Les pouvoirs 2/5

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Pendant ce temps, l'étranger entourait le milicien d'un bras autour des épaules, comme un marchand ayant jeté son dévolu sur un client. La foule alentour hésitait à se disperser. Ils avaient tué la Duchesse, tout de même ! S'agissait-il d'une bonne, ou d'une mauvaise chose ? Et ce tatouage malsain impliquant de la poussière de cadavre, n'était-ce pas inacceptable ? Mais cela pouvait leur apporter... le droit de rêver.

Certains badauds se lassèrent de la scène, partirent reprendre leurs tâches. Cela permit à Norham d'approcher discrètement. L'homme extravagant relâcha enfin le milicien, sa compagne en profita pour venir lui murmurer quelque chose. L'ombre humaine laissa paraître un infime sourire. Mensis l'approcha à son tour :

  • Mowsadi, t'abuses, là...
  • Mensis, pendant que certains se plaignent... D'autres agissent. Contrairement à toi ou à Ophélia, tout porte à croire que je repars de zéro.
  • Tu te fiches de moi ? Mes adeptes sont indignes ! Tous !
  • Oui, oui... tu pourrais au moins essayer de recadrer... Et si tu crains tellement que le temps joue contre nous, prenez de l'avance, je vous rejoindrais.
  • Pourquoi ? Que comptes-tu faire ?
  • Le tour des villages, pardi !

Cette réponse amusa de nouveau Ophélia. Mowsadi demanda dans la foulée si quelqu'un pouvait l'accompagner, un habitué à aller de village en village, en mesure de donner du poids à ses paroles. Aussitôt, les habitants restants désignèrent Norham.

Ce dernier soupira intérieurement. Certes, il vendait une fois par an le surplus... Et personne n'était très à l'aise en sa présence. Cette raison le rendait comis d'office pour toutes les tâches périlleuses et hors de Dalerme. Au moins, il n'aurait plus à se plier en deux dans les champs ni à se faire mal au dos. L'étranger réclama un cheval, un animal de labour lui fut confié. Norham sentit que toute la responsabilité lui retombait dessus.

  • Messire... Je sais pas monter.
  • Pas grave, j'sais faire pour deux.

Mowsadi s'empara du jeune homme par le col, la ceinture et le hissa sans plus de manières sur la bête. Le jeune homme était outré. Certes, il se savait léger, maigre... Mais à ce point ? Assez pour que cet homme aux connaissances étendues le soulève comme un vulgaire panier ?

Le cavalier monta avec aisance derrière son guide, sans selle, sans bride, et fit partir leur monture d'une infime pression de jambes. Norham se demandait s'il n'usait pas de magie, pour si bien conduire l'équidé. Il se contenta de lui indiquer de mauvaise grâce les différentes directions pour la cinquantaine de villages alentours.

Chaque fois se déroula de la même manière. Les gens se rassemblaient peureusement à leur arrivée, reconnaissant le cheval et le vendeur de vestes, effrayés par l'étranger et la situation inhabituelle de la nuit passée, quand ils s'étaient rendus compte de quelque chose. Mowsadi répéta son petit laïus sans se lasser, appuyé en silence par son guide, au centre de l'attention sans le vouloir. Puis, systématiquement, l'orateur proposait la même offre. Il sortait toujours de son chapeau deux asservis, avant de graver leurs cendres dans la peau d'un volontaire.

Au bout du cinquième village, Norham demanda, l'arrière-train endolori par la monte à cru et les mouvements rapides de leur monture :

  • Combien d'asservis détenez-vous, dans ce chapeau ?
  • Ha ! Plein...
  • Ce n'est pas un nombre.
  • Plusieurs dizaines de milliers.

Norham n'avait jamais entendu parler d'une telle somme. Il supposa, ébahi, que cela dépassait la centaine.

