Chapitre 35

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– Comment pouvez-vous être sûr qu’elle ne nous a pas trahis ? martela le premier ministre.

Aaron peinait à répondre à cette question pour ne pas dire qu’il n’avait aucune réponse favorable à fournir. Évidemment que lui-même avait des doutes là-dessus ! Laurène l’avait quand même attaqué, avec le partage qui plus est ! Ça lui donnait envie de tout casser quand il se rappela qu’il lui avait dit que ça n’arriverait jamais que deux Liés s’affrontent avec le partage. Il fallait que ça leur arrive à eux !

Mais il n’arrivait pas à douter longtemps, il ne pouvait pas croire qu’elles soit contre eux, contre lui. Il savait que Laurène n’était pas, du moins très peu, manipulable. Elle était têtue, bornée et décidée. Il ne la voyait pas, même poussée dans ses retranchements, se retourner contre eux. Puis… elle l’avait serrer dans ses bras. Ils avaient été si proche. Quelque chose avait dû se passer. Il ne connaissait juste pas quoi.

– Je vous le répète. Comment pouvez-vous être sûr qu’elle ne nous a pas trahis ?

– Je la connais depuis plus d’un an et demi ! J’ai passé une grande partie de mon temps avec elle avant son enlèvement. C’est la personne la plus sensée que je connaisse. Elle ne ferait pas cela contre nous.

– On ne peut pas se fier au point de vue d’un adolescent amourachée, trancha le ministre.

– Mais espèce d’idiot ! s’égosilla Lucas en s’approchant. Ma sœur n’est ni une ennemie, ni une terroriste ! Et vous la laissez tomber car vous êtes des putains de lâches ! De lâches !

Aaron lui attrapa le bras pour l’empêcher d’avancer. Le regard du jeune homme fusillait le politique. Lucas était frustré depuis le retour de leur attaque.

– Surveillez votre langage, jeune Maguy.

– Je ne…

– Cela ne sert à rien à part t’enfoncer et enfoncer Laurène, glissa Clara. Crois-moi d’expérience, quand tu te fais réprimander une fois par ce type, il vaut mieux faire profil bas.

L’avertissement de la jeune fille porta ses fruits, Lucas se calma en adoptant un comportement plus respectueux même si son regard en disait long sur ce qu’il ressentait. Il demeurait très frustré de ne pas avoir pu voir sa sœur contrairement à Aaron. Joyce et Clara tentaient de canaliser cette frustration qui se traduisait par un moins bien contrôle du partage. Ce qui compliquait la vie de la Dresseuse toujours visée par ces débordements involontaires.

– Donc, si je comprends bien, personne ne peut assurer exactement de quel côté se trouve Laurène Maguy.

– Ma fille ne ferait jamais ça ! contesta virulemment Christine Maguy.

– De la part d’une désertrice, il est bien difficile de vous croire.

– N’oubliez pas suite à quelle situation ils sont partis, c’était l’enfer pour eux, la défendit M. Gomez. Vous n’avez pas vécu ça, vous ne pouvez pas comprendre leurs souffrances.

– Non effectivement, mais Nico, je vous respecte mais vous ne pouvez pas leur donner raison. Vous étiez là vous aussi. Vous avez même failli y passer. Pourtant, vous êtes restés parmi nous contrairement à eux.

– Car contrairement à eux, je n’avais pas perdu quelque chose d’important au point de tout renier.

– Et vous, avez-vous vu Laurène durant la bataille ?

– Non, admit Sébastien contrarié. Mais je connais Laurène depuis sa naissance. Et j’ai confiance en elle. C’est une jeune fille qui réfléchit beaucoup. Quelque chose a dû traverser son esprit et elle a entraîné cette situation.

– Donc, il n’y a toujours aucun témoignage en sa faveur. On va donc procéder au ver…

– Moi, je l’ai vu et j’ai quelque chose à dire !

Toutes les têtes se tournèrent vers la personne qui venait de se lever parmi l’assemblé : Sara. Cette dernière s’extirpa de la foule pour s’avancer à la hauteur de Lucas et Aaron. Ce dernier s’empêcha de lui parler. Lui et les autres connaissaient toute la haine de la Dresseuse envers Laurène. Aaron ne pensait pas qu’elle puisse la démonter comme ça. Pas au pire moment ! Néanmoins, il ne dit rien pour empêcher une réprimande. Clara questionna sa camarade du regard mais la jeune femme reportait déjà son attention sur le premier ministre.

– Vous êtes, jeune fille ?

