Chapitre 22 :

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Laurène se sentait bien lorsqu’elle se réveilla. Ce fut lorsqu’elle remarqua qu’elle était perfusée qu’elle paniqua. Elle savait ce qui s’était passée, mais sa présence à l’infirmerie… cela la dépassait ! Elle se redressa et prit un verre d’eau posé proche de son lit. Il faisait jour. La Liée regarda autour d’elle : cela s’agitait moins. Elle aperçut Clara à l’autre bout. Cette dernière tourna la tête vers elle.

– Joyce ! Va chercher les autres, elle s’est réveillée ! cria la blonde avant de courir entre les lits.

Les Soigneurs la disputèrent mais la jeune Dresseuse n’écouta même pas. Elle débarqua et serra directement sa meilleure amie dans ses bras.

– Tu nous as fait une belle frayeur. Est-ce que ça va ?

– Je me sens très bien ! Mais que s’est-il passé ? Pourquoi l’infirmerie est aussi calme alors que des gens étaient gravement blessés ?

– Hum, commença Clara en s’asseyant sur le lit. Tu t’es évanouie après l’affrontement contre Fournaise. On est lundi, Laurène. Tu es restée inconsciente tout le week-end.

– Quoi ? lâcha la jeune fille.

– Papa a dit que tu avais fait un effort trop important au vue de ton niveau. N’empêche… tu as sauvé le campus ! Sans toi, Fournaise aurait absolument tout détruit.

Laurène ne parvenait pas à ressentir la même joie que son amie. Des gens avaient péris, et elle avait dû tuer. Et tout ça lui paraissait insupportable. L’attaque n’était rien d’autre qu’un aperçu de ce qui l’attendait : un avenir violent envahi par le sang. Laurène ne pouvait s’y résoudre.

– Alors Val et Anna sont retournées voir leurs parents, reprit Clara. Mais Lucas et moi, nous sommes restés. Il était inconcevable de te laisser seule à ton réveil, puis tes parents t’ont laissé une lettre aussi.

Ses parents ne supporteraient jamais de la savoir morte ou grièvement blessée. Laurène décida qu’elle ne pouvait pas reprendre le contact tant que la prophétie n’était pas terminée. Ses parents vivraient trop mal qu’elle soit en danger tout le temps.

– Toi ! La prochaine fois que tu me fais ça, je t’enferme pour ne plus jamais que tu fonces tête baissée ! hurla Lucas à l’autre bout de l’endroit.

Alors qu’ils parlaient tous ensemble, une Soigneuse retira la perfusion et puisqu’elle semblait en pleine forme, ils la laissèrent sortir. Il y avait moins de dégâts que ce que Laurène avait pensé. Le bâtiment n’avait pas été touche et ils avaient installé une porte digitale pour protéger les Liés. L’herbe et les tables extérieures étaient calcinées, mais au moins ils avaient toujours un toit sur la tête. Alors qu’elle se laissa distancer pendant que les autres allaient vers la mer, Aaron se mit à sa cadence.

– Comment tu te sens ? demanda-t-il.

– Si après deux jours de sommeils j’allais mal ça serait inquiétant. Et toi ta blessure ?

– Oui, ma jambe sera plus fragile pour le moment mais je tiendrai le coup.

– Tu es suffisamment en forme pour t’entraîner ?

– Oui totalement, ce n’est pas grand-chose, affirma Aaron. Pourquoi ?

– Tu penses que tu auras le temps de m’entraîner au combat ?

– Ouais, si tu veux, tant que tu me laisses du temps pour me reposer aussi. Quand voudrais-tu faire ça ?

– Heu… au moins tous les jours si c’est possible.

– Laurène, tu es la première à me dire de me reposer. Ne t’impose pas un programme aussi dur, surtout après une attaque.

– Mais tu as vu comment j’étais face au ennemi ? Sans le partage, mon niveau frôle le pitoyable !

– Pas du tout. C’est juste que tu as été prise par surprise et cela t’a perturbé. Les autres premières années se seraient fait neutraliser directement. Laurène, tu as même sauver ma vie. Tu n’as pas fait une performance pitoyable.

– Mais j’ai compris que je ne serai pas prête à ce rythme-là, pour plus tard.

– Un jour sur deux mais pas plus, annonça Aaron.

Ce n’était pas énorme, mais cela avançait. Laurène ne pouvait pas le forcer, et c’était déjà bien qu’il accepte. Alors qu’ils s’installèrent au bord de mer, Laurène entendit son nom de la bouche d’une personne qui ne lui avait pas manquée. Mme. Amaro débarqua, les traits déformés par la colère. M. Gneiss en retrait, l’accompagnait.

– Espèce d’idiote ! hurla-t-elle. As-tu vu dans quel état tu t’es mise ? Tu dois arrêter de prendre des risques inconsidérés !

