Chapitre 4 La révélation de Marlène
Mes animaux dormaient sur mon lit, je n'avais que très peu de place. Leurs compagnies me consolaient. Je m'imposais entre eux et j'entendis leurs ronflements. Je n'étais pas comme Michel, ce loup solitaire et misanthrope.
Je ne trouvais pas le moyen de m'assoupir. Je restais à la même place. J’étais mal. Mon geste pour Michel me culpabilisait. Je n'avais répondu qu'à un instinct de survie, c'était lui ou moi. Je guettais toutes les heures sur mon réveil, impatiente de voir le jour se lever. Je contacterai Monique qui attendait un compte rendu de ma part de ma visite auprès de Michel. Elle saurait me guider pour la suite. Je pouvais me fier à elle, je n'étais rien sans elle. Je ne bougeais pas, j’étais dans l’impossibilité, car Idylle, le berger allemand, me collait. Au niveau des pieds dormaient Roméo et Storn, les deux chats. Les deux cerbères bas rouges gardaient ma porte. Je ne calmais pas. Je marmonnais dans mes pensées. Dès que sept heures et demie sonnèrent à la cloche de l'église, les chiens commencèrent à s'agiter. Ils avaient faim et avaient besoin d'uriner. J’invectivai, ma nuit n'avait pas été réparatrice. Je les entendais s'énerver. Je me levai un peu titubante, je marchais au radar. Ils sortirent et j’en profitai pour me préparer un café.
Anita arriva dans la cuisine et se mit à rire en voyant mon teint pâle, mes cernes et mes cheveux allant dans tous les sens.
— Ben, tu ressembles à une sorcière ! Avec un balai entre les jambes, tu t'envoles. Blague à part, tu es debout tôt. Tu as à l'air d'être inquiète et sur les nerfs.
Je n'avais pas envie de m'esclaffer avec cette plaisanterie, mon cœur palpitait.
Je déjeunais avec Anita. Silencieuse et stressée quand la voiture de Monique s’arrêta devant chez moi et sortir en trombe de son véhicule.
— Marlène ! Vas-tu dire enfin ce qu’il se passe ?
— Bonjour Monique ! Que veux-tu… ?
— Bonjour Marlène, ta mémoire te ferait-elle défaut ?
— Ben non, pourquoi ?
— Tu devais voir Michel et j'apprends par la radio que deux cadavres viennent d'être découverts. D'après ce que j’ai entendu, il s'agirait de Michel et Nadia !
Malheur ! Je sombrais dans le désarroi. Tous mes espoirs tombaient à l'eau, plus rien n'avait d'importance. Moi qui me battais depuis plus d'un an, j'entraînais tout le monde dans la même galère. Comment ma pauvre Anita allait-elle me considérer maintenant que Monique avait dit qu’on venait de retrouver les corps de Michel et de Nadia ? Le secret me liait à ces deux cadavres. Machinalement, je mis des bûches dans la cheminée.
— Je ne sais pas ce qu'ils foutaient ensemble, mais ils n'étaient pas à la plage ! Et toi, Marlène ?
Anita me fixa et j’entendis presque ses pensées se former. Tout prenait un sens. Le chemisier tâché, le van de Nadia, mes agissements, le fait que je n'étais pas étrangère à cela. Elle se leva et nous laissa seules. Elle ne participerait pas à cette mascarade, à ce mensonge elle ne voulait pas devenir la complice de cette tragique histoire et préférait rester dans l'ignorance plutôt que divulguer ce qu’elle savait sur les actes de sa mère. Comment avait-elle pu tomber aussi bas pour préserver ses biens ? Si elle avait pu, elle se serait boucher les oreilles pour ne pas entendre la suite.
Monique n'était pas une Péronnelle. Elle fixa Marlène.
— Marlène, je sens… Ne me raconte pas de choses loufoques ou ne pars pas dans des délires pour échapper à la réalité. Es-tu allée voir Michel pour obtenir un appui financier avec l’aide de Nadia ? As-tu suivi mes directives, mes conseils ? Que s'est-il passé ? Tu as une tête à effrayer un spectre. Pourquoi as-tu un bandage sur ton bras ?