  • Vous... êtes votre propre intermédiaire, n'est-ce pas ? osa-t-il encore. Vous... êtes Yegba.
  • Oh, t'es un p'tit malin, toi... Oui, Yegba est l'un de mes noms. Vous autres humains, m'en avez donné plusieurs... Le principal, le vrai reste Mowsadi.
  • Vous... n'êtes pas humain ?
  • Nan. Enfin, pour le moment je suis très loin de mon état normal, donc c'est encore un peu tôt pour me révéler tel que je suis... Et pour aller mieux, j'ai besoin que des gens louent mon nom. En contrepartie, je leur confère des outils, des connaissances... Un échange de bons procédés, en sommes.
  • Et vous... pourriez vraiment... Me rendre mage ?
  • Il y a plusieurs conditions, mais oui. Attends que je retrouve de ma superbe, et je pourrais même te conférer de ma puissance ! Quel serait ton but, dans ces conditions, petit ?
  • Euh... Je... n'y ai jamais réfléchi... Mowsadi.
  • Seigneur Mowsadi serait plus exact. Ou Maître.
  • Vous-même avez avoué être amoindri.

Le cavalier éclata de rire, avant de se reprendre en un clin d'œil. Ils approchaient d'un nouveau village, où leur présentation reprit comme si de rien n'était. Puis une fois loin de toute oreille indiscrète, Mowsadi reprit son rire où il l'avait interrompu. Norham le sentit essuyer une larme dans son dos, avant de mettre le cheval en sueur au pas.

  • Tu m'plais, gamin ! Je ne t'associerais pas d'asservi, vu que ton village en a déjà deux. Mais tu peux demander au type que j'ai tatoué de t'apprendre. Sache deux-trois choses. Ce que tu fais de ton vivant, je m'en branle. Ce que t'as fait, ce que tu comptes faire aussi. Que t'aies envie d'œuvrer au bien de l'Humanité ou que tu partes te faire foutre dans une grotte, c'est toi que ça regarde, pas moi. T'as même le droit de faire les deux.
  • Je... vais y réfléchir.

C'est tout ce qu'ils s'échangèrent, jusqu'à avoir terminé d'informer tous les villages autour du Lac Noir, anciennement sous le joug de la Duchesse, de leur nouvelle situation, des opportunités qui s'ouvraient à eux. Mowsadi sut implanter son autre nom dans l'esprit de la population. À le voir, à l'entendre, il avait l'habitude. Quand ils galopèrent pour revenir à Dalorme, le plus âgé des deux suggéra :

  • Tu m'auras bien aidé, aujourd'hui. Tu m'as fait gagner du temps et permis de prouver que je ne racontais pas de fadaises. Donc, je peux faire un geste pour toi, que veux-tu ?

Norham prit le temps de réfléchir, mais ne trouva rien.

  • Je peux te permettre de lancer un sort spécifique... Ou te faciliter certains gestes. Oh, j'ai ma petite idée, tiens ! J'ai bien vu que personne ne t'accorde beaucoup d'importance, que cela t'atteint. En te gravant les os, je peux te conférer de l'éloquence
  • Je... vendrais plus facilement, avec ça ?
  • Oui.
  • Et... Je pourrais convaincre plus facilement les gens de faire ce que je veux ?
  • Oui.

Le garçon en ouvrit les yeux ronds. Ce pouvoir-ci à portée de main. Un rêve accessible... Il accepta avec un enthousiasme qu'il ne se connaissait plus depuis des années. Mowsadi stopa aussitôt leur monture, les fit descendre tous deux et s'arma de son aiguille d'os. Une lueur cendreuse dessina des symboles complexes autour de ses mains et il officia aussitôt, d'un air impassible.

Sans pouvoir se l'expliquer, Norham sentit tout sans éprouver la moindre douleur. Il sut que Mowsadi lui entailla tout le menton de sa dague. Il écarta la peau sans hésitation, et piqua les os avec l'aiguille, rayant, raclant, travaillant l'os comme un tailleur de pierre.

Le crépuscule avançait, quand l'intermédiaire s'estima satisfait. Il contempla son œuvre, mains, sur les hanches, avant de lisser une dernière fois la chair puis la peau du jeune homme. Sa besogne achevée, il demanda en se massant les mains, toujours illuminées :

  • Dis un truc, pour voir.
  • Je vous remercie pour l'aide que vous m'apportez, seigneur Mowsadi. Comment... Mon corps se meut tout seul ? Se meut ?
  • Héhé, la gestuelle, la manière d'occuper l'espace est aussi importante que le regard, l'expression ou l'intonation, gamin. Et surtout, tu vas t'adapter spontanément à ton public. Donc réfléchis pas trop, ton corps saura faire. Profites-en pour apprendre, et à terme tu pourras utiliser consciemment cette bénédiction. Bien, assez perdu de temps.