– Sara Bello, Dresseuse accomplie. J’étais au campus avant que l’élue soit kidnappée. Et je l’ai vu pendant l’attaque. Nous avons même parlé.

– Quoi ? lâcha Aaron ignorant cette information.

La réaction de la salle fut similaire. À l’instar d’Anna qui ne comptait toujours rien dit. Laurène lui avait dit de ne pas en parler, donc encore moins au gouvernement. Le jeune homme se sentit trahi, il avait tellement voulu que son amie lui parle à lui.

– Bien… confirmez-vous qu’elle a emprisonné le Lié Aaron Mackenzie ?

– Je ne l’ai pas vu, mais elle a dit qu’elle l’avait fait.

– Et dans quel but ? Vous l’a-t-elle dit ? Paraissait-elle dans son état normal ?

– Pas clairement, mais elle voulait le protéger j’en suis sûre, assura Sara en jetant un regard à Aaron. Elle me l’a dit. C’est elle qui a formé un cercle de feu et d’eau, il n’y a qu’elle. Et elle m’a dit d’éloigner Aaron et de fuir avec lui lorsqu’elle le libérait. Elle semblait savoir ce qu’elle faisait. Elle devait savoir ce qui allait se passer et voulait juste épargner Aaron.

– Donc à votre sens, la lumière et attaquer un autre Lié… est un comportement pour nous sauver et sauver son ami ?

– Oui. On ne sait pas dans quelle situation elle se trouve. On la menace peut-être… on ne peut pas l’accabler sans savoir ce qu’il se passe de son côté.

– Et on ne peut pas croire assurément que l’élue n’ait pas retourné sa veste. Vous êtes la seule personne à nous offrir un témoignage positif sur elle. Ce n’est pas suffisant.

Sara s’indigna, énervée d’être aussi peu estimée et crue.

– Vous pensez que je mens ? Je n’ai aucun intérêt à vous raconter des balivernes ! Et je ne suis pas la seule à prendre sa défense. Vous venez d’avoir plein de réponses positives !

– Calmez-vous. Et vous pouvez disposer. Notre décision est prise.

– Elle est prise sans daigner prendre connaissance de toute la situation, critiqua sèchement Sara.

La jeune fille s’en alla retrouver l’assemblé qui la fixait toujours choquée. Aaron la retint par le bras désireux de comprendre l’attitude de son ancienne petite-amie.

– À quoi tu joues ?

– Je ne joue à rien. Je défends ta copine, rien de plus.

– Tu ne m’as jamais dit que tu l’avais vu. Pourquoi tu ne me l’as pas dit avant ? C’est l’information la plus importante !

– Aaron. Je ne suis plus ta copine donc je n’ai pas de compte à te rendre ! Si je t’avais dit cela avant, tu aurais tellement surréagi…

– Tu voudras bien nous en dire plus ? quémanda Clara les yeux brillants.

– Oui, ce soir. Dans le quartier des Liés ça sera plus facile.

Clara hocha la tête pour confirmer alors qu’Aaron et Lucas la remercièrent pendant que Valentine, Joyce et Anna s’approchaient.

– On se rassemble tous avec Sara ce soir pour parler de Laurène, informa Clara à ses amies.

– Je dois m’occuper de mon dragon. Cela va prendre du temps, prévint la Persévérante.

– Je te filerai un coup de main dans ce cas, proposa Clara. Cela prendre moins de temps.

Valentine hocha la tête. Alors qu’Anna voulut ajouter un mot pour ses amis, la voix du premier ministre tonna dans la salle pour exiger le silence. Aaron partagea un regard inquiet avec M. Gomez. Ce dernier lui laissait comprendre que rien de bon s’annonçait, que ce soit pour Laurène ou pour la société.

– Bien après réflexion, nous avons décidé que l’élue ne pouvait être fiable. Nous ne pouvons juger réellement ses intentions. C’est pourquoi, pour toute sécurité, il faudra l’arrêter.

– L’arrêter ? s’étonnèrent les adolescents sans comprendre.

– Oui, Laurène Maguy sera mise en état d’arrestation pour haute trahison lorsqu’on la retrouvera. C’est pourquoi on lance pour le moment un mandat d’arrêt contre elle.

– Un mandat d’arrêt ?! s’indigna Lucas. Ma sœur n’est pas une criminelle ! Jamais elle nous ferait du mal ! Et…

– Lucas Maguy, je vous redemande de vous calmer.

