Chapitre 62

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Aaron aurait sans doute été fier qu’elle prenne enfin des somnifères pour se soulager, mais Laurène ne joindrait jamais son avis. Cependant depuis le départ de son copain elle était obligée d’en consommer chaque nuit pour ne pas être réveillée, avant même de réellement s’endormir, par une crise de panique qui la maintenait éveillée toute la nuit. La jeune femme avait capitulé au bout d’une semaine après avoir remarqué que sa vigilance baissait et qu’elle réagissait moins rapidement. Or Laurène avait intérêt à rester en forme pour espérer terminer la prophétie dans le bon sens. Malheureusement pour la Liée, les crises de panique s’étaient donc frayées une place dans le quotidien de la jeune fille, au lieu de la nuit, en pleine journée, sans crier gare.

– Laurène, respire profondément, ça va aller, dit doucement Luc en lui prenant la main.

Son frère tentait de gérer ses crises qui ne lui étaient que trop familières, néanmoins elle durait longtemps, et surtout Laurène ne parvenait pas à s’en débarrasser. Elle se voyait déjà suffoquer devant le sapin de noël alors que l’atmosphère était tout sauf anxiogène normalement. Jamais Laurène n’aurait pensé en arriver là dans sa vie, elle savait qu’elle vivrait quelques années avec ces problèmes-là, cependant elle tentait de garder espoir qu’un jour, elle se découvrirait vivre une journée sans s’inquiéter, sans paniquer, juste calme et comme avant.

La jeune fille jonglait entre les bagages et hurlait dans tout les sens. La dernière fois qu’elle avait changé de lieux, elle s’était faite kidnappée et n’avait eu aucune valise. Elle n’avait donc pas l’habitude d’en accrocher à Ignisaqua et devait tout refaire pour la troisième fois pour être certaine que ça passe et qu’un bagage ne tomberait pas de centaines de mètres de hauts.

– Bon on se calme, je vais t’aider, décida Lucas en ouvrant tous les bagages de sa jumelle. Déjà si on enlève un sac… puis tu n’as pas besoin de tous ces vêtements il y en a déjà à la maison en plus ! Ce sac, tu peux laisser là…

– Il va faire un carnage, murmura Laurène à Clara. Un carnage !

– Mais non, fait lui confiance. Il m’a aidé aussi et c’est passé crème, assura sa meilleure amie en l’entraînant avec elle. Tu sais on va passer le réveillon de noël avec vous cette année, comme ma mère est morte, bah on est plus que deux. Tes parents ont pensé que ça serait triste et ils nous ont invité.

– C’est génial ! J’aimerais bien que Val, Anna et Aaron soient là aussi… j’ignore quand est-ce qu’ils vont rentrer… j’espère pour eux qu’ils réussiront avant noël. Ils auront le plus besoin de repos…

– Moi aussi. Je suis inquiète pour eux… je sais bien qu’ils ne peuvent pas transmettre de nouvelles… mais ça m’inquiète ! Puis mon père est aussi horrifié. Aaron est comme un fils pour lui.

– Il n’y a pas que ça, remarqua Laurène. Donc qu’est-ce qui ne va pas Clara ? Non parce que tu devrais être heureuse de passer les fêtes avec mon frère, non ?

– Bien-sûr que si, et avec toi aussi, les fêtes de l’année dernière sonnait faux sans toi, encore plus pour Lucas et Aaron qui n’allaient vraiment pas bien. Mais avec la mort de ma mère… même si vraiment je la détestais et qu’elle ne me donnait aucun amour… Puis… ça va être bizarre avec mon père et ta mère aussi, confia Clara en s’asseyant sur le canapé des Liés. Je sais qu’ils ne feront rien pour le moment mais je vois comment il la regarde…

– Elle te manque ? Ta mère, je veux dire.

– Non, je ne crois pas. Mais c’est tellement soudain, je ne m’y attendais pas. Je n’étais pas préparée. Je crois que le plus triste, c’est que j’aurais bien voulu savoir pourquoi elle était comme ça, des explications pour son comportement. Mais je ne saurais jamais.

