Journal - Paul Lorens - 16.01.2021
10:34h
Quand ai-je commencé à disparaître ? Quel jour peut être marqué au fer rouge ?(HS) peut(cliché) a vu inscrit sur son seuil apparaître l'écriteau : "Ici, la perte de soi commence".
J'ai à peine écris ces deux phrases que l'insidieux redressement frappe à se glisse sous ma porte et veut faire de ma journée un exemple d'exercice militaire, et foutre à la porte tout oisivité.(HS) et infecte de culpabilité l'affect de l'éveil. Mes évaluatueurs futurs me persécutent déjà et je n'ai pas quitté le berceau et son lit.
Mais je sais que bientôt, derrières la blancheur et la froideur du sanatorium, les plumes de la sollicitude m'entoureront, chasseront les évaluateurs pour me glisser à l'oreille : "Tu es de retour". Aigles de coton, ils s'envoleront ensuite, dominant les pentes enneigées, et emporteront dans le secret leur mission : protéger l'homme éveillé, instaurer un périmètre (tu écris un compte-rendu de bataille ?), souffler les bruits et maux de la civilisation qui noircissent la neige, laisser la blancheur du temps qui passe inondé cet espace, pour des siècles s'il le faut.
Mes souvenirs remontent à la Corée du Sud, à Séoul, en 2014 ou 2015 (je n'ai jamais eu une bonne mémoire pour les dates, j'ai même du mal à vous donner mon âge aujourd'hui), ou plutôt au retour de France depuis Séoul.
Trois phrases, et je tombe dans un compresseur à ordures et l'estomac se noue, et ma journée à venir semble déjà froide, vidée de l'élan vital qui prend bien des formes : désirs, appetit d'espace, amusement, oisiveté, laisser-faire, rêveries.
Karl Ove Knausgaard écrit pour sentir une présence, je lui emprunte ce désir tant il m'allume le cul. A la surface, je meurs de n'avoir aucune compagnie, aucun ami à appeler pour raconter ces jours bleus, mais ne dit-on pas que c'est à être avec soi qu'on arrive à être avec l'autre (mieux que de ressortir le Je est un autre de Rimbaud) ? Et le soi ne nait-il pas quand on sait qui sont les autres qui s'expriment à travers nous ?
Idée de nouvelle : l'échiquier à la case manquante(la 65e case)
Aujourd'hui, je suis dans la case de l'échiquier qui n'existe pas. Je le sais parce que le plateau de jeu sur lequel mes parents et mes maitres m'ont jeté ne contenait que 64 case. Or, sous mes pieds, je le lis le chiffre 65.
Vivre sur un échiquier régulier, cela m'a rassuré(lourd) ça rassure, pendant un temps. Je dansais avec le fou, James. M'abordait toujours depuis un angle mort, m'appeler en plein milieu de la nuit pour me parler de la Ligue des Champions, disparaitre pendant 6 mois et ensuite débarquer pour vivre une semaine chez moi (ton personnage parle-t-il en argot ? un parler populaire ?). Le fou, le vrai, qui peut la madre s'en méfiait. Mais la madre ne voyait jamais grand monde, perclue dans sa tour d'ivoire, elle "assurait la graille" disait mon frère Charlie. Elle sacrifiait les merveilles du jeu artifices(HS, tu veux parler des beautés) du monde (il n'y a pas de monde, tu vis sur un échiquier) pour nous assurer une position de défense solide.
17:38h
Dès que j'apprends quelque chose, il est toujours question que j'apprenne tout, que je retienne tout, sinon j'ai...et si j'en essayais d'en avoir rien à foutre, de me laisse me tromper...
En fait, je suis intellectuellement rincé, comme un sportif blessé après un trop grand effort. J'aimerai pouvoir le reposer pendant un temps pour revenir complètement remis. Rien d'autre. Je switch sur une série, j'en ai marre de réflechir. Ou je pourrai essayer de baisser doucement, ou de travailler en pendule : 75 % de mon temps éveillé (5h30 - 22h = 16h30 de temps éveillé, 75% = environ 12h par jour) et baisser tranquillement pour arriver à disons 10 % (soit 1h30), et remonter et redescendre, par pallier de 20 % réparti (pour le fun), à l'inverse d'une semaine classique, avec un pic mardi/jeudi...
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