La lueur s'éteignit, Norham surprit tout de même le sachant à se masser encore. À croire qu'il avait absorbé sa douleur. Ils retournèrent au village en silence en un temps record, sans même que le guide n'aie à faire son office. À le voir, son sombre compagnon connaissait déjà le pays.

De retour à Dalorme, ils se séparèrent sans un mot. Les compagnons de Mowsadi ne l'avaient pas attendu, ce dernier semblait s'y être préparé. Il salua à peine Norham, avant de repartir d'un pas assuré vers le Lac Noir. Il refusa de donner la moindre information sur son but, ou la raison de sa présence en ces lieux. Une fois hors de vue d'éventuels veilleurs, le mage tapota le sol de sa canne.

Sous le regard stupéfait de Norham, un enchevêtrement de corps putréfiés apparut. Le conglomérat, long d'une vingtaine de mètres, haut de presque deux, doté d'un crâne de taureau géant et d'une succession de membres anarchiques ensuite, courba l'échine en direction de Mowsadi. Ce dernier, sans hésitation l'enfourcha. Les membres se mirent en branle en silence, et le tout s'élança dans les bois.

L'espace de plusieurs minutes, Norham se demanda s'il n'avait pas rêvé. Dans le doute, il s'étira, se caressa le menton. Il sentait bien la sueur, le cheval, avait des douleurs cohérentes avec ses souvenirs. L'esprit en ébullition, il rentra chez lui.

Personne ne lui posa la moindre question, comme d'habitude. Le lendemain, il prit sur son temps de repas pour venir demander à Nehdal s'il voulait bien lui partager ses nouvelles connaissances. Ce dernier, blême, lui fit une contre-proposition :

  • Tu ne veux pas prendre ma place, plutôt ? Ce... Ce qu'ils... Ce qu'ils enseignent... C'est immonde ! Immonde ! Il n'y a pas d'autre mot ! Tout ce sang, ces os...

Norham le dévisagea, interloqué. Il ne l'avait pas vue venir, celle-ci. Mais l'opportunité le séduisait. Le milicien s'entailla aussitôt le bras, rappelant les deux ombres cendreuses. Il leur demanda comment les confier à ce nouvel apprenti, et suivit aussitôt leurs instructions. Le futur savant suivit l'instruction avec fascination.

Les gestes ne différaient en rien de ceux de Mowsadi. Simplement, le tatouage ne souffrait aucune erreur, mais à part cette évidence... Il n'éprouva rien de particulier quand le symbole fut incrusté dans sa chair. Les deux silhouettes avaient fini par s'estomper jusqu'à disparaître. Ne restait plus à Nehdal que des traces de piqûres, tandis que Norham admirait les sigils brun ensanglanté sur son bras. Avec curiosité, il pressa les égratignures, ce qui donna du sang frais aux dessins.

Une silhouette masculine se dessina aussitôt près de lui. Il s'exprima d'une voix lointaine et affaiblie, atone :

  • Que souhaites-tu apprendre, initié ?
  • Je crain de ne pas y avoir réfléchi. Je souhaitais m'assurer de la réussite de ce premier rituel. Connaîtriez-vous un sort utile aux champs ?
  • Le vaudou permets de creuser la terre et d'en prendre soin.

Pour la première fois depuis longtemps, Norham sourit. Il sourit même assez pour sentir des courbatures aux joues. Sensation étrange que celle-ci. Il s'essuya le bras, remercia le milicien et s'élança dans son champ.

Ce jour-là, l'initié sauta un repas, mais découvrit divers arrangements vaudous. Les deux asservis, un homme et une femme, le guidèrent avec une patience infinie. Tout d'abord, il dut trouver des os, pour les graver et délimiter la zone qu'il souhaitait influencer. Une fouille dans les déchets de l'un des éleveurs plus tard, ainsi que l'emprunt à durée indéterminée d'un burin et d'un stylet au menuisier, le jeune homme s'employa à graver des symboles ésotériques que ses guides nommaient des vévés.

