Chapitre 4

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Elle n'était plus sûre de vouloir y aller. Cette histoire d'Élue était-elle vraie ? Et si les prêtres s'étaient trompés ? Et si elle n'était pas née sous le signe de l'immunité ? L'aura méphitique qui s'évaporait du château la convainquit : elle n'allait pas risquer sa peau. Si les haut-prêtres voulaient débarrasser le monde de la Maladie, qu'ils y aillent eux-mêmes. Merde à la prophétie. Elle commença à marcher. Vers la porte.

— Non ! Pitié, non ! Dieux, que vous ai-je fait ?

À nouveau, elle ressentit dans ses entrailles la lumière verte. La plénitude l'envahit et elle détesta ce sentiment si contraire à ce qu'elle vivait. Elle hurla d'une rage impuissante mais entra dans la citadelle. À nouveau le déjà-vu l'assaillit. Elle n'aimait pas cela. C'était un déjà-vu malsain, nocif, comme dans un cauchemar où l'on vit et revit en boucle les mêmes malheurs. Annah avança sans bruit dans la pénombre glaciale de ce bâtiment maudit. Elle connaissait les détours des couloirs, la présence des pièges et des ennemis. Elle banda son arc. La flèche transperça le crâne d'un zombi purulent et sortit par l'oreille. Le cadavre tomba avec le bruit d'un tas de viande flasque. Accroupie, elle gagna du terrain. Une nouvelle salle.

Enfin un lieu qu'elle ne connaissait pas. Le danger de l'inconnu n'était pas aussi désagréable que la sensation de le connaitre sans l'avoir jamais vu. Elle se sentit plus détendue. Elle prit un instant pour contempler les murs nus et abandonnés avant de reprendre son chemin. Elle emprunta des escaliers et sortit par une porte entourée de deux statues de guerriers. Concentrée sur la pénombre face à elle, elle ne vit pas le chien des enfers lui sauter dessus. Elle tomba à la renverse. La douleur ne lui permettait pas de crier sa souffrance. Les dents de la créature s'enfonçaient profondément dans son bras. Elle posa sa main libre sur lui et lança son sort d'éclair. Le gardien lui tomba dessus, mort. Elle put alors le contempler : il n'avait pas de fourrure. Il semblait être écorché, les muscles à l'air, suintants de lymphe et d'un sang noir. Ces fluides coulèrent sur sa blessure, lui arrachant un cri : ils lui rongeaient le bras. La druidesse poussa le canidé, se recula jusqu'à s'adosser contre le mur, plaqua son bras contre son ventre. Ses larmes de douleur s'écrasaient sur le tissu de sa veste, laissant des tâches sombres. Elle prit sa dague d'argent et découpa la manche. Elle put voir les traces de la morsure s'agrandir sous l'action de l'acide canin. Entre deux sanglots, elle murmura un sort de soin. Sa peau se referma mais la corrosion continua de la dévorer. Soudain, une vague de douleur la fit hurler son oxygène. Le nerf était touché. Elle n'avait aucune potion contre les poisons. Si elle ne faisait rien rapidement, elle allait mourir. Tout ça pour cette stupide prophétie ! La peur se transforma en rage. Elle allait massacrer la Source Zéro ! Elle n'en avait pas envie mais elle allait se venger. Elle déboucha une autre de ses bouteilles d'alcool et la vida en quelques gorgées. Le sang acide continuait de dévorer son bras. Déjà, elle ne pouvait plus bouger les doigts. La nécrose apparaissait sur son poignet, dès la limite de la zone qui avait reçu le soin. Elle remontait maintenant vers le coude. Annah raffermit sa poigne sur sa dague et d'un geste sec, se trancha le bras. Le sort de soin le transforma en un moignon sain. Elle laissa son arc, elle ne pourrait plus l'utiliser. À cause de Lui !

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