Chapitre 2
Les yeux rivés vers le plafond de sa chambre, Lanah n'arrivait pas à fermer l'œil. Cela faisait maintenant 18 heures que son test était passé. Après une brève pause dans un café, elle avait repris la route en direction de chez elle.
À peine avait-elle franchi la porte que sa mère l'avait assommée de questions, des questions dont aucune n'avait de réponse. Les résultats du test prenaient 24 heures pour être traités, alors à quoi bon lui demander comment il s'était passé ?
Elle avait rassuré sa mère autant qu'elle le pouvait, mais cela avait été compliqué. Elle était pétrifiée de peur.
Et si le test est encore négatif, que m'arrivera-t-il ?
Voilà à quoi se résumaient ses pensées. Le cœur lourd, une envie irrépressible de fondre en larmes ne l'avait pas quittée depuis sa sortie. Comment pourrait-elle encore survivre dans ce monde ? Elle était persuadée qu'elle finirait par en mourir. Des personnes l'avaient déjà laissée pour morte après l'avoir martelée de coups. Combien de temps faudra-t-il pour qu'ils la tuent vraiment ?
Cette pensée lui glaça le sang. Elle l'effrayait bien plus que de savoir si elle passerait sa vie seule.
Même si le test était obligatoire, l'être humain gardait le choix de son ou sa partenaire. Il pouvait accepter le choix de SCT ou de vivre un amour avec une autre personne. Pourtant, ces humains-là restaient rares. En réalité, Lanah n'avait encore jamais rencontré d'humain ayant choisi une autre personne que ses trois prétendants.
Elle savait qu'elle ne s'y ferait jamais et ne fonderait jamais de famille si le test restait négatif, et cela lui brisait le cœur. Elle n'était pas, du moins elle n'était plus, du genre fleur bleue, voulant à tout prix vivre un amour passionné. Non, tout ce qu'elle désirait, c'était un être capable de l'aimer, de la comprendre, de la protéger, mais surtout un homme incapable de la blesser.
Elle n'en pouvait plus de vivre dans ce monde hostile. D'être constamment sur ses gardes. De sursauter dès qu'une personne l'approchait de trop près. De guetter chaque mouvement autour d'elle, craignant que l'un de ces inconnus lui veuille du mal.
Elle n'en pouvait plus de souffrir seule. De pleurer seule. Elle voulait pouvoir se confier à un homme sans avoir peur que celui-ci la rejette.
Oui, voilà ce qu'elle voulait : un havre de paix, une safe place.
Elle se retourna une énième fois, attrapant son téléphone. Les heures n'avançaient pas. Ses yeux étaient lourds, son cœur n'avait plus aucune énergie. Une lourde fatigue l'englobait, mais il lui était impossible de se laisser aller dans les bras de Morphée.
Un grognement retentit dans la chambre de notre héroïne avant qu'un bras ne sorte de cet amas de couvertures, tâtonnant rageusement à la recherche de ce petit appareil qu'elle adorait autant qu'elle le détestait. Une fois la main sur son téléphone, elle éteignit l'alarme stridente qui résonnait dans toute la pièce avant de se rendormir.
Son sommeil fut de courte durée. À peine avait-elle fermé les yeux que la porte de sa chambre s'ouvrit dans un fracas et qu'une masse sauta sans ménagement sur son dos.
- Debout sœurette ! hurla l'adolescente d'une voix guillerette.
Un autre grognement plaintif sortit de la bouche de Lanah qui gesticula partout pour faire descendre sa petite sœur de son dos.
- Bouge de là, Mariam, je ne suis pas d'humeur, lâcha-t-elle.
Mais Mariam ne fit qu'intensifier ses efforts, se mettant à rebondir sur le dos de sa sœur en chantonnant le générique d'une publicité déjà vieille de plusieurs années.
- Le soleil se réveille, il fait beau, il fait chaud, c'est le moment pouuuuuuuuuuuuuur...
Ne tenant plus, elle se leva d'un bond, renversant sa petite sœur au sol.
Ouf, un peu plus et je perdais l'ouïe.