– Pardon ? riposta Lucas. Êtes-vous vraiment en train de reprocher à ma sœur d’avoir sauvé tout le campus ? Mais vous êtes conne ma parole !

– Sur un autre ton jeune homme ! s’agaça la jeune femme en assénant une chiquenaude sur le crâne du jumeau. Avec la surcharge du partage alors que son corps n’y est pas encore habituée, ça aurait pu la tuer.

– Ouais, c’est vrai que j’ai l’air d’un zombie, lâcha ironiquement Laurène en se levant. Si Ignisaqua m’a demandé de le faire, c’est qu’il savait que je tiendrais le coup. Faudrait savoir non ? Vous n’êtes jamais contente ! Je ne contrôle pas le partage, ça vous agace, certes c’est compréhensible. Mais que je dis ou fasse quelque chose vous n’êtes jamais satisfaite. Je sauve l’école et je montre une plutôt bonne technique du partage et vous n’êtes toujours pas contente ! Putain ! Je suis l’élue et j’ai réussi à me rendre utile. Réjouissez-vous pour une fois que je ne suis pas un boulet, vous n’allez pas en mourir.

– Elle n’a pas tort tu sais, annonça M. Gneis. Son niveau, dans toutes les disciplines a très visiblement augmenté.

– Tu rigoles là ! Elle ne serait même pas capable de refaire ce qu’elle a fait durant l’attaque !

Laurène reproduisit la sphère mi-eau mi-feu et s’amusa à la balader autour de Mme. Amaro pour la défier. Elle la fit disparaître et la professeure la choppa par le bras.

– Arrête de faire la guignole et ne fait plus jamais ça où je te colle un conseil disciplinaire.

– Et nous pourrons témoigner en sa faveur si elle vous dénonce pour abus moral et physique. Vous lui avez tordu la cheville, lança Clara en s’avançant. Mon père n’hésitera pas à prendre la défense de Laurène et ici, il est encore plus influent que vous.

L’apprentie Dresseuse cloua le bec de l’adulte. Mme. Gneiss présenta des excuses pour elle avant de l’éloigner d’eux.

– Eh ben, elle est frustrée elle, commenta Joyce.

– Je la tiens à l’œil, affirma Valentine d’un ton mauvais. Et on pourra organiser quelque chose…

– Pas contre calmez-vous avec les adultes, si vous ne voulez pas vous faire virer, recadra Anna.

– Je pense qu’elle a compris la leçon.

La première semaine de vacances fut compliquée. Laurène avait le contrecoup du combat : chaque effort physique l’épuisait. Néanmoins, elle tenait bon. Elle laissait de côté la lettre de ses parents et ne l’avait pas ouverte. Une partie d’elle voulait l’ouvrir mais une autre non. Cependant, elle ne résista pas bien longtemps à ouvrir la boite que lui avait transmise M. Gomez. Cela demeurait plus énigmatique qu’un message. Ce fut le dimanche de la première semaine des vacances, elle resta un long moment à contempler cette petite boite bleue sans aucun ornement. Elle n’osa pas secouer par peur que l’objet qu’elle renfermait soit fragile. Puis elle souleva le couvercle et sortit l’objet. Laurène soupesa précautionneusement le poignard avant de l’analyser. La manche dorée était confortable à prendre. Des sortes de yin yang dorés ornaient la manche juste avant la lame dont l’état demeurait parfait. En se baladant sur la lame, Laurène remarqua des initiales gravés : N + L. Le N correspondait sûrement au prénom de son père mais la jeune fille ne comprenait pas pourquoi il lui léguait cela !

Une photo tomba lorsqu’elle vérifia s’il n’y avait plus rien pour elle dans la boite. Cette photo datait. Laurène reconnut son père beaucoup plus jeune, quasiment seize ans plus tôt. Il tenait un nourrisson dans ses bras et il souriait. Laurène n’aurait su dire s’il s’agissait d’elle ou de son frère, mais ce présent lui était destiné. Elle trouva qu’elle avait une affreuse tête pour un nourrisson ! La Liée retourna la photo se doutant qu’il devait y avoir inscrit quelque chose.

Le cadeau n’est rien, mais j’espère qu’il contribuera à ta protection. Tout ce que nous voulions, c’était te protéger, et rien d’autre.

L’adolescente le savait qu’ils ne pensaient pas à mal, pourtant cela avait fait mal. Elle leur avait pardonné, vraiment. Elle ne voulait juste pas leur sauter dans les bras. Les interactions ne seraient plus du tout comme avant… on toqua à la porte.

– Prête pour le combat ? l’interrompit Aaron.