– Hey, c’est les fêtes, essaye de ne pas trop de prendre la tête avec ça et profite en général et de ton père, conseilla Laurène en lui prenant la main. Et si quelque chose ne va pas, tu peux m’appeler, ou appeler Lucas. Tu sais bien qu’on sera là pour toi.

– Oui je sais. Je ne referais plus la même erreur qu’avant. Cela détruit trop de tout garder pour soit. C’est juste que ça va faire bizarre, puis mon père et ta mère. Tu sais, c’est Joyce qui a constaté qu’il y avait eu un passif entre les deux. Et je me dis, que si mon père n’avait pas perdu la mémoire, je n’aurais pas eu une mère pareille…

– Mais tu ne serais pas née, Lucas et moi non plus, commenta Laurène. Joyce, elle était tellement à l’écoute et attentive aux autres. Ça ne m’étonne pas.

– Lucas est très en colère contre elle. Peut-être que je le devrais aussi… il me reproche de ne pas l’être parfois, mais je me sens soulagée qu’elle ne soit pas morte même si elle nous a trahi.

– Tu sais bien que Lucas réagi plus par la colère contre chose. J’aimerais pouvoir la revoir et lui demander ce qui s’est passé et m’assurer qu’elle aille bien. Je… je ne peux cesser d’imaginer qu’ils lui ont fait autant de mal qu’à moi… je, je ne voulais pas qu’elle vive ça aussi !

– Peut-être qu’elle n’a pas subi autant que toi, la rassura Clara. Peut-être qu’ils n’ont pas été jusque-là, je l’espère pour elle.

– Bon aller ! C’est les fêtes, n’y pensons pas ! Tout va bien se passer, on va pouvoir souffler avant qu’une guerre éclate réellement contre les ennemis, et on fera notre possible pour gagner. Pour Joyce, et pour tout ceux qui sont morts en se battant avant nous.

– Et toi ? Il y a quelque chose qui te chiffonne, je le vois sur ton visage. Et je suis certaine que ce n’est pas que le dépars qui t’angoisse. N’est-ce pas ? lança Clara.

– C’est vrai, soupira Laurène en se massant les tempes. J’essaye de ne pas trop songer à la prophétie pour passer un bon noël. Je passerai de meilleurs fêtes que l’année dernière c’est certain. En plus Luc sera là, la famille s’agrandit et ça se passe naturellement même s’il a un peu de peur pour noël et que ça fera sans doute bizarre d’avoir une cinquième personne à la maison.

– Mais ? insista Clara souhaitant soulager sa meilleure amie.

– Je repense à mes mois de captivité et je me torture à me demander quand était noël, quand était le nouvel an, quand était mon anniversaire, qu’est-ce-que j’ai subis ces jours-là ça me rends malade. Mais je suis heureuse de pouvoir vivre de meilleures fêtes avec vous. C’est juste que je suis un peu déçue et contrariée qu’Aaron ne soit pas là c’est tout.

– Contre lui ?

– Non ! s’indigna Laurène. Pas contre lui, il n’y peut rien, il doit remplir sa partie de la prophétie, c’est totalement normal. Mais j’avais tellement espéré passer les fêtes avec lui ! Puis, bon c’est pas grand-chose, mais je lui avais trouvé un cadeau… je ne sais même pas quand est-ce qu’il pourra l’avoir où s’il l’aura un jour. Imagine ! Imagine il meure là-bas mais on l’apprend bien plus tard ?! Je…

– Arrête de t’angoisser pour lui, il ne voudrait pas que tu te mettes dans des états pareils même si c’est hyper touchant. Il est vivant, sinon l’organisation nous aurait alertés. Puis son cadeau tu lui donneras un jour. Si ce n’est pas à noël ça sera à son retour, à son anniversaire, à la saint valentin où je ne sais quel autre événement. Et il sera très heureux.

– Tu sais bien que je m’inquiète toujours pour rien et pour tout le monde, marmonna Laurène. J’aurais juste voulu passer plus de temps avec lui.

– Mais tu passeras tout ton temps avec lui quand tout sera terminé ! Écoute, on en a tous marre de cette situation, mais il faut qu’on soit patient, à un moment cela s’arrangera.

