Chapitre 39 : Couteaux

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Loënia croisa les bras, non pas parce qu’elle avait froid, mais parce qu’elle n’avait aucune envie de sortir dehors. Par malchance, elle était déjà, dehors. Thaïs l’y avait traînée, elle et de jeunes vampires, dans le but d’apprendre à se battre.

Nous étions le lendemain de l’explosion. Personne ne pouvait pénétrer dans la boutique. Alors, Adrien et Thaïs avaient comploté ensemble dans l’idée de changer les idées maussades de Loënia. Ils essayaient de la garder occupée.

– Je pourrais retourner lire un livre, c’est bien, les livres…

Adrien lança un regard de biais à la jeune femme. Loënia regarda son épée à ses pieds. L'herbe dévorait l'arme de fer.

– Hors de question. Il ne faut surtout pas se laisser abattre alors tu vas me faire le plaisir de relever tes épaules ainsi que ton épée.

Thaïs les observait, amusé.

– Allez, Loënia, je veux savoir ce que tu sais faire avec une épée. Il ne faudrait pas qu’elle prenne la poussière.

– Je peux découper des légumes avec, grogna la fée, si tu crains qu’elle s’ennuie.

Thaïs eut un fou-rire. Loënia, décontenancée, sourit au bout de quelques secondes. Thaïs n’arrivait plus à s’arrêter. La jeune femme s’accroupit, saisit son épée et se releva.

Adrien avait fait demander ses plus jeunes recrues. Il tenait à ce que tout le monde apprenne à se défendre, en cas d’attaque par un clan de vampires ou par d’autres créatures magiques. Autrefois, les vampires avaient été chassés et assassinés par tous. Fées, sorciers, loups et mêmes humains s'étaient ligués contre eux au nom de la sauvegarde de la planète.

– Merci de vous être levés tôt après une soirée qui a été bien arrosée par certains, clama Adrien en articulant avec clarté. Bien sûr, grâce à votre récente évolution au stade de vampires, il est bien plus simple pour vous de réccupérer ou bien de vous défendre. N’oubliez pas que si beaucoup de dangers vous sont maintenant épargnés, d’autres rodent. Notamment les vampires plus âgés et expérimentés que vous ou bien les magiciens.

Quelques têtes se tournèrent vers Loënia, qui fit semblant de ne pas les voir.

– Je vois que vous avez remarqué Loënia. Vous le savez peut-être déjà, elle est mon arrière-arrière-petite-fille. Elle est également une fée talentueuse et elle se blesse plus facilement que vous, alors faites attention à elle.

Loënia regarda Thaïs et leva les yeux au ciel. Au moins, une chose était sûre, Adrien semblait être un professeur beaucoup plus supportable que Braken.

– Nous allons donc commencer, ajouta Adrien tout en jetant une épée dans les bras d'un homme. Je vous ai déniché des armes de toute sorte, prenez-en une. Vous apprendrez à vous en servir. Mettez vous par deux.

Loënia et Thaïs firent un pas sur le côté, tels deux pingouins, pour se mettre ensemble. Plus le temps passait, plus ils développaient une dynamique fraternelle.

– Tu ne vas pas juste prendre un écu pour te défendre, n’est-ce pas ?

– De mon temps, c’était une arme très en vogue, affirma Thaïs.

– Tu es né en 1993, millenials !

– Gen Z, souffla Thaïs en lui pinçant le creux de la hanche.

Elle le menaça de son épée avant de sourire.

– Je vous donne une vingtaine de minutes pour vous habituer à votre arme, clama Adrien. Je vous regarde. Donnez le meilleur de vous-mêmes.

Loënia grimaça.

– Je ne sais pas si tu le sais, mais je suis incapable de me défendre sans pouvoir...

– A ton avis, qui t’a observé lors de ton entraînement au palais des Terralin ?

Loënia écarquilla les yeux.

– C’était toi qui l’a dit à Adrien ?

Thaïs hocha la tête, fier de lui.

– Je suis un très bon espion. Bon, on commence ? Je suis prête à te mettre la pâtée, Loënia. Mais peut-être que tu as peur ?

Il surarticula le dernier mot. Loënia rit et releva son épée comme elle l’avait appris. Ses épaules droites, son corps en appui sur sa jambe d'appui, elle avait envie de se battre.

– Approche un peu, Thaïs.

– Qui veut commencer à nous montrer de quoi il êtes capable ? Les interrogea le meneur.

Même pour cette occasion, il avait revêtu un costume. Il avait opté pour une teinte taupe. Loënia se questionna rapidement, est-ce que c’était pour cacher la terre s’il se salissait ?

Loënia, les mains sur les côtes, reprenait encore son souffle. Thaïs, quant à lui, avait déjà récupéré depuis longtemps. Contrairement à sa camarade, il n’était pas tombé une seule fois. Elle, au bord de l’épuisement, avait tenté de se battre depuis le sol, mais Adrien n’avait pas toléré cela.

