Bonus I Aaron

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Octobre 2015 :

À 13 ans, Aaron Mackenzie était heureux. Un petit groupe d'amis, son meilleur ami Damien toujours à ses côtés. Il entretenait aussi de très bonnes relations avec ses parents. Après les cours, Aaron rentra chez lui, il fit la bise à ses parents et monta dans sa chambre pour préparer ses affaires : il dormait chez Damien ce soir pour commencer les vacances de la Toussaint.  Même en étant un très bon élève et appréciant les études, il était tout de même heureux d'être en vacances et de passer du temps avec son meilleur ami. Il attrapa le sac à dos qu'il avait préparé le matin puis s'installa sur la banquette arrière de la voiture. Ses parents dîneraient avec eux avant de repartir chez eux. Lorsqu'ils arrivèrent chez son meilleur ami, Aaron salua poliment les parents de son meilleur ami. Damien attrapa la main du jeune homme et les deux garçons montèrent dans la chambre.

– Faut que je te dise un truc, fit Damien gêné. Je... je ne serai pas au collège à la rentrée.

– Quoi ? Pourquoi ? Ah non, tu ne peux pas me laisser ! Je vais faire quoi sans toi, moi ?

– Il y a les autres, puis je reviendrai pendant les vacances, Aaron, promit Damien. Mes parents ne sont pas contents de mes notes. Ils m'ont foutu en internat dans l'espoir que je progresse.

– Mais je peux t'aider moi ! J'ai une bonne moyenne, je suis dans les meilleurs de la classe. Attends, je vais leur dire que je peux te donner des cours de soutiens. Peut-être que je pourrais les convaincre et je suis sûr que mes parents seront...

– Mec, ce n'est pas grave. Je te verrai pendant les vacances, et il y aura les autres aussi. Tu ne seras pas seul.

– Mais c'est toi qui parle aux autres, qui arrive à t'ouvrir. Sans toi je n'aurais plus d'amis... tu reviendras au lycée ?

– Aaron, commença-t-il avec une mine navrée. Il n'y aura pas de lycée. Pas pour moi, je n'y irais pas.

– Damien, tu me caches quelque chose, fit Aaron, si sûr de lui qu'il fit vaciller le calme tranquille de son ami. Je le sais. Qu'est-ce qui ne va pas ? Qu'est-ce que tu ne veux pas me dire ?

– Si je ne te dis pas c'est que je ne peux pas !

Énervé, Aaron alla rejoindre la salle de bain de son ami. Ce dernier tentait de l'en empêcher, mais l'adolescent avait plus de force que son ami et même lorsqu'il lui supplia de ne pas ouvrir. L'adolescent ouvrit brusquement la porte et cria en regardant la baignoire de son ami remplie d'eau. Il recula à quatre patte face à la bête qu'il voyait. Le bébé dragon sortit de l'eau pour s'approcher d'Aaron. Le jeune homme apeuré, tremblait et lança des regards d'au secours à son meilleur ami.

– Qu'est-ce... Damien... qu'est-ce... qu'est-ce que c'est ? balbutia le jeune garçon les larmes aux yeux, sanglotant.

Son meilleur ami était beaucoup trop choqué pour lui fournir une quelconque réponse. Le dragon renifla Aaron et malgré sa peur, il se sentait bien. Il se sentait apaisé avec les dragons. Mais il ne comprenait pas, déjà, pourquoi cela existait ? Mais aussi pourquoi Damien en avait juste dans sa salle de bain ? Cet animal n'avait rien à faire ici. Les adultes débarquèrent dans la chambre et le père d'Aaron s'énerva contre le père de Damien. La mère de ce dernier tenta de les calmer mais le père du garçon était hors de lui. Aaron caressa le bébé dragon pour s'apaiser, ne supportant pas de voir son père dans cet état-là. Cela ne lui ressemblait pas, et il lui faisait peur comme cela. Sa mère toute tremblante se dirigea vers Aaron et leva le garçon avant de lui prendre la main pour l'entraîner avec elle.

