Chapitre 37 :

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– Le voyant n’a pas trop de vision là-dessus. On a su pour toi grâce à nos deux espions. Mais on a su le passé d’un des deux autres et on en a déduis que cela devait être Luc. Sauf qu’il n’ait pas au courant.

– De son statut, ou de ses origines ?

– Des deux et il ne doit absolument pas savoir son passé. Mais son passé fait de lui une personne de la prophétie.

– Pourquoi lui cacher ses origines ? Il devrait… avoir le droit de savoir, n’est-ce pas ?

– Il vaut mieux pour lui qu’il ne l’apprenne jamais. Il nous a déjà assez déçu comme ça. Il ne resterait pas avec nous s’il savait…

– Vous avez peur qu’il recherche ses parents ? supposa Laurène.

– Non… ils sont morts tous les deux, il n’y aura pas ce problème.

Laurène chercha une réplique cinglante mais s’abstint de tout commentaire. Cette réponse lui glaçait le sang. Néanmoins, elle bouillonnait de colère pour tout ce qu’il dissimulait à Luc. Il le manipulait tel un pantin en le gardant dans l’ignorance alors qu’il se torturait de questions par rapport à la vérité de ses origines. Laurène les détestait pour ça. Tout le monde devait avoir le droit ou le choix de connaître d’où il venait. Luc n’avait ni le droit ni le choix.

Tentant de se remobiliser, malheureusement les secrets sur Luc pouvait attendre. L’adolescente prit une autre feuille où un amas de dragons était représenté. Laurène peinait à en ressortir une quelconque information.

– D’après le voyant, les dragons vont se scinder en deux camps, comme autrefois, éclaira le vieillard. Nous n’avons aucune informations sur les fondateurs malheureusement…

Laurène hocha la tête sans rien dire. De toute manière, les dragons se trouvaient déjà séparer dans plusieurs camps. Personne ne pouvait le nier. Pourtant entendre parler des fondateurs des lignées… ça ne présageait rien de bon ! Fournaise avait attaqué son campus tout de même ! Laurène craignait de jusqu’où ça pouvait aller. Elle redoutait que la situation puisse virer à la catastrophe… est-ce que ceux qui n’était pas lié à la communauté serait en danger ? Elle ne pouvait pas se le permettre ! Mais elle ignorait comment elle devait agir.

Les autres images lui révélaient juste ce qu’il s’était passé. Déjà passé. Mais maintenant, elle en savait déjà plus sur le chemin qu’il pouvait prendre. Laurène s’était toujours doutée que dans certaines configurations, elle risquait de mourir, pourtant ça l’ébranlait. L’angoissait même.


« Est-ce que j’en parle à Aquaventus ? »

« Tu es avec Aquaventus ? »

« Oui, mais tu ne réponds pas à ma question, Lau. », insista Ignisaqua.

« Dis-lui juste de cibler les Pyrénées mais ne lui dit pas pourquoi. Mais ne lui parle pas ce que j’ai découvert sur la prophétie, je ne veux pas l’inquiéter ! Ignisaqua, es-tu prêt ? »

« Oui, c’est quand tu veux. »


Laurène resta un petit moment avec le doyen. Le vieil homme n’avait pas une totale confiance en elle mais il la traitait avec respect. Après lui avoir souhaité un bon repos, elle s’en alla. Alors qu’elle allait prendre le chemin de l’endroit où elle s’entraînait avec Luc, on l’empoigna par le bras.

– Qu’est-ce que tu fous ? cracha la jeune fille.

– Je viens prendre de tes nouvelles puisque tu ne viens pas me parler.

– Oh la vache, je rêve ! Mais il est con ce mec ! Il est con ce mec ! Henry, si je ne viens pas te parler, c’est parce que je ne veux plus te voir. J’ai été claire, maintenant, tu te mets hors de ma vue et de mon chemin !

– Mais on était ami avant. On était hyper proche !

– Avant, souligna durement Laurène. Et j’étais proche de toi comme je l’étais avec Joyce, pas comme les filles, pas comme Aaron.

– Tu es de notre côté, insista Henry. Quel est le problème maintenant ?

