Le rejet

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Dans le train en direction de Yokohama, Hokuto pense à tout ce qu'il a vécu, et songe à ce qu'il va bientôt pouvoir vivre...

Une nouvelle vie, un nouveau départ.

Hokuto a dix-neuf ans. Il est gay et il reconnaît que le fait d'être accepté dans l'école qu'il a toujours voulu intégrer, est une chance. Son père n'a pas du tout accepté son homosexualité et avec lui, ses amis et voisins de toujours. La violence de leur rejet a été comme un coup de couteau en plein cœur. Sa mère n'a rien pu dire, il l'a entendue sangloter alors qu'il quittait la maison, ses valises en main, sans se retourner. Il n'a pas compris le comportement des siens et des personnes de son entourage, lui causant une grande tristesse. Etant l'aîné de cinq enfants et surtout, faisant partie des « grands » de son village, il a toujours pris soin des plus petits. Tout le monde l'appréciait et était reconnaissant envers lui, « le grand frère du village ». Mais le jour où il a annoncé à ses parents qu'il était gay et qu'en plus il était pris à l'école de danse de Yokohama, les personnes ont changé. Le rejetant, refusant de lui parler et de l'approcher. Son père avait même refusé qu'il continue de s'occuper de ses frères et sœurs comme s'il était devenu un pervers malade, du jour au lendemain.

C'est le cœur lourd qu'il quitta sa campagne natale pour rejoindre la grande capitale afin de devenir danseur professionnel. Il était parti deux mois avant la rentrée pour être sûr de trouver un appartement et un travail, car il fallait l'avouer, ses maigres économies n'allaient pas le nourrir longtemps.

Allait-il tomber de Charybde en Scylla ? Au fond, la vie ne pouvait pas être pire que ce qu'il avait vécu jusqu'à présent, non ? Il l'espérait sincèrement...

Arrivé à la gare de Yokohama, il consulta le téléphone qu'il venait de s'acheter pour se repérer. Il trouva une agence de travail pour étudiants. Là, on lui proposa un tas de boulots divers et variés mais un attira son attention. Une annonce avait été mise depuis un moment déjà, un travail de baby-sitter à partir de la rentrée scolaire. Cela lui parut une bonne idée car la plage horaire s'adapterait mieux à ses cours. Il retenu l'annonce. En attendant la rencontre avec son futur employeur, il alla à l'auberge de jeunesse où il louait une chambre le temps de trouver un appartement. Il en trouva un proche de son école et fit en sorte de le visiter le jour même. L'appartement était bien. Un petit studio rénové récemment, meublé, avec tout le nécessaire y-compris la salle de bain qui n'était pas commune ! Pour un loyer aussi bas c'était même un luxe ! La propriétaire était adorable avec lui d'autant plus qu'ils venaient tous deux de la même région. Ils conclurent le marché. Elle était d'accord pour qu'il paie les deux premiers loyers le mois suivant lorsqu'il aurait du travail. Il lui paya tout de même la caution immédiatement. Il s'y installerait la semaine suivante, ayant pris la chambre de l'auberge de jeunesse pour sept jours.

L'entretien pour le job de nounou était prévu le surlendemain. C'est l'agence qui lui avait transmis l'information, en plus du numéro de l'employeur et du lieu de rendez-vous.

Il profita du lendemain pour retenir d'autres annonces au cas où, et visiter cette énorme ville qui composait une grande partie de Tokyo.

Le jour de l'entretien, il se vêtit de son costume et entra dans le salon de thé trente minutes avant le rendez-vous. Aucune information ne lui avait été fournie. Il ne savait pas s'il avait affaire à une jeune femme mariée ou divorcée. La seule chose que l'on lui avait précisée c'est que l'enfant était une petite fille de cinq ans très énergique et beaucoup de personnes avaient abandonné au bout de quelques jours seulement. Il avait l'habitude des enfants turbulents et ça ne l'effrayait pas du tout. Son petit frère et sa petite sœur de huit ans, étaient infernaux et jumeaux de surcroît... Il avait réussi à établir des règles que même ses parents n'avaient pas pu instaurer. Il était confiant mais avec quelques appréhensions tout de même. Il prit un thé fumé et continua de consulter les annonces sur son téléphone.

