Journal - Paul Lorens - 15.01.2021

7 minutes de lecture

7:00 h

Après tout, il est possible que je ne m'intèresse qu'à Une seule (superlatif) Cette chose qui m'intéresse : l'écriture. De tout ce que j'ai pu faire (superlatif, mes couilles), Cet la seule (superlatif) activité (t'es au centre aéré Benjamin ?) art qui qui me fait sentir vivant vivifie ; quand je me demande qui je suis (autorisation de soupir accordée, combien de fois l'avez-vous lue cette phrase ? 1000 fois, je ne suis pas encore écrivain, c'est certain), je n'ai aucune réponse alors je lis ce que j'écris. constitue réellement ma vie, la vraie.

Ma vie (tu chantes du Amel Bent) L'écriture est (t'as combien de mots de vocabulaire : 5 ?) sûrement (mieux vaut être mon p'tit gars) la seule qui me permette façonne les vraie personnalités. Hors des livres, hors des carnets, les apparences je n'existe pas (Waow). On fait des copier-coller de discussion, Je me range tout le temps du côté de et je me range à l'avis des autres. Pourvu qu'ils parlent, je me soumets à leur avis, sans aucune tergiversation. La peur de transgresser, de froisser, d'énerver est devenue une paranoïa chez moi (si tu nous racontes comment cette paranoïa a grandi, on peut laisser cette phrase).

A quoi ressemblerait une vie trempée dans l'écriture ? (pas la lecture, l'écriture). Je n'avais jamais envisagé cette option sérieursement. Q'est-ce que ça serait de vivre en laissant ses doigts taper librement sur le clavier ? Toute la journée, laisser ses doigts. Est-ce que j'arriverai à briser ce cercle insidieux (?) des soumissions quotidiennes : employeur, école, client, professeur, compagne, parents, société, gouvernement, lois, tradition, médias, algorithmes, tous ces cercles de pouvoir. Où est l'homme après tout ça ? Que reste-t-il de l'homme une fois mâché par toutes ces machines. Ce monde dans lequel les musolières ne sont pas faites pour les chiens.

Dans l'écriture se révèle peut être une substance qui permet, une épaisseur caractéristique du temps. (Flash : je dois écrire comme un bon élève, avec une langue bien polie, bien ronde). Elle se révèle quand j'aurai brisé l'idée (cohérence) je brise écrire c'est avant tout obéir à une la norme, quand j'aurai cessé de suivre les instructions, la tradition, et la morale bourgeoise (ce corset physique qui vous asphyxie un peu plus à chaque mot de travers), de l'école, de...quoi d'autre ? Bref, quand j'arrive à sortir de la philosophie du devoir maison et de l'esprit du bon élève (ce salaud bien pensant)

Qui est je ? Quand j'écris je, qui parle ? Le système, la vue d'ensemble de ce je m'échappe (Jankélévitch, dégage). Continuer à écrire, encore et encore et encore et encore pour briser la glace dont mon coeur et mon corps est envahi (niaiseux t'as pas mieux ?). Y a t'il une possibilité de laisser venir l'instinct, et que celui-ci soit viable, physiquement ? Hors du travail, je n'entrevois que la maladie. (Cliché : mon père vit comme cela, je terminerai de la même façon). Le juge en moi y voit un défaut, peut-être que je devrai inverser la perspective : c'est de la matière, bien compacte, qui ne demande qu'à être diluée. Mettez-là dans l'eau, vous obtiendrez une nevrose toute chaude.

A peine ai-je écris ces quelques lignes que je cherche à corset à m'appliquer, un quelconque livre à lire, dans lequel je lirai cette même phrase "corrige donc ceci, corrige donc cela, serre encore plus fort, serre, serre, serre". Difficile d'imaginer que j'en perds le souffle à force. J'ai à peine esquissé un je que l'addicition de l'autre revient : vite vite, cherchez à copier-coller quelque chose, quelqu'un qui me donne le crédit que je n'ai pas. Ma jauge extérieure, où est-elle ?

Pendant quelques semaines, au mois de septembre/octobre 2020, j'ai operé une "thésaurisation" (voir la définition du mot, pas sur de son sens) des contractions en y voyant un négatif que je pourrai développer dans le laboratoire de l'écriture : là où Laurie durcit le ton, là où la soumission quotidienne opère, à la lumière rouge de la photographie littéraire, elle se change en son négatif et fait apparaitre des zones de transgressions, un épanouissement, un enlèvement de slip.

Je peux arrêter là, maintenant, tout de suite d'écrire. Mais si je perds le fil, si je lâche mon attention une demie-seconde, je peux d'un claquement de doigt me trouver prisonnier d'un cercle de pouvoir. "Cmd + T --> mail.google.com --> END", voilà à quel point il est simple de terminer toute cette aventure.