– J’ai peur qu’il y ait une attaque à noël ou au nouvel an. Et s’il y en a une, ce sera de ma faute juste par ma présence. Et je n’aimerai pas que les fêtes de noël se passe aussi mal à cause de moi.

– Si les fêtes de noël se passe mal, ça sera la faute de cette foutue prophétie et rien d’autre. OK ?

– LAURÈNE ! s’écria Lucas. BOUGE TON CUL J’AI BESOIN DE TON AIDE !

– HEY OH ! s’injuria cette dernière. PARLE-MOI AUTREMENT !

– Pourquoi je suis seule avec eux, soupira Clara en suivant son amie.

Le jeune Lié expliqua à sa sœur tout ce qu’il avait retiré et ils se disputèrent un petit moment sur des objets que la jeune fille voulait emmener mais qu’il trouvait inutile. Heureusement pour eux, ils finirent par trouver un terrain d’entente ! Quand ils eurent terminé, les jumeaux décidèrent d’aller voir comment se débrouillait leur frère. Luc avait déjà placé tous ses bagages et reposait tranquillement dans sa chambre. Ce dernier n’avait pas vraiment d’affaire mais il avait passé une journée avec son père pour s’acheter des nouveaux vêtements pour ne plus emprunter ceux d’Aaron.

– Alooooors ! s’exclama Lucas en s’étalant sur son frère. Prêt à passer le meilleur noël que tu n’as jamais vécu ?

– Ça reste à voir avec deux enfants qui me courent après, ricana Luc. Mais il ne pourra jamais être le pire.

– Idem, renchérit Laurène. Tu y vas avec papa et maman ?

– Oui, je t’ai déjà dit qu’y aller sur Ignisaqua me fait plus peur qu’autre chose. Je n’ai pas confiance.

– Je comprends, moi non plus je dois bien te l’avouer…. bon, la maison n’est pas vraiment faite pour une personne de plus, on devait déménager quand maman attendait d’autres jumeaux, mais elle les a perdus donc nous sommes restés, cependant, je suis sûre que papa et maman ont quand même essayé de te faire un petit coin !

– Le bureau de papa peut-être, tenta Lucas en réfléchissant. Il n’en avait pas vraiment besoin il travaillait toujours dans le salon du coup maman entassait tous nos anciens jouets.

– Attendez, vous pensez qu’ils m’ont aménagé une chambre ?

– Au dépars ils imaginaient la pièce comme une chambre d’amis je pense, parce qu’ils ont eu du mal quand Aaron dormait dans la chambre de Laurène. Mais ils ont dû faire quelques modifications pour toi, je suppose.

– Papa et maman ont fait des travaux ?

– Ouais…

Laurène se sentit soudain un peu mal. Ça faisait presque deux ans qu’elle n’était pas retournée chez elle maintenant… à quel point ça avait changé ? Est-ce que la maison serait encore comme dans ses souvenirs ?

– Luc ! Lucas ! Laurène ! On y va ! cria leur père.

Pourtant, ce dernier débarqua, la mine inquiète et absolument pas prêt à s’en aller du campus pour le moment. Il tourna la tête pour voir si quelqu’un passait dans le couloir, seul M. Gomez se trouvait là et il les rejoignit en apercevant l’expression faciale de son ami. Nicolas referma la porte.

– Le trajet s’est bien passé avec mon dragon ? S’enquit Sébastien.

Ils avaient beau être amis d’enfance, c’était toujours compliqué de laisser quelqu’un emprunter son dragon. Cependant Nicolas n’en avait plus et pour se déplacer afin d’aider l’organisation, c’était plus simple.

– Oui…. ils ont été attaqué lors de leur halte, annonça-t-il calmement. Aaron a eu une surcharge de partage encore une fois, ça les a sauvés. Ils n’ont pas été blessé mais il était inconscient.

– Il devrait renté ! Il aurait fallu le ramener ! s’exclama Laurène au bord des larmes.

– Valentine et Anna ne s’en sortiraient pas toutes seules ! Elles doivent juste attendre qu’il se réveille avant de poursuivre la mission.

