Sous la tente
Je me déshabillai avant de m’installer dans mon sac de couchage : d’abord ce t-shirt dans lequel j’avais transpiré toute la journée, puis les chaussures et les chaussettes, enfin le short qu’on m’avait imposé. Je restai en slip, soulagé de me débarrasser de ces vêtements, la peau enfin libre. Puis je me glissai dans le sac de couchage.
Raph fit de même, sans un mot. Il retira ses vêtements, révélant son corps musclé, la perfection nette de chaque courbe. Une fois en slip, il se glissa dans son écrin de tissu, le coton épousant sa taille.
Nous étions allongés, chacun dans notre sac, à quelques centimètres l’un de l’autre. Chaque inspiration était un appel, chaque expiration une promesse.
Raph était tourné vers moi, un bras sous sa tête.
— T’es fatigué ? murmura-t-il.
— Pas trop, répondis-je.
La vérité, c’est que j’étais incapable de dormir avec lui si près.
La lumière de la lampe de poche, posée sur le sol, dessinait des ombres sur son visage. Que ce garçon était beau ! Je souris, un sourire lent, presque complice. Il me répondit par une esquisse de sourire, mais dans le bleu de ses iris, quelque chose s’allumait déjà ; une braise, une attente.
Pendant de longues secondes, on ne dit rien. Je l’entendais respirer, calmement. Ses cheveux étaient un peu en bataille, des mèches collées par l’humidité.
Je sortis un bras de mon sac de couchage, centimètre par centimètre, comme si chaque mouvement pouvait rompre l’équilibre du monde. J’hésitai encore, puis, très doucement, j’effleurai ses cheveux du bout des doigts. Je m’attendais à ce qu’il sursaute, se recule, rigole, s’offusque, dise un truc. Mais il ne bougea pas.
Alors j’avançai ma main et mes doigts effleurèrent son front, glissèrent dans ses boucles, ces mèches rebelles qui tombaient sur ses tempes. Il me laissa faire. Sa peau était douce, presque trop, sous mes paumes. Il frissonna. Je m’attardai, savourant la façon dont ses muscles se tendaient sous ma caresse, imperceptiblement.
Mes doigts glissèrent à la lisière de ses mèches, puis contre sa tempe. Sa peau était chaude. Je sentis un minuscule frisson lui traverser le visage. Il ne disait rien. Il me regardait juste, droit dans les yeux, comme s’il attendait la suite.
Mon pouce suivit la ligne de sa joue, lentement.
Je m’approchai, juste un peu. Lui aussi.
Il sortit son bras de son sac, et je sentis sa main remonter jusqu’à ma nuque, m’attirer un peu plus.
Nos fronts se frôlèrent, hésitants.
Nos lèvres s’approchèrent. Doucement. Tendrement.
Elles se cherchèrent, se frôlèrent avant de s’unir enfin.
Et le baiser arriva comme une révélation.
D’abord hésitant, un contact furtif, puis plus profond, plus assuré, comme si c’était la seule chose qui comptait à cet instant. Un baiser doux, avide, presque désespéré. Je me laissai porter par la chaleur de sa bouche, par le frémissement de son corps.
Ses doigts s’enfoncèrent dans mes cheveux, m’attirant inexorablement. Je fermai les yeux. Chaque frôlement, chaque étreinte, semblait m’enfoncer un peu plus dans cette spirale où il n’y avait plus rien d’autre que nous deux.
Je me dégageai du sac, le tissu glissant sur ma peau. Il fit de même, et soudain, nous fûmes l’un contre l’autre, peau contre peau, nos corps en sueur collés par la chaleur et le besoin. Ses mains parcoururent mon dos, mes flancs, ses doigts s’enfonçant dans ma chair comme pour me marquer. Je haletais, incapable de penser, incapable de faire autre chose que de répondre à chaque pression, chaque mordillement, chaque souffle brûlant contre mon cou.
Mes hanches frôlèrent les siennes, la peau exposée au froid. Mais tout autour, c’était la chaleur de son corps qui me gardait en vie, qui m’embrasait. Raph suivit mon mouvement, et le contact de son torse contre le mien me fit frissonner. Nos corps se rencontrèrent dans une pression douce, presque asphyxiante. Nos peaux brûlantes se collèrent, se cherchant, se trouvant.
Ce premier contact fut une décharge. Un baiser lent, presque chaste, mais chargé de tout ce qu’on n’avait pas osé dire. Ses lèvres étaient plus douces que je ne l’avais imaginé, plus chaudes. Je les pris entre les miennes, les explorai, et il répondit avec une avidité qui me fit perdre pied. Mes mains se refermèrent sur sa nuque, l’attirant plus près, plus fort. Il gémit contre ma bouche, un son rauque, presque animal.
Je sentis ses mains se glisser dans mon dos nu, ses paumes brûlantes contre ma peau. Chaque caresse était une étincelle. Je me cambrai, pressant mon torse contre le sien, sentant nos cœurs battre à l’unisson, fous, désordonnés.
Il me repoussa soudain, juste assez pour me regarder. Ses yeux brillaient, fiévreux. Puis il m’attira à lui, ses doigts crispés dans mes cheveux, et son baiser devint vorace, presque violent. Nos langues s’affrontèrent. Je sentis son désir, dur et insistant, contre ma hanche.
Il me fit basculer sous lui, ses cuisses écrasant les miennes, son poids m’ancrant au sol. Je sentis ses lèvres descendre le long de mon torse, sa langue traçant un sillon de feu sur ma peau. Chaque contact était une torture, une extase. Je me tordis, mes doigts agrippés à ses épaules, mes hanches soulevées vers les siennes.
Quand il releva la tête, ses yeux étaient noirs de désir. Il ne dit rien. Il n’en avait pas besoin. Ses mains glissèrent plus bas, effleurant mon ventre, mon bassin, et je sentis son souffle chaud contre mon oreille :
— Clément…
Ce seul mot me fit perdre le peu de contrôle qu’il me restait.
La sensation de ses mains dans mon dos, glissant, cherchant, me collant à lui. Il me tenait plus près, toujours plus près. Je pouvais sentir la chaleur de son corps se diffuser en moi, se mêler à la mienne.
Je me sentais brûler. Ce besoin, ce désir, étaient devenus une urgence.
La lampe vacilla sous nos gestes maladroits. Un coup de bras, un souffle trop fort, mais tout était effacé par cette vague de désir, de sensation. Chaque baiser devenait plus intense, plus insistant.
Plus j’étais proche de lui, plus je le voulais. Il n’y avait pas d’autre pensée. Juste l’envie. Juste lui.

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