Hotaru avait les yeux tellement brillants que Hokuto en était presque aveuglé. La petite fille le faisait beaucoup sourire. Elle était d'un dynamisme et d'une maturité bien rare pour son âge. Cependant, il ne se laissa pas berner. Il avait compris qu'il pouvait être gentil mais ferme avec elle. Tout lui céder n'était pas bon pour elle et il constata que jusqu'alors, si sa grand-mère n'avait pas été un peu autoritaire, elle aurait été une enfant gâtée exécrable. Il venait à peine d'enlever ses chaussures à l'entrée de l'immense appartement, que la petite le prit par la main et l'entraîna à travers les pièces afin de lui présenter son nouveau lieu de travail. Finissant par la cuisine qu'il admira avec envie, adorant cuisiner. Il s'attela à lui préparer un goûté. Pendant qu'elle le mangeait, il fit le repas du soir. Lorsqu'elle eut fini, elle sortit de table et lui proposa de jouer. Hors, celui-ci la rappela vite à l'ordre en lui demandant de débarrasser son assiette et d'essuyer la table. Choquée, elle eut un temps d'arrêt mais voyant que son Prince charmant n'en démordait pas, elle s'exécuta non sans bredouiller son mécontentement. A ce moment-là, Madame Kawamura rentra dans l'appartement et fut éberluée de la scène se déroulant sous ses yeux. Elle eut la joie de découvrir que ce jeune homme promettait fort dans l'éducation de sa petite-fille. Ils discutèrent un peu, puis, la grand-mère qui était venue porter les courses de la semaine quitta le domicile. Après que le baby-sitter lui ai dit qu'il s'en occuperait à l'avenir, afin de ne pas la faire déplacer pour rien. Elle lui sourit tendrement et partit. Hotaru attendait son Prince, avec impatience dans sa chambre. Il lui proposa d'abord de regarder son cahier d'école avant de jouer. Elle ronchonna en le lui tendant puis le fixa comme s'il allait lui infliger une terrible punition. Elle avait un peu de lecture et devait résoudre deux problèmes en mathématique. Il lui demanda ce qu'elle préférait faire en premier et sans hésiter, la petite choisit la lecture. Elle lut parfaitement le petit texte au sujet des Tanuki. Puis résolut très facilement les deux problèmes de mathématique. Hokuto était très content. Cette enfant était une source de réjouissant en tout point de vue. Ils jouèrent un moment à la dînette puis il l'aida à prendre sa douche. Elle s'installa par la suite dans la petite baignoire carrée afin de se détendre et jouer un peu avec ses jouets d'eau. Hokuto finissait de rincer le savon dans la douche. Elle lui proposa de venir avec elle dans le bain mais celui-ci refusa.

- Je ne peux pas prendre de bain avec toi, ce ne serait pas convenable, expliqua-t-il calmement. Mais rassure-moi, tu n'as jamais pris de bain avec tes autres baby-sitter, que ce soit des filles ou des garçons ? s'enquit-il tout à coup.

- Non ! Je te le propose parce que tu es mon Prince charmant et que tu es spécial ! déclara-t-elle le rouge aux joues.

- Ce n'est pas bien Hotaru ! Les gens ne sont pas tous prévenants et gentils comme ton père ou moi. Il faut que tu apprennes à te méfier de ça, d'accord ? 

Ne voyant pas vraiment le mal, la petite acquiesça confuse. Hokuto se promit de lui réexpliquer plus consciencieusement une prochaine fois. Il ne comprenait d'ailleurs toujours pas comment cela était possible qu'à l'heure actuelle personne n'apprenne cela à l'école. Les petits avaient certes un sifflet et un chapeau pour se distinguer des inconnus dans la rue, en revanche, beaucoup ignoraient que le danger pouvait se trouver parmi leurs proches... Il souffla en se remémorant lorsque son père l'avait traité ainsi alors qu'il venait d'annoncer son homosexualité. Quand les gens réaliseraient-ils enfin que l'homosexualité n'a rien à voir là-dedans... Il est vrai que l'un n'empêche pas l'autre mais de-là à généraliser, c'était extrême...