Laurène savait bien que son père avait raison. Elle allait se proposer de les rejoindre mais Ignisaqua lui rabâcha à nouveau qu’elle n’avait pas à intervenir dans cette partie de la prophétie. Laurène ne comprenait pas, si elle décidait de partir sans son aide, ça emprunterait un nouveau chemin… et pourquoi pas celui-là ?

« Il est trop tôt pour mourir , ça pourrai tout faire échouer. », déclara froidement la Mère alors qu’elle y songeait.

Laurène ne lui répondit pas. Elle se contenta d’hocher la tête alors même qu’elle ne se trouvait même pas au même endroit que son dragon.

« Il est temps. Dis à Luc de venir me rejoindre. Je vais l’accompagner au lieu fixer par les autres créateurs des Lignées. »

« Non ! », répondirent à l’unisson Ignisaqua et Laurène.

« Si tu l’accompagnes, j’y vais. Je n’ai pas assez confiance en la Mère pour laisser seul mon frère avec vous. »

Laurène soulignait bien la Mère car elle comprenait peu à peu qu’il n’y avait rien de ressemblant entre son dragon et la Mère. Ignisaqua ne pensait pas comme elle. On claqua des doigts devant son visage, c’était Lucas qui avait remarqué qu’elle conversait avec son dragon. D’ordinaire, il l’aurait laissé tranquille, cependant la situation changeait.

– Ignisaqua veut prendre Luc avec lui pour le lieu du rendez-vous…

– Non ! s’écria vivement Luc. Enfin, je veux dire, je veux bien aider à rallier les fondateurs à nous, ce n’est pas le problème. Je refuse de monter sur la Mère !

– J’ai dit non aussi ! renchérit Laurène.

Pourtant Luc devait y aller, mais Laurène savait bien qu’elle ne pouvait pas être présente. Elle était leur ennemie numéro un, ça n’arrangerait pas la situation.

– Je peux l’emmener avec mon dragon. Il ne me connaisse pas et je resterais au alentour, proposa Sébastien.

– Je, hésita Luc timidement. Vous… vous avez déjà prêté votre dragon à mon père… est-ce que vous pensez qu’il voudrait bien que ce soit lui qui m’accompagne ?

– Je vais voir, soupira le Dresseur avec un petit sourire. Il sera d’accord. Mais prends soin de lui, ajouta-t-il à l’adresse de son ami.

– Je te le promets. Puis, je serai étonné qu’on soit attaqué. Ce n’est pas le but, des deux côtés.

Les jumeaux les suivirent. M. Gomez préparait déjà son dragon. Christine débarqua déjà pour savoir ce qui se passait. Nicolas et Luc firent leur au revoir à tout le monde et Nicolas prit place juste derrière son fils. S’il y avait bien des choses qu’il n’avait jamais imaginé depuis son départ, c’était de voler à nouveau avec un dragon et savoir que son fils était en faite vivant… et le voilà voler à nouveau en compagnie de son fils ! Malgré la situation, il se sentit sourire, d’un sourire sincère et joyeux qu’il n’avait pas eu depuis longtemps.

Le reste du groupe les regarda s’envoler. Christine pouvait sentir toute la tension émanant Nicolas de laisser son dragon s’éloigner de lui. Cette situation ne lui plaisait pas mais il savait qu’il devait les laisser partir.

– Nous allons partir, annonça doucement Christine. On se retrouve au village, ne faites pas de détour, d’accord ? Insista-t-elle auprès des jumeaux qui hochèrent la tête. Tu peux revenir avec ta fille, mais il y a de la place dans la voiture si tu le souhaites, proposa-t-elle à Sébastien.

– Je vais opter pour la voiture, Clara n’aime pas trop voler accompagnée, accepta-t-il avec un faible sourire.

Les deux adultes s’éloignèrent. Les jumeaux se lancèrent un regard avant de retrouver Clara qui venait tout juste de grimper sur son dragon. Elle les attendait pour rester avec eux.

– Joyeux noël, soupira Lucas. J’espère que tout le monde pourra rentrer à temps.

– Tout le monde ?

– Laisse moi espérer aussi que Val, Anna et Aaron reviennent à temps, marmonna Lucas. D’accord ?

– Ce n’est pas moi qui vais espérer le contraire, affirma Laurène.

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