Chapitre 61 :

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Aaron regardait au loin. Ils étaient encore loin d’être arrivé, cependant il se sentait soulagé quand Ignisaqua affirmait qu’il ne restait plus beaucoup de kilomètres à parcourir. Les trois jeunes avaient pris assez d’argent pour une chambre d’hôtel pour trois. Le Lié avait laissé le lit double à ses deux amies, il veillait sur elles, assis sur le seul fauteuil de la chambre. Son regard se voilait de temps à autre mais il ne comptait pas s’endormir. Même dans un bâtiment, quelqu’un devait monter la garde. Les ennemis pouvaient surgir de partout !

– Tu peux prendre ma place si tu veux, lui proposa Valentine. Je ne pense pas que j’arriverais à bien dormir et tu en as plus besoin que moi.

Cette dernière caressait le crâne d’Anna, jouant avec les mèches rousses. La Persévérante savait qu’Aaron était puissant et les préviendrait si jamais un soucis arrivait, néanmoins, plus les heures s’écoulaient, plus elle avait besoin de s’assurer elle-même que tout irait pour Anna.

– Dors un peu avec elle, tu en as besoin, assura Aaron.

Valentine secoua la tête. Doucement, elle se retira du lit sans réveiller la Soigneuse qui dormait à poings fermés. A pas feutrés, la Persévérante s’approcha de son ami qui fixait toujours la porte avec grands intérêts.

– Va t’allonger, je prends ta place, insista la jeune fille. On sait pertinemment tous les deux que tu es la personne qui a le plus besoin de dormir. Le lien avec la fille du Père t’affecte, on le comprend, c’est normal. Mais tu dois te reposer.

– Je me reposerai plus tard. Quand ma dragonne sera près de moi.

– Et il vaut mieux que tu te reposes justement. Souviens-toi ce que Leau t’avait dit il y a longtemps maintenant : tu ne peux pas pousser ton corps à bout, il a ses limites !

Valentine espérait qu’évoquer Laurène ferait revenir le jeune Lié à la raison. Ce dernier secoua la tête en soupirant. La Persévérante se radoucit mais saisit son bras pour l’emmener à sa place. Mais avant qu’il n’ait pu s’effondrer sur le matelas, trois coups à la porte les firent s’immobiliser. Valentine lâcha son ami se campant juste devant sa petite-amie, elle cherchait sans un regard la anse de son cimeterre. Aaron avançait prudemment, son poignard déjà dégainé.

– C’est peut-être les membres de l’organisation, commenta Valentine, peu sûre d’elle.

– Crois-moi, je l’espérerais bien aussi mais ces coups-là semble peu sympathique !

Malheureusement, la Persévérante avait bien conscience que son ami avait raison. Les membres de l’organisation auraient débarqués sans frapper, sans prévenir. Ils se seraient juste assis à côté d’Anna silencieusement et auraient surveillé les alentours comme Aaron. Alors qu’il arrivait près de la porte, des nouveaux coups retentirent. Il fit un compte un rebours avec ses doigts pour informer Valentine quand il ouvrirait. A peine eut-il entrouvert la porte qu’elle fut propulsée contre le mur. Aaron eut le temps d’enfoncer son poignard dans la poitrine de quelqu’un avant de se faire traîner au sol. Anna, tout juste réveillée tentait de se dégager des bras d’un agresseur. Une dizaine pour eux trois. Déjà qu’Aaron n’avait pas beaucoup d’énergie, il sentait ses forces s’amenuiser. Il tenta d’utiliser le partage mais il n’était pas assez concentré pour. Si Laurène parvenait à utiliser ses émotions comme un biais de contrôle, lui avait besoin de concentration. Valentine gérait mieux, elle eut le temps de balancer un coup de pieds en pleine tête d’un assaillant d’Anna avant de trancher la gorge d’un agresseur à elle.

Aaron tentait de se relever mais il sentait la douleur de sa dragonne à travers leur lien : l’attaque était prévue. Ils blessaient la fille du Père pour le neutraliser lui ! Il cracha du sang puis toussa alors qu’il fut tirer par les cheveux, sa tête cogna un mur.

« A l’aide ! Aide nous ! Va trouver l’organisation ! »

Aaron ne savait même pas à quel dragon il s’était adressé ! Il attendit une réponse d’Aquaventus mais la douleur dans sa tête le terrassait. Lentement, il s’agrippait contre le mur pour se relever peu à peu. Les ennemis ne se concentraient plus sur lui, pensant l’avoir neutraliser. Il lança un poignard dans le dos d’un homme qui étranglait Anna. Le Lié s’avança, mais dès qu’il fit un pas son corps se mit à trembler, trop faible pour tenir debout. Le jeune homme se remit à tousser, grimaçant à cause de la douleur dans sa poitrine. La souffrance dans sa poitrine ne faisait que s’accroissé, Aaron essayait de ne pas perdre connaissance mais il se sentait trop faible.

