— Monsieur Taillevent ? demanda Naylin’lonyn.

  — Madame Turidottir, que puis-je faire pour vous ?

  — Je voulais vous poser une question… à propos du Drac. Vous naviguiez déjà lorsqu’il a prit la mer pour la première fois. Je voulais savoir ce que vous pensiez de cette légende.

  Le second réfléchit un instant.

  — Les humains sont ainsi faits, leurs vies sont brèves et ils se transmettent des histoires qu’ils déforment et embellissent, là où nous pouvons nous raconter des souvenirs plus fiables. Le Drac était vraiment superbe, d’une vitesse incomparable. J’ignore pourquoi il a coulé, mais à cette période de l’année, les tempêtes étaient fréquentes. Ensuite, j’ai quelques fois eu affaire à une vigie qui pensait l’apercevoir au loin, mais toujours à une distance trop grande pour avoir la moindre certitude. Du reste, je ne suis pas mort noyé donc je ne peux dire s’il est ou non chargé de conduire les âmes des marins jusqu’au pays des cendres. Je sais juste que c’est une jolie histoire. Et puis, nous avons tous un ami ou un parent qui a périt en mer. Cela nous rassure de penser que quelqu’un était là pour eux, au moment de mourir. Tout comme nous aimons nous dire que quelqu’un sera là pour nous. Que nous ne mourrons pas seuls.