- Comment se fait-il que de toute cette famille, tu sois la seule à ne pas savoir chanter ?
Sa sœur se releva, grattant son derrière. Elle lui lança un regard noir.
- Bon, fit-elle d'un ton faussement calme, puisque c'est un jour spécial pour toi, je ne compte pas me venger de ton affront.
- Quel affront ? C'est toi qui viens jouer au trampoline sur mon dos, protesta Lana en ramassant sa couverture qui était tombée à ses pieds.
- Oh allez, tu devrais te sentir honorée d'avoir pu me divertir.
Lanah se tourna vers sa sœur avec un petit sourire aux lèvres. Un sourire qui fit perdre peu à peu l'assurance de sa petite sœur.
- Quoi ?, fit-elle nerveusement en se faisant un pas vers la porte.
- Tu sais ce qui est très divertissant ?, demanda Lanah d'une voix faussement amicale.
Sa petite sœur secoua la tête, attrapant discrètement la poignée de la porte, prête à prendre ses jambes à son cou.
- Non, quoi donc, très chère sœur ?, dit-elle d'une voix faussement guindée.
Lanah s'approcha de sa sœur, son sourire toujours aux lèvres.
Une fois à quelques centimètres d'elle, son visage s'assombrit.
- Mon poing dans ta figure.
Un hurlement sortit de la bouche de sa sœur avant que celle-ci ne s'échappe, Lanah à ses trousses.
Une course-poursuite s'ensuivit dans tout l'appartement.
- Viens là ! hurla Lanah.
- Au secours, une folle ! cria à son tour Mariam.
Elles se poursuivaient ainsi pendant quelques secondes avant que le pied de Mariame ne dérape et qu'elle se retrouve les pieds à terre.
Un gros boum retentit dans toute la maison avant qu'un silence lourd ne prenne la place. Les filles ne bougèrent pas durant quelques secondes avant que leurs regards ne se croisent.
Elles éclatèrent de rire à l'unisson.
-Je suis tombée comme une merde, s'exclama Mariam entre deux rires.
Lanah s'approcha de sa sœur les larmes aux yeux tellement cela était drôle. Elle lui attrapa les deux mains avant de la relever.
-Karma, cria-t-elle, ça t'apprendra à venir déranger mon sommeil profond.
Elles continuèrent à rire un bon moment.
Un raclement de gorge stoppa leur hilarité. Comme un seul homme, elles se retournèrent vers la provenance de ce son et découvrirent leur mère attablée.
-Si vous avez fini, on pourrait peut-être prendre le petit déjeuner.
Lanah sentit son ventre gargouiller; il ne fallait pas lui redire deux fois. Elle se précipita à table non sans avoir embrassé sa mère pour lui souhaiter le bonjour. Sa sœur l'imita.
Sur la table étaient posées toutes sortes de sucreries : des pains au chocolat, des cookies, des crêpes, des pancakes et encore d'autres délices qui lui faisaient plus qu'envie.
Sans demander son reste, elle enfourna un pain au chocolat dans sa bouche. La seule chose positive qu'avait le test.
Depuis ce fameux jour où son test fut peu concluant, c'était devenu une sorte de tradition. Chaque lendemain de test, le jour des résultats, la mère de notre héroïne préparait un petit déjeuner de roi avec tout ce que Lanah adorait.
C'était donc dans une ambiance pleine de joie et de rires que Lanah et sa famille dégustaient avec délice ces mets.
La sonnerie retentit dans tout l'appartement, faisant sursauter les trois femmes.
Les sourcils froncés, chacune regardait l'autre, se demandant qui cela pouvait être.
La mère se leva alors et ouvrit la porte.
-Bonjour, s'exclama une voix stridente à la porte.
Lanah et Mariame soupirèrent en chœur, sachant pertinemment à qui appartenait cette voix.
-Je passais par là. Où sont mes nièces préférées ?
La tante de Lanah, Tante Yasmina, entra dans le salon sans qu'on lui ait autorisé. Après une accolade, elle s'affaira sur le canapé.
-Eh bien, commença-t-elle, vous fêtez quelque chose ?
