Corps en mouvement

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Mardi 4h00.

Je me réveillai, la nuit encore collée aux paupières. Un coup d’œil à l’heure. Bordel. Je restai un moment inerte, puis me forçai à me lever. Putain. J’enfilai un jogging, laçai mes baskets à la hâte, et refermai d’abord la porte de ma chambre. J'avalai un truc puis sortit de l’appartement, en essayant de faire le moins de bruit possible. Pas le temps de traîner

La rue était déserte, le ciel encore noir et glacial. Le vent me frappa en pleine figure quand je me mis à courir. Mon souffle se coupa dès les premiers mètres. Il faisait froid, mais je devais tenir bon. Pas question de manquer cette session, ou d'arriver en retard.

Je courus pendant vingt minutes, mes jambes qui brûlaient, mes poumons qui me hurlèrent d’arrêter. Putain, c'était dur. Mendez avait peut-être raison, quand il disait que ma forme physique pourrait être meilleure.

Un bus passa, me doubla, me nargua. Celui que j’aurais pu prendre, si j’avais eu le droit. Même sentiment qu’hier : la frustration, la colère, puis la résignation lente et amère. Putain, j'aurais dû voir la vieille dame hier. Quel con !

J'arrivai finalement au stade à 5h20.

Je me dirigeai vers l'entrée. Un type en gris me fixa, me demanda ma carte. Je la lui tendis.
Bip.

Il me fit signe de continuer. Je traversai l’aire d’entraînement, balayant l’horizon du regard. Sept garçons étaient déjà alignés. Mes compagnons d'entraînement, probablement. Je me mis à côté d'eux. C’était sûrement ce qu'on attendait de moi.

Et là, je le vis.

Le cinquième garçon sur les sept. Il se tenait là, comme une silhouette parfaite, sous les projecteurs du stade. Tout chez lui semblait… magnétique.

Il portait un haut de sport noir, moulant, avec des détails en gris argenté. Le tissu se tendait sur lui comme une seconde peau, mettant en valeur chaque ligne de son corps. Son pantalon de sport épousait parfaitement ses jambes longues, et ses baskets semblaient faites pour courir plus vite que l’éclair. Mais ce n’était même pas ça qui me figea sur place.

C'était autre chose.
C'était la manière dont il se tenait, tranquille, sans effort, comme s'il avait l'univers à ses pieds.

Ses cheveux étaient éparpillés en mèches désordonnées, comme s'il venait de sortir du lit, mais c'était précisément ça qui ajoutait à son allure. Il avait ce look de mec qui ne cherchait pas à être beau, mais qui l’était, malgré lui. Et il était... magnifique.

Son visage… bordel, son visage. C’était un truc irréel. Ses traits étaient parfaits, presque trop. Une mâchoire carrée, bien définie, avec des pommettes hautes et une peau d’une clarté presque lunaire, comme sculptée dans la glace.

Ses yeux… putain, ses yeux. D’un bleu profond, un bleu qui semblait flotter sous l’ombre de ses sourcils, comme deux éclats d’océan dans la nuit.

Et son regard, merde… il était à la fois tranquille et puissant, comme s'il voyait tout sans effort, mais que rien ne pouvait vraiment l'atteindre.

Je n'avais jamais vu ça. Je n'avais jamais ressenti cela en regardant un garçon avant.

Il n’eut pas l’air de m’avoir remarqué, ni de remarquer qui que ce soit. Il semblait être là sans vraiment être là, comme une présence intangible mais dominante. Et moi, je restai là, comme un con, cloué sur place.

Deux autres garçons arrivèrent, et la tension se dissipa un peu, mais je n'arrivais toujours pas à détourner les yeux.

On était maintenant dix garçons alignés, à attendre.

Un type en gris, environ 35 ans, arriva quelques instants après. Le coach. Il nous distribua des t-shirts et des shorts, son regard aussi dur que le béton.

— Changez-vous.

Le garçon enleva son haut de sport noir, le tissu glissant sur sa peau pour révéler un torse d'une beauté puissante. Puis, d’un geste fluide, il ôta son pantalon, ne laissant place qu’à un slip qui épousait ses formes.

Sa peau, douce, dorée, semblait briller d’une lumière chaude et intime. Il était beau, d'une beauté brute et captivante. Musclé, mais d’une manière fluide, sensuelle, élégante.

Ses bras longs et toniques, sa poitrine sculptée avec une précision presque divine, chaque muscle qui se tendait sous sa peau était une invitation. Et son ventre, plat, orné de ses abdos parfaitement dessinés, témoignait d’une discipline sans faille, d’une rigueur presque artistique. J'essaieyai de détourner mon regard, mais je n'y arrivai pas, lorsque soudain :

— 120-4811, tu te magnes.

Putain, 120-4811, c’est moi. J'étais déjà venu en tenue de sport mais manifestement il fallait la leur. Alors je me déshabillai et enfilai le short et le t-shirt. Le froid me frappa de plein fouet, mes bras couverts de chair de poule. Le short était un peu trop court pour ce froid, mais je n'avais pas le choix.

Je secouai la tête, essayant de chasser l’image du garçon.

— Vous avez deux heures de sport par jour avec moi, parce que votre OSD l’a décidé. Et je vous préviens, je ne vais pas y aller avec des pincettes.

La séance commença. Renfo, jumping jacks, pompes, abdos. Entre chaque série, on faisait des tours de terrain en courant. Les muscles me brûlaient, le souffle court, je me forçai à tenir, à ne pas m'effondrer. Puis, du gainage… encore, encore. Puis des tractions, encore plus dures. Putain, une demi-heure et j'étais déjà à bout. Mon corps tout entier me faisait mal.

Lorsque je levais les yeux, je le voyais. Le garçon. Il faisait ses exercices sans effort. Pas un tremblement, pas un souffle lourd. Il glissait à travers chaque mouvement, son corps s'étendant et se repliant dans une fluidité presque irréelle. Pourquoi il était là, lui ? Il n'avait pas besoin de ça. Son corps semblait déjà parfait, il aurait pu tout faire, tout avoir sans ces foutues séances. Alors pourquoi il endurait ça, lui aussi ?

La séance continua ainsi.
J'avais mal partout.

Et je devrais subir ça cinq jours par semaine ?
Pendant combien de temps ?
Mendez ne l'a pas dit.

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