Chapitre 5
Toujours à l'entrée, Lana n'osait pas faire un geste. Pire encore, elle était totalement pétrifiée, le regard désespérément fixé au sol, avec cette désagréable impression d'être un mouton venant de se jeter tête la première dans la gueule du loup.
Ses membres tremblaient de tout leur être tandis que sa respiration se bloquait au creux de sa gorge. La tension était si forte que ses jambes devenaient, à chaque seconde qui défilait, du coton prêt à céder face à son poids.
Elle était complètement tétanisée face à lui, impossible pour elle de lui faire face. Son cœur tambourinait dans sa poitrine si fort que cela lui faisait mal.
Tout son être lui hurlait de fuir, de s'éloigner de lui, mais impossible. Elle était comme figée par son aura sombre qui l'engloutissait toute entière, la collant désespérément au sol.
"Bon sang", pensa-t-elle, "tu ne vas pas rester figée comme une idiote, n'est-ce pas ? Bouge-toi".
Elle avait beau se répéter cela inlassablement, s'ordonner de faire un pas, un geste, elle n'y arrivait pas.
"N'as-tu pas fait tout ce chemin pour ça ? N'as-tu pas menti à ta propre mère pour te défiler ainsi ?"
Lana finit par fermer les yeux, essayant tant bien que mal d'évacuer toute l'air stockée dans ses poumons, serrant les poings jusqu'à ce que ses jointures deviennent blanches. Elle rassembla tout son courage pour faire le premier pas.
Doucement, beaucoup trop doucement, elle remonta ses yeux jusqu'à son visage, balayant du regard son corps mince et musclé, grand et imposant, semblable à un roc qui la fit frissonner de terreur ? D'excitation ? Elle n'en savait rien, peut-être un mélange des deux.
Ses yeux finirent, après ce qu'elle crut une éternité, par se poser sur ses deux billes noires qui fixaient le vide.
Elle retint son souffle lorsqu'elle plongea dans son regard, livide, froid et sans vie. Le regard d'un mort-vivant. Le regard d'un homme qui n'attend plus rien de la vie.
Son regard lui glaça le sang, la crispa bien plus qu'elle ne l'était. L'homme qui se tenait devant elle n'était plus rien qu'un homme. Son regard n'avait rien d'humain.
Les larmes lui montèrent aux yeux. Aurait-elle eu le même regard si elle n'avait pas perdu l'espoir ? Si il n'était pas apparu ? Serait-elle devenue le monstre que tout le monde voulait qu'elle soit ?
Tout ce qu'elle avait lu sur lui remonta à la surface. C'était un homme qui avait subi l'acharnement de la vie. Un homme qui avait dû vivre les pires horreurs. Un homme qui devait, comme elle, chercher une épaule sur qui compter.
Elle ouvrit la bouche, prête à parler.
"Je..."
Elle se tut. Les mots qui étaient prêts à se libérer il y a à peine quelques secondes furent de nouveau coincés lorsque l'homme détourna les yeux du canapé qu'il fixait pour les accrocher aux siens.
Son regard noir pénétra au plus profond de ses iris, fouillant chaque recoin de ses globes oculaires, allant bien plus loin. Son regard livide pourtant si persan sondait son âme, chaque recoin de son cerveau. Elle avait l'impression que toute sa vie défilait sous les yeux de cet homme. Que toutes ses pensées, ces craintes, ses peurs, ses joies et ses bonheurs s'exposaient à ses yeux.
Elle en était frustrée, furieuse, gênée, nerveuse. Un torrent d'émotion l'engloutissait à mesure que ses deux billes noires pénétraient en elle.
Elle voulait détourner le regard, sortir d'ici, mais elle en était incapable. Ses yeux l'emprisonnaient, son aura la scotchait à terre. Elle était sa prisonnière, à sa merci."
"L'homme finit par la délivrer, s'arrachant brutalement à elle. Sa respiration se débloqua, son cerveau se mit de nouveau à fonctionner. Il lui fallut quelques secondes pour s'en remettre.