– On ne se calmera pas tant que vous continuerez à incriminer Laurène, le défendit Valentine. Vous ne méritez pas de gérer une décision par rapport à Laurène et à toute la communauté. La preuve, vous avez voulu organiser une attaque mais on ne l’a pas récupérée. J’énonce juste la vérité et elle n’est pas très belle à entendre pour vous.

– La réunion est terminée, coupa froidement le premier ministre. Personne ne peut faire appel à cette décision et j’envoie des patrouilles à la recherche de Laurène Maguy.

Clara, par la suite aida Valentine avec Joyce. Cette dernière s’exerça aussi avec le lien télépathique. En effet, Lucas et Joyce avaient débuté malgré tout leur deuxième année. Ils se concentraient donc sur cela en plus des entraînements de combat. Aaron les aidait, surtout pour s’assurer qu’ils soient prêts pour une grosse attaque et aussi pour se détendre. Avant, il passait tout son temps avec Laurène, il avait retrouvé ensuite sa solitude et cela ne lui réussissait pas.

Ce fut vers 18 heures qu’ils se rassemblèrent tous dans le salon des Liés. Aaron faisait les cent pas. Joyce, Clara, Valentine et Lucas sur un canapé alors qu’Anna et Sara avait pris place dans les fauteuils. Cela dérangea particulièrement Valentine qui sentait une distance entre elle et Anna. Le pire pour elle, c’était peut-être qu’il n’y avait pas de problème, et n’avait alors aucune idée de l’origine de l’attitude de sa copine. Anna fuyait les regard de tout le monde, hantée par sa rencontre avec son amie.

Alors qu’ils allaient commencer, on toqua à la porte. Les parents des jumeaux ainsi que Sébastien Gomez débarquèrent. Aaron les laissa entrer, jugeant qu’ils savaient beaucoup de chose, de toute manière.

– Vous parlez de Laurène, je suppose, commença Nicolas.

– Vous comptez rester je suppose, rétorqua Aaron.

– On a revu l’inconnu ce matin, informa M. Gomez en regardant sa fille. Il avait prévenu Laurène de l’attaque mais il n’a pas eu le temps de lui demander des explications sur ses actes. Sur ce point là, je crois que seule Sara pourrait nous éclairer.

– C’est exactement pourquoi on est là.

Sous le regard pesant de tout le monde, Sara raconta ce qu’elle avait vécu pendant l’attaque. Qu’elle avait percuté Laurène qui lui avait révélé avoir emprisonné Aaron dans sa sphère. Qu’elle lui avait ordonné de l’éloigner car cela serait dangereux. Cela laissa les autres perdues.

– Elle voulait clairement te protéger, confirma Christine à Aaron.

– Alors pourquoi ne revient-elle pas ? lâcha Aaron la voix brisée.

– Seule cette tête brûlée le sait, commenta Clara.

Cette dernière se leva et serra le Lié dans ses bras pour le réconforter. Lucas les fixa un peu jaloux de leur proximité, mais surtout fatigué de toute cette situation que ce soit avec Laurène, avec Clara, avec Joyce ou même le gouvernement !

– Moi aussi j’ai vu Laurène, révéla doucement Anna.

Cette révélation eut l’effet d’une bombe. Valentine s’indigna qu’elle ne lui ait pas montré leur amie le jour de l’attaque. Puis elle comprit soudainement que ça devait être la raison du malaise de sa copine. La Persévérante se leva du canapé pour rejoindre Anna et la prendre dans ses bras.

Pourtant, ce fut Clara et Joyce qui insistèrent pour qu’elle leur dise tout. Étrangement, Lucas et Aaron restèrent très silencieux, concentrés sur Anna et ses révélations. La jeune fille s’en voulait de n’avoir rien dire avant. Elle avait eu l’impression de les trahir et cela l’avait rendu très mal. Mais elle ressentait aussi cette sensation en parlant, elle venait de trahir Laurène. Après un regard d’encouragement de M. Gomez, la rouquine attrapa la main de sa petite-amie et déclara :

– Je l’ai croisé dans leur église là. Je l’ai serré dans mes bras directement sans lui laisser le temps de parler. Je n’y croyais pas. Puis c’était étrange, elle semblait changée et toujours la même… je crois que sur le coup, cela l’a ému aussi.

– Est-ce que ma sœur t’aurait dit quelque chose ? Que ce soit sur la prophétie ou quelqu’un ?

– Oui, acquiesça Anna. Elle m’a dit que je comprendrais plus tard mais que pour le moment je devais faire comme si je ne l’avais pas vu. Elle voulait nous rester invisible. Elle l’a fait délibérément.

