Avant de sortir de la salle de réception, R'yline aperçut les doigts de plusieurs hôtes pointés dans sa direction et le refus poli mais ferme du roi. Il n'était pas homme à partager. La nymphe savait d'avance que les négociations des invités seraient vaines. Depuis son arrivée, presqu'un solemnum plus tôt, le souverain ne l'avait jamais présentée en société. Elle restait au gynécée, pouvait se promener dans les jardins, toujours accompagné, et se présentait à son maître dès que ce dernier la faisait quérir.

Pourquoi un tel changement de ses habitudes ? Certainement la venue des O'rocs. Peut-être pouvait-elle tirer partie de la situation ? Il lui fallait examiner les possiblités qui s'offraient à elle. Une pensée vint se déposer, tel un petit insecte bruyant, miniscule et ridicule mais ô combien contrariant ! Impossible de mettre cette idée de côté : le prince et sa parfaite indifférence. Cela venait la piquer chaque fois qu'elle tentait d'analyser les opportunités envisageables avec le Peuple de la Terre.

Ses lèvres se plissèrent, des éclairs illuminaient ses yeux. Pourquoi un tel détachement ? D'ailleurs, comment cela se faisait-il qu'elle ne l'eut pas rencontré avant ? Avait-il trouver une perle encore plus rare pour expliquer son désintérêt ? Mieux valait ne pas y penser, cela serait un mauvais présage pour son futur à elle. Personne ne devait ébranler sa position de favorite, ni aujourd'hui, ni demain.

Peut-être était-il simplement trop timide ? Ce masque d'indifférence reposait sur ses traits afin de masquer son inconfort. Un sourire étira les lèvres délicates d'R'yline. Son esprit accepta cette hypothèse comme un fait établi, le prince était d'une introversion excessive, raison pour laquelle il esquivait tout contact avec autrui, en particulier avec la gente féminine. Elle se ferait un plaisir de le mettre à son aise. Restait à savoir comment s'y prendre pour ne pas être vus du roi, sa jalousie était excessive, sa colère dangereuse.

À cette pensée, sa main se posa sur son flanc. Son corps était marquée de la douloureuse expérience. La nymphe frissonna. Comment oublier cette soirée où le neveu du roi avait posé ses yeux sur elle ? Un bel homme, bien plus que le souverain ne le serait jamais. Et prévenant. Elle ne savait plus de quelle façon ils avaient réussi à se retrouver seuls dans les jardins. Les yeux du jeune Eflamme trahirent son désir, elle avait alors osé un baiser. Chaque contact de leurs lèvres les électrisa. Un besoin charnel les posséda peu à peu de façon impérieuse. Puis le hurlement de rage. Le neveu sommé de quitter les lieux. Seuls, le roi avait juré, menacé, rassuré, avant d'asséner à son corps frêle plusieurs coups de poing dans le ventre. La surprise l'avait cueillie empêchant la moindre réaction. C'est lorsqu'elle s'était retrouvée seule que la danseuse avait longuement pleuré, gémit sous la douleur provoquée au moindre mouvement, cauchemardé des solaris durant. R'yline en avait tiré leçon : elle était le joyau de sa majesté, sa possession.