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LightCity avançait à pas de géant à travers l'océan atlantique, au son des turbines qui recrachaient une épaisse vapeur blanche dans laquelle se reflétait la lumière de pleine lune. Victor ronflait bouche béante contre un petit muret. Clémence, elle, ne dormait plus. Réveillée par un besoin urgent, elle s'était éloignée pour se soulager. Elle remarqua alors, au loin, une petite tache bleue brillante. Elle ne comprit pas directement ce que c'était, mais en la regardant de plus près, elle vit que cette « lumière bleue » n'était pas si informe que cela.

« Chat ! » dit-elle, surprise.

Il était là, devant elle, en train de se lécher les babines. Ou du moins, son apparence en lumière bleue. Mais il ne resta pas. Il s'en alla, laissant à chaque pas une trace bleue scintillante. Clémence ne prit pas le temps de réfléchir, elle le suivit.

Pendant plus d'une demi-heure, Chat conduisit Clémence à travers les toits, les ponts, les appartements et les couloirs. La gamine n'aurait pu dire où elle se trouvait exactement, mais elle savait ce qu'il y avait de l'autre côté de cette bouche d'aération dont la grille étaient manquante et par laquelle Chat venait de s'engager.

« Non, reviens, pas par là » chuchota-t-elle avant de suivre, à contrecœur, son petit ami à poils lumineux. Elle grimpa et rampa, se retrouvant de nouveau devant la pièce ronde dont la grille avait été remise. Clémence ne bougea plus. Il y avait du monde. Les deux matelots tiraient sur des cordes, en proférant des insultes pour faire avancer un mignon faon terrorisé qui leur résistait. Mais la force des deux matelots, leurs bottines bien rivées au sol, eut raison de l'animal. Arrivé près de l'écoutille centrale, l'un des gaillards la dévissa. Non sans mal, il y poussa l'animal avant que l'autre marin ne la referme. Le matelot tourna une autre petite manivelle qui faisait diminuer le champ de force intérieure. L'animal était à la merci de la pierre philosophale qui commençait ses attaques. Et si les deux matelots restèrent impassibles devant le hublot bleu s'illuminant de mille lumières à la digestion d'une bûche vivante, le râle meurtri ne laissait indifférent Clémence, paralysée de peur car elle, elle savait, elle l'avait vécu.

Elle voulut s'en aller et prévenir Victor. Elle chercha Chat, mais il avait disparu. Elle recula dans le tuyau, les cris de l'animal déchirant toujours l'atmosphère.

Elle mit plus d'une heure à retourner près de Victor. Elle le secoua frénétiquement, mais il refusa de se réveiller. Elle s'assit finalement près du rebord des toits de la ville, la tête entre les genoux. Elle ne put que somnoler, mais tout le restant de la nuit, elle se vit, au plus profond de ses cauchemars, à la place de ce faon enfermé et consumé.

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