"Bon sang ! Mais c'était quoi ça ?"
- Salut, sa voix n'avait été qu'un murmure faible et tremblant.
Un petit bruit à peine audible. Un son couinement semblable à un petit animal fragile, à terre, ensanglanté après s'être fait attaquer par le loup, soufflant son dernier souffle.
Pourtant, ses mots résonnaient dans cette pièce où le silence résigné. Ses mots qu'elle avait regretté d'avoir prononcés continuaient à hanter la pièce, l'arpentant de part et d'autre, la narguant. Lui faisant comprendre qu'elle venait de signer son arrêt de mort. Qu'à cet instant, elle ne pouvait plus revenir en arrière et qu'importe combien elle regretterait ses mots, ils seraient à jamais inscrits entre ces quatre murs.
L'homme face à elle resta de marbre. Il ne cilla pas, mais elle savait qu'il l'avait entendue puisque son regard s'était de nouveau braqué sur elle.
À son grand soulagement, son regard s'était focalisé sur son visage et non sur ses iris.
Elle resta ainsi quelques secondes, minutes, heures ? Elle n'en savait rien. Elle avait perdu la notion du temps depuis qu'elle était entrée dans l'appartement. Comme une sphère hors du temps qui les enfermait.
Puis, sans un mot, l'homme se détourna à nouveau d'elle avant d'enfoncer sa main dans sa poche arrière et d'en sortir un briquet et un paquet de cigarettes.
Sans même daigner lui répondre, l'homme lui tourna le dos avant d'ouvrir la grande baie vitrée et de s'enfoncer sur le balcon avant de disparaître derrière le mur.
Lana resta interdite le temps que l'information remonte à son cerveau. Le temps qu'elle digère ce qui venait de se passer.
Il venait de l'ignorer. Alors qu'elle avait fait tous ses efforts pour sortir un seul mot, l'homme l'avait sciemment ignorée comme si elle n'était rien.
Pourtant, elle ne se sentait pas en colère. Non, elle se sentait ridicule, petite, insignifiante et désespérément fragile face à cette montagne de glace qu'elle venait de rencontrer. Elle pouffa silencieusement de rire. Un rire jaune, un rire nerveux, alors que les souvenirs du jour où elle avait lu son dossier lui revenaient en mémoire.
Elle se revoyait assise, le visage baigné de larmes, une envie folle de sauver cet homme. De le rendre heureux. De le protéger du monde cruel dans lequel il vivait.
Cet homme n'avait pas besoin de moi. Il était fort, robuste et impénétrable. Il n'avait besoin de personne et encore moins d'une fille comme moi.
Un deuxième rire sortit d'entre ses lèvres. C'est plutôt elle qui avait besoin d'être protégée et sauvée. Lui, il était son propre sauveur, son propre protecteur.
Lana passa une main dans ses cheveux, un geste qui lui fit réaliser qu'elle était tendue. L'atmosphère de la pièce devenait de plus en plus légère.
Après une dernière inspiration, elle entreprit de visiter leur appartement.
Les murs étaient d'un blanc éclatant et le sol en imitation parquet gris. Le salon quant à lui ne comportait qu'un canapé assez large pour deux personnes, blanc, une table basse en verre et un écran plat accroché au mur.
Elle tourna sa tête vers la gauche et découvrit une cuisine ouverte, séparée par un comptoir en bois accompagné de ses chaises hautes. Une cuisine elle aussi blanche aux placards en bois bien aménagés.
Sobre, voilà le thème de cet appartement. Tout avait l'air et sentait le neuf. Un habitat neutre, une toile vierge prête à peindre leur histoire.
Encore faut-il qu'il y en ait une.
Lana n'avait pas accepté de faire cette télé-réalité pour trouver l'amour. Son seul objectif était de montrer à tous qu'elle pouvait être compatible, qu'elle était comme n'importe quel être humain. Pourtant, elle n'avait pas complètement exclu l'idée d'au moins bien s'entendre avec son partenaire. Elle s'était même laissé imaginer pendant quelques minutes qu'elle pourrait vraiment tomber amoureuse de lui.
