Le feu et l'eau
Mercredi 4h00. Réveil en sursaut. Putain. Encore. Le corps tout raide, les muscles comme du béton. La journée alait commencer par deux heures de sport avec les courbatures de la veille et sans bus pour y aller. C’était ouf. J'avais la sensation que mes jambes ne voulaient pas me porter. Mais je me levai. Je devais.
Un seul réconfort : je savais que Raph serait là. Je savais que j'allais le voir.
Je me jetai hors du lit. Un coup d’œil par la fenêtre. Putain, Il pleuvait, en plus. Merde. Je serrai les dents, enfilai mes vêtements à la hâte, mangeai un truc et me précipitai dehors. Je me mis à courir sous l’averse. Pas le choix.
5h20. J'arrivai au Stade central trempé. Le type à l’entrée scanna ma carte sans un mot. Je rejoignis les autres. Adrien me fit un signe de tête, je lui serrai la main rapidement. Pas de Raph. Mon cœur rata un battement, comme un mauvais pressentiment.
Puis il arriva.
La démarche tranquille. Il marchait comme si rien ne pouvait le toucher, l'eau coulant sur son vissage, son cou. Ses cheveux humides, magnifiques. Nos regards se croisèrent une seconde, juste une seconde. Je détournai les yeux aussitôt, les joues brûlantes. Mais c’était trop tard. J'étais déjà marqué.
Rapidement, on se retrouva tous les dix, alignés sous la pluie battante. Le coach débarqua, balança les tenues. Je me changeai rapidement, tout en regardant Raph.
5h30. L’entraînement commença. Toujours la même merde qu’hier, sauf qu’aujourd’hui, c’était sous la flotte.
Pour les abdos, Raph fut mon partenaire.
— À toi de commencer, me dit-il, allongé sur le dos.
Je m’agenouillai devant lui, mes mains se posèrent sur ses chevilles. Ses muscles se tendirent sous mes doigts, sa peau chaude, presque brûlante. Je serrai un peu plus fort, trop fort. Il ne réagit pas. Juste un sourire en coin, un de ces sourires qui en disent long. Je ne pus m’empêcher de le regarder, de sentir la fermeté de ses mollets musclés.
— T’as de la force ! me lança-t-il, amusé.
Raph releva lentement son torse, les mains entrelacées derrière la nuque. Le tissu de son t-shirt, trempé par la pluie, épousait chaque muscle, chaque courbe de ses pectoraux, comme une seconde peau. Les bords du t-shirt se tiraient légèrement vers le haut, découvrant un bandeau de peau nue juste au-dessus de la taille de son short. La pluie y ruisselait, dessinant de fins sillons sombres, une invitation discrète. Ses tétons, durs sous le tissu détrempé, se devinaient clairement, comme une promesse de ce qui m'était encore interdit.
Il se laissa retomber lentement, son dos effleurant à peine le sol avant de se soulever à nouveau, chaque mouvement faisant ressortir encore plus la puissance contenue en lui.
Puis ce fut mon tour. Ses mains se posèrent sur mes mollets, une pression ferme, presque possessive. Il me toucha d’une manière qui me déstabilisa. Je me cambrai, je forçai, mais tout ce que je sentis, c’était lui. Ses doigts qui s’enfonçaient dans ma peau, sa respiration régulière, presque hypnotique. Si je pouvais, je serais resté là, juste comme ça, pendant des heures.
Le coach gueula. C’était le signal pour enchaîner avec l'exercice suivant. Puis, encore le suivant.
Je le regardai du coin de l’œil à chaque mouvement.
Au bout de deux heures, c’était fini.
7h30. Douche. L’eau me frappa. Mes muscles endoloris brûlaient encore, chaque fibre vibrante me rappelant l’effort et la douleur.
Je le regardai. Lui. Tout. Ses épaules, son dos. L’eau qui glissait sur son torse. Putain. Et le reste.
Je détournai les yeux quand il me surprit. Trop tard. Il avait vu. Un sourire. Mais rien de plus. Rien qu’un sourire. Je détournai la tête. La tension était trop forte, trop électrique.
On se rhabilla en silence. Les autres étaient déjà en train de discuter et rigoler. Moi, je traînai un peu.
On sortit de l’enceinte du stade.
Les neuf garçons, dont Raph, se dirigèrent vers l’arrêt de bus.
Putain. Qu’est-ce que je donnerais pour ne pas être puni, pour pouvoir prendre ce bus avec eux, avec lui. Lui parler. Comprendre ce qu’il pensait. Qu’est-ce qu’il faisait après l’entraînement ? Est-ce qu’il allait quelque part, ou est-ce qu’il rentrait seul ?
— À demain, les gars ! lançai-je, en partant le premier, histoire de masquer ce que je ressentais.
Je commençai à courir. Encore.
Vers la fac.
Sans bus. Sans lui.

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