– Elle doit préparer quelque chose, souffla Aaron. Elle compte faire quelque chose.

– Laurène est fragile. Ils lui ont peut-être retourné le cerveau, lâcha M. Maguy.

– Non, coupa Clara avec véhémence.

– Laurène est la plus têtue et la plus forte d’entre nous, termina Lucas. Et crois-moi, maintenant, on la connaît plus que toi.

Cela faisait mal à Nicolas d’entendre cela mais il devait admettre qu’il avait raison. Posé, il réfléchit, appelant Sébastien à la rescousse pour réconforter sa femme. Christine ne savait plus où en donner de la tête. La situation compliquée de Laurène l’empêchait d’effectuer ses nuits de sommeil correctement, conservant sa boucle de stress.

– Que va-t-on faire du coup ? On ne peut pas laisser la situation comme ça.

– On ? s’étonna Valentine.

– Je ne suis plus la copine d’Aaron. Il n’y a donc pas de raison pour ne pas aller sauver l’élue.

– Comme cela, ça te fait plus d’exploit sur ton C.V, marmonna Lucas blasé.

– Du calme, tempéra Aaron. Dans tous les cas, plus on est nombreux, mieux ça sera. On l’a vu plusieurs fois, les ennemis savent se montrer redoutables. Je ne sais pas comment on va faire, mais il le faut. Pour Laurène.

– On le fera sans l’aide de l’État et sans en parler au gouvernement, décida M. Gomez.

– Quoi ? On a le droit ?! s’étonna Clara surprise.

– Non, cela pourrait être considéré comme haute trahison si cela est découvert, qui plus est pour une personne aussi réputée comme ton père, répondit Christine en se levant. Seb, tu ne peux pas prendre ce risque. La sentence sera lourde sinon.

– Ne t’inquiète pas Christine, tout ira bien.

– Tu ne peux pas le savoir ! Seb, tu sais à quel point je te suis reconnaissante d’avoir pris soin de mes enfants… mais là, tu risques trop cher. Tu devrais penser à toi un peu.

– Écoute la papa, lui intima sa fille. On deviendra quoi sans toi ?

– Tu sais bien que ça fait longtemps que ta mère n’a plus besoin de moi.

– Mais j’ai besoin de toi ! Papa…

– Écoute ta fille pour l’amour des deux Dieux ! renchérit Christine. Ne deviens pas un marginal comme Nico et moi.

– J’ai été là pour ta fille. Je ne la laisserai pas tomber. Encore moins dans cette situation compliquée.

– Merci Seb, lâcha Nicolas en lui faisant une accolade. On est désolé de t’entraîner dans cela.

La mère des jumeaux paraissait dépitée. Sébastien l’implora du regard de ne pas lui en vouloir. Mais la femme s’en voulait surtout à elle. Joyce se pencha pour être un peu plus proche de Lucas et Clara.

– Il se passe quoi entre vos parents ? Ta mère et ton père ? chuchota-t-elle.

– Bah heu… rien, hésita le Lié pendant que Clara fixait les adultes pour comprendre sa remarque.

Alors qu’ils ne parlaient plus, la jeune Dresseuse força Aaron à s’asseoir. Les adultes se mirent à expliquer les risques, qu’il ne fallait pas partager des informations à personne, à part les personnes présentes. Tous écoutaient attentivement à part Aaron qui divaguait en pensant à Laurène. Cette situation le torturait, cependant il s’agissait aussi de la période où il se retrouvait le mieux épaulé. Contrairement à Laurène. Et il se sentait responsable de tout ce qu’elle subissait, seule. Il s’en voulait et dès qu’il tentait de réparer son erreur, il n’y parvenait pas. Cela le rendait malade.

« J’ai vu Ignisaqua. »

Le Lié bondit en levant la main et parlant à voix haute.

« As-tu des nouvelles ?! Je t’en prie Aquaventus, dis-moi que tu as des nouvelles ! »

« Oui mon ami, j’en ai. »

Aaron obtint facilement toute l’attention de la pièce. Néanmoins Aquaventus brisa immédiatement les espoirs de son partenaire : il n’y avait pas de message de Laurène expliquant ses actions. Passée cette petite déception, le Lié se remobilisa.


« Ignisaqua revient au campus ? »

« Non, justement, c’est de cela que je voulais te prévenir. »

– Qu’est-ce qu’il se passe exactement ? se renseigna M. Gomez. Pourquoi ne rentre-t-il pas ?