Au bout d'une heure d'attente, il commença à craindre qu'il ne se trouvait pas au bon endroit. Il se permit alors de téléphoner à la personne. A sa grande surprise c'est un homme qui répondit. Hokuto s'excusa du dérangement, demanda à l'homme s'il l'attendait au bon endroit et s'il souhaitait le rencontrer pour le poste de baby-sitter. Son interlocuteur parut agacé à l'autre bout de la ligne. Il lui dit qu'il le dérangeait en plein milieu de son travail, qu'il n'avait qu'à attendre et que quelqu'un finirait bien par venir. Il raccrocha brusquement au nez du pauvre Hokuto encore sous le choc de cette conversation. Pour se remettre de ses émotions il commanda un thé vert. Un petit quart d'heure plus tard, une dame se présenta enfin. Elle avait l'air extrêmement sévère et en colère. Elle tenait la main d'une petite fille qui visiblement, venait de beaucoup pleurer.

La femme s'excusa de son retard et se présenta comme étant la grand-mère de la petite, Madame Kawamura. Ce qui frappa Hokuto, c'est qu'elle paraissait extrêmement jeune pour être grand-mère. Elles s'assirent toutes deux en face de lui. La femme commanda un thé noir et un chocolat chaud pour la petite. Celle-ci insista fortement pour avoir un Cupcake avec sa boisson mais sa grand-mère refusa catégoriquement, toujours l'air aussi en colère. La petite, dénommée Hotaru, finit par se calmer mais bouda le nez dans sa tasse. Hokuto la trouva adorable. Elle était mignonne, un joli visage avec de grands yeux marrons surmontés de longs cils noirs, des cheveux noirs coiffés de deux tresses indiennes et une peau très blanche.

Madame Kawamura posa beaucoup de questions à Hokuto. Elle se renseigna sur sa vie de famille, son expérience avec les enfants, son parcours d'études et son parcours professionnel, son savoir-faire en cuisine et en entretient de maison. Elle avait l'air de se détendre au fur et à mesure ses réponses. Il restait toujours aussi respectueux et poli depuis le début du rendez-vous. Elle lui demanda en suite, la raison de sa présence en ville et il lui expliqua, faisant l'impasse sur son jardin secret, qu'il avait été pris à l'école de danse de Yokohama. Ceci lui valut un sourire magnifique de la part de son interlocutrice. Elle s'enquit de savoir s'il avait des questions à lui poser et il acquiesça en ajoutant qu'il voulait aussi avoir des réponses de la part de Hotaru. La grand-mère fut agréablement surprise qu'un garçon de son âge s'adresse aussi naturellement à une petite fille. Il apprit finalement que Hotaru avait fait six ans depuis quelques semaines et qu'elle vivait seule avec son père. Madame Kawamura s'empressa de répondre que son fils était très occupé par son travail et avait peu de temps à accorder à sa fille. Hokuto fut choqué que la grand-mère parle des problèmes familiaux aussi franchement devant la petite. Elle lui apprit que six ans plus tôt, la petite amie de son fils lui avait annoncé sa grossesse et qu'elle voulait garder le bébé alors que ses études de danse commençaient. Heureusement, il fut rapidement repéré par une agence de mannequina qui l'employa. Cela lui permettrait de joindre les deux bouts le temps de finir ses études, que ses parents ne pouvaient guère financer en plus des aides données pour le bébé. Ils n'avaient à ce moment-là, que  dix-sept ans... A l'heure actuelle, son fils prénommé Kazuma, était professeur de danse et mannequin pour un magasine de mode.
Trois années auparavant, Kazuma étant plus en cours et au travail que chez lui, la jeune femme avait rencontré un homme plus âgé, duquel elle était tombée follement amoureuse. N'étant pas mariés ni l'un ni l'autre, il lui promit Monts et Merveilles, mais à une condition : sans le bébé. La jeune mère accepta et partit au bras de son amant, laissant son bébé et son compagnon. Kazuma dû donc assumer seul son bébé, aidé de temps à autre par sa mère qui n'avait alors que quarante-deux ans et qui travaillait à temps partiel, dans une entreprise publicitaire. Les nounous s'étaient enchaînées depuis. Certaines avaient démissionné à cause du rythme de travail, d'autres à cause du caractère de la petite et de son père. Le pire avait été celles