– Quel est le problème ? éructa la Liée hors d’elle en remontant son t-shirt et en montrant son bras meurtri. Toutes ces cicatrices, toutes mes cicatrices c’est de ta faute ! C’est à cause de toi si j’ai tant souffert ces derniers mois !

Henry ne sut que répondre, encore moins face à la réaction disproportionnée de Laurène. Rageusement elle replaça ses vêtements et son poing frôla le visa d’Henry avant de cogner un tronc d’arbre, les larmes coulant sur ses joues.

– Tu penses vraiment que si je te livrerais aux autres, tu me considérerais toujours comme une amie ?

– Bien sûr que oui. Car tu es l’élue.

– Je ne vois pas le rapport. Mais je vais être claire une dernière fois Henry : ne m’approche plus jamais. Sinon, c’est un couteau dans le thorax comme Joyce que tu vas te prendre. C’est toi qui lui as mis, n’est-ce pas ?!

Le Dresseur déglutit péniblement et Laurène continua son chemin en rogne, séchant aussi ses larmes. Elle retrouva Luc qui l’attendait. Ce dernier lui attrapa le poignet pour l’entraîner avec elle. Ils partirent un peu plus loin. Ils entrèrent dans un lieu extérieur entouré d’un grillage et clôturé d’une grille en fer au bruit insupportable. Laurène fit quelques pas et lui lança un regard d’incompréhension.

– Je ne connais personne de ton côté. Pourquoi m’emmener dans un cimetière ?

– Ce n’est pas n’importe quel cimetière, argua Luc en s’approchant plus d’elle. C’est un cimetière de Guérisseur, Formatés et Liés.

– Ah… en faites tu as programmé de me tuer ! Tu aurais du me dire, je ne serai pas venue, blagua Laurène.

– Mais je ne peux pas faire mon boulot correctement si tu ne viens pas, c’est mort, renchérit Luc en souriant. Je… plus sérieusement, je me suis dit que tu voudrais peut-être rendre visite à ceux qui sont décédés.

– À cause de moi.

– Non, pas à cause de toi, assura Luc en lui prenant les épaules. Certes, ils cherchaient l’élue, mais pour certains, tu n’étais pas encore née. Tu n’y es pour rien.

– Comment peux-tu supporter tout ça ?

– Je… je ne sais pas.

Il disait vrai, le jeune homme avait toujours eu la chance d’être épargné : il n’avait jamais tué. Cependant, il devait bien avoué que l’ambiance de cet endroit était pesant, qu’il y avait quelque chose qui sonnait faux.

Luc s’éloigna un peu afin de laisser Laurène faire un tour. La Liée examina donc chacune des pierres tombales. Chaque année de décès était inscrit sur le piquet en bois avec les prénoms. Elle imaginait que chaque victime devait être morte jeune. Plus elle lisait les noms, plus la culpabilité l’accablait.

François, Jimmy, Sylvie, Karine, Gabriel, etc.

Ils cherchaient l’élue et les avaient tués quand ils avaient découvert qu’ils ne l’étaient pas. Ces mêmes personnes avaient épargnés Laurène. Elle ne méritait rien et demeurait à son sens coupable. Laurène se stoppa puis s’approcha d’une pique tombale.

Clothilde Delattre, 1998 .

Cette jeune fille devait être dans les os de sa mère, de plus, Delattre était le nom de jeune fille de Christine. Mais la maman des jumeaux ne possédait pas de sœur. Cependant cela la touchait. D’après M. Maguy, sa mère avait été Soigneuse. Elle aurait pu y être et Laurène ainsi que Lucas ne pas naître. Lucas, Aaron, Valentine, Anna et Joyce… ils auraient pu y être. Si Laurène n’avait pas été l’élue, elle aurait pu. Voir tous ces noms inscrits de tous ces gens, tués pour rien. Car elle n’était pas encore née. Elle tomba à genou en pleurant. Après quelques minutes, elle se releva les yeux brillants.


