Chapitre 2.3 :Dénouement

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Atlas Eumélos :

Assis dans mon fauteuil en cuir au sein de la salle de réunion, je laissais mes doigts pianoter doucement sur l’accoudoir. L’atmosphère pesante de l’assemblée, les échanges parfois houleux entre les dirigeants, tout cela me semblait étrangement familier. Une routine, presque. Pourtant, l’issue de cette journée restait incertaine, et cela me préoccupait plus que je ne l’aurais admis.

Mon regard se posa sur Jérémy Chapi, debout à son pupitre. Il faisait face à cette meute d’ambitions et d’intérêts nationaux croisés avec une ténacité qui, je devais le reconnaître, me surprenait. Il n’était pas un politicien, encore moins un diplomate, mais il avait ce feu en lui, une détermination rare qui ne s’éteignait pas, même sous la pression des plus puissants dirigeants du monde.

Pourtant, malgré tout son charisme, je pouvais voir les fissures. La colère dissimulée sous son calme apparent, le poids des regards hostiles… Jérémy avait un talent pour feindre le contrôle, mais cette scène était une épreuve qu’il subissait.

La voix du président français, froide et acérée, retentit à nouveau, interrompant mes pensées :

« Monsieur Chapi, cette obstination à vouloir créer une principauté indépendante sur notre territoire démontre votre manque de respect pour notre souveraineté. »

Un sourire imperceptible naquit sur mes lèvres. Ce ton condescendant, typique de certains politiciens, trahissait une peur sous-jacente. Peur de l’inconnu, peur de perdre le contrôle. J’avais vu cela de nombreuses fois.

Je restai silencieux, comme je l’avais promis à Jérémy. Cette bataille était la sienne. Ma place était de l’observer, mais aussi de prendre note des réactions de chacun. Le président chinois, calculateur, pesait chaque mot de Jérémy. Le président russe, quant à lui, semblait trouver une certaine satisfaction dans cette confrontation. Et les Américains… ils étaient partagés, hésitant entre admiration et méfiance.

Puis il y avait les regards. Ces regards furtifs dirigés vers moi, comme pour évaluer mon rôle dans cette pièce. Était-ce moi qui tirais les ficelles dans l’ombre ? Était-ce l’Atlantide qui tentait de manipuler ce jeune homme pour ses propres intérêts ?

Si seulement ils savaient.

Je croisai les mains, les posant sur mon bureau, et laissai mes pensées dériver. Ces dirigeants ne pouvaient comprendre ce que Jérémy représentait réellement. Ils voyaient une menace, un homme aux idées révolutionnaires, mais ils ne voyaient pas ce que je voyais

n homme animé par une volonté sincère de faire évoluer l’humanité, encouragé par Séléné. Moi aussi, je ressens cette envie de voir l’avenir qu’il prépare.

Un léger mouvement à ma gauche attira mon attention. Mon conseiller s’inclina pour murmurer à mon oreille :

« Ils sont de plus en plus divisés. Certains pourraient tenter de saboter les prochaines étapes. Devons-nous intervenir ? »

Je secouai lentement la tête, mon regard toujours fixé sur Jérémy. « Pas encore. Il doit apprendre à naviguer dans cette arène par lui-même. C’est sa bataille. Mais préparez un communiqué, au cas où nous devrions prendre position si la situation s’aggrave. »

Un brouhaha éclata à nouveau dans la salle. Jérémy, confronté à une opposition de plus en plus féroce, maintenait son calme. Mais je voyais bien que la fatigue commençait à peser sur ses épaules. C’est alors que le président français, un sourire perfide aux lèvres, lança d’un ton tranchant :

« Peut-être que l’Atlantide pourrait éclairer cette assemblée sur son rôle dans cette affaire ? Après tout, vous êtes son protecteur, n’est-ce pas ? »

Tous les regards se tournèrent vers moi.

Enfin.

