Raph

4 minutes de lecture

7h30. La séance était enfin terminée. Le jour s’était levé, pâle et gris, comme un reproche. Le coach nous poussa vers le bâtiment jouxtant le stade, sa voix rauque et sans appel :

— Douchez-vous. Après, vous pouvez repartir. Je vous revois demain.

On se déshabilla. Un à un, les vêtements tombèrent : chaussures, chaussettes, t-shirts trempés, shorts collants. Les corps se révélèrent, marqués par l’effort, les muscles tendus, la peau luisante de sueur.

Le garçon magnifique retira son slip d’un geste fluide, sans hésitation, et alla se positionner sous un pommeau. Il se tint là, sous le jet d’eau, et il était superbe.

Mon regard, malgré moi, glissa plus bas.

Sa verge était là, offerte, comme le reste de son corps : une beauté brutale et naturelle. Semi-dure, elle se détachait contre sa cuisse, longue et élancée, d’une pâleur légèrement plus claire que le reste de sa peau dorée. Les veines, à peine visibles, traçaient des lignes délicates sous la peau tendue, comme des fils d’argent sur du marbre. La base, épaisse et ferme, s’évasait légèrement avant de s’affiner vers le gland, lisse et légèrement rosé, presque translucide sous l’eau qui ruisselait. Tout chez elle était harmonie : la courbe douce quand elle reposait contre sa cuisse, la façon dont elle frémissait imperceptiblement au rythme de sa respiration, comme si elle avait une vie propre.

L’eau glissait sur elle, suivait son contour, s’attardait un instant avant de se perdre dans l’ombre de ses testicules, serrés et lourds, parfaitement dessinés. Elle n’était ni arrogante ni discrète – juste là, comme une évidence, une partie intégrante de cette perfection qui le définissait.

Mes yeux remontèrent vers ses abdos, ses pectoraux, son cou, et je vis ses yeux, d'un bleu magnifique. Je croisai son regard. Je lui souris. Je ne sais pas bien s'il me sourit ou pas. Un peu comme la Joconde, s'agissait-il d'un sourire ou non. Je n'en sais rien.

Je ne pouvais plus mentir. Je ne pouvais plus me mentir. J'étais attiré par lui.

La question de Mendez hier...
La réponse de ce garçon aujourd'hui.

J'avais envie de poser mes lèvres sur les siennes. Là. Maintenant. Ici. Sentir ses lèvres s’ouvrir sous les miennes, goûter la douceur de sa bouche, m’y perdre comme on se perd dans un souffle suspendu, sans peur, sans retour.

Je n'avais jamais ressenti cela avant. Jamais.

Je détournai les yeux, le visage brûlant, mais je ne pus m’empêcher d’y revenir, fasciné. Ce n’était pas seulement son corps qui était magnifique. C’était lui. C’était cette façon qu’il avait de tout porter avec une indifférence souveraine, comme si la beauté n’était qu’un détail.

Je serrai les poings, sentant mon propre corps réagir, trahi par ce mélange de désir et de honte. Lui, ne bougeait pas. Il ne savait même pas.

Ou alors, il s’en fichait.

Je me savonnai, les gestes mécaniques, mes mains tremblantes. L’eau glissa sur mon corps, emportant la sueur, la poussière, mais pas cette chaleur qui brûlait mes joues. Je me forçai à respirer, à détourner les yeux, à penser à autre chose.

Mais c'était impossible.

Il se tourna légèrement, passa une main dans ses cheveux, ébouriffant les mèches mouillées. L’eau glissa sur sa peau, suivant les contours de son cou, de ses clavicules, de son ventre plat. Il attrapa le shampoing et commença à se laver les cheveux d'un geste lent, presque sensuel.

Je me rinçai trop vite, tournai le robinet d’un coup sec. L’eau s’arrêta. Je restai là, trempé, haletant, les yeux rivés sur lui.

Je me forçai à bouger, à saisir ma serviette, à m’enrouler dedans comme une armure. Quand je relevai les yeux, il était toujours là, sous son jet, les yeux fermés, intouchable.

Est-ce qu’il avait remarqué ma présence ? Est-ce que j’existais pour lui ? Je serrai les dents, la douleur étrange me tordit le ventre. Pourquoi ça me faisait mal, à ce point ? Pourquoi ai-je besoin qu’il me voit ?

Je m’éloignai, les pieds lourds, le cœur battant. Derrière moi, l’eau s'arrêta de couler. Je m’habillai, les autres me rejoignirent. Ils s’habillèrent aussi, le bruit des fermetures éclair et des pas sur le carrelage.

Puis nous quittâmes le bâtiment, nous nous dirigeâmes vers la sortie du stade.
L’homme de l’entrée scanna nos cartes. Et on sortit.

On s'éloigna un peu lorsque l'un des garçons dit :
— Putain, le coach, il nous a pas ratés ce matin.

Un autre répondit :
— Ouais, tous les jours comme ça, cinq jours par semaine, ça craint.

Puis il ajouta, en me tendant la main :
— Moi, c’est Adrien. Je préfère Adrien à 120-8912, c'est plus cool.

On rit doucement, un peu nerveusement, comme pour alléger la situation. Puis, chacun de nous se présenta à tour de rôle, un par un.

— Moi, c’est Clément, dis-je.

Et le garçon magnifique, celui qui m’a troublé plus que je n’aurais voulu l’admettre, dit enfin :
— Moi, c’est Raph. Enfin Raphaël, mais tout le monde m’appelle Raph.

Raph. Le nom lui allait à la perfection. Comme une évidence.

Les garçons se dirigèrent vers l’arrêt de bus. Je pris la direction inverse.
— Clément, tu prends pas le bus avec nous ? demanda Adrien.
— Non, je suis puni, dis-je simplement.

Je m’éloignai, sentant la lourdeur de ce mot. Je n’avais même pas besoin d’en dire plus. Le fait que je sois séparé d’eux me semblait en soi une punition. J'aurais tellement aimé prendre le bus avec Raph.

J’avais moins d’une heure pour être à la fac. Il fallait que je courre si je ne voulais pas être en retard. Putain, courir après cette séance, c’était un putain de défi. Mais je commençai à courir.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire qwed2001t2 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0