Enfin, tout cela était avant qu'elle le rencontre. Avant qu'elle découvre à quel point il était effrayant, intimidant et désespérément sans vie. Elle l'avait vu au moment où leurs yeux avaient croisé les siens, lui non plus n'était pas là pour l'amour. Il n'avait même pas l'intention d'essayer ou d'être sympathique.
On l'avait sûrement forcé à venir.
Elle soupira en passant sa main sur son visage. Qu'importe, elle allait vivre avec lui pendant 2 mois et ensuite ils ne se verront plus jamais.
Lana pivota alors sur elle-même et ouvrit la première porte en face d'elle. Une salle de bain : une douche à l'italienne, un lavabo et des toilettes. Tout comme le salon et la cuisine, la salle de bain était moderne mais sobre et minimaliste. Rien que le strict minimum pour deux.
Elle ouvrit la porte suivante, juste à côté gauche, un dressing. Toujours rien de wow. Une grande pièce aux murs d'étagères et de tiroirs.
La moitié de cette pièce était déjà remplie de vêtements masculins dans les tons noirs et gris.
Sûrement ceux de Daichi.
Enfin, trônant au milieu, trois valises roses attendaient patiemment d'être ouvertes. Lana s'avança vers ces dernières et entreprit de ranger ses affaires.
Un temps s'était écoulé depuis qu'elle s'était enfermée dans ce dressing et, à son grand malheur, elle venait de terminer de ranger ses dernières chaussettes.
Elle aurait pu tout ranger en moins de 20 minutes mais elle voulait retarder le plus longtemps possible une nouvelle rencontre avec lui et elle était bientôt fière
pour juste passer son temps sur son téléphone à ne rien faire.
Après tout, il y avait des caméras et ce serait bien trop humiliant pour elle que le monde voie qu'elle est si effrayée par lui qu'elle est prête à passer des heures dans un placard.
Enfin, la voilà donc debout face au tiroir qui contenait maintenant ses chaussettes. Elle n'avait plus d'excuses pour rester ici et surtout elle mourait de faim. Son ventre n'arrêtait pas de gargouiller depuis maintenant 10 bonnes minutes.
"Allez, tu ne vas pas rester ici pendant 2 mois Lana. Tu ne risques rien. Tu es filmée et au moindre souci, il y a le collier."
À cette pensée, elle passa le bout de ses doigts sur son collier bien caché sous son sweat. Avant de définitivement mettre les pieds ici, la production leur avait, à chacune, fourni un collier qui était en réalité un petit bouton. S'il y avait le moindre problème, les candidates n'avaient qu'à presser ce joli bouton noir pour qu'une équipe de sécurité rapplique dans la minute.
Lana s'avança vers la porte et attrapa la poignée. Se figeant quelques secondes, elle prit une grande inspiration, vérifiant une dernière fois que le collier était bien en place, avant d'ouvrir doucement la porte.
Tel un espion, elle passa sa tête dans l'encadrement de la porte, fouillant la pièce du regard.
Daichi était assis sur le canapé, un livre à la main. De là où elle se trouvait, elle ne voyait que ses magnifiques cheveux noirs qui bougeaient légèrement.
Elle le fixa durant quelques secondes, sentant son corps trembler légèrement. "Tout va bien se passer", voilà ce qu'elle se répéta encore et encore avant de sortir de sa cachette.
"Tu es ridicule."
C'est à la vue d'une des nombreuses caméras la filmant qu'elle se rendit compte à quel point elle était idiote.
Oui, il était intimidant, oui, il lui faisait peur, mais bon sang, elle n'allait pas continuer à se cacher et à être discrète. Cette maison était autant la sienne que celle de Lana.
Elle se redressa alors et bomba le torse, les yeux rivés vers la cuisine. Même si une sorte de confiance émanait d'elle, ses mains tremblantes trahissaient sa nervosité. Elle se dirigea alors vers la cuisine en quête de n'importe quoi qui serait comestible.