– Comment as-tu pu faire cela à ton fils ? Te rends-tu compte ? Quand il va savoir...

– Il ne saura rien car il ne mettra pas un pied dans cette société.

– Quelle société ? demanda Aaron. De quoi il parle ? Papa que se passe-t-il ?

– Rien, oublie ça Aaron.

Il prit la valise de son fils et entraîna sa famille avec lui. L'adolescent protestait, voulant rester coûte que coûte avec son meilleur ami mais le père du jeune garçon, confia la valise de son fils à sa femme puis le porta jusqu'à la voiture. Le jeune homme protesta toujours mais n'eut pas le choix. De retour à la maison, le garçon refusa tout dialogue avec ses parents et s'enferma dans sa chambre, boudant, il ne sortit même pas pour le repas. Ce fut tard dans la soirée qu'il descendit pour manger un bout, son ventre criant famine. Descendant discrètement les escaliers, il s'immobilisa en entendant la voix de ses parents dans le salon. Aaron ne comprenait pas ce qu'il lui cachait et il avait trop peur de revoir son père énervé pour demander par lui-même. Il s'assit donc sur une marche pour écouter et glaner le plus d'informations possibles.

– Peut-être qu'on devrait lui dire, hasarda sa mère.

– Non, trancha son père. Cela sera encore plus dangereux s'il fait partie de ce monde. Chérie, on l'a quitté pour le protéger de tout le mal qu'ils font. Je ne le laisserai jamais partir là-bas, encore moins avec la prophétie. Notre fils n'est pas fait pour ce monde. Le vois-tu là-bas ?

– Non, concéda sa femme. Mais comment allons-nous le protéger ? Nous ne nous sommes pas exercés depuis des années, si un combat arrive, on perdra forcément. Et Aaron ne peut pas dépendre de notre piètre niveau, c'est beaucoup trop dangereux.

– Ce monde est trop dangereux pour lui.

Le jeune Aaron ne comprenait pas vraiment ce que voulait dire son père. Cependant, il n'osa pas demander ce soir quelques réponses à sa mère, il espérait que cette dernière ait plus de compassion que son mari. Il remonta donc dans sa chambre et s'allongea dans son lit, tourmenté parce qu'il venait de se passer. En quête de réponse, il envoya un message à Damien qui ne répondit pas. Après un long moment, le garçon finit par s'endormir.

Le lendemain matin, en se réveillant, il remarqua que son portable n'était plus à l'endroit où il l'avait laissé. Aaron ne s'en étonna pas : quelques fois sa mère le regardait dormir. Elle avait sans doute dû voir qu'il s'était endormi le téléphone à la main, et elle l'avait posé quelques parts. L'adolescent se leva et ouvrir la porte. Mais il n'y parvint pas. Aaron s'efforça d'ouvrir mais il comprit que c'était fermé. Pire ! Pendant son sommeil, quelqu'un avait installé une trappe pour faire passer des choses dans sa chambre mais elle était trop petite pour qu'il tente de s'échapper par là. Aaron tapa du poing sur la porte en hurlant.

– Papa ! Maman ! Où êtes-vous ? Qu'est-ce que vous avez fait ? Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir ! Je ne peux pas rester enfermé !

Il ne cessa de taper sur la porte mais rien n'y fait, il n'obtint aucune réponse. Aaron se laissa glisser contre le mur et sanglota. Que pensaient ses parents ? Alors qu'il sécha ses larmes, il vit la petite trappe s'ouvrir et un plateau de petit-déjeuner glissa jusqu'à dans sa chambre.

– Mange un peu, souffla sa mère. Tu es encore en pleine croissance, tu en as besoin.

– Maman ! hurla le garçon. Laisse moi sortir ! Pourquoi vous m'enfermez ? POURQUOI !

