Un piano envoutant

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2 semaines plus tard

Après un réveil matinal et deux heures de trajet (cumulées du train plus du taxi), nous voilà enfin arrivés dans la grande maison de l'oncle de Noah.

"C'est immense!" s'exclama Ambre.

En effet, nous étions tous bouche bée face à ce manoir. Et nous n'avions encore rien vu... En rentrant, nous découvrîmes la magnifique décoration, les couverts en argent et un piano à queue. J'avais toujours rêvé d'en jouer!

"Dis Lisa, tu ne veux pas nous jouer un petit air de piano? me dit alors Ambre, comme si elle lisait dans mes pensées.

- Non, ça ira, je n'en ai pas joué depuis longtemps...

- Allez! Lisa! Lisa! commencèrent alors mes amis pour m'encourager.

- En plus je n'ai pas de partition, dis- je comme une excuse.

- C'est pas grave, regardez ce que je viens de trouver! s'exclama Lubin, qui fouillait un tiroir. Des partitions!"

Je vais le rejoindre.

" Du Mozart! Mais tu es fou! Jamais je ne pourrai jouer ça!

- Il y a du Beethoven, aussi, me contredit Lubin.

- Ce n'est pas vraiment mieux, dis-je d'un air déprimé.

- Bon, finissons la visite, on en reparlera après, me sauva Noah.

- Excellente idée," répondit Luce.

Alors que les autres partaient en tête, je ne pouvais pas m'empêcher de quitter le piano des yeux. J'avais tellement envie d'y jouer, je me sentais attirée par lui. Mais en même temps, j'avais beaucoup trop peur de me ridiculiser pour oser le faire... Et cette attirance m'effrayait, je préférais ne pas y toucher.

"Qu'est-ce qu'il y a? vint me demander Noah au bout de quelques minutes, tandis que les autres visitaient le salon.

- Je ne sais pas... Ce piano me fait un effet bizarre...

- Comme si tu étais attirée par lui?

-Exactement! Comment le sais-tu? lui demandai-je, étonnée.

- Mon oncle me disait ressentir la même chose. Je l'ai toujours pensé un peu fou. Il a l'air de penser que je récupèrerai son héritage, et son attirance pour ce piano...

- Peut-être qu'il ne s'était pas entièrement trompé...

- Comment ça?

- Et si ce n'était pas toi, qui devenait le futur "oncle-pianiste-à-moitié-fou", mais moi?

- Luce corresponde mieux à la "folle", mais pourquoi pas après tout", rigola-t-il, avant que les autres nous appelèrent afin que Noah leur fasse visiter l'extérieur.

Même si on s'entendait tous à merveille, Noah était, après Ambre, la deuxième personne dont j'étais la plus proche. J'avais vraiment le sentiment qu'il me comprenait. Je ne voulais pas en parler aux autres, de peur qu'il me prenne pour une folle. Je n'arrivais à déterminer si le fait que l'oncle de Noah ressente la même chose devait me rassurer ou, au contraire, m'effrayer...

Le jardin ne possédait pas de belles fleurs, juste des haies et de l'herbe, faciles à entretenir. Mais tellement bien agencée... De haut, c'est vraiment magnifique (je l'ai aujourd'hui vu de mes pauvres yeux, ce qui n'était pas le cas à ce moment, mais je m'en doutais).

Au loin, on pouvait voir la forêt dont nous avait parlé Noah.

" Mon oncle ne voulait pas qu'on y aille lorsque nous étions petits, mon frère et moi. (Noah a un grand frère qui faisaient également de l'escalade mais qui a arrété). Je n'ai jamais su pourquoi, sûrement pour ne pas qu'on dérange les animaux.

- Il n'a pas complètement tort, répondai-je, les animaux ont le droit de vivre en paix. Et vu le bruit que vous deviez faire...

- Mais! On n'était pas si terribles" râla Noah dans un éclat de rire général.

Aujourd'hui, je sais que ce n'était pas pour les animaux ordinaires que l'oncle de Noah avait peur, mais il était plutôt effrayé de ce qui serait arrivé à ses neveux s'ils s'étaient aventurés trop loin dans la forêt. Par chance, cela n'a pas été le cas. Mais je ne pense pas qu'il savait pour moi. Il voulait certainement être gentil avec son neveu lorsqu'il nous a prêté la maison. Ou pas... Je regrette vraiment de ne jamais l'avoir rencontré...

La visite terminée, nous avons décidé d'aller sur les voies, pour profiter un maximum de notre journée.

La journée terminée, le repas du soir fini, Luce relança le débat:
"Bon, Lisa, tu nous le joues, ce Mozart?
- Allez! Tu joues trop bien! continua Noah, jusqu'à que tous m'encouragèrent.
- Bien, bien, je vais essayer, dis-je en cédant. Mais je ne vous garantis rien...
- Ne t'inquiètes pas, on s'en contentera," me rassura Rémi.

Je pris donc une partition au hasard et je m'installa au niveau du piano. Je commençai à jouer. Les premières notes retentirent dans la pièce, une par une, détachées car je ne connaissais pas le morceau. Mais d'un coup, j'eus comme un déclic. Les notes s'enchainaient les unes après les autres, le morceau était parfait: j'avais l'impression que mes doigts jouaient tous seuls, comme par instinct. Je savais parfaitement quelle note jouée, sans regarder la partition. Plus rien n'existait à part le piano, la mélodie, et moi. Ce moment était magique.

Lorsque le morceau fut terminé, il fallut quelques secondes à mes amis avant de pouvoir prononcer qui que soit. Mon regard croisa celui de Noah, et nous pensâmes tous les deux à notre conversation du matin même. J'étais terrifiée. Mais mes amis étaient tellement secoués par ma prestation qu'aucun, à l'exception de Noah, ne le remarqua.

"C'était magnifique! commença Ambre. Comment as-tu pu douté de toi?

- Je... je ne sais pas, bredouillai-je. Je savais exactement quoi jouer, comme par instinct. Je n'avais jamais joué comme ça avant...

- La preuve qu'on a eu raison de te pousser un peu! Tu ne veux pas nous danser un ballet, genre Le lac des cygnes ou Casse-noisette? me suggéra Ambre.

- C'est quoi le rapport? demandai-je, incompréhensive.

- Ben c'est du classique aussi, non? Comme tes compétences en piano viennent d'être exceptionnelles, celle en danse seront peut être pareilles, non? supposa mon amie.

- Commence par me trouver un tenue, après on en reparlera, rétorquai-je.

- Ce ne sont pas les ballets les plus durs qu'il existe, mais je serai ravi d'être ton prince!" rigola alors Rémi. Nous étions les deux danceurs du groupe, mais lui avait un meilleur niveau que moi: il était au conservatoire! Alors, avec mes trois heures de danse par semaine, je paraissais un peu minable...

" Mais ce serait un honneur pour moi d'être acompagnée par un si beau et si talentueux jeune homme, dis-je d'une voix hautaine.

- Ouais, ne lui fais pas trop prendre la grosse tête non plus, nous coupa Lubin. Nous éclatâmes tous de rire, et j'en oubliai la peur que m'avait provoqué ce piano.

- Bon, ça vous dit qu'on aille faire un feu de camp? nous demanda Noah. Je connais l'endroit parfait pour ça.

- Avec plaisir!" nous répondîmes en coeur.

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