Le professeur tyrannique

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Hokuto se sentit bête de ne pas avoir fait le lien plus tôt... Il fallait dire qu'il y avait tellement de Kawamura au Japon, tout ceci n'aurait pu être qu'une coïncidence ! Cependant le destin s'acharnait à lui mettre des bâtons dans les roues dernièrement... Peut-être que le comportement qu'il avait à l'école allait influencer le désir de son professeur, de se débarrasser de lui rapidement... Pour autant il ne se laissa pas démonter.

- Bienvenu chez vous professeur, se reprit-il avec un calme olympien, votre journée a-t-elle été bonne ?

- En effet, merci... répondit Kazuma agréablement surpris de larépartie de son jeune élève.

- Je vous ai laissé un reste de ramen au chaud et voici le programme dece week-end, en espérant qu'il vous convienne... s'enquit le jeuneen tendant la feuille à son professeur.

- Cela me semble très bien, d'autant plus que tes heures de fin de cours sont en concordance avec celles du club de karaté de Hotaru donc ce sera parfait.

- Très bien, je vous remercie... fut rassurer Hokuto. Si tout est bon pour vous, je vais rentrer chez moi-

- Une minute ! coupa le brun qui s'était rendu dans la cuisine entre-temps. C'est toi qui a fait la pâte des ramen ainsi que le bouillon ? s'étonna-t-il en revenant vers son élève le bol àla main.

- En effet... J'espère que vous n'en voyez pas d'inconvénient, je préfère tout faire moi-même bien que cela puisse parfois coûté un peu plus cher, c'est tout de même meilleur...

- Non ne t'en fais pas, je suis même très content puisque je ne sais pas bien cuisiner ! rit-il faisant rougir le plus jeune.

Hokuto ne put réprimer les battements de son cœur à cet instant. Monsieur Kawamura était d'une extrême beauté lorsqu'il riait.

- Je vous remercie, ce compliment me va droit au cœur... balbutia-t-ilavec franchise.

- Bon je te laisse partir pour cette fois, j'espère que tu as eu le temps de faire tes devoirs.

- Oui, oui bien sûr Monsieur !

- Monsieur, c'est à l'école. Ici tu peux me nommer par mon prénom mais je ne t'autorise pas à me tutoyer, j'estime que nous devons garder le statut d'employer et de patron.

- Oui bien sûr je comprends... répondit Hokuto gêné, cependant, ne devrais-je pas tout de même vous appeler par votre nom de famille, afin de respecter la hiérarchie ?

- Hors de question, chez moi je ne suis pas au travail et je tiens à garder cette distance là.

- Bonne soirée Kazuma, à demain matin.

- Ah autre chose ! intervint-il pendant que Hokuto mettait ses chaussures. Il va falloir que nous parlions de ta date de déménagement.

- De déménagement ? s'étonna-t-il. Pourquoi cela ? Mon appartement est plus que convenable.

- Il est préférable que tu habites ici le temps de ton contrat. Il y aura certains soirs où tu devras dormir ici car je ne rentrerai pas et il n'est pas question de laisser Hotaru toute seule. Comme je sais que tu es responsable, tu dormiras dans la chambre d'ami. Ceci devant arriver souvent, il vaudrait mieux que tu emménages avec nous. Cela t'évitera de fatiguer en passant tous les matins à ton appartement et te permettra de t'entraîner dans la salle de danse ici, tout en surveillant ma fille. Tout ceci sera bien entendu compris dans ta fiche de paie et nous devrons signer un nouveau contrat...

- Je n'ai pas la possibilité d'y réfléchir ou de refuser j'imagine ? s'irrita Hokuto.

- En effet, je suis implacable là-dessus ! intima-t-il.

- Il y a une chose que je n'arrive toujours pas à comprendre depuis que j'ai commencé à travailler ici, s'exaspéra-t-il franchement.Comment se fait-il que vous soyez un patron et un professeur aussi tyrannique alors que paradoxalement vous êtes un père totalement laxiste ?!

- Cela ne te regarde en rien ! s'énerva le brun. Méfie-toi de tes paroles petit insolent, ce n'est pas parce que tu n'es pas à l'école que tu peux te perdre d'être aussi arrogant envers moi ! Je t'ai embauché parce que cela m'arrangeait bien, en connaissant ton emploi du temps et ton expérience mais sache qu'en un claquement de doigts, tu pourras tout perdre y-compris ta place à l'école et ton appartement. Alors je te conseille la prudence !

- C'est entendu Monsieur, je serais mué comme une carpe à l'avenir. Bonsoir, finit-il en quittant prestement l'appartement.

Hokuto rentra chez lui en pleurant. Heureusement, il était tard et il ne croisa personne. Il trouvait injuste de devoir s'écraser face à quelqu'un qui ne reconnaissait pas ses tords. Il était aussi fou de rage de devoir quitter son petit nid pour loger sur son lieu de travail ! Cependant il allait mettre des conditions là-dessus et ce n'est pas ce caractère de cochon qui allait l'en empêcher !