Il se remit à taper sur la porte comme un fou furieux mais il s'arrêta vite entendant les talons de sa mère s'éloigner dans le couloir. Il déjeuna, maussade et remit le plateau à l'extérieur, en prenant soin de garder les couverts, les assiettes dans sa chambre : plus le temps passerait, moins il y en aurait et ils seraient obligés d'aller dans sa chambre pour les rechercher. Il se rendit compte qu'ils avaient même condamné sa fenêtre, comme s'il allait tenter de sauter du deuxième étage ! Avec une blessure, il ne pouvait pas aller bien loin non plus. Cela devait donc être très grave pour que ses parents réagissent de cette manière ! Lorsque son père arriva pour le convaincre de remettre les couvercles, ils se disputèrent. Aaron ne reconnaissait pas son père, jamais il n'avait été aussi perturbé.

Les jours passèrent et Aaron ne savait pas quel jour il pouvait être. Il se mit un ordre d'idée en notant avec un stylo le nombre de jours qui passaient. Puis, il put se donner un ordre d'idée lorsqu'il entendait hurler des « bonnes années ». Il était resté déjà près de deux mois enfermés. Deux mois. Ses parents achetaient-ils des nouveaux couverts et assiettes exprès pour qu'il ne sorte pas ? Cette possibilité ne lui était pas venue à l'esprit avant. Aaron était en colère contre ses parents, il ne comprenait pas comment ils pouvaient lui faire ça, il ne pouvait pas rester toutes sa vie enfermée dans cette chambre ! À moins qu'il comptait le tuer peut-être ? Il frissonna à cette pensée, non. Il devenait trop parano, jamais ils ne feraient ça. Non ? Il en doutait, il doutait d'eux et de leurs bienveillances.

C'était de ce qu'il déduisait, être fin janvier que ses parents reçurent de la visite depuis le coup d'éclat de son père. Sa mère lui avait prié d'être discret, ce qui de toute façon, ne servait à rien. Aaron perdait pied. Il restait avachi dans son lit, tentait de continuer ses cours et les bouquins des programmes afin d'avancer, mais son moral sombrait. Il voulait sortir, dire à ses amis qu'il ne les avait pas abandonnés, partir d'ici, revoir la lumière, respirer un air frai. Sauf que l'espoir partait peu à peu. Ce qui l'entraîna à couper tout lien avec ses parents qui lui faisaient subir ça, et aussi à se couper petit à petit de la vie. Il ne mangeait presque plus, buvait peu, et dormait moins, hanté par la claustrophobie causée par l'enfermement. Néanmoins, le jeune garçon se colla à son sol pour entendre, il reconnut la voix du père de Damien, il semblait être venu seul.

– Comment ça tu l'as envoyé en pension ? Personne ne pourra le protéger là-bas si les gens apprennent !

– Mais personne n'apprendra ce qu'il est ! Tout ira bien, et il pourra continuer sa vie hors de ça, sans cette société pourrie jusqu'au os !

– Ton fils doit être signalé au ministère et être formé ! Il est en danger de mort.

– La faute à qui ?

Le Dresseur s'en alla. Aaron devait trouver vite une solution discrète que ses parents ne remarquent pas. Hélas, il n'y avait rien pour et le père de son ami partit avant. Aaron souffla désespéré. Sa mère remonta et le remercia de n'avoir rien dit, et fait. Aaron laissa échapper toute sa colère, l'insultant de tout les noms, allant taper à la porte. Elle s'enfuit vite et il se retrouva seul.