Je levai doucement la main pour réclamer le silence. Les discussions s’interrompirent immédiatement, et je pris une profonde inspiration avant de répondre :

« Mesdames et Messieurs, l’Atlantide a toujours prôné l’innovation et la collaboration internationale. Nous soutenons M. Chapi, non pour contrôler son projet, mais parce que nous croyons en son potentiel. Ce n’est pas une question de politique, mais une question d’avenir. »

Je marquai une pause, puis ajoutai d’un ton plus direct :

« De plus, n’oubliez pas qu’il a lui-même proposé de partager cette énergie avec vous tous. Riveria n’est pas une menace ; c’est une opportunité. »

Je laissai mes mots flotter dans l’air, scrutant les réactions. Certains semblaient convaincus, d’autres, comme le président français, conservaient un scepticisme affiché.

Je redressai légèrement ma posture, rendant mon ton plus ferme :

« Et si vous doutez de nos intentions, je vous invite à visiter nos infrastructures, à constater par vous-mêmes comment nous collaborons avec les esprits brillants du monde entier pour construire un avenir durable. Mais sachez une chose : l’Atlantide n’a aucune intention de s’immiscer dans les affaires de la Principauté de Riveria. »

Un murmure parcourut la salle. Je savais que ma déclaration avait marqué un point. Jérémy tourna légèrement la tête vers moi, et je lui adressai un signe imperceptible. La balle était désormais dans son camp.

Le débat reprit de plus belle, les arguments fusant de toutes parts. Cependant, je savais quels pays avaient déjà basculé en sa faveur. J’avais soigneusement préparé le terrain lors de mes récents voyages diplomatiques. L’Inde et la Russie, fascinées par le potentiel énergétique de l’Anneau Céleste, s’étaient montrées très favorables. La Chine, toujours en quête de nouvelles sources d’énergie pour alimenter sa croissance effrénée, était également prête à soutenir Jérémy.

Les États-Unis, bien que plus prudents, avaient exprimé un intérêt notable, choisissant pour l’instant de rester neutres. Ce qui me surprenait le plus, cependant, c’était l’opposition persistante de plusieurs pays européens, notamment l’Allemagne et la France.

Ces nations, pourtant confrontées à une pénurie énergétique croissante, semblaient ignorer l’opportunité que représentait cette technologie. Malgré leurs efforts pour développer des énergies vertes, comme les éoliennes en mer, et la vieillesse de leurs centrales nucléaires, leur réticence restait une énigme.

Pourquoi refuser une solution capable de résoudre leurs problèmes ?

Je connaissais les problématiques générales des pays européens : une insécurité croissante entraînant des meurtres et des disparitions non résolues, une immigration de masse qui suscitait des tensions, et une croissance économique en chute libre. Ces nations, confrontées à de graves défis internes et externes, avaient désespérément besoin d’une prise de conscience collective et d’une volonté politique renouvelée.

Bien sûr, je n’avais pas mon mot à dire sur la gestion de leurs affaires internes. Mais il fallait admettre que, dans l’art de manipuler leurs populations, ils excellaient. Certains de mes espions avaient même rapporté que les résultats électoraux étaient souvent truqués, garantissant que, peu importe le vainqueur apparent, tout restait sous contrôle du même cercle d’influence. Cette pensée me fit frissonner. Je devrais vraiment commencer à me méfier d’eux.

Tandis que j’étais plongé dans mes réflexions, le débat dans la salle recommença à tourner en rond. Les mêmes arguments revenaient inlassablement, et cela se lisait sur le visage de nombreux dirigeants, manifestement lassés.

Le président russe se leva brusquement, son regard imposant balayant l’assemblée. « Mesdames et Messieurs, cela suffit. Les arguments ont été posés. Je propose que nous passions immédiatement au vote. »

Un murmure parcourut la salle. Certains pays hochaient la tête en signe d’approbation, tandis que d’autres semblaient hésiter.

Le président français intervint aussitôt, son visage fermé, trahissant une tension palpable :

« Ce vote est prématuré. Il nous faut davantage de discussions pour évaluer pleinement les implications de cette proposition. »

Le président chinois, resté calme jusque-là, se redressa pour prendre la parole :

« Nous avons assez discuté. Il est temps pour cette assemblée de prendre ses responsabilités. »

Je jetai un coup d’œil vers Jérémy, debout à son pupitre. Son visage trahissait une nervosité contenue, mais je pouvais voir dans ses yeux la pression qu’il ressentait. Le poids de ce moment semblait presque écrasant.