« Laurène, calme-toi. »

« Ils sont morts par ma faute ! Comment veux-tu que je me calme ? »


Mais la jeune fille ne parvenait pas à se calmer. L’adolescente avait l’habitude d’être très sensible, cela ne l’aidait d’ailleurs pas à accomplir son devoir de Liés. Elle sentit ses mains s’humidifier et elle fut enfermée avec Luc dans une tornade d’eau que son surplus d’émotion venait de former. Paniqué, Luc lui prit la main afin de se rassurer. Il avait rarement vu les prouesses de Laurène et encore moins les pertes de contrôles ! Laurène reprit immédiatement le contrôle de la situation. Tel un chef d’orchestre, elle atténua et détruisit cette tornade avec des gestes amples et vifs. Luc la regarda outré. Lorsqu’ils furent hors de danger, ils se contemplèrent. Sans un mot. Laurène totalement navrée, Luc sidéré. Tous deux peinaient à se remettre de leurs émotions. Luc ne connaissait pas le partage aussi bien que la Liée. Ce dont il venait d’assister le terrifiait.

– C’est le partage. Je suis désolée, d’habitude je garde une bonne maîtrise, bégaya la jeune fille. J’ai trop laissé mes émotions prendre le contrôle sur moi. Pardon.

– Mais toi… ça va aller ?

– Oui, ne t’inquiète pas, j’ai eu l’habitude des pertes de contrôle au début. Allez viens, partons d’ici. Je n’ai plus la force et pas envie de fondre en larmes devant toi.

L’ambiance de cet endroit restait trop pesante pour Laurène. Même pour Luc ! Cette dernière ne parviendrait pas à y rester plus longtemps. Elle pressa le pas pour remonter la pente sans attendre Luc qui s’efforçait de la rejoindre.

– Lau ! interpella-t-il essoufflé.

La jeune fille s’arrêta net pour attendre Luc et se retourna pour le voir. Le jeune homme avait le regard dans le vide, il se sentait à fleur de peau sans aucune raison. Jamais il ne pourrait lui avouer qu’il passait beaucoup de temps dans ce cimetière plus jeune, que s’était lui qui entretenait les fleurs. Qu’il était le seul à ressentir de la tristesse pour ses pertes alors qu’il devrait se sentir soulager d’après tout le monde.

– Tu crois… qu’on a tué des Liés pour rien ? Tu crois qu’ils n’avaient juste pas le contrôle de leur partage ? demanda-t-il d’une voix tremblante.

– Je… je crois surtout que vous destinez un destin aux Formatés et Guérisseurs, qu’ils ne méritent pas. Pour les Liés. Je… je ne peux pas te le dire, Luc, chuchota Laurène. Je n’étais pas là pour voir ça. Mais généralement, dans un champ de bataille, ce n’est pas accidentel. Je… on est formé à ça. Pour vous, vous êtes nos ennemis, ceux qui veulent nous capturer. Pour nous, on n’a pas le choix.

– Alors tu sais que pour nous, c’est la même chose…

– Oui, j’ai vu à quel point tout est influencé dans vos vies. C’est aussi pour cela que je ne t’en veux pas. Tu ne sais pas tout. Mais garde l’esprit ouvert. Doute de tous ce qu’on peut te dire sans vrai explication.

Luc la regarda comme si elle était une extraterrestre. À chaque fois, il restait fasciné par sa compréhension et sa capacité d’adaptation. Les deux jeunes regagnèrent le domicile des Laurewce. Après avoir pris son courage à deux mains, Laurène entraîna le jeune homme avec elle dans sa chambre. Sans réellement savoir pourquoi le jeune homme se sentit anxieux, comme s’il savait qu’elle allait lui dire quelque chose le concernant.

La jeune femme s’assura qu’il n’y avait personnes dans les salles voisines et regarda la porte derrière elle. Luc, assis sur le lit, l’interrogea du regard.

– Je voulais te dire un truc parce que contrairement aux autres ici, j’aimerais être honnête avec toi car tu le mérites.

– Honnête de quoi ? demanda Luc perplexe. Qu’est-ce que tu veux me dire ?

Laurène ne mâcha pas ses mots. Elle savait que c’était inutile de prendre des pincettes avec lui. L’adolescente lui expliqua qu’il avait raison de douter de ses origines, mais qu’elle n’en savait malheureusement pas plus. Elle lui révéla aussi que c’était grâce à ses mystérieuses origines qu’ils savaient qu’il faisait partie de la prophétie. La Liée lui révéla plus difficilement que le doyen lui avait dit que ses parents étaient morts.

