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Quelques jours passèrent.

Nous étions vendredi. Je cherchai désespérément à faire fonctionner internet lorsque Jérémie se rappela à moi. Il devait arriver le lendemain et je n’avais absolument rien préparé dans sa chambre. Bien sûr, celle-ci lui était réservée et un lit y était déjà installé en plein milieu, mais un tas de cartons et de meubles démontés étaient encore éparpillés aux quatre coins de la pièce.

Je décidai d’interrompre mon occupation et montai les escaliers à grands pas vers la chambre de mon fils. J’avais mis mon portable en mode avion afin de ne pas être dérangé.

Je commençai par mettre un peu d’ordre avant de m’attaquer au montage de l’armoire. Après quelques manipulations, je m’aperçus que des outils étaient nécessaires. Pas grand-chose de très complexe : une clé Allen et un tournevis. Seulement je n’avais aucune idée d’où avait pu terminer ma caisse à outils.

Après de vaines recherches durant lesquelles je m’étais surtout beaucoup éparpillé, je décidai d’envoyer un message à Simon, qui était la dernière personne vue en train de porter la caisse. Celui-ci ne me répondit qu’en début de soirée alors que j’avais déjà quasiment tout installé – hormis cette satanée armoire et une étagère, que j’espérai destinée aux petits livres préférés de mon garçon. Dans son SMS, il était persuadé d’avoir mis ça quelque part dans la cave. J’y avais pourtant passé vingt minutes à tourner en rond sans rien remarquer.

Je pris aussitôt l’escalier lorsqu’on sonna à la porte. Il était presque 20 heures.

J’ouvris et découvris le maire. Celui-ci se tenait à trois ou quatre mètres, comme si je risquais de le contaminer d’un virus ou d’une saleté.

— Bonsoir Monsieur Jobard, lança-t-il d’une voix relativement perchée.

Je lui renvoyai son bonsoir et restai planté, attendant qu’il m’informe de la raison de sa venue. Le moteur de sa voiture tournait et on entendait la voix d’un animateur sur une station de radio.

— Je voulais vous demander si vous aviez vu pour la fête du village, demain soir ?

Je demeurai perplexe. Cela me disait vaguement quelque chose. J’avais bien repéré quelques panneaux et pancartes à l’entrée de la commune mais je n’avais même pas pris la peine de lire entièrement ce qui y était inscrit.

— Non. Enfin oui. Pourquoi ?

— Il risque d’y avoir du monde dans le village et ça risque d’être compliqué de circuler si vous prévoyez de sortir. Un groupe de forains va installer un carrousel et deux ou trois jeux, ce qui risque d’attirer un peu de monde dans le coin. Bref, je fais un peu le tour pour le rappeler aux gens.

Un carrousel, me répétai-je. N’était-ce pas un peu ringard ?

­— Ah très bien, merci.

Il était en train de remonter dans sa Volvo lorsqu’il ajouta :

— D’ailleurs vous êtes le bienvenu. Ça pourrait être une bonne chose pour vous intégrer. Y a pas mal de gens qui sont impatients de vous connaître.

Je n’avais aucune envie de me retrouver au cœur des villageois, à répondre à leurs questions. J’étais ici pour être tranquille, au calme.

— Je verrai. Peut-être.

Il sourit, remonta dans sa voiture et fila le long de la rue. Je trouvai bizarre qu’il utilise son véhicule pour faire du porte-à-porte. Mais peut-être n’avait-il que quelques personnes à prévenir après tout.

Une fois la porte fermée, je repris le chemin de la cave.

On avait entassé pas mal de désordre avec les copains. Le faisceau de ma lampe torche rebondissait sur de vieux cartons baladés de maison en maison depuis vingt ans, des appareils électroménagers ni en ordre ni vraiment cassés, des couvertures, des sacs de chaussures… Je ne pouvais pas en vouloir à mes deux amis d’avoir expédié mes affaires comme ça. Avec tout ce que je leur avais demandé, ils n’allaient pas encore prendre le soin de trier mon bordel.

Ma caisse à outils se trouvait donc là selon Simon, probablement recouverte par un quelconque objet.

Je commençai à déplacer des monticules de classeurs, de livres, à pousser des chaises, retourner un vieux matelas. Rien. Impossible de mettre la main sur quoique ce soit. J’expirai, fatigué et un peu énervé également. Il faisait trop sombre dans cette pièce pour en obtenir une bonne vue d’ensemble. Je décidai donc de remettre mes recherches au lendemain matin, lorsque je pourrai laisser les rayons du soleil amener suffisamment de clarté.

Je remettais ma pile de classeur en ordre lorsque l’un d’entre eux tomba à mes pieds. Je me baissai pour le ramasser. C’était un album photos. À vrai dire, c’était le seul album de photos que nous avions pris la peine de faire développer avec Hélène, car il s’agissait des premiers mois de Jérémie jusqu’à ses dix-huit mois. La grossesse de ma femme faisait guise d’introduction.

Je feuilletai quelques pages et le calai sous mon bras, convaincu de tenir là de quoi m’occuper le soir. Activité sans doute agrémentée d’une bonne bouteille de vin.

Ou de deux.

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