Lanah échangea un regard complice avec sa mère et sa sœur. Elle connaissait déjà la réponse. En fait, sa présence faisait partie de ces traditions du jour des résultats.
Yasmina était, après Faïrouze la mère de Lanah, celle ayant eu le moins de chance avec le test de STC. Sa fille, Yasmine, avait eu comme prétendant un avocat certes, mais d'une laideur aussi bien extérieure qu'intérieure. Un homme froid, avare, aigri et d'un ennui mortel.
Cela avait beaucoup affecté Yasmina. Même si sa famille ne lui montrait rien, elle avait cette désagréable impression qu'on la prenait de haut, elle et sa fille, à cause de ça. Pourtant, leur taux de compatibilité était assez élevé. 85% aurait dû susciter la jalousie et de l'admiration, mais l'homme qui avait épousé sa fille était si laid que ce chiffre passait au second plan.
Alors le jour où elle apprit que Lanah n'avait pas eu de résultat concluant, elle s'était précipitée chez eux. Pas pour la réconforter, mais pour se vanter. Sa fille n'était plus la plus mal lotie de la famille.
Depuis ce jour, elle avait pris l'habitude de venir ici, de faire semblant de ne pas savoir quel jour nous étions, d'être surprise, puis lorsque les résultats viendraient, elle ferait semblant de compatir avant de parler de son incroyable gendre et de la vie heureuse que sa fille avait avec lui.
Malgré tout, Lanah ne lui en voulait pas. Elle connaissait mieux que quiconque ce sentiment, celui de se sentir méprisé et moqué de tous. Et même si elle ne voulait pas lui avouer, si une personne se serait présentée à elle, si cette personne avait eu une vie beaucoup plus misérable qu'elle, elle aurait sûrement agi de la même façon que sa tante.
La matinée passa sans aucune nouvelle du centre. Lanah avait passé le plus clair de sa matinée les yeux rivés sur sa boîte mail, actualisant et réactualisant encore et encore, attendant ce fameux mail, la boule au ventre.
-Sa va arriver, murmura sa sœur en lui posant ma mains sur son épaule, essayant sans doute de la rassurer.
Elle lui fit un mince sourire sans pour autant quitter des yeux son téléphone. Plus le temps passait, plus la boule dans sa gorge grossissait. Elle sentait qu'un rien aurait pu la faire fondre en larmes.
Il y avait des moments où ses émotions étaient si fortes qu'elle ne pouvait pas les cacher. Et un de ces moments était celui-là.
Ding dong.
Toute conversation se stoppa. Un silence pesant régna dans la pièce. Tous se regardèrent, les sourcils froncés, se demandant qui cela pouvait bien être.
-Je vais ouvrir.
Mariam se leva et se précipita vers la porte avant de revenir l'air troublé, une lettre à la main.
-Euh, commença-t-elle, une lettre recommandée pour toi.
Mariam fixa sa sœur en lui tendant l'enveloppe marron.
Lanah se leva, le cœur battant à la chamade. Elle attrapa l'objet.
-Ça vient de SOULMATE TEST CENTER.
Son souffle se coupa, son corps se crispa, son ventre se tordit de douleur alors qu'elle fixait l'enveloppe. Ses mains se mirent à trembler, sa respiration devint plus saccadée, ses yeux se brouillèrent de larmes. Une peur immense s'empara d'elle.
Ce n'était pas normal. L'envoi de lettre n'était pas commun. Ce n'était pas anodin. Très peu de personnes recevaient des lettres, et encore moins recommandées. Plus que ça, STC n'envoyait jamais de lettres. C'était une perte de temps et un gaspillage énorme.
Pourtant, le logo de STC, cette double hélice rose et bleue entrelacée à un cœur humain, trônait fièrement sur l'enveloppe. Pourquoi?
Cette question résonnait dans sa tête inlassablement. Pourquoi cette lettre?
-Doucement, ma puce, sa mère s'avança vers elle en la prenant dans ses bras.
-C'est peut-être une bonne nouvelle, lança-t-elle, peu convaincue.