Voici une version corrigée et légèrement reformulée pour améliorer la fluidité, tout en conservant votre intention :

Après quelques échanges tendus, le premier vote fut enfin lancé pour statuer sur la création officielle de la Principauté de Riveria. L’atmosphère dans la salle était électrique, chaque dirigeant pesant les implications de son choix.

Les membres de l’assemblée prirent leurs tablettes disposées devant eux, prêtes à enregistrer leur décision. À chaque clic, un écho silencieux semblait résonner dans l’immense amphithéâtre. Sur le côté de la scène, Jérémy était assis, visiblement nerveux. Ses yeux étaient rivés sur l’écran de sa propre tablette, où il pouvait suivre le processus en direct. Sa jambe tressautait légèrement, signe évident de son anxiété.

Natali, restée discrète jusque-là, posa brièvement une main sur son épaule pour l’encourager. Il acquiesça doucement, même si son regard restait fixé sur l’écran, comme si chaque seconde pesait une éternité.

Le président de l’ONU se leva alors, sa stature imposante attirant immédiatement l’attention. « Mesdames et Messieurs, le vote est désormais clos. Les résultats vont être affichés sur l’écran principal. »

Un silence lourd s’abattit dans la salle alors que l’écran géant s’illumina lentement. Les noms des pays s’affichaient un à un, accompagnés de leurs votes : « Oui », « Non » ou « Abstention ».

Enfin, après ce qui sembla une éternité, le résultat final s’afficha en grand :

Pour la création de la Principauté de Riveria : 62% Oui, 33% Non, 5% Abstention.

Chaque nouvelle ligne projetée déclenchait une vague de murmures dans l’assemblée. Certains pays-clés comme la Russie, la Chine et l’Inde avaient voté « Oui » sans surprise, mais l’opposition devenait manifeste lorsque des nations européennes et d’autres pays influents affichaient leur « Non ».

Jérémy se leva de sa chaise, applaudissant timidement la naissance officielle de la Principauté de Riveria, bientôt rejoint par le président chinois et celui de l’Inde. Un mélange de réactions éclata dans la salle : des applaudissements timides d’un côté, des regards furieux de l’autre. Les dirigeants opposés, comme le président français, affichaient des mines fermées, tandis que ceux qui avaient soutenu la proposition semblaient satisfaits, bien que prudents.

Le président de l’ONU reprit la parole, son ton mesuré cherchant à apaiser les tensions :

« Mesdames et Messieurs, la majorité s’est exprimée en faveur de la création de la Principauté de Riveria. Cette décision est historique, et je vous invite tous à collaborer pour garantir que cette initiative se déroule dans un esprit de paix et de coopération. »

J’observai Jérémy, toujours assis, qui poussa un soupir de soulagement. Natali, debout à ses côtés, esquissa un sourire rare, mais contenu, que je ne manquai pas de remarquer.

Cependant, le président français se leva brusquement, son visage marqué par la colère.

« Cette décision n’est pas sans conséquences. La France ne cédera pas un centimètre de son territoire sans consultation préalable de son peuple et de son gouvernement ! » déclara-t-il, avant de quitter ostensiblement la salle.

Le président russe riposta presque immédiatement, son ton tranchant résonnant dans la salle :

« Vous avez eu l’occasion de présenter vos arguments. La majorité a parlé. Il serait sage de respecter ce processus démocratique. »

Un tumulte s’éleva à nouveau, et le président de l’ONU dut intervenir pour rétablir l’ordre :

« Nous comprenons vos préoccupations, Monsieur le Président. Toutefois, nous vous invitons à entamer des discussions bilatérales avec M. Chapi et ses représentants pour résoudre cette question de manière pacifique. »

Alors que le président français quittait la salle, il lança un regard chargé de colère à Jérémy. Ce moment, bien que prévisible, laissa un goût amer dans l’atmosphère.

Jérémy se redressa enfin, prêt à répondre s’il le fallait, mais je décidai de prendre la parole. Tous les regards se tournèrent vers moi.

« Je propose d’organiser une audience avec le président français pour trouver un accord satisfaisant pour toutes les parties, » déclarai-je calmement, mais avec assurance.

Il marqua une pause dans sa démarche, puis répondit d’un ton sec :

« Je vous enverrai un ambassadeur pour en discuter. »

Et ainsi, la tension baissa légèrement, bien que chacun savait que les véritables négociations ne faisaient que commencer.

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