Un soir de printemps, Aaron avait calculé vers Mars, des bruits étranges s'entendirent du salon. Aaron ne s'en préoccupa pas. Le garçon avait tout juste la peau sur les os, il était fatigué et il savait qu'il devait faire des efforts pour mieux se nourrir s'il voulait survivre. Mais voulait-il encore vivre ? Il avait trouvé un ciseau mais n'avait pas eu l'envie de continuer plus lorsque la douleur apparut. Il se retrouvait donc avec une blessure au mollet droit qui ne cicatrisait pas, et elle avait mis beaucoup de temps à refermer car il n'avait rien demandé à ses parents. Mais l'adolescent s'immobilisa lorsqu'il entendit un coup de feu. Visiblement, il n'y avait pas que ses parents à la maison. Il devait trouver quelque chose pour s'enfuir. Il déglutit en se disant que le seul moyen était la fenêtre. Après quelques minutes il trouva une batte de baseball dans son armoire et même avec son manque d'énergie, il tapa pour casser la vitre. La porte fut défoncée à ce moment. Il se retourna, tétanisé face à un homme en cape et masque noir. Il s'apprêta à tirer, mais quelqu'un derrière lui, lui sectionna la jugulaire. L'homme s'effondra et Aaron recula en voyant l'homme, sans masque qui s'approcha. Il avait les cheveux blonds et des yeux verts, il semblait fort et intelligent. Lorsqu'il vit Aaron reculé, il rangea son couteau et leva les mains pour montrer à Aaron qu'il ne lui ferait rien de mal.

– Tu es Aaron Mackenzie ? demanda-t-il, alerté par l'état physique du jeune garçon.

– Vous êtes qui vous ?

– Je suis Sébastien Gomez, et je suis venu ici pour te protéger, te mettre en sécurité, et apparemment aussi pour t'offrir des soins nécessaires à ton corps. Depuis quand es-tu mal nourri comme cela ?

Il comprit vite qu'il ne lui voulait pas de mal. Lorsque sa mère approcha, il la retint et l'éloigna en s'énervant et en l'assenant que s'était de la maltraitance infantile ce qu'ils faisaient avec son mari. Sébastien prit Aaron avec lui. Il prit une voiture et l'emmena jusqu' à un bâtiment, toujours dans la commune de Versailles. Les Dresseurs avaient un endroit dans cette commune. Monsieur Gomez lui apporta de la nourriture, si au début Aaron hésita, lorsqu'il comprit qu'il serait éloigné de ses parents pendant un moment, il s'en donna à cœur joie. M. Gomez le regarda manger, cherchant des mots.

– Sais-tu quel jour où est ?

– Quelques part en Mai, fit-il entre deux bouchés.

– Le 21 Mai, confirma-t-il. Depuis quand es-tu enfermé ?

– Fin Octobre. J'ai cru que j'allais mourir là-bas. Vous savez, sans vous... je crois que je me serai tué. Je n'avais plus d'espoir, mais je... que va-t-il se passer ? De quoi parlait mon père ? C'est en rapport avec la bête que j'ai vu chez Damien ?

– Il s'agit d'un dragon, corrigea l'homme ce qui ébahit Aaron. Écoute-moi bien mon garçon, ce qu'on fait tes parents, te mette en danger. Pour le moment, on va te prendre avec nous, on va te remettre en bonne santé, mentale et physique, puis après, tu vas devoir faire un choix.

– Un choix ?

– Aller te faire former dans un campus, cela pourrait te donner des bases de défenses nécessaires, mais tu pourras aussi si tu le veux, retourner chez tes parents et poursuivre tranquillement ta vie même si on les surveillera.

– Je ne rentrerai plus jamais à la maison. Je ne peux pas, sanglota-t-il. Je ne veux pas les revoir, je ne veux pas, je ne peux pas, je...

M. Gomez le tira dehors pour qu'il puisse se calmer, à l'air libre. Lorsque le jeune garçon fut calmé, il s'agenouilla pour être à sa taille et expliquer :

– On fera chaque chose en son temps. Le principal est de te remettre bien, que tu te sentes mieux, physiquement et mentalement. Après, on avisera, et tu prendras tes propres choix en connaissance de causes. Tes parents n'auront aucun pouvoir dessus. Et si jamais, si jamais tu as besoin de moi, qu'importe les moments de ta vie, à treize ans, vingt ans, trente ans, tu pourras me demander de l'aide. Je serai toujours là pour toi.

– Merci, murmura le garçon les larmes aux yeux.

Aaron ne savait pas s'il serait vraiment prêt un jour, pour commencer sa formation comme il le disait, mais s'il avait une certitude, c'est que sa vie serait mieux, loin de ses parents.

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