Elle le savait après ça, elle serait classée comme Unique. Ce n'était pas rien. Ce statut n'avait jamais existé. Et si c'était pour ça qu'ils lui avaient envoyé une lettre? Une lettre lui expliquant qu'à partir de maintenant, elle n'était plus autorisée à passer le test. Qu'elle dirait que les chercheurs avaient travaillé d'arrache-pied pour lui trouver un amour, mais qu'ils avaient échoué. Certainement qu'ils étaient désolés.
C'était ça, elle le savait.
-Il ne t'aurait pas envoyé une lettre si ce n'en était pas une, elle lui prit le visage entre ses mains, ma puce, on ne saura rien si tu ne l'ouvres pas.
Les yeux remplis de chaleur couvaient Lanah, la calmant un peu plus, lui donnant le courage d'ouvrir l'enveloppe qui était bien remplie. De tirer la première feuille et de la lire.
''Chère Lanah Razine,
Nous sommes ravis de vous annoncer que vous avez été jumelée à 95% avec Daichi, suite à votre récent test Soulmate. Cette compatibilité remarquable vous ouvre les portes d'une opportunité unique à travers notre nouvelle émission de télé-réalité, Love Derrière les Barreaux.
Love Derrière les Barreaux est une expérience télévisuelle conçue pour explorer les effets de l'amour sur la réhabilitation des détenus. L'émission rassemble des prisonniers et des citoyens non-incarcérés qui ont été jumelés par le test Soulmate. Les participants seront logés dans un immeuble sécurisé, où chaque couple disposera de son propre appartement pour vivre ensemble pendant une période déterminée. Le but est de voir si ces relations peuvent contribuer à transformer positivement les comportements des participants et favoriser leur intégration sociale à long terme.
Durant votre séjour dans cet immeuble, vous et les autres participants serez suivis par des professionnels de la santé mentale et des conseillers en relation pour vous soutenir dans cette démarche. Cette émission est une chance pour les participants de démontrer leur capacité à établir des liens positifs, en dépit des circonstances qui les ont menés à l'incarcération.
Si vous souhaitez explorer cette connexion prometteuse avec Daichi, votre participation à Love Derrière les Barreaux est requise. Dans l'enveloppe que vous avez reçue, vous trouverez non seulement toutes les informations personnelles et le dossier d'incarcération de Daichi, mais également un plan détaillé de l'émission pour vous aider à mieux comprendre ce à quoi vous vous engagez.
Nous vous encourageons à envisager cette opportunité unique non seulement comme une chance de trouver l'amour, mais aussi de participer à une initiative qui pourrait changer des vies et influencer positivement la société.
Cordialement,
L'équipe Soulmate Test''
Elle relut encore et encore ces mots, n'arrivant pas à y croire.
Enfin, enfin elle était compatible.
Un énorme soulagement l'envahit si brutalement que ses jambes la lâchèrent. Elle tomba brutalement à terre avant d'exploser en sanglots en serrant aussi fort qu'elle le pouvait cette lettre.
Elle était compatible. C'était fini, elle n'aurait plus à subir la méchanceté du monde. Elle ne serait plus obligée de vivre au ban de la société.
Son sauveur était là. Il existait vraiment. Il était là
. Il était compatible à 95%.
Elle serra encore plus fort cette lettre contre son cœur.
Daichi, Daichi, Daichi
Son nom résonna dans son esprit, comme une formule magique prête à guérir tous ses maux.
Plus personne ne pourrait la regarder de haut. Plus personne ne lui ferait du mal. Elle était compatible à un taux jamais vu.
-Oh mon cœur, sa mère s'accroupit et la prit dans ses bras, je suis vraiment désolée, sa voix était emplie de tristesse, ça va aller. Ce n'est pas grave. Tu n'es pas seule, je suis là.
Lanah secoua la tête.
-Non, hoqueta-t-elle, maman, elle n'arrivait pas à formuler une phrase.
Son corps tremblait, ses sanglots étaient si forts qu'elle ne pouvait parler.
-Compatible, sanglota-t-elle, maman....je....je suis.... maman... ils ont enfin trouvé.