Au soir, il sentit que sa morne existence prenait un tournant invraisemblable. Certes, la gravure sur os s'avérait bien plus complexe que ce à quoi il s'était attendu. Mais les perspectives qui s'ouvraient désormais à lui... Bon sang, si on lui avait dit qu'un jour, il pourrait choisir quelque chose dans sa vie ! Cela lui donnait le tournis. D'autant plus que contrairement au milicien, toucher et manier des os, du sang ne le rebutait pas. Au contraire, même. Tous ces éléments s'avéraient enfin utiles, et non encombrants.

Ses parents se décomposèrent en découvrant ses marques au bras. Il les trouva même craintifs. Une première, là encore. Ils ne le disputèrent même pas pour son retard pris au champ. La famille mangea son gruau dans un silence plaisant, tous n'osèrent que murmurer dans son dos quand il partit se coucher.

Quand il voulut dormir, sa petite sœur cracha ses poumons. Par curiosité, Norham invoqua les deux asservis à l'aide d'un couteau. La méthode était désagréable, il se jura d'expérimenter d'autres manières de saigner. Quoique...

  • Est-il impératif que j'use de mon propre sang, ou n'importe lequel convient pour vous invoquer ?
  • Le sang de n'importe quel vivant convient.
  • Oh... Fantastique... Dites-moi, est-il possible de guérir ma sœur du mal qui la ronge ?
  • Quel prix es-tu disposé à payer pour atteindre ton but ?
  • ... Vaste question. Si je souhaite la guérir ce soir-même, quel serait le prix ?
  • En ce cas, il te faudra le sacrifice de deux personnes, deux gros animaux ou l'équivalent de huit poulets, ainsi qu'une renonciation d'importance. Au vu de ton savoir-faire, tu risques fortement d'échouer.
  • Quelles autres solutions existent, pour la libérer de ce mal ? Par ailleurs, risque-t-elle de mourir ?
  • Pour cela, tu dois la diagnostiquer.

Alors que Norham affrontait l'humidité de l'air, il entendit sa mère étouffer un cri. Bien qu'il ne comprît pas ses murmures angoissés, il entendit le mot "sang".

  • Elle tousse du sang.
  • Ausculte-la. Nous te guiderons.

Norham attendit que la voie soit libre. Il dut attendre longtemps, subit une nuit blanche. Une fois certain que personne ne le dérangerait, il descendit dans la chambre de malade de sa sœur. Tous deux auraient du dormir dans la chambre commune qui servait aussi de salon, mais la froideur de l'aîné et la maladie de la benjamine empêchaient les quatre autres membres de la famille de dormir.

Une fois sur place, il réinvoqua ses instruceurs et suivit leurs conseils. Il palpa, écouta, observa, tâta, chercha des points de chaleurs anonciateurs d'infections. Sa sœur risquait bien de mourir, d'un mal difficile à soigner sans magie. Une peste sans miasme, affirmait le tas de cendres masculin. Un cancer, certifiait le tas de cendres féminin. Qu'importait le nom, il restait quelques semaines pour agir.

Norham les écouta longuement parler des plantes qu'il pourrait préparer, puis, à force d'échanges découvrit un nouveau rituel qui ne pouvait que le satisfaire. Sauver sa sœur s'avérerait incertain. En revanche, transférer sa maladie et son état à quelqu'un d'autre serait bien plus sûr. Norham savait déjà qui viser.

Le jeune adulte se faufila dans le dortoir, tenant aussi lieu de cuisine. Il s'empara d'un petit couteau bien aiguisé, avant de s'accroupir devant la cheminée. Là, il lui fallut du temps pour dessiner le bon vévé. Par chance, la suite allait être aussi simple qu'efficace.

De retour au chevet de la petite, il la bâillonna tandis qu'elle dormait, avant de la poignarder sans hésitation. L'espace d'un instant, il craignit agir en vain. Le petit corps se plia autour de son arme ensorcelée, avant que des spasmes ne le contraignent à se cambrer dans l'autre sens.

