Inquiétant passant

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Ophélie vivait seule dans une petite maison, en périphérie d'un village résidentiel. À cent mètres de son jardin d'un côté, le village. De l'autre, une sapinière. Enfin, son terrain était traversé par une route régionale.

Un soir d'automne et d'insomnie, elle remarqua une silhouette. Un homme errait sur son terrain, cherchant quelque chose. Sa démarche, et la façon dont il fouillait les environs du regard alarma la vieille femme. Pétrifiée, elle ne put que suivre ses déambulations sur le bas-côté. S'agissait-il d'un cambrioleur parti en repérage ? À trois heures du matin, de quoi pouvait-il s'agir d'autre ? Les personnes honnêtes dormaient ou travaillaient de nuit.

L'homme traversa ainsi le terrain, et Ophélie le perdit de vue lorsqu'il atteignit la sapineraie. Aucune habitation ne se trouvait assez proche dans cette direction pour expliquer la présence de cet inconnu. De plus, sans lampe-torche ni téléphone pour éclairer son chemin. Il ne pouvait que chercher la discrétion en agissant de la sorte. Bon sang, un cambrioleur venait de faire un premier tour de repérage, il ne pouvait que revenir !

Ophélie hésita à appeler la police. Que leur dirait-elle ? "Bonsoir, un homme vient de traverser mon terrain sans s'éclairer et s'est caché dans la sapineraie, je ne saurais vous en dire plus" ? Ils lui raccrocheraint au nez, ces goujats. Alors, elle resta seule avec sa peur.

La peur s'ajouta à son insomnie pour les trois nuits suivantes. Au quatrième soir, elle céda, et prit un somnifère. Le cinquième, l'homme revint. Elle le vit un peu plus clairement. Il éclairait son chemin avec le flash de son téléphone, et semblait pressé. Il cherchait quelque chose du regard, et se tournait très souvent vers la maison d'Ophélie.

Cette dernière l'observait, pétrifiée par la peur. Il approchait dangereusement. Et il tourna autour de la maison, le nez en l'air. À la réflexion, Ophélie décida d'acheter un chien, avant de se rappeler de son allergie. Et elle craignait les oies. Soudain, l'homme se dandina, dansa sur ses pieds. Il frappa à la porte de derrière, attendit une minute puis prit la fuite. Agissait-il sous le coup du stress ?

Ce cauchemar se répéta. Il dura un mois interminable, recommençant chaque nuit entre le jeudi et le vendredi. Il s'agissait de la cinquième fois, quand elle appela la police. Contrairement à ce qu'elle craignait, ils ne lui raccrochèrent pas au nez, et ne la traitèrent pas de folle. Ils se montrèrent très professionnels et rassurants. Une patrouille arriva vingt minutes plus tard, trop tard pour rattraper l'homme, mais ils promirent de revenir veiller dans les environs la semaine suivante.

La sixième semaine, ils faillirent le rater, en acceptant un thé d'Ophélie. Ils le rattrapèrent en voiture, en bordure de la sapineraie. Ils conversèrent deux ou trois minutes au plus, l'un d'entre eux l'accompagna derrière les sapins. Une dizaine de minutes plus tard, les trois policiers et l'inconnu revinrent en voiture. Les flics étaient hilares. Quant à l'homme, un quadragénaire passe-partout, il semblait hésiter entre gêne et colère. Il vit Ophélie, et, toujours encadré des trois policiers, bougonna :

- Bon sang d'bon soir, m'dame, j'voulais pô v'faire peur tout c'temps ! Juste l'jeudi soir j'prends un pot 'vec les collègues. J'fais tout à pieds, j'vis qu'à douze kilomètres d'là. Y'a jamais d'chiottes libres au bar. 'Près, y m'faut un coin pour pisser !

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