Sa mère se crispa. Les yeux écarquillés, elle comprit enfin. Plus aucun bruit ne résonna dans la pièce à part un cri de surprise de la tante Yasmina.
-Tu es sûre, demanda-t-elle d'une voix chargée d'émotion, ils ont enfin trouvé. Mon bébé n'est plus seule.
Elle se mit à pleurer. Mariam ne mit pas longtemps avant de rejoindre sa grande sœur et sa mère. Toutes les trois, assises à terre, se serrant dans les bras, pleuraient à chaudes larmes.
Elle était enfin compatible. Tout serait fini. Elle était enfin compatible. Elles pourraient enfin vivre heureuses.
Assise sur le canapé, les yeux rivés sur sa mère et sa tante, elle hoquetait encore. Les yeux rouges et le visage bouffi par les larmes, elle triturait son élastique tandis que sa tante continuait à lire la lettre qu'elle avait reçue.
Pourquoi ça prenait autant de temps?
Ce n'était pourtant pas une longue lettre.
-Non.
Ce seul mot paralysa Lanah. Elle secoua la tête. Sa mère ne pouvait pas lui faire ça.
-Pourquoi?, sa voix n'était qu'un murmure.
Son corps trembla de nouveau. Elle aurait pu fondre en larmes si toutes ses larmes n'avaient pas déjà coulé.
-Tu as lu la lettre jusqu'au bout, ma puce?, elle hocha la tête, alors tu sais. C'est un criminel.
Lanah releva la tête, troublée.
Un criminel?
La lettre lui revint en mémoire. Elle secoua la tête. Ça n'avait aucune importance qu'il soit un criminel ou un saint. Elle s'en fichait; il était compatible avec elle, c'était tout ce qui lui importait.
-SOULMATE TEST n'aurait pas risqué la vie de citoyens. Il n'est pas dangereux, sinon il ne l'aurait pas fait passer le test, s'exclama-t-elle, maman, je t'en prie, supplia-t-elle.
Sa mère secoua la tête.
-Ma puce, je suis désolée, mais c'est non. On ne connaît rien de lui. S'il est en prison, c'est qu'il est dangereux. Qu'importe ce que SOULMATE TEST peut en penser, elle posa sa main sur celle de sa fille, je sais ce que tu dois traverser, mais....
-Non, elle se leva brusquement, se défaisant de la prise de sa mère, tu ne sais rien, sa voix s'emplissait de haine, tu ne sais rien de l'enfer dans lequel je suis entrée depuis mon premier test. Tu ne sais pas tout ce que j'ai vécu. Tout ce qu'on m'a fait. Qu'importe qu'il soit un criminel ou le saint des saints. Grâce à lui, je sortirai enfin de cet enfer. Grâce à lui, je serai enfin comme tout le monde. Il est ma porte de sortie, ma bouée de sauvetage. Alors je t'en supplie, laisse-moi y participer.
Sa respiration était saccadée. Son cœur battait si fort qu'il était prêt à exploser. Une rage sourde grandissait en elle. Tous ce qu'elle avait caché, toutes ses émotions qu'elle avait si longtemps cachées étaient prêtes à sortir, à exploser.
Elle ne laisserait pas sa seule chance d'enfin vivre normalement lui glisser entre les doigts. Surtout pas à cause d'un foutu casier judiciaire.
-Je suis fatiguée, reprit-elle plus calmement, je suis fatiguée de vivre comme ça. Je suis fatiguée de le cacher, de pleurer, d'être triste. Il est ma seule chance, sa voix se craqua sur ces derniers mots.
Un silence de plomb s'abattit après ses mots. Tous la regardaient, sidérés. À ce moment-là, ils comprirent enfin. Toutes ces années, elle n'avait fait que semblant. Toutes ces années, elle avait caché sa souffrance quotidienne. Combien avait-elle dû souffrir pour craquer devant eux? Quelle horreur avait-elle pu vivre lors des rares fois où elle rentrait les larmes aux yeux?
Elles comprirent, sans que Lanah n'ait dit un seul mot, toute la souffrance qu'elle avait vécue. Toute la douleur qu'elle avait dû ressentir.
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