Le Chant du Fromager
Sous le ciel d’or d’Athiémé, Bokohoué s’éveille au chant des coqs et au crépitement des feux de bois. Amélévi, 20 ans, tresse ses cheveux près de la case familiale, sa voix s’échappant comme une rivière, douce mais indomptable. Elle rêve de chanter à Cotonou, mais son père, Koffi, un fermier au front plissé comme la terre sèche, martèle : « Une fille cultive ou se marie, pas des chansons ! » Ce soir, c’est la fête du fromager sacré, un arbre noueux dont les racines, selon la légende, murmurent les secrets des ancêtres. Inspirée par une vraie tradition vodoun d’Athiémé, où les arbres sacrés sont honorés, Amélévi répète sous ses branches, sa voix faisant taire les grillons.
Boby, 34 ans, débarque sur une mobylette bringuebalante, ses lunettes de soleil glissant sur son nez. Mécanicien au sourire de charmeur, il revient de Cotonou après une décennie, traînant des rumeurs de dettes et d’escroqueries. Il loge chez Tatah Zinsou, le chef du village, un vieillard aux yeux perçants qui lit les étoiles comme un livre. Tatah, inspiré par les sages vodoun du Mono, confie à Boby une mission : réparer sa mobylette, mais aussi « écouter le fromager, car il cache plus qu’un trésor ». Boby, intrigué, scrute l’arbre, son regard voilé par un mystère.
À la fête, les tam-tams grondent, les femmes en pagnes arc-en-ciel dansent, et l’odeur du sodabi flotte dans l’air. Amélévi monte sur une estrade de planches, sa voix s’élève, pure comme une prière vodoun, figeant le village. Koffi, un gobelet à la main, grogne mais écoute. Boby, adossé à un manguier, murmure : « Cette fille chante comme si les esprits dansaient. » Il s’approche après, maladroit : « T’as réveillé tout Bokohoué, Amélévi. » Elle rit, mais son cœur cogne. Une vieille, Mama Akuavi, lance un adage : « Le chant ouvre les cœurs, mais méfie-toi des ombren qui écoutent. » Tatah Zinsou, un peu ivre, tente une pirouette et renverse une calebasse de tchoukoutou, criant : « Les esprits m’ont poussé ! » Les enfants hurlent de rire. Boby trouve une plume noire près du fromager, gravée d’un symbole vodoun. Qui l’a laissée là ? Amélévi sent une brise glacée près de l’arbre, comme un avertissement. La fête évoque les célébrations vodoun d’Athiémé, où musique et rituels unissent le village.
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