Luc accusa le coup sans broncher. Laurène aurait bien voulu le réconforter et le rassurer, lui dire que tout irait bien, sauf que la vie lui avait prouvé le contraire. Elle chercha le regard de son ami qui demeura tête baissée.

– Je… ne voulais pas te mettre mal. Je pensais que tu aurais aimé connaître ces informations plus tôt. Je ne voulais pas te brusquer.

– En effet si cela ne tenait qu’à moi, je le saurai depuis mes seize ans, commenta-t-il en redressant la tête. Je savais déjà pour la prophétie. Il y a quatre ans, j’ai surpris une discussion du doyen. Je l’ai appris de cette manière. Cependant, je dois te remercier pour avoir confirmé mes doutes. Je n’ai jamais cru que mes parents étaient réellement mes parents. Je ne sais pas où sont mes géniteurs, mais au moins je sais qu’ils ont existé. Au moins, je ne reste pas ignorant.

– C’est courageux de faire face à cela. Si tu as besoin de mon aide pour des recherches, appelle-moi et je t’aiderai.

– Merci !

Alors qu’ils se levaient, les parents adoptifs du jeune homme rentrèrent à la maison. Ils avaient oublié le pain et Laurène saisit l’occasion pour partir. Elle prit une sacoche qu’elle avait préparée ainsi que de l’argent. Elle croisa les doigts pour que Luc ne l’accompagne pas et cela fonctionna.


« Maintenant Igni. Prépare-toi. »


Elle sortit du pavillon et se retrouva dans le centre du village. Elle s’arrêta à côté de la fontaine. Immobile, on la regardait peu à son grand soulagement. Toute la population s’arrêta lorsque Ignisaqua survola de près le village. Alors que tout le monde criait, elle forma une sphère de lumière entre ses mains qu’elle agrandit afin d’éblouir l’ensemble du village présent dans le centre-ville. Les ennemis forcés de fermer les yeux furent terriblement brûlés sans qu’elle ne s’en rende compte. Laurène sauta et attrapa la queue d’Ignisaqua. Elle se hissa pendant qu’il prenait de l’altitude. L’hybride se fit un sprint pour s’éloigner du village.

Laurène poussa un soupir de soulagement. Enfin libre loin d’eux ! Rien n’était terminé. Mais d’un autre côté, elle culpabilisait d’avoir laissé Luc seul. Mais jamais il ne serait parti avec elle. Si elle pouvait, elle irait le libérer de leur emprise sur lui. Sauf que pour le moment, Luc ne pouvait pas s’extirper de son idéologie. Pourtant Laurène savait qu’il y avait de l’espoir, ils dissimulaient trop de chose à Luc pour qu’il n’en vienne pas à douter sur les attentions de son camp. Elle croisa les doigts pour qu’il s’en rende compte par lui-même.

Ignisaqua se posa sur une colline. Laurène sauta à terre mais se mit sur ses gardes directement lorsqu’elle aperçut un dragon se poser lui aussi. Ce dragon était aussi grand que Fournaise. Il possédait toutes les caractéristiques d’un dragon de feu et sa couleur orange brillait. Mais clairement, il n’était pas banal, juste à sa taille. Même si Ignisaqua ne réagit pas, Laurène resta alerte, un poignard à la main. Bien piètre dégense contre un dragon aussi imposant, néanmoins elle décida qu’il valait mieux mourir avec un poignard à la main.

– Tu ne crains rien jeune Liée. Je collabore avec Ignisaqua.

L’adolescente le crut sur parole. Énervée elle lança un regard noir à son dragon. Pourquoi fallait-il qu’il ne l’informe jamais ? Ça lui aurait éviter de paniquer.

– Tu m’expliques un peu pour une fois ?

– Voici Brasier, fondateur de la lignée de feu, révéla l’hybride. Et sache que désormais, personne ne sait à part toi ce que je vais te dire.

La Liée laissa échapper un rire nerveux, persuadée que son dragon ne pouvait être sérieux. Pourtant, il devait bien y avoir une raison pour qu’Ignisaqua collabore avec un fondateur. Malgré ce qu’il s’apprêtait à lui dire, la jeune fille sentait qu’il y aurait toujours des zones d’ombres. Cependant, l’adolescente rangea son arme, prête à écouter.

– Brasier est mon père.

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