C'est fou de penser que je pourrai rester ici, maintenant, toute la journée à sur mon bureau à écrire. Je pourrai tout inventer, sans m'inspirer de quoi que ce soit, en utilisant uniquement ma mémoire, mes souvenirs et mon inventivité. Charge à quelqu'un d'autre de faire ensuite le travail de mise en forme, de vérification. A la manière de Knausgaard qui a surement écrit La recherche du temps perdu du XXIe siècle et ne se souvient pas de ce qu'il a écrit, il ne l'a même pas relue. Puisque sa vie c'est l'écriture, il la laisse passer et les mots avec, pas besoin d'un retour et d'un redressement intellectuel, moral ou politique.

Ce peut être une règle de mes journées :

- faire uniquement ce que mon instinct me prédestine à faire

- m'arrêter dès qu'une soumission à une règle devient dominante dans l'action

- attendre, laisser croître le vide, l'inaction

- poser sur la toile tous les affects passifs (Arne Naess, Spinoza, merci !) et les reconnaitre pour ce qu'ils sont : la propriété des autres qui vivent à travers moi

- laisser l'utilité, le projet pour les pauvres d'esprit

(Flash parents : je dois étudier des traits psychologiques, François LeDoze, van der Kolk. Et mon intuition me dit bien qu'il en résultera une baisse de vitalité)

J'ai peut être sans le savoir, atteint un niveau de maitrise des règles ou de soumission aux règles qui me donne un passe-droit pour la liberté, la libre interpréatation master the rules like a pro, break them like an artist.

8:00h

Conférence sur Nieztche et le doctorat : "L'instinct de connaissance : pour une conquête nieztchéenne du savoir"

Flash en cascade : le titre est trop pompeux, trop élitiste.

Cette conférence, je la crache littéralement, je la vomis car je l'ai porté trop longtemps en moi, et jamais je n'ai réussi à digérer ce poison. A l'écrire, j'ai honte, et tout un coup, la nuit fait place au jour (et le jour se lève à ma fenêtre).

Métaphore du Poulpe de William James : voulait-il dire que le doctorat est un poulpe qui attaque l'humain ou plutôt que l'humain devient un poulpe ? Je pars sur la première option.

Ca marche plutôt bien, ça coule bien. Flash : tu devrais rajouter quelques citations peut être, c'est assez peu consistant . Oui, c'est ça, parce que ce que les autres écrivent est forcément très bien documenté ? Et qu'est-ce que ça peut foutre, des références, y a des To partout ici.

Ca fait du bien d'exprimer toutes les voies illogiques que j'emprunte quand j'écris. Expliquer que la logique n'est pas la maitresse qui guide mes écrits. Je montre des associations d'idées.

Puis l'envie d'écrire part avec le soleil qui se lève. Il est l'heure de faire tourner les machines, de les faire avancer. Ce sont elles qui dictent leur rythme. Il est leur de revêtir son costume et d'aller travailler. Et si aujourd'hui je ne travaillais pas, je n'obéissais à rien ni personne. Et si j'essayais vraiment pour une fois, et que je laissais reposer au creux du crépuscule les lumières que j'aurai allumé, les feux que j'aurai déclenchés...

09:27h

Envie de fumer, de me détendre, il est tôt mais tant pis,(cliché culturel sur le fait de boire tôt dans la journée), alors le corset se resserre, l'adversaire lève un peu plus le pistolet. Déjà je vois poindre des notions d'utilité, ce qui va contre la dernière règle. Je pose la question : comment faire ce que je sens (expression teinté de développement personnel niais) oeuvrer, ce qui correspond (lourdeur) là maintenant, en allant plus loin ma base OpenDataWork, base standard de gestion des projets data, sans pour autant faire quelque chose d'utile (au sens économique du terme) (tu peux réduire) en et dissoudre le travail dans l'oeuvre. Pour y répondre, il faut d'abord amorcer l'activité comme si j'allais me détendre : fumer, mettre de la musique, mais surtout écrire. Ecrire encore et encore, pour raconter tout ce qui me vient par la tête et m'assurer que le fleuve de mes actions ne vient rencontrer aucune barrière. Quand j'écris, je ne suis pas utile.

Vu l'état à laquelle la vie du dehors a été réduite, vouloir vivre par la littérature m'apparait comme un geste salvateur, et peu m'importe qu'on ne me lise pas (cliché) une renaissance. Dans cette vie, je peux extraire la personnalité, l'épaisseur de ce je en retirant toutes les expressions automatiques ou plutôt en leur superposant une construction verbale qui vient du réfléchissement de cette expression automatique pendant un bref instant. Le tout est de(cliché et réducteur). Il est alors question(cliché). Dans un train, vous attendez à la fenêtre qu'il passe devant devant un timbre que vous avez laissé tombé sur un quai de gare deux semaines auparavant ; le train transperce l'air à une vitesse éclair. Au moment de passer devant le stylo, vous l'apercevez à peine, dans une forme déformée à moitié complétée par votre imagination. Ecrire ne se distingue en rien de cette imagine. Ecrire n'est rien d'autre qu'une brève réflexion complétée par votre imagination.

11h14h

Je veux aller trop vite, trop vite, j'ai froid, je tremble et la panique commence à monter. Break de 2 minutes pour faire descendre la pression

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