PROLOGUE : 3ème Guerre Mondiale

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Comment expliquer ce qu’il s'était passé ? Tout semblait simple et en même temps compliqué, finalement cela devait dépendre du point de vue. Comment partager à nos enfants et à ceux qui resteraient que l’homme s’était encore laissé emporter par son besoin irrépressible de destruction ?

Ah oui, ça y est : il était certain qu'un jour, l’un de ces Chefs d’État, arrogants et à la langue bien pendue, allait dire un mot de travers qui détruirait le monde à coup sûr. Les tensions étaient déjà très palpables depuis bien des années. Les médias ne faisaient qu’en parler, les habitants de la Terre, où qu’ils soient ne pouvaient que s’inquiéter. Et il y avait de quoi, c'était inévitable et tellement prévisible. Après tout, c’est ainsi que fonctionne l’humain, toujours de la même manière : provoquer les autres jusqu'à ce que tout s'enflamme. Et cela se passa de cette manière : l’un d’eux avait poussé le fameux bouton rouge, condamnant la plupart de l’humanité à mourir sous des pluies de missiles. Un véritable génocide, un crime contre l’humanité. Combien de familles avaient péri ? Combien d’hommes, de femmes et d’enfants, de toutes ethnies confondues, avaient vu leur monde s’effondrer sous leurs yeux ? Pour les pauvres enfants spectateurs, cela ressemblait à une pluie de météorites. Leurs corps avaient été si rapidement soufflés, qu’ils n’avaient eu le temps de réaliser. Pas si stupides, ils avaient bien compris en entendant les pleurs de leurs parents que quelque chose de grave arrivait. Tout cela à cause d’une seule parole mal interprétée, d’un seul geste inconsidéré. Comme un immense feu de forêt, le monde s’était embrasé. Sauf que cette fois rien ni personne ne serait à la hauteur pour l’éteindre. Les dégâts causés seraient irréversibles… Même pour les générations à venir.

Pour notre part, nous travaillions pour Cryo Tech, une entreprise qui avait fait du sommeil cryogénique une réalité. Voilà un imaginaire de la science-fiction moderne qui devenait tangible : conserver un corps avec toutes ses fonctionnalités vitales intactes pendant des années grâce au froid. Son leader en chef, Rufus Stiles, était un ingénieur de renom, il était le modèle de bien des esprits scientifiques à cette époque. Mais, au vu des dépenses considérables qui avaient été mises en oeuvre, cette réalité était onéreuse. Cette avancée technologique n’était en effet pas destinée au grand public mais seulement à une poignée de milliardaires riches et influents. Ceux-là même qui nous regardaient de haut, nous autres petites gens. Sans compter que certains n’étaient pas favorables à la cryogénisation, trouvant cela barbare et contre nature ; et que considérer l’humain comme un poulet qu’on congèle dans un bac à glace pendant des années était tout sauf éthique.

Nous n'avions jamais vraiment su ce qu'il s'était passé. Qui avait attaqué le premier ? La Corée ? Les États-Unis ? La Russie ? Et à vrai dire, on s'en fichait royalement. Au final, le monde allait être détruit, et nous avec. C’était cela : détruire pour reconstruire… mais que pourrions-nous bien concevoir à partir de rien ? Seul Dieu en était véritablement capable, du moins pour ceux qui y croyaient. Laissez-moi vous dire que dans notre monde, si Dieu existait, il nous avait bel et bien oubliés.

Quand tout commença, quand les sirènes retentirent, que le sol commençaient à trembler et que le feu destructeur se répandait à la surface de la terre anéantissant tout sur son passage, l’équipe dont je faisais partie fut bloquée dans un bunker, à plusieurs dizaines de mètres sous terre. Pour ma part, vu que j’étais une ingénieure, je faisais une révision de routine sur l’une des capsules de stase, l’un de ces “frigos à humains” comme nous nous amusions à les appeler avec mes autres collègues avant la crise mondiale qui deviendrait une guerre… Ce n’est qu’au moment où les premières vibrations se firent sentir qu’on nous ordonna de nous préparer à entrer dans les capsules. Une loterie avait été mise en place rapidement et j’avais eu la chance d’être choisie. Ce fut alors la seule option viable pour le groupe sélectionné : attendre en sommeil jusqu’à ce que tout soit complètement terminé et que le monde ait repris un semblant de normalité. J’avais jeté un dernier regard à l’ensemble de mes camarades. Ceux qui comme moi, allaient être sauvés et ceux qui, au contraire, s’étaient résignés. Je savais que si la machine me gardait en vie et qu’eux-mêmes avaient survécu, il était fort peu probable que je les revoie un jour. Cependant, je ne pouvais m’empêcher cette pensée envers les autres êtres humains, les familles restées à la surface qui avaient peu de chance d’en réchapper.

Mon nom était Monroe Jensen. J'avais vingt-quatre ans le jour où je me suis endormie. Et tout ce qui faisait de moi cette personne. Celle que j'étais. Tout ça, je l'ai oublié...

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