« Il a un plan en tête. Même Laurène ne le sait pas. Tout ce qu’il m’a dit de dire, c’est que la situation va changer. »

« C’est-à-dire ? », demanda Aaron.

« Elle a un autre plan en parallèle qui ne dérange pas le sien. Elle veut aller voir quelqu’un. Selon Ignisaqua, c’est nécessaire. »

« Qui le veut ? Laurène ? »

« Il m’a juste dit de vous tenir prêt à son signal. »

« Prêt pour quoi ? »

« Cela, je l’ignore. »


Cette réponse irrita les autres mais cela n’avait pas chagriné Aaron. Cela lui donnait en quelque sorte une confirmation. Celle que Laurène n’avait pas changé. Il lui faisait toujours confiance. Elle le méritait. Après s’être mis d’accord sur quoi faire, ils comptaient tous partir. Alors qu’ils terminaient leur discussion, Aaron discutait toujours en parallèle avec Aquaventus.


« Laurène t’a adressé un message. Elle voulait t’assurer qu’elle irait bien, quoiqu’il arrive. Elle voulait que tu saches qu’elle n’ait plus en danger actuellement. »

« Merci… est-ce que… est-ce qu’elle reviendra ? »

« Évidemment… écoute, ce que je vais te dire est un message d’Ignisaqua, car il en a marre et il sait que Laurène ne te le dirait pas pour le moment, mais elle t’aime. Vraiment. Tout ce qu’elle fait, c’est pour te protéger car elle t’aime. »


Les autres ne demandèrent pas au jeune homme pourquoi il venait de sourire comme un idiot. Valentine et Anna s’étaient isolées dans un coin de la pièce. Elles étaient si proches l’une de l’autre que leurs nez se touchaient. La Soigneuse tenait fermement les mains de sa copine pour se réconforter.

– Tu aurais pu m’en parler, tu sais, murmura gentiment Valentine qui tentait de passer une de ses mains dans la chevelure flamboyante d’Anna.

– Je sais. Tu sais très bien que tu as toute ma confiance, mon coeur. Mais honnêtement, je ne savais pas comment réagir. Ça a été si rapide et…

– Je ne te le reproche pas. Vraiment, pas. C’est juste que je te sentais tendue ces derniers temps et je déteste te voir comme ça.

Valentine l’attira à elle alors qu’Anna s’abandonnait dans ses bras. Elle détestait devoir cacher quelque chose à Valentine. L’arrivée de M. Gneiss paniqué reporta l’attention de tout le monde. Il suffoqua en reprenant son souffle, les mains en sang, tout bouleversé. M. Gomez l’aida à se calmer.

– Le… Le deuxième espion !

– Vous l’avez trouvé ? s’écria Aaron plein d’espoir.

– On n’a pas eu le temps de le voir, déplora le professeur de Lucas et Joyce en larme. Mais il l’a attaqué.

– Attaquer qui Matthieu ?

– Paula. Il a attaqué Paula. Elle est dans un sale état.

– Paula ? demandèrent les adolescents alors que M. Gomez partait en trombe.

– Mme. Amaro, précisa M. Gneiss. Elle s’appelle Paula.

Ni une, ni deux, le groupe débarqua à l’infirmerie. Ils la retrouvèrent en suivant la traînée de sang qui n’encourageait pas à y croire. Les Soigneurs s’activaient autour d’elle. En vain, elle agonisait. La cheffe du conseil des Liés perdait trop de sang. Poignardée dans le ventre, elle souffrait atrocement au poing que des larmes perlaient sur ses joues. Aaron s’approcha un peu plus de M. Gomez qui tenait la main de sa collègue. Mme. Amaro roula les yeux vers son pupille.

– Aaron ait confiance en toi. Peut-être qu’on ne comprend pas le rôle que tu dois jouer, mais je n’ai aucun doute sur ta réussite. Tu es un des plus grands Liés. Soit fier et n’oublie pas tout le chemin que tu as parcouru.

– Je vous le promets, je réussirais.

La jeune femme pressa la main de Sébastien

– Dites à ma stupide élève têtue qu’elle a intérêt à réussir. Elle peut réussir. Elle en est capable.

Après une grimace de douleur, elle fixa M. Gneiss, son indéfectible compagnon, puis son visage se figea. Elle venait de partir. Et par respect tout le monde s’éloigna, laissant M. Gneiss encaisser seul la douleur du deuil débutant. Il ne savait plus depuis combien de temps il avait vécu sans elle. Il ne savait pas s’il en était capable. Les pertes, ne faisaient que commencer, malheureusement.

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