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Après toutes ces années, je me retrouve à écrire dans ce journal, pas autant qu'avant car je ne suis plus le jeune idéaliste que j'étais. Je suis plus usé, un peu comme un mur qui verrait d'abord sa peinture s'écailler puis après le béton s'effriter peu à peu. Les intempéries et le temps ont raison de tout ce qui défie la gravité et moi, je ne fais pas exception.

Mes anciennes notes dans ce journal semblent être celles d'un autre Bruce.

Pourtant, je ne me considère plus réellement comme un justicier mais comme un chevalier qui suit une croisade impossible à remporter. Je suis encore en vie après tous ces défis et mes blessures me forcent à cacher mon corps scarifié au grand public. L'excuse des sports extrêmes m'avait bien couvert, mais un œil perçant verrait le mensonge du milliardaire que je pratique depuis tant d'années.

Parfois, je me demande qui est derrière le masque, Bruce ou Batman ? À vrai dire, je ne suis plus sûr et je n'ai plus peur de sombrer dans les ténèbres. La peur m'a en quelque sorte quitté pour se changer en routine. Le sang, les balles et les morts, je ne fais plus réellement la différence. Maintenant, un psychiatre me dirait que je souffre de dépersonnalisation.

Je sais que c'est quelque chose de différent, c'est la contamination. Quand on côtoie trop longtemps le pire que l'humanité peut produire, les criminels transportent leur noirceur et leurs péchés. Moi, je baigne dans cette atmosphère toutes les nuits depuis plusieurs années. Au départ, mon enthousiasme me protégeait, ainsi que mon inexpérience. Avec le recul, je me retrouve avec une montagne de criminels que j'ai blessés ou envoyés à l'hôpital.

Peu importe le degré de violence ou de peur que je peux leur procurer, ils reviennent toujours plus nombreux.

Parfois, je me dis que je dois être fou d'espérer que Gotham sera meilleure et que mes efforts servent à quelque chose. Si mes parents n'avaient pas été tués, je ne serais pas là à tromper la mort chaque nuit. Je n'aurais pas su ce que ça fait d'avoir les os brisés, les muscles déchirés ou l'impression que la mort était à quelque battement de cœur près. J'aurais sûrement été ce playboy au bon cœur idéaliste qui se serait marié un jour avec un top model qui serait vierge de toute violence et la corruption ne serait pas devenue la chose que je côtoie le plus.

James Gordon est comme moi, un fou idéaliste avec un sens moral indestructible. Pourtant, je doute du bien-fondé de ma croisade, malgré le nombre de criminels que je mets derrière les barreaux.

Des fous furieux comme le joker ont une excuse. Voire pire : une justification de leurs actes. Ils survivent à ce monde en faisant ce qu'ils font, car ils sont différents. De vrais marcheurs des abysses, des parias coincés dans un monde qui ne les veut pas. Ce même monde renie leurs existences alors ils luttent contre l'ordre et la justice.

Ils pillent, ils tuent et ils recommencent autant de fois que possible sans remarquer la rivière de sang qu'ils ont créé. Ils font des victimes.

Ce sont les pires ce qui ôte la vie sans la remarquer. Non, ils ne voient que l'acte et l'absence de celle-ci. La vie est comme un livre, une histoire en devenir. Ils sont ceux qui ferment les livres. Sans observer que leurs histoires auraient pu, apporté du bonheur ou tout simplement la possibilité de quelque chose.

Ils volent tout ça sans le remarqué un peu comme la roue d'une voiture qui écrase la petite fleur qui pousse malgré tout dans une faille sur une route incertaine qu'on appelle la vie.

Ils font ce qu'ils font d'une manière pure sans doute et sans remords. Une personne "normale" ne pourrait comprendre ses criminels pour eux : la raison et la justice sont de leurs côtés.

Leurs justices et leurs crimes. Une personne saine d'esprit. Elle ne pourrait pas comprendre leurs actes abjects. Pourtant tout a son sens dans les abysses de leurs esprits. Leurs logiques contre celles des autres. Les pires actes commis au nom de leurs idéals. Peu importe les drames que cela crée ou le désespoir des personnes qui auront perdu un être ou des êtres chers. Peu importe, le carnage et le deluge de sang qu'ils font coulé. Ceux qui meurent sont des abréviations des dommages collatéraux. Pourtant, ces vies ont de l'importance. Peu importe le criminel, chaque humain possède un minimum d'humanité, mais la vérité pour des criminels comme le joker. Ils ne voient pas les autres comme leurs semblables. Les monstres ne voient que les monstres.

Parfois, je me dis que le Joker et les autres ne sont pas seulement des fous. Ils sont coincés dans un cycle, tout comme Gotham, condamnés à vivre leurs enfers personnels encore et encore. Plus les journaux parlent de mes exploits, plus d'autres fous costumés font leur apparition.

Si je me pose rationnellement, je me dirais que ça n'a rien à voir, mais un petit doute alimenté par toutes ces années à nager dans la folie et la mort me pousse à croire que je suis en partie coupable. Pourtant, je ne pourrais pas m'arrêter, car ma croisade, je dois la porter, pas seulement pour moi, mais pour des gens comme James Gordon et Harvey, mais aussi pour tous les gens honnêtes qui méritent une chance de vivre dans une ville débarrassée du crime.

Je sais que c'est un rêve qui n'arrivera jamais, mais je dois y croire, car c'est là que réside la raison d'être de Batman. C'est aussi pour ça que j'ai mis en place le protocole Beyond. Au départ, je n'étais pas sûr, mais en éduquant Richard, puis Jason. Je me suis dit que les Robin ne pouvaient pas devenir le prochain Batman. Je devais repartir de zéro et réinventer un Batman plus fort, plus rapide et sans pitié. Je devais créer un monstre pour chasser les autres monstres de la nuit. Toute ma vie, je me suis juré de ne jamais prendre une vie, mais après toutes ces années, je me rends compte que Batman a souffert de mes propres faiblesses.

Le prochain Batman sera le dernier et aussi son propre bourreau. Le tueur de son propre mythe.

Tels L'ouroboros, le serpent qui se mange la queue perpétuant ainsi le cycle de la vie et la mort.

Mais aussi celui de son propre anéantissement. Tout comme j'ai fait mon temps, mon prédécesseur sera le dernier à porter la cape et l'armure. Le dernier justicier de la nuit. Le dernier porteur du fardeau, mais aussi la fin d'un espoir. Ce sera la fin d'une histoire, mais la venue de l'aube, car je serais enfin en paix avec moi-même. J'aurais porté la croix aussi longtemps que possible.

Batman sera enfin porté par quelqu'un de plus adapté à ce rôle et pas un jeune orphelin pleurant la mort de ses parents. Batman aura la force d'un jeune homme préparé au pire des enfers : la vie.

Mon remplaçant s'entraîne auprès de la Ligue des Assassins depuis quatre ans maintenant. J'espère juste qu'il sera toujours le même et surtout qu'il voudra encore endossé le fardeau de batman. Il devra porter mes espoirs et mes ténèbres. Pourtant, j'espere qu'il le fera. Je ne peux pas en dire plus, son identité est connue uniquement de moi-même. J'ai demandé à Lucius de finir son armure, la dernière version, la plus puissante de la Batsuit V8.20.

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