Je regardai et le touchai. C'était douloureux, je devais avoir des bleus en dessous. Monique ne me lâcherait pas. Je ne possédais pas toutes les solutions à cet interrogatoire qui s'éternisait depuis la veille.
Tu as toujours ton anneau en or à ton doigt, tu tiens encore à ta femme. Tu n’es qu’un pauvre type, une pacotille, tu ne vaux rien !
Michel me gifla, j’avais pris un sacré coup, je me frottai ma joue endolorie.
Le souvenir de Michel me revint soudain. Je pâlis.
— Marlène, ça va ? Je vais te servir une boisson.
J'étais tellement absente, mes yeux se troublaient. Patatras, le verre brisé me fit l'effet d'un réveil.
— Marlène ! Secoue-toi, nom d'un chien !
Monique ramassa les morceaux à l'aide d'une pelle et d'un balai. Elle épongea l'eau avec une serpillière. Je ne réagissais pas, les fleurs se fanaient dans le vase. J'étais négligente. Trop occupée par tout le travail occasionné par mes animaux, je passais cinq heures de ménage à rendre une maison propre.
— Tu ne m'as toujours pas raconté, Marlène, ça suffit, c'est intenable. Pourquoi t'entêtes-tu à te murer et te taire sur ta soirée avec Michel ? Avais-tu obtenu...
— Monique, tu ne peux rien pour moi.
La seule façon d'ôter mon stress était d'avaler des bonbons, ils me collaient aux dents. J’en pris une poignée dans la main.
— Tu es une vraie gamine au fond, tu ne grandis pas.
— Tu sais que c'est Halloween !
L'insistance, la fatigue, à fleur de peau, faite comme un rat, embourbée davantage dans ma vase, le secret me bascula dans un état second. Irritée et sur les nerfs, j'explosai de douleur. C'était atroce, elle me déchirait en deux. Je manquai de souffle.
— Je ne remonterai pas la pente cette fois-ci. Monique, je n'ai pas besoin de ton côté sarcastique. Je n'ai pas la tête à ça. Je suis coupable de tout ce qu'il m'arrive. Je n'ai pas su anticiper, je ne suis plus moi-même. Je suis devenue un monstre autant que Michel. J'ai honte. Je ne vais pas tenir. Je combats pour un objectif et je n'obtiendrai pas l'autre moitié de l'argent. Sans Michel avec son bagou et son côté homme d'affaires, il pouvait me conseiller. Quant à Nadia, elle va me manquer, c'est affreux.
Des gâteaux d'apéritifs étaient restés sur le plan de travail juste devant Monique. Anita avait en effet pioché dans la boîte, elle grignotait souvent dans la journée. J'entendis Monique croustiller avec appétit. Partie dans un déni, je ne me souvenais de rien. Avais-je semé des indices pour qu'on ne me retrouvât pas ma trace ? Je n’étais plus sûre de rien. Monique se foutait de mon état, elle vivait dans son monde d'égoïsme. Après tout, elle n'était pas si différente de Michel et cachait peut-être une ambition personnelle. Je finissais par douter d'elle. Je n'avais pas commis d'escroquerie, du moins, je l'espérais. La mort de Michel et de Nadia me déstabilisait. Je cherchais quelqu'un pour me guider. Malgré ce que je devais penser d’elle, je ne pouvais plus compter que sur Monique. Je présageais un déluge de soucis qui tomberait sur mes frêles épaules. On enquêtera sur moi, sur Michel et Nadia. Nous étions ensemble hier soir. Impossible de savoir si c'est Michel ou moi qui ait tué Nadia. L’unique chose certaine dont, je me rappelais, j'étais la dernière à les avoir vues. J'ai quitté Michel vivant, mais en le laissant seul à son propre sort comme un vulgaire déchet sur un tas de boue et de feuilles. Lui qui me méprisait, j’aurais pu utiliser un glossaire d'insultes à son égard. Il m'avait suffisamment humilié et dévalorisé.
Anita comprit, ses larmes ruisselaient.
– Mon Dieu, Maman, tu n'as pas fait ça ? C’est pour ça que tu avais du sang sur toi. À moins que tu te sois battue. Non, ce n'est possible ! Je ne peux pas croire !