Kawamura serra les poings. De quel droit ce petit morveux se montrait aussi arrogant ! Il y avait été certes, peut-être un peu fort en obligeant son élève à loger chez lui, pour autant, celui-ci avait mal compris ses intentions, qui à la base, n'étaient pas mauvaises. Il ne voulait simplement pas que cet idiot s'épuise car il connaissait le caractère de sa fille. Elle était très prenante et presque envahissante. Quant à lui, il était tellement pris par son travail de professeur et de mannequin qu'en pleine période de shooting ou de gala il ne serait pas apte à s'occuper correctement de son enfant... Cependant les paroles du plus jeune faisaient écho en lui. Il admit qu'il aurait dû s'y prendre différemment afin de ne pas le faire sortir de ces gongs, mais il ne s'en excuserait pas, il en était hors de question !

A l'école, Kawamura apprit à toutes ses classes que les sélections pour la gala de fin d'année, se dérouleraient le mois suivant, sur le thème de Roméo et Juliette de Prokofiev et qu'elles dureraient tout le mois. Ils allaient devoir commencer à s'entraîner d'arrache-pied.

Hokuto soupira, il souhaitait fêter ses vingt ans la semaine suivante avec ses amis, il n'allait certainement pas pouvoir, entre le travail et l'entraînement. Il proposa alors à ses amis, de faire un karaoké le samedi après-midi suivant, pendant les heures de karaté de Hotaru. Ceux-ci acceptèrent avec entrain et se donnèrent rendez-vous en centre-ville.

Ayant entendu leur conversation, Kazuma prit Hokuto à part lors de la pause de midi. Il lui rappela l'importance des sélections et qu'il avait intérêt à s'y donner à fond sinon la menace qu'il lui avait fait plusieurs jours plus tôt serait effective. Hokuto rechigna en lui promettant que ce serait la seule fois et qu'il travaillerait dur le reste du temps. Le professeur finit par admettre la bonne volonté du plus jeune, se remémorant ses excellentes notes dans beaucoup de matières. Laissant passer pour cette fois, il surprit le roux.

Un soir, bien après l'anniversaire de son baby-sitter. Il ne le lui avait même pas souhaité, par fierté, il l'admettait. Il rentra avant le coucher de sa petite chérie. Il entendit que les deux fripons se trouvaient dans la chambre de Hotaru lisant une histoire. Il allait frapper à la porte mais se retint. Il surprit une conversation qu'il ne regretta pas d'entendre. Sa petite princesse se plaignit que son père était rarement là pour elle, lui donnant un pincement au cœur. C'est alors, qu'à son grand étonnement, Hokuto le défendit. Il lui expliqua calmement que tout ce qu'elle possédait à l'heure actuelle c'était grâce au travail dur de son père et qu'il voulait plus que tout son bonheur, par conséquent, elle devait lui rendre la pareille en le soutenant et en lui montrant tout l'amour qu'elle pouvait lui donner. Kazuma n'avait jamais entendu ça de la part de qui que ce soit depuis des années. Un soutien psychologique qui lui fit du bien, lui donnant le sourire. Sa mère lui donnait le soutien physique par sa présence, mais ne lui disait jamais rien. Hors, à cet instant, Hokuto avait dit ce qu'il aurait aimé entendre régulièrement depuis qu'il était père célibataire. Il fut prit d'un bonheur pur et intense. Il décida de ne pas les interrompre et d'aller dans sa chambre. Il prit une bonne douche et régla ses affaires pour les jours à venir. Il n'avait pas vu l'heure passer, comme d'habitude lorsqu'il était pris dans son travail et son estomac le lui rappela en émettant de grands bruits.

Il se dirigea vers la cuisine, mais en passant devant le salon, il aperçu Hokuto endormit sur ses devoirs. Il avait complètement oublié de signaler sa présence au baby-sitter. Il s'approcha et le regarda. La barrette calant sa frange lui donnait un air enfantin et il le trouva adorable. En raison des compliments que lui avait fait son élève sans le savoir, il eut un élan de tendresse et de compassion. Aussi, il le souleva pour le mettre au lit dans la chambre d'ami. Tout d'abord, il constata que ce garçon était trop léger à son goût et vit qu'en effet, il avait maigri depuis qu'il travaillait pour lui. Il prit d'autant plus peur alors qu'en se dirigeant vers la chambre, et même en le posant dans le lit, le plus jeune ne se réveilla pas, sans doute, vraiment épuisé. Cela le remit complètement en question sur sa façon plus ou moins volontaire de tyranniser son employé et élève. Il se promit d'être plus conciliant en tant que patron sans pour autant changer de comportement à l'école, ce serait trop suspicieux...

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