Avec une délectation et une curiosité non feintes, Norham vit tous les effets conjoints de la souffrance, de la magie de sang, de la magie de chair, des réflexes vitaux animer ensemble la mourante. Elle se débattit sans force contre son emprise. Pour la première fois de sa vie, l'aîné se sentit puissant. Quelle sublime sensation. D'un geste, il pouvait tout faire cesser. Mais il voulait réussir ce transfert. Cela impliquait la survie de cette bouche inutile, de ce fardeau qu'il devait supporter à vie au nom de la famille.

La lame, puis le manche virèrent au noir. Tout le mal accumulé dans ce petit corps venaient d'être pris dans l'objet. Norham l'arracha d'un coup sec. Subjugué par sa réussite, il sourit de toutes ses dents à la petite.

Cette dernière pleurait sous sa main. Son grand frère se demanda jusqu'où il pouvait aller.

  • Tu as bonne mine, Yuvi.

Il ne mentait pas. Envolées, la fatigue, les cernes, la pâleur de la peau. Même la marque du couteau manquait.

  • Tu m'as fait quoi ?

Incroyable. On s'intéressait à ce qu'il faisait ! Décidément, vive le vaudou ! Peut-être même que cela le libérerait des impératifs des champs.

  • Regarde. Tous les maux qui te touchaient se trouvent dans ce couteau. Maintenant, j'ai deux jours pour trouver quelqu'un à blesser avec, pour le mettre dans le même état que toi tout à l'heure. Sinon, tout va me tomber dessus et j'en mourrais aussitôt. Formidable, n'est-ce pas ?

Pour une raison qui échappa à l'apprenti vaudou, l'enfant se rua hors du lit en hurlant, épouvantée. Les petits, quelle plaie... Bien, ne lui restait plus qu'à prendre garde à ne pas s'égratigner avec cette arme, et à approcher suffisament de sa cible.

La petite peste allait recevoir une mauvaise surprise, la nuit prochaine. Norham s'en frottait déjà les mains, se demanda s'il éprouverait de nouveau ce sentiment de puissance. Sa fatigue le rattrapa.

C'est dans un état second qu'il subit les remontrances angoissées de ses parents, puis qu'il partit travailler au champ. Cette fois, il ne chercha aucune solution vaudou. La pratique exigeait un certain niveau en dessin, en gravure, qu'il ne possédait pas pour le moment. Et il ne se sentait guère en état d'apprendre quoi que ce fut pour le moment. Sa journée se déroula par conséquent au ralentit, dans cet état désagréable faisant suite à l'absence de sommeil. De plus, la proximité de la maladie prenait une place importante dans son esprit.

La nuit suivante, il attendit que sa maisonnée dorme pour se rendre chez la peste. Il maudit l'inventeur du verre, la richesse de la famille de la peste, l'initiateur de la domestication des chiens. Néanmoins, après s'être aspergé de poivre, ouvert une porte grâce à une magnétite, il entra à pas de loup dans la bâtisse à un étage.

Les deux chiens les plus curieux voulurent venir le flairer par acquis de conscience, les deux fuirent le poivre. Norham n'en était pas à son coup d'essai, il lui arrivait, certaines nuits d'insomnie, de venir se faufiler parmi les autres familles. Cette fois, il agirait.

Dans leur grande richesse, la famille de cette dernière profitait de plusieurs chambres. De vraies chambres. Avec une peau de mouton au pied de chaque lit. Norham étouffa sa jalousie et se faufila jusqu'au chevet de la peste. La contempla, le cœur battant. Enfin, il lui transmettrait un peu du malheur de son sang. Il détenait ce pouvoir, cette possibilité de remettre un peu de justice entre eux.

Comme la veille, il la bâillonna et la poignarda en plein ventre. L'adolescente réagit avec plus de force que sa benjamine, ses cris étouffés s'entendirent bien plus les premiers temps. Norham ne relâcha pas son emprise pour si peu.

Ravi, il contempla son œuvre. La peste perdant la force de se débattre, d'espérer. Son incompréhension et sa terreur. Tout ceci exhalta l'initié. Les narines frémissantes, il voulut expérimenter quelque chose.

Jusqu'où pouvait-il aller ?

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