Monique était catastrophée, cette nouvelle entendue à la radio s'avérait exacte. Elle me regardait et devait se dire qu’elle se trouvait devant une meurtrière. Je ne me reconnaissais pas, je n'avais pas prémédité mon geste. Je n'étais pas ivrogne pour autant. J'avais juste un peu bu, même si l’alcool m’était vite monté à la tête, cela demeurait flou dans mon esprit. Mon estomac se souleva de dégoût, je me levai d'un seul coup pour propulser dans l'évier les derniers morceaux de nourriture ingurgités. Je vivais une sinistrose, je n’imaginais pas mon avenir bien rose, bien au contraire ! Je ne savais pas déjà, comment rembourser le reste de mes dettes ? Je venais en plus d'alourdir ma peine avec deux cadavres sur le dos. C'était encore pire qu'un cancer.
– Marlène, c'est quoi cette histoire ? Que s'est-il passé ? Tu ne devais pas traîner longtemps et obtenir sa contribution. Pourquoi les as-tu tués ?
– C'est fichu pour moi, je perds la boule ! c'est une fatalité. Tu ne peux plus rien faire pour moi.
–T'assister pour sauvegarder ta maison, c’est une chose, mais, être complice d'un assassinat, je refuse catégoriquement. Tu dois te dénoncer à la police. Elle sera plus clémente si tu reconnais les faits.
–Mais, enfin, tu n'y penses pas, que vont devenir mes chats, mes chiens, mes oies, mes poules ?
Je vis Anita désespérée, je voulus la prendre dans mes bras. Pour la première fois, je la sentais distante avec moi, perdue et paniquée de se retrouver seule en face à mes animaux. Elle était encore jeune, vingt-trois ans, elle travaillait comme serveuse dans un resto du coin. Elle me relayerait, elle aimait s'en occuper. Si je partais en prison, je lui laisserais une lourde tâche. Cependant, elle n’assumerait pas financièrement. J'avais dû mal moi-même, à moins que Bruno ne l'épaule. Je ne croyais pas trop à cette possibilité. Il en avait assez de mon attachement à mes animaux, source selon lui de tous mes problèmes pécuniaires et cause de notre divorce. Il était trésorier, nous vivions déjà avec des comptes toujours en déficit. Je persistais dans mon combat pour mes animaux, c’était ma vie, ma motivation et ma destinée.
–Tu vas m'abandonner avec un cadeau empoisonné maman, papa a quitté le navire, car il voulait que tu arrêtes tout. Alors, je ne vais pas tout porter sur le dos et avoir tes banquiers à mes trousses. Je ne pourrai sûrement pas compter sur papa. Avec mes horaires, je n'aurai pas le temps de me consacrer à eux pour le nettoyage, les sortir, les nourrir.
Monique s’imposa :
–Anita, je pourrais éventuellement te seconder, mais pour l'instant la question n'est pas là. Marlène, tu aurais dû réfléchir avant d'agir ainsi.
Bouleversée, j’explosai de colère, Monique m'agaçait.
–Monique, es-tu sérieuse ? Je ne fais que ça, tu ne sais même pas ce qui s'est déroulé. En ce qui concerne Nadia, pourquoi l’aurais-je tuée ? J’ai beau cogiter, je ne trouve rien, mon cerveau est bloqué. Pour Michel, je me suis seulement défendue. Il ne pensait qu’à coucher avec moi, il me harcelait. J'ai pris ce que j'avais sous la main. Des cachets pour dormir étaient dans mon sac, car j’étais passée à la pharmacie pour renouveler mon ordonnance. Je souhaitais juste qu'il me laisse en paix. Je les ai écrasés pour les introduire dans la boisson, peut-être même trop. Quand il s’est effondré, je l'ai quittée aussitôt. Je ne pensais pas avoir mis une dose mortelle pour autant, je ne voulais pas le tuer. J'ai aidé Michel à enterrer Nadia pour avoir la paix le temps qu’il s’endorme avec les médicaments. Michel avait déjà fait disparaître les traces chez lui. Moi, j'ai nettoyé le van de Nadia hier soir.
Chaque révélation sonnait comme un glas. Les têtes consternées de ma fille et de Monique marquaient la fin de leurs soutiens.
