolescente.

– Non, affirma Valentine d’un ton sombre. Ils se concentraient sur Lucas et Joyce. Ils ont failli avoir Henry.

C’était donc pour ça que notre ami restait si choqué. Je fis quelques pas et passai mon bras autour de ses épaules, dans un geste de sympathie. Je tentai d’ignorer le regard noir que me lança Aaron ainsi que la sensation de sa main sur la mienne qui me picotait encore alors que je venais de la lâcher. Ils avaient attaqué Henry, alors pourquoi encore le suspecter ?

– Ils ciblaient spécialement les Liés comme s’ils savaient qu’on l’était, renchérit Lucas. Pourtant, nous étions chez les Dresseurs…

– Hey Laurène ! Tu as du vin sur ton bras ! lâcha Clara allongée sur un lit.

Elle éclata de rire et Laurène prit une serviette antiseptique qu’une Soigneuse lui tendait. Lucas l’aida à faire une compresse et Aaron en enroula une à sa blessure à la jambe. Il refusa l’aide de Laurène pour attache mais cette dernière insista car elle le voyait bien galérer.

– C’est du sang Clara, souffla Valentine ce qui redoubla le rire de leur amie, trop soûle pour comprendre.

– Bref… s’ils connaissaient l’identité des Liés, ça signifie que quelqu’un les leur a transmises, déduisit Laurène convaincue par ses propos.

– Ce qui voudrait dire que…

Joyce laissa sa phrase en suspens, effarée par l’évidence qui les frappait tous. Les adultes finiraient bien par les croire cette fois-ci, sinon il n’y avait aucune explication qui collerait.

– On avait raison de douter, siffla Aaron en regardant Laurène. Il y a toujours une taupe parmi nous. Et je ne suis même pas fichu de la trouver alors que ça fait des semaines que j’y travaille.

– Tu ne peux pas trouver tout seul. C’est normal, le consola Laurène.

– Mais… comment ils auraient pu faire ? s’étonna Anna qui se cramponna à Valentine. Dans ce monde, c’est compliqué de prétendre être une autre personne…

– Ils ont réussi apparemment et ce n’est pas la première fois, croyez-moi ! fit Aaron en partageant un regard avec Laurène qui était totalement d’accord avec lui. On est en danger. Tu es en danger.

Les plaies de Laurène et Aaron commençaient doucement à cicatriser : ils avaient de la chance qu’ils n’avaient pas besoin de recoudre. Malgré la prise à partie violente, ils s’en étaient pas mal sortie à seulement deux contre une dizaine. Le groupe se trouva des tabourets pour tout le monde mais ils restèrent silencieux. Accablés par l’ampleur des dégâts. Sauf Clara qui délirait encore à cause de l’alcool. Tout le monde se figea lorsque des cris s’entendirent de l’extérieur : ce n’était pas fini. Pour ne pas se faire remarquer, le vacarme se stoppa et le moindre geste s’effectuait le plus silencieusement possible. Personne ne connaissait la nature exacte de cette attaque. Ils entendaient des explosions et Clara se leva en souriant.

– Il y a un feu d’artifice, je veux voir ! s’exclama-t-elle.

Lucas passa son bras autour de sa taille pour la tirer vers lui et l’arrêter alors que tout le monde la regardait. Déçue, la jeune Dresseuse se posa à nouveau sur le lit et pleura silencieuse devant ses amis désemparés. Soudain, un homme arriva en courant, la mine grave. Habillé en vert foncé brillant, un Soigneur accompli, il s’agissait sûrement d’un chef des Soigneurs. Il hurla :

– Ils sont de retour ! Ils sont éveillés et ils sont du côtés des ennemis. Fournaise ! Dragonne mère de la lignée de feu. Ne sortez pas !