Les pieds fouillant le carrelage de la cuisine, elle ouvrit le premier placard qui se trouvait juste à côté du frigo. Elle découvrit alors un placard rempli de gâteaux, bonbons et autres sucreries. Un sourire illumina le visage de notre héroïne lorsque ses yeux tombèrent sur un paquet de cookies au chocolat.
Elle leva alors son bras pour atteindre son précieux.
Il y avait un problème.
Pensa-t-elle, les sourcils froncés. Lana avait beau tendre son bras aussi haut que possible, elle n'arrivait pas à attraper le paquet.
Elle fit retomber son bras d'une moue boudeuse, regardant perplexe le placard.
Elle était trop petite. Pourtant, l'information ne voulait pas passer. Elle ne faisait pas 1 mètre 80, mais tout de même avec ses 1 mètre 75, elle était loin d'être petite. Jamais de sa vie elle n'avait été confrontée à cette situation. Elle était incapable d'attraper un paquet de gâteaux parce que le placard était trop haut.
"Impossible, je vais réessayer."
Elle se rapprocha au plus près du placard avant de tendre son bras le plus haut possible, se mettant sur la pointe des pieds. Elle effleura le paquet du bout des doigts mais n'arrivait pas à l'attraper.
- "Bon sang, bouge", dit-elle, "pourquoi c'est aussi haut ?"
Elle avait beau s'agrandir le plus possible, rien n'y faisait, elle n'arrivait pas à l'atteindre.
- "Sûrement pour ça."
Une voix froide juste derrière elle la fit sursauter. Elle se rattrapa de justesse au comptoir.
Son corps, qui avait arrêté de trembler, se remit à le faire légèrement. Elle sentit sa respiration se bloquer.
Serrant des doigts le bord du comptoir, elle se figea lorsqu'elle sentit un large torse effleurer son dos. L'odeur du café et de la cigarette emplit ses narines, perturbant tous ses sens.
"Bon sang, mais qu'est-ce qu'il se passe ?"
Les yeux fixés sur le mur devant elle, elle essaya tant bien que mal de ne pas le toucher, mais son torse s'abaissant et se redressant au rythme régulier de sa respiration ne cessait d'effleurer le dos de notre héroïne.
- "Tu veux quoi ?" Sa voix rauque, dénuée de la moindre émotion, fit frissonner notre héroïne... de terreur ?"
Il lui fallut quelques secondes pour que ses mots ne montent à son cerveau. Se mordant la lèvre, elle se maudissait d'être autant paralysée.
"Je..." commença-t-elle dans un murmure toujours aussi peu sûr et tremblant, "je... hum... cookie."
"Et une phrase, tu ne sais pas faire?" se sermonna-t-elle en fermant les yeux pour se donner une gifle mentale.
Quelques secondes se passèrent avant que Lana n'ouvre les yeux. Elle découvrit son paquet de cookies déposé juste près de sa main. Son cœur battait toujours à mille à l'heure. Son corps tremblait encore légèrement. Elle resta dans cette position, les doigts toujours cramponnés au comptoir, durant quelques secondes.
Elle se sentait stupide, ridiculement petite, mais surtout elle se maudissait. Elle se maudissait d'être tétanisée face à lui. Se maudissait que sa seule présence soit si écrasante que même respirer soit un vrai défi pour elle. Elle se maudissait que son corps réagisse si violemment au sien. Elle se maudissait d'encre trembler alors qu'il était sûrement retourné à sa place comme si être près d'elle ne lui avait pas retourné toute son âme comme c'était le cas pour elle.
Elle inspira un grand coup et attrapa rageusement le paquet près d'elle. Elle ouvrit par la suite le frigo et prit une brique de lait avant de prendre un des nombreux verres posés sur une grille au-dessus du robinet.
Avec tout cela en main, elle hésita une seconde avant de s'installer sur l'une des grandes chaises du comptoir. Elle s'installa face au salon, une vue imprenable sur l'homme qui partagerait son espace durant deux mois.