En deuxième semaine de vacances, Lucas s’entraînait de temps en temps avec eux mais préféra se joindre à Clara qui profitait de sa présence pour s’exercer. Ces deux-là, avaient retrouvé leur amitié d’antan. Cela faisait énormément plaisir à Laurène. Lucas manquait toujours à Clara quand il les ignorait. Ce fut un jour où Lucas se battait contre Clara que Laurène parvint à faire une chose qui semblait incroyable : elle faillit battre Aaron. Ils n’avaient été que tous les deux, sans personne dans les parages. C’était vers la fin de la semaine et le Lié n’avait pas hésité à féliciter sa partenaire. Pendant dix secondes, Laurène l’avait plaqué au sol un couteau sous la gorge. Le jeune homme finit par la renverser mais il ne parvint pas à la neutraliser non plus.

– Bon ! fit Aaron en esquissant un sourire. Il semblerait qu’on se rapproche de l’objectif. Tu pourras bientôt te battre contre les Dresseurs.

– Parce que tu pars ?

– Non. Parce que ton niveau se rapproche de plus en plus du mien grâce à tes efforts. Tu peux être fière de toi.

Pourtant, Laurène ne s’en réjouissait pas pour autant. Et si ce n’était pas suffisant ? Que pouvait-elle faire de plus ? Certes, elle commençait à maîtriser le combat, sauf qu’elle s’imaginait mal en remporter face à des gens forts. Laurène rangea son poignard dans les poches de sa veste. Elle avait demandé à M. Gomez s’il connaissait quelqu’un pour coudre ses poches. Depuis l’attaque, Laurène ne se sentait jamais pleinement en sécurité et toutes ses poches lui permettaient d’avoir sur elle ses quatre poignards : le premier qu’Aaron lui avait déniché, le deuxième qu’il lui avait offert, celui de l’ennemi qu’elle avait neutralisé ainsi que celui de son père. La jeune fille se doutait que d’autres tomberaient dans ses mains. Aaron s’assit par terre se massant le mollet.

– Ta blessure te fait encore mal ? s’enquit Laurène.

– Non. J’ai juste une gène mais ça passera.

– Tu devrais passer à l’infirmerie pour vérifier.

– Et ton bras ?

– Il va bien. Tout va bien.

– Je ne pense pas que ça va, corrigea Aaron. J’ai vu à quel point tu étais traumatisée par l’attaque. Il faut que tu te confies à quelqu’un. Ou que tu ailles trouver un Soigneur de la cellule psychologique.

– Ça va aller, assura la jeune fille en s’asseyant à ses côtés. Certes, c’est traumatisant mais c’est normal… après il faut juste suivre le processus pour moins y penser. Puis… on m’a dit que je devais me montrer solide.

– Ouais en parlant de ça, je suis désolé, lança Aaron. J’ai été trop sec avec toi. Et ce que j’ai lâché, ce n’était que des bêtises.

– Tu essayais juste de me conseiller. Tu partais d’une bonne intention, même si ce n’était pas le meilleur quand même. Il n’empêche ! Je dois quand même m’endurcir un peu.

– Je crois que c’était plus pour me convaincre que je t’ai dit ça, souffla le brun en passant sa mains sur son visage. Je… je sais que je dois me battre pour survivre. Mais jusqu’à combien de cadavres arriverai-je ? Ça me fait peur.

– Moi aussi j’ai peur, confia Laurène. On n’a pas le droit d’ôter la vie à quelqu’un…

– Mais on n’a pas le choix, termina Aaron d’une voix chargée d’émotions. Bon ! Tu sais quoi ? Au moins avec ton niveau actuel, Mme. Amaro ne pourra plus de battre !

– Une bonne nouvelle ! Même si maintenant si elle me refait ce coup, je l’enflamme sans pitié.

Aaron rit en la décoiffant et ils rentrèrent dans le quartier des Liés.

– Au faite, as-tu une idée sur le sbire des ennemis ? J’en ai parlé au père de Clara mais il ne sait pas trop par où commencer ses recherches.

– Je pense, murmura Aaron en s’approchant pour qu’elle entende. Qu’il s’agit de Joyce ou Henry. Je penche pour Henry mais c’est obligatoirement quelqu’un proche de nous.

– Mais tu délires, asséna Laurène. Tu as vu comment est Joyce ? Elle est beaucoup trop spontanée et Henry est trop timide.

– Je n’ai pas de preuves, ce ne sont que des intuitions. Je n’ai rien pour confirmer.

Malgré ses intuitions, Laurène remarquait bien qu’il semblait plus convaincu qu’autre chose et comprit l’origine de sa haine envers Henry. Il ne lui faisait pas confiance, pourtant, même si elle soutenait totalement Aaron, la jeune fille ne pouvait s’imaginer Henry qui tenterait de la tuer et elle ne voulait pas spécialement avouer qu’elle l’avait recaler.

– Bon… je t’accorde le bénéfice du doute. Surveillons Henry. Joyce et Lucas sont ensembles depuis quelques semaines. Je demanderai à mon frère de veiller sur elle.

– Au moindre doute, on prévient les adultes, imposa Aaron.

– Promis.

– Nous allons débusquer ce traître.

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