–Michel m'a fait comprendre que j'avais tué Nadia. Je me suis effondrée de fatigue alors qu’elle venait d’arriver dans la maison de Michel. Je ne me souviens de rien et je ne sais pas si ce qu’il a dit est une tromperie ou la vérité. SI c’est un mensonge, ce ne serait pas étonnant, Michel était un être démoniaque capable de me désigner comme meurtrière. Si je l’avais tuée, je serais affreusement mal. Son ton était terriblement persuasif, comment ne pourrai-je pas le croire ? Serait-il fabulateur ?
Complètement abattue, je ne voyais pas l'horizon d'un jour meilleur, Monique me le confirma par son agressivité :
–On ne le saura jamais à présent, Michel est mort avec son secret. Tu nous mets dans une situation embarrassante. Michel aurait pu se servir de son pouvoir auprès de la Mairie.
Mon humeur devint maussade, je n'avais plus la force de me défendre. J'avais tort, j'aurais voulu recoller les morceaux, revenir en arrière.
Anita se montra hystérique :
– On piétine, rien de concret ne sort !
Mon air cafardeux et abattu laissa Monique imperméable.
Étonnée, ma fille tenta de lui apporter une solution pour calmer mon inquiétude. Anita s'énervait face à son silence. Elle tournait autour de nous, s'agitait et s'activait en rangeant et en nettoyant la cuisine. J'étais avachie sur ma chaise et mon visage était inondé par mes larmes de désespoir. L'attitude d’Anita et de Monique m’atterrait. Dépendante d’elles, j’attendais des instructions, incapable de prendre toute seule une décision.
–Je n'ai pas de solution à tout, Marlène, cesse de te référer à moi ! Tu es responsable de tes actes. Tu as créé ta propre chute. Tu m'as bien entortillée pour m'embarquer dans ta galère. À présent, c’est à toi de te dépatouiller de ton sac de nœuds ! J'ai apporté ma contribution pour tes animaux, mais là, c'est à toi de te débrouiller.
Fière d’elle à propos de son assistance vigoureuse, Monique se rehaussait sur ses ergots et oubliait qu'elle n'était pas la seule derrière moi à travailler en utilisant des solutions sur Internet. Elle cherchait à se procurer tout le mérite. Certes, elle s'activait beaucoup sur le terrain et j'avouai sans prétention qu'elle m'avait souvent offert de sacrés coups de pouce. Une retraitée dynamique avec beaucoup d'énergie, je lui devais de la reconnaissance, mais cela n'enlevait pas aussi les aides précieuses de Sylvie et Marjorie qui, avec leurs publications, attiraient du monde. Grâce à elles, j’avais réussi à obtenir 35 000 euros, ces dons permirent la gelée de la saisie. J'avais encore besoin d'elles, mais Monique, irritée par mon admiration pour ces jeunes femmes, commença à les diffamer. J'étais divisée sur son dénigrement, quel était le but de sa manœuvre ? Je devais réagir à sa convenance, elle m'influençait sur les idées d'innovation sur ma masure. Je me retins de relever sa réplique, bien que cela me brûlât les lèvres. Cependant, elle avait mobilisé beaucoup de monde autour d'elle, des commerçants avaient organisé des tombolas. Cette déchirure, cette barrière, entre nous me scia. Le sol s'ouvrit sous mes pieds. Elle était si intègre d'habitude, c’était plus que je ne pouvais supporter.
Monique se radoucit.
– Il n'est pas encore trop tard, ton cas n’est pas désespéré. Tout dépend de toi, tu as les clés entre en tes mains.
– Tu plaisantes, Monique !
Anita intervint après un moment de silence :
– Je croyais que vous étiez amies, apparemment, les rats quittent le navire ! Nous nous passerons de vous et de vos services !
– Je t'en prie, Anita !
Ma fille m’interrompit :
– Maman, Monique te prend pour une bête qu’elle enverrait directement à l'abattoir ! Maman, tu n’es pas le brave toutou pour lui obéir au doigt et à l'œil.
Sidérée, Monique rétorqua :
– Laissons la police venir jusqu'à toi, cela te donnera du temps pour échafauder un plan. Il faut espérer que tu as bien effacé tes marques chez Michel. Attendons la progression de l'enquête. Prépare-toi à les recevoir et à répondre à leurs questions. Sais-tu combien de comprimés… ?