Elle ouvrit son paquet de cookies avant de se servir un verre de lait. Prenant un morceau du cookie, elle sortit son téléphone pour faire passer le temps, mais son regard fixant l'écart lumineux dévia petit à petit vers l'homme affalé sur le canapé, un livre en mains.
Sa peau laiteuse paraissait translucide sous les rayons du soleil. Le contraste avec ses cheveux noirs corbeau donnait un côté mystique à son apparence. Des cheveux noirs tombant légèrement sur son visage, si lisse qu'ils étaient semblables à du fil de soie.
Son regard descendit sur son visage. De profil, on pouvait distinguer ses traits fins mais brutaux. Sa mâchoire carrée, son cou, sa pomme d'Adam bougeant légèrement, fit frémir la fille.
Ses larges épaules enfermées dans un sweat noir qui lui empêchaient d'apprécier sa musculature. Oui, elle le savait, il était musclé, son torse frôlant son dos tout à l'heure lui avait confirmé.
Puis son regard tomba sur sa main tachetée d'encre noire. Ses longs doigts et cette large paume qui avait enlacé il y a peu le paquet de cookies posé près d'elle.
Ses yeux ne pouvaient détourner leur regard de ses longs doigts qui tournaient et tournaient les pages du livre, qui caressaient ses cheveux lorsqu'ils passaient sa main sur son crâne.
Elle était comme obnubilée, incapable de bouger. Des frissons parcoururent tout son corps, son cœur battait à la chamade alors qu'elle se demandait quelle sensation procureraient les mains de Daichi dans les siennes.
"Les mains de Daichi sur mes cheveux, mes joues, ses doigts sur mes lèvres..."
Elle sentit une chaleur dans son bas-ventre se répandre tel une traînée de poudre sur tout son corps jusqu'à ses joues.
"Ses mains sur mon cou, mes épaules..."
Sa respiration devint saccadée.
"Ses mains sur mes bras, ma taille..."
Ses lèvres s'entrouvrirent alors que son corps battait à mille à l'heure sous sa cage thoracique. Elle sentait son corps s'embraser.
"Ses mains sur mon ventre nu, montant petit à petit vers ma..."
DRING, DRING
La sonnerie de son téléphone retentit dans toute la pièce, faisant sursauter Lana si violemment qu'elle fit tomber son verre de lait. Un bruit énorme de verre qui se brise résonna dans tout l'appartement. Son cœur battant de peur, un petit cri sortit involontairement de la bouche de notre héroïne, qui s'empressa de plaquer sa main sur sa bouche.
"Mince," jura-t-elle, "oh non, pardon, pas de gros mots," fit-elle paniquée.
Toute chamboulée et surtout pas encore remise de ce qui venait de se passer dans son corps, elle sauta de la chaise dans l'optique de réparer ses bêtises.
À peine le pied posé au sol, elle sentit quelque chose s'enfoncer dans son pied droit. La douleur fut si vive que les larmes lui montèrent aux yeux. Un cri de douleur sortit de ses lèvres alors qu'elle prit son pied entre ses deux mains pour voir où le bout de verre s'était enfoncé.
Sautillant légèrement, se tordant dans tous les sens pour voir la plante de ses pieds, ce qui devait arriver arriva. Elle perdit l'équilibre et sentit son corps tomber vers l'arrière. Deux bras entourèrent sa taille alors que le haut de son dos heurta un torse dur comme la roche.
Elle resta dans cette position : à l'horizontale, les deux mains tenant ses pieds dans les bras de Daichi, fixant devant elle.
Le cœur battant à la chamade, le corps parsemé de frissons, crispé et les joues rouges. Notre héroïne était morte de honte, tétanisée par son aura écrasante, mais surtout honteuse qu'il l'ait vue se ridiculiser.
- Euh...
Aucun mot ne sortait de sa bouche pourtant elle le devait. Elle ne pouvait pas rester dans cette position, la situation était déjà assez gênante.