Il revint à lui en entendant la petite barboter dans l'eau. Il la sortit de la baignoire et lui demanda de se sécher toute seule le temps d'aller chercher son pyjama. Il mangea avec elle, dans la cuisine, refusant de manger devant la télévision. Après le repas, il n'eut pas besoin de lui demander de débarrasser son assiette, elle le fit d'elle-même, ayant déjà retenu la leçon. En récompense, il regardèrent un dessin animé. Il l'amena à son lit et commença à lui raconter une histoire. Elle tomba rapidement de sommeil et après avoir ajusté sa couette sous son menton, il quitta la chambre en lui laissant la petite veilleuse comme elle lui avait demandé. Madame Kawamura avait expliqué que depuis l'abandon de sa mère, Hotaru ne pouvait plus dormir dans le noir total et faisait de grosses crises d'angoisse. Encore une chose que Hokuto devait changer. Il n'était pas normal à ses yeux, qu'elle ne puisse pas dormir dans le noir total. Ce n'était pas réparateur du tout d'avoir toujours une lumière. Heureusement la petite veilleuse n'émettait pas une lumière très forte.

Il attendit un moment le retour de son employeur en lui mettant de côté un bol puis en préparant un tableau des menus de la semaine. Ainsi, il ne perdrait pas de temps à réfléchir quoi faire pour le dîner. Il fit le sac d'école de Hotaru et prépara son goûté du matin.

Il était presque 23h et son patron n'était toujours pas rentré. Cela l'énerva légèrement. Il ne pouvait pas laisser la petite toute seule... Quel père était cet homme pour délaisser ainsi sa fille jusqu'à pas d'heure ?! Il ne voulait pas déranger Madame Kawamura en lui téléphonant. Il s'étendit sur le canapé en se couvrant de sa veste et s'assoupit aussitôt.

Kazuma rentra vers 1h du matin. Il avait beaucoup travailler sur la chorégraphie du gala et ne s'était pas rendu compte de l'heure qui tournait. Il n'avait même pas prit le temps de dîner. Il rentra excédé. Il remarqua le bol sur la table, recouvert de cellophane. Et s'avançant sans vraiment faire attention au bruit qu'il faisait, il aperçu une forme sur le canapé. Il se retint juste à temps d'appuyer sur l'interrupteur. Prit son bol et se dirigea dans son bureau à pas de loup. Il jeta un œil dans la chambre de sa petite chérie qui dormait à poing fermé. Il remarqua que le baby-sitter lui avait parfaitement tressé les cheveux, le faisant sourire. Il retourna dans son bureau, programma la journée du lendemain, prit une douche rapide et alla s'étala dans son lit, dans le plus simple appareil. Il avait réglé son réveil sur 5h30. Il rattraperait ses heures le week-end prochain.

Hokuto s'éveilla doucement. Une odeur de café flottait dans l'air. Il regarda son téléphone et vit qu'il était presque 6h. Mince ! Il allait être en retard !

Il sauta du canapé et trouva une courte note sur la table de la cuisine. L'écriture lui dit vaguement quelque chose mais il n'y prêta pas vraiment attention.

Merci pour hier soir et cette nuit. Ainsi que pour le bol. J'ai amené Hotaru chez mes parents afin qu'ils l'amènent à l'école. Je t'ai laissé du café.

Ne sois pas en retard en cours.

Kawamura

Hokuto soupira. Ce mec commençait déjà à l'agacer alors qu'il venait tout juste de débuter son travail...

Il se servit du café à la hâte. Vérifia bien qu'il n'oubliait rien, prit le double de clefs et courut jusqu'à chez lui afin de prendre une douche rapide, ses cours et repartir à l'école.

La semaine s'écoula de cette façon. Kazuma rentrait à des heures impossibles. Il trouvait parfois Hokuto endormit sur ses cours posés sur la table basse. Et le lendemain c'était repartit. Il partait avec Hotaru endormie dans ses bras, avec son sac de change, son cartable et sa mallette de cours.

Il appréciait le travail qu'effectuait le baby-sitter pour sa fille mais était toujours aussi irrité par le comportement rebelle du garçon. A l'école son côté arrogant, ses piques et ses reproches le mettait hors de lui. Il s'était retenu plus d'une fois de lui balancer au visage qu'il était son patron.

A la fin de la semaine, Hokuto préparait le programme du week-end après avoir couché Hotaru. Il entendit la porte. Ne s'attendant absolument pas à souhaiter la bienvenue à son professeur. Le professeur Kawamura ! Il en tomba des nues...

- Bonsoir Yoshino, tu es surpris de me voir, ça y est, tu fais enfin le lien... se moqua Kazuma un sourire, un peu sadique, aux lèvres.

Choqué, Hokuto crut que le sol se dérobait sous ses pieds.