Je réalisai à cet instant avec effroi que ma mémoire me jouait des tours. Où avais-je mis ma tablette ? L’avais-je encore en ma possession dans mon cabas ? Était-elle dans la forêt ou dans le van de Nadia ? Mes souvenirs me pourrissaient la vie, me rappelaient mon geste et me troublaient. Je me précipitai sur mon sac et je le vidai. Ma boîte était vide.
–Non, ce n'est pas possible, je n'ai pas tué Michel, pas avec la dose que j'ai mise dans sa tasse !
Je devais adopter cette version des faits. Je n'étais pas adepte des médicaments, toutefois, les circonstances m’angoissaient et m'empêchaient de dormir sereinement.
– Je lui avais donné cinq comprimés, je ne comprends pas que l'effet a été si immédiat, Monique.
– Attendons les résultats de l'enquête, nous nous ferons notre propre jugement si tu es impliquée ou non dans la mort de Michel et de Nadia.
– Mais pourquoi t'obstines-tu à croire que je suis la meurtrière ? C'est de cette façon que tu me perçois ? Michel était un rapace qui tournait autour de moi depuis un moment. Il tirait les ficelles et Nadia s'était rangée de son côté, elle a dédaigné de partager avec moi les projets de la ville. Cependant, je l'ai appris à mes dépens par les habitants que la mairie avait des préparations de construction pour une future EHPAD, sur mon emplacement ! Ici ! Je n'aurais jamais eu son appui. Il se délectait de ma déchéance financière et suivait avec attention l'évolution de mes déboires. Il désirait me dévorer toute crue pour une bouchée de pain. Si je l'avais écouté, je lui aurais vendu la ferme et le terrain à un prix ridicule en échange d’une vie avec lui. C’était une proposition indécente.
– Ne doute pas de mon authentique amitié pour toi, Marlène. Je t’ai incité sans t’obliger, mais j’ignorai que tu mêlerais Nadia à votre entrevue.
– Je voulais connaître ses limites et savoir ce qu'il avait dans le ventre. Si aussi les ragots s'avéraient exacts. J'ai eu droit à une séance de séduction plutôt brutale et rabaissante. Je suis pourtant aguerrie, mais c'était pénible.
Monique se tut à son tour. Le déroulement des événements l’intriguait et je devais démêler à ma façon les fils de l'histoire. Mes confidences sidéraient Monique. Si j’apportais de plus en plus de soupçons et de mobiles pour tuer Michel, était-ce vraiment moi ou quelqu'un d'autre qui l'avait exécuté après mon départ ? Il était à la merci de n'importe qui. D’ailleurs était-il mort pour avoir avalé mes cachets ou d’une autre façon ? Je devais à tout prix passer à un autre sujet.
– Si la police ne t’interroge pas, reprit Monique, il faut absolument trouver de quoi rembourser le reste de tes créances.
– Je n'ai jamais détesté quiconque. Je ne vais pas changer. Je pourrai cramer cette baraque pour tous les déboires qu'elle me fait vivre. Je suis étourdie. Je dois effectuer une course. Merci Monique. On va attendre que le temps passe et on verra bien si la police vient ou pas. On se tient au courant.
Je poussais Monique dehors. Je m'excusai auprès d'elle, mais je n'avais plus la tête à écouter ses leçons de morale. De plus, j'avais du ménage en retard. Mes animaux salissaient tout et souvent, je me demandai si je ne vivais pas dans une écurie. Je remarquai les yeux de Monique qui fixait le carrelage. Anita n’avait perdu une miette de notre conversation… Par moments, Monique m'agaçait et j’avais envie de l'étriper à vouloir me commander. Je tempêtai à l'intérieur de moi, quand elle me parlait d’une voix autoritaire. Je lui souris furtivement et je refermai la porte derrière elle.
– Hé ben, maman, on peut dire que tu t'enfonces.
– Anita, ça suffit ! Je vais trouver une solution, j'ai réussi jusqu'ici, alors, crois-moi. Je prouverai que je ne suis pas coupable du meurtre de Michel. J'enquêterai de mon côté.
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