Soudain, elle sentit les mains qui entouraient sa taille renforcer leur prise sur cette dernière avant de la pousser légèrement pour qu'elle se remette sur son pied valide. Lana lâcha son pied blessé, fronçant les sourcils à cause de la douleur.
Toujours dos à lui, elle n'osait se retourner.
- Assieds-toi sur la chaise, sa voix froide, rauque et dénuée d'émotion, lui ordonna.
Sans un mot, elle exécuta ses ordres, le cœur légèrement tremblant. À cloche-pied, elle se sentait encore plus ridicule et honteuse, elle s'avança sur la chaise haute avant de s'y installer sans oser la pivoter vers lui.
Quelques secondes passèrent sans aucun bruit avant qu'une trousse de secours n'apparaisse devant ses yeux sans un mot.
Sans qu'elle s'en rende compte, elle attrapa le poignet de Daichi, électrisant sa paume.
- Je..., elle inspira profondément, je ne sais pas comment faire, sa voix n'était encore qu'un murmure.
Elle n'osait toujours pas le regarder. Son regard était fixé sur la table.
Il défit son poignet de sa poigne.
Un sentiment étrange emplissait le cœur de Lana, pensant qu'il refusait de l'aider.
Mais Daichi agrippa d'une main son siège qu'il fit pivoter jusqu'à ce que son visage soit en face de lui.
Le regard fixé maintenant sur son torse, Lana essaya tant bien que mal de calmer son cœur.
Elle regarda Daichi attraper la trousse de secours avant de s'abaisser à la hauteur de ses pieds.
Elle serra son jean de toutes ses forces lorsque les doigts de Daichi entourèrent sa cheville. Sa peau si froide brûlait la cheville de Lana. Des centaines de milliers de frissons faisaient vibrer la peau qui touchait celle du criminel.
Elle ferma les yeux quelques secondes, espérant qu'il ne ressentirait pas tout le chaos que causait son toucher.
Accroupi à ses pieds, Daichi regardait attentivement la plante de pied de Lana.
Du haut de son perchoir, cette dernière regarda attentivement son partenaire sortir de la trousse une pince à épiler.
À la vue de cette pince, Lana retira brusquement son pied de sa poigne avant de le poser sur son autre cuisse.
- Attends!, avait-elle hurlé.
Daichi resta figé quelques secondes avant de lever la tête et de plonger son regard toujours aussi vide dans ceux de notre héroïne.
- Quoi?
- Euh, commença-t-elle sans trop savoir comment finir cette phrase, je... j'ai peur.
Daichi haussa les sourcils, sûrement surpris d'autant d'honnêteté, mais à vrai dire, Lana était si tendue qu'elle n'avait pas la force de mentir.
Daichi s'approcha légèrement d'elle. Son odeur emplit à nouveau les narines de Lana, engourdissant tous ses sens.
D'un geste étonnamment doux, il enroula une nouvelle fois ses doigts autour de sa cheville avant d'approcher la pince.
Dans un mouvement, elle attrapa son poignet. Daichi se figea quelques secondes, son regard toujours plongé dans celui d'Unica, avant d'approcher de nouveau la pince à épiler de son pied.
Elle sentit une vive douleur la traverser lorsque la pince à épiler se referma sur le bout enfoncé dans son pied.
Un gémissement de douleur sortit de ses lèvres alors qu'elle agrippait l'épaule du criminel.
- Désolé, la voix de Daichi était qu'un murmure, je vais le retirer, d'accord.
Lana hocha la tête, agrippant fermement l'épaule de son partenaire de télé. Elle ferma les yeux et inspira un gros coup.
Daichi en profita pour tirer un coup sec sur le bout de verre.
- C'est bon.
Lana ouvrit les yeux surprise.
- Déjà ?
Il hocha la tête avant de fouiller à nouveau dans la trousse et de lui coller un pansement.
- Tu devrais t'asseoir sur le canapé, je vais ranger.
- Merci, souffla-t-elle gênée une fois qu'il s'était éloigné d'elle.
Annotations
Versions