« Laisse-toi faire, je vais t’aider. Tout ira bien. »

Anna se sentit acculer contre le mur. Elle cherchait du regard Valentine pour la voir une dernière fois cependant son ennemi était trop grand. Elle ne voyait rien ! Tout ce que la jeune Soigneuse aperçut fut une épaisse fumée noire qui englobait leur assaillant. Ils s’effondrèrent tous à quatre pattes, suffocant, et cherchant la sortie. Certains déjà asphyxiés, d’autres rampaient désespérément hors de la chambre d’hôtel. Certains imploraient la pitié mais les deux jeunes filles ne pouvaient rien changer. La rouquine sauta du lit pour rejoindre Valentine, agenouillée à terre.

– Val, murmura Anna en la forçant à se relever. Où es-tu blessée ?

– Nulle part, assura l’adolescente le souffle court. Je me suis prise un coup dans le diaphragme, rien de plus ! Viens, reprit-elle en lui prenant la main. Il faut partir d’ici avant que la brume nous étouffe.

– Non, non ! Il faut aider Aaron, on ne peut pas le laisser là ! Il doit y avoir quelque chose à faire.

Valentine resta bouche bée et regarda Anna s’aventurer dans la fumée. Dès que sa copine ne fut plus dans son champ de vision, la Persévérante se ressaisit et s’en alla à sa poursuite. Une chance pour elle : la chambre n’était pas grande. En quelques enjambés, la brune trébucha et se cogna contre Anna qui appelait Aaron. La bouche grande ouverte et les yeux grands ouverts aussi, le Lié faisait face à une nouvelle crise de partage. Laurène avait raison, elle aurait dû venir, pensa rageusement Valentine. Anna commençait à tousser de plus en plus entre ses appels et même sa petite-amie devait se retenir de l’imiter.

– Anna ! s’écria presque étouffée Valentine. Partons avant qu’il nous tue accidentellement ! On le retrouvera plus tard quand…

– On ne sait même pas si la crise va passer ! On ne sait même pas s’il respira bien au bout d’un moment.

Anna avait raison, pourtant l’instinct de survie de la Persévérante lui hurlait d’embarquer la rouquine avec elle et de foutre le camp. Anna tapa légèrement du pieds au sol. La jeune fille ne regardait même pas sa compagne, elle fixait son ami d’un air pensif. Valentine connaissait ce regard-là, le regard quand elle était profondément concentrée dans ses cours. La plus grande poussa un cri mécontent quand Anna lui prit un petit poignard qu’elle gardait au niveau de sa hanche. Valentine échappa un son plus horrifié quand elle vit Anna appuyer sec contre l’avant-bras du jeune homme. Aaron ne poussa pas une plainte. Il s’écroula dans les bras d’Anna, bouche refermée, la tête roulant sue un côté, yeux fermés. Inconscient.

La fumée se dissipa d’elle-même peu à peu. Aucun ennemi ne tenait encore debout et les jeunes filles prirent une grande inspiration d’air. Leurs corps commençaient à se remettre peu à peu de cette catastrophe.

– Parfois, une douleur permet d’ignorer une autre sensation dérangeante, expliqua doucement Anna.

Valentine ne voulait pas savoir comment sa copine avait appris ça. Elle aida à soulever Aaron et le déposa sur le lit. Le sang ruisselant de son bras tâchait déjà la couverture blanche mais Anna s’en occupa bien vite. Valentine lui apporta son matériel et la jeune fille se mit au travail. De plus, elle pouvait compter sur Aquaventus qui transférait son énergie au corps de son partenaire pour accélérer son rétablissement. Valentine referma la porte et resta appuyée contre. La Persévérante observa Anna. Quand la rouquine eut terminée, elle s’avança vers sa copine au lieu d’aller nettoyer ses mains tachés de sangs séchés.

– Es-tu sûre que tu n’as pas de blessure ? Enlève ton t-shirt, je veux vérifier s’il n’y a rien de visible.

– Je te jure que…

– Maintenant, répliqua fermement Anna qui soulevait déjà les vêtements de Valentine pour tâter ses côtes et regarder dans son dos.

Rouge comme une pivoine, la Persévérante l’aida. La jeune fille avait bien conscience de n’avoir reçu aucune blessure d’arme blanche mais Anna voulait toujours s’acquitter de son job jusqu’au bout. L’adolescente soupira en sentant les mains chaudes de la rouquine appuyer contre sa peau en quête d’un bleu.

– Tu n’as pas de douleur à la tête ? Pas envie de vomir ? Tu te sens bien ?

