Cupidon
Consigne : écrire une nouvelle dans laquelle est inclus le récit d'un rêve.
Contraintes : Le texte doit comprendre un bâtiment particulier (château, tour, monument, pont...) et un personnage célébre, réel ou imaginaire.
Délai : 45 à 60 minutes
Après avoir fait l'appel, vérifié les autorisations de sorties et fait ranger les élèves deux par deux (ce qui n'est pas une mince affaire), nous voilà enfin en route vers l'Eden-Théâtre.
Pendant une longue demi-heure, nous marchons à l'ombre des frênes, érables et micocouliers, de la voie douce, récemment renommée "La voie douce Patrick Boré", ancien maire de La Ciotat.
De nombreuses fragrances de plantes méditerranéennes viennent chatouiller nos narines : romarin, lavande, laurier-rose...
Malheureusement, j'ai à peine le temps de profiter de cet environnement propice à la détente. Entre ceux qui n'avancent pas, ceux qui arrachent les fleurs, ceux qui sonnent aux différents portillons, je ne sais plus où donner de la tête. Je commence à regretter mon choix d'accompagner ma classe de sixième, pour cette demi-journée.
Par chance, nous arrivons à destination. Alors que mon collègue recompte les enfants et donne des consignes, j'en profite pour admirer le bâtiment. On peut en être fier, car c'est la plus ancienne salle de cinéma en activité dans le monde. Grâce à de nombreuses associations et subventions, le bâtiment a pu être rénové et rouvrir ses portes au public.
La vue d'ensemble du monument, classé au patrimoine, ressemble à un château. Par contre, la couleur jaune de la façade détonne avec le reste de l'avenue.
Pas le temps de m'extasier davantage. Nous rentrons et nous nous dirigeons vers l'unique salle. Le rouge domine et donne un certain cachet au lieu. Elle est pourvue d'un balcon et de plusieurs rangées de sièges en velours rouge. Chacun, porte une plaque en or, avec inscrit dessus le nom d'une légende du cinéma (Yves Montand, Fernandel, Jean-Paul Belmondo, Fanny Ardant...). Selon une source fiable, il resterait seulement deux fauteuils vierges.
On trouve aussi un écran et une petite scène. Au-dessus, trône au mur, une sculpture ancienne, qui a été découverte lors de la rénovation.
Avant de me laisser tomber sur une assise, je menace certains rebelles de représailles en cas de comportement non adéquat.
L'écran s'allume, plusieurs photographies nous font face. J'écoute, un instant, les explications sur la vie de la famille Lumière, notamment sur les frères Auguste et Louis Lumière, les inventeurs du cinéma.
Subitement, la salle entière se retrouve dans le noir, seules les lumières vertes des sorties de secours fonctionnent. Je scrute tant bien que mal autour de moi. Immédiatement, je remarque l'absence d'autres personnes. Soudain, la scène est illuminée par un faisceau blanc divin. Un enfant, au visage de poupon, possédant de magnifiques ailes d'ange, lévite au centre de la lumière. Un arc apparâit dans ses mains. Avec des gestes maîtrisés, il bande l'arme, puis tire deux flèches. Une se dirige vers moi et se fige à quelques centimètres de ma poitrine, où mon coeur bat à tout rompre. Et une autre vers mon collègue Rémi. Au moment de l'atteindre, un coeur se dessine autour son corps, par la suite, la forme se transforme en pétales de roses rouges.
À ce moment-là, je sens une légère pression sur le bras, mes paupières se lèvent et je plonge mon regard dans celui noisette de Rémi. Réalisant que je me suis endormie, mes joues tournent au cramoisi. La honte m'envahit. Malgré tout, il m'adresse un sourire.
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