Deux femmes, dont une semblait tout juste être sortie de l’adolescence, avancèrent vers le centre du cercle qu’ils avaient formé. La plus jeune avait un couteau tordu qui lui faisait penser à une faux tandis que l’autre disposait d'un lasso. La seconde semblait prête à ciseler la plus jeune. Loënia s’inquiétait pour elle. Elle savait qu’elle ne le devait pas. Les vampires ne pouvaient pas être jugés pour leur physique. Ils pouvaient être maigres, petits et avoir un bras en moins, s’ils étaient vieux, alors ils étaient surpuissants.

Le premier coup fut donné par l’adolescente. La femme répliqua aussitôt et la fit lourdement tomber en l’attrapant par la cheville avec son lasso. Loënia serra les dents. Elle n’aurait pas aimé être à sa place.

L’adolescente était à terre et sur le dos. On aurait dit un petit chien qui attendait des caresses. Elle tendit le bras pour récupérer sa faux et la lança. Elle se figea dans le bras de la femme qui hurla de détresse.

Si elle était une jeune vampire, cela était peut-être sa première sérieuse blessure pour laquelle elle n’aurait pas besoin d’aller à l’hôpital. L’adolescente en profita pour se lever.

– Tire pour la retirer, lui cria Thaïs.

Elle s’exécuta en grognant. Loënia se força à regarder le sang gicler de la plaie ouverte. Si la situation actuelle devenait pire, elle devait être habituée à cela et ne pas flancher à la moindre vue dérangeante.

– C’est bon, Charline a gagné ce match ! Clama Adrien. Félicitations à vous deux.

La blessée grogna en tenant son bras, fâchée d’avoir perdu. Adrien, indifférent, regarda la foule de jeunes gens. Loënia, comme au lycée, évita le regard de l’investigateur. Elle aurait aimé être pellucide. Elle aurait pu se rendre invisible mais elle jugea bon de ne pas faire preuve de lâcheté ni d’abandonner Thaïs.

– Quelqu’un ?

La possibilité d’être blessé avait refroidi le groupe. Loënia surprit un homme qui avait l’air d’avoir une trentaine d’années essayer de se dissimuler derrière un autre vampire.

– Nous, nous sommes volontaires !

Loënia se tourna vers Thaïs, offusquée.

– C’est parfait, lui répondit Adrien en reculant.

– Je te déteste, lui murmura-t-elle quand elle se pencha pour reprendre son épée et lui son écu.

Thaïs ricana. Ils se dirigèrent vers le centre du groupe. Au départ, Loënia n’avait aucune envie de sortir ou de se montrer. Elle avait prévu de finir de lire son recueil de poésie, de boire deux ou trois tisanes et de -peut-être- essayer quelques enchantements. Elle se trouvait à présent recouverte de terre sèche et de brins d’herbes, même dans les cheveux, devant un tas de personnes. Elle s'apprêtait à se battre contre un vampire qui était son ami mais qui n’allait pas la laisser gagner pour autant.

Elle inspira de l’air, même l’atmosphère semblait hésiter à entrer dans ses poumons. Avait-elle le droit de se servir de ses pouvoirs magiques ? Elle allait poser la question quand Thaïs lui sauta dessus. Son écu cogna brutalement l’épée de Loënia. Elle remercia Braken pour la énième fois d’avoir enchanté son arme, sans cela elle aurait déjà été à terre et le bras cassé.

Elle usa de toute la force de ses muscles pour repousser Thaïs et son écu. Elle tenta un coup d’épée qu’il para. Elle réessaya, Thaïs avait disparu. Elle fit volte-face et retrouva le vampire dans son dos.

– Tu deviens prévisible, mon vieux, grogna-t-elle entre ses dents.

– Ah oui ?

Loënia vit le ciel et les nuages puis son dos cogna lourdement le sol. Elle se redressa aussitôt en faisant fi de la douleur qui martelait son omoplate droite. Thaïs attendait nonchalamment les bras croisés.

Elle l’attaqua la première. Il rejeta son coup comme si de rien n’était. Son épée commençait à peser sur son bras ankylosé. Elle lui glissa des mains quand elle essaya de le pointer. Elle la rattrapa avant qu’elle ne tombe et visa Thaïs. Cette fois, un filet de sang s’échappa de son t-shirt.

– Oh, fit-elle. Thaïs, je suis désolée !

Adrien passa sa main sur son visage, las. Certains vampires sourirent.

– On ne s’excuse pas devant un ennemi, Loënia.

Loënia tendit la main à Thaïs.

– Match nul ?

– Tu aurais gagné si tu m’avais planté plus fort.

Ils rejoignirent d’autres vampires. Son épée traîna derrière elle.

– Je n’aime pas les brochettes, affirma-t-elle. Tu saignes encore ?

Thaïs secoua négativement la tête.

Il eut deux combats de plus à l’orée du bois. Loënia en profita pour mémoriser les mouvements d’un vampire plus expérimenté que les autres. Elle se promit de s’entraîner à les reproduire plus tard.

Hey !

Comment allez-vous ? Je pense que je ne vous ai pas posé la question depuis longtemps.

Que pensez-vous du combat entre Loënia et Thaïs ? De Thaïs ?

Dormez bien,

Jane Anne

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