Cette annonce glaça tout le monde. Les gens semblaient abattus. Laurène et Aaron sentaient les regards pesant sur eux. Que faire face à un dragon si puissant ? Quelqu’un devait pouvoir agir et aider les pauvres qui tentaient d’échapper à la nouvelle attaque.

« Il y a une solution pour la repousser. Mais tu vas devoir m’écouter attentivement. »

« Dis moi tout, Ignisaqua. »

Laurène se sentait suffisamment coupable de l’attaque comme ça, son cœur lui criait de faire quelques choses. Quelques secondes passèrent, la Liée lança un regard à son frère. Il allait l’étriper mais elle ne pouvait plus ne rien faire. C’était de sa faute s’ils étaient attaqués. Elle devait la réparer. Elle s’élança hors de l’infirmerie.

– Laurène ! Reviens ! Tu es folle, reviens ! hurla Lucas retenu par Joyce.

– Laurène ! renchérit Aaron.

Elle ne voulait pas laisser d’autres personnes mourir à sa place. Fournaise faisait peur mais elle devait faire un effort. Fournaise ressemblait à tout dragon de feu : queue longue, écailles petites et dures, ailes de chauve-souris. Mais en tant que fondatrice, elle était immense. Plus personne ne bougeait à part Laurène. Fournaise se tourna vers elle.

– Pourquoi te montres-tu idiote ? Tu veux mourir brûler vive, peut-être ?

– Je ne suis pas là pour perdre. Je suis là pour te faire partir !

La dragonne ne paraissait guère convaincue par les propos de la jeune fille. Toujours dans les airs, elle cracha du feu en direction de Laurène. Elle enflamma rapidement ses mains et agita pour former une vaste étendue de feu qui rencontra les flammes de la dragonne. Ignisaqua attaqua la dragonne par derrière et lui lança des flammes.

« Rejoins la mer ! Vite ! »

La Liée s’y précipita de suite lorsque Fournaise préféra s’occuper de son adversaire. L’hybride ne lui facilitait pas la tâche, d’autant plus que plusieurs dragons se réveillaient pour l’aider. Ils avaient peur de la fondatrice, cependant, ils tenaient à leur refuge, à leur compagnon. La Liée atteint la mer et se trempa les mains.

« Concentre-toi, pour le moment on le retient. Tu vas y arriver. »

Et elle le devait le faire vite. Laurène ferma les yeux et se concentra sur l’humidité de sa main droite et la chaleur de sa main gauche. La peur qu’elle ressentait l’aidait. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle avait le feu d’une part et l’eau de l’autre. Sauf qu’elle ne savait pas comment faire après ça. Elle ne pouvait pas se permettre de déranger Ignisaqua. Tourner des mains comme une idiote ne fonctionna pas. L’adolescente tenta de joindre ses mains ensemble. Elle vit le feu faire un cercle avec l’eau, en étant mélangée. Elle éloigna les mains et la sphère s’allongea. Elle réussit à la grossir et comprit qu’elle pouvait le manier simplement.

« Laissez-moi de la place. »

– Hey ! Idiote ! Prends ça dans la figure ! hurla Laurène en se dirigeant vers elle.

Alors que la dragonne cracha ses flammes, Laurène projeta sa sphère qui s’allongea pour engloutir les flammes puis elle visa la dragonne, trop surprise pour comprendre ce qui allait se passer. Elle se retrouva emprisonnée mais lorsqu’elle sortit, elle fut incapable de produire du feu.

– Je vais la tuer ! Tu vas mourir sale…

Des lames volèrent vers elle et Fournaise fut contrainte de partir. Cette attaque voulait tout dire, mais Laurène se réjouissait surtout que la dragonne soit partie. Elle fit un pas pour aller à l’infirmerie rejoindre tout le monde. Leur dire que ça allait, que pour le moment il n’y avait plus de danger éminent. Tous ses amis la regardaient ébahis depuis l’entrée. Laurène voulut les rejoindre pour les rassurer, mais après un seul pas, elle s’écroula au sol.

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