Valentine scrutait le beau visage d’Anna, ses tâches de rousseurs qui ressortaient sur son teint blanc. Elle ne put s’empêcher de lever la main pour caresser doucement sa joue, malgré la situation, Aaron qui gisait dans le lit, elle ne put se retenir de sourire juste à voir le regard brillant qu’Anna posait sur elle.

– Je suis si fière de toi, murmura la Persévérante. Si, si fière de toi, répéta-t-elle en embrasant son front et l’emmenant contre elle. Au début, j’avais peur que tu sois trop douce pour que tu restes parmi nous. J’avais peur que tu décides de rentrer chez ton père et de m’abandonner…

– Je ne pensais pas que je trouverais ma place, confessa Anna avant de déposer un baiser dans la nuque de Valentine. Mais j’ai trouvé une utilité et… je suis restée pour toi. Je ne voulais pas être éloignée de toi.

– Oh Anna. Je suis si fière de toi, ce que tu as fait aujourd’hui… tu es forte. Pas comme on peut l’entendre des gens mais tu as une telle force en toi, et je suis désolée si j’ai pu te faire sentir faible par moment à vouloir te protéger. Mais je t’aime, tellement. Je ne peux pas te perdre.

– Tu ne me perdras pas. Je t’aimerai toujours et je resterai toujours avec toi.

Anna se mit sur la pointe des pieds puis embrassa Valentine. A ce moment-là, elles en auraient presque oublié la situation : l’attaque et Aaron affaiblit dans le lit. La porte tenta de souffrir contre le dos de Valentine et les deux jeunes filles vacillèrent puis s’éloignèrent de la porte. La Persévérante dégaina de nouveau son cimeterre mais deux individus masqués accompagnés de Damien se présentèrent devant la porte. Le jeune Dresseur se précipita directement près du lit alors que les deux autres contemplèrent le sol jonché de cadavres.

– Il faut partir d’ici, décida celui qui paraissait être le chef.

– Pas maintenant ! contesta Valentine. Aaron n’est pas en état, vous le voyez bien !

– Pas maintenant ? Alors que va-t-il se passer lorsque les membres du personnels vous retrouveront avec une pile de cadavre ? Il faut déguerpir !

– Mais Aquaventus doit être inconscient pour le moment, il ne peut pas voler, rétorqua Anna qui serrait la main de Valentine.

– Il nous rattrapera. Ce n’est pas un problème.

Damien avait déjà pris son ancien ami dans ses bras. Valentine voulut s’interposer pour le prendre avec Anna et elle mais le Dresseur refusa catégoriquement. Il agrippait Aaron comme un doudou et se refusait de le lâcher. Damien voulait tout faire pour se faire pardonner de son meilleur ami. Il savait que ses actions étaient sûrement vaines, mais il s’en fichait guère. Un autre jeune homme débarqua pour l’aider à le soutenir.

– Damien, Dylan, je vous laisse décider qui de vous prends Aaron avec lui, mais faites vite. On part maintenant.

Les deux jeunes filles reconnurent le père des jumeaux qui débarquait. Il demanda aux deux adolescentes si elles allaient bien et ce qui s’était passé. Il donna une sacoche à Anna avait des préparations que Christine avait rassemblé pour elle. Il ne comptait pas rester mais au moins il pourrait donner de nouvelles aux autres, quoiqu’elles ne soient pas réellement bonnes. Ils sortirent rapidement de l’hôtel et rejoignirent les limites de la ville permettant à leurs dragons de se poser.

Nicolas Maguy repartit dès qu’il le put. Dylan aida Damien à installer Aaron à l’avant sur son dragon, il déclara qu’il allait rester en arrière histoire de retrouver Aquaventus et de veiller sur lui. Son chef parut d’accord avec cette initiative.

– Fais attention à toi ! lui lança Damien lui attrapant le poignet avant qu’il s’en aille. Dès que tu le peux essaye de laisser un message sur notre ligne radio.

– Je le ferais quand je le pourrais, promis.

Anna était déjà installée sur Doubiscia quand Valentine se glissa derrière elle. Les deux membres de l’organisation ajoutèrent des sangles sur la scelle du dragon de Damien pour bien attachés Aaron pour ne risquer aucune chute. L’opération mit un peu de temps, mais une fois fait, ils montèrent sur leurs dragons sans problème. Valentine et Anna en déduisirent qu’ils devaient être beaucoup plus âgés que Dylan ou Damien car ils paraissaient beaucoup plus expérimentés.

– On fait quoi maintenant ? hurla Valentine.

– On s’approche de la localisation de la fille du Père !

– Mais Aaron ?! s’indigna Anna.

– Espérons qu’il se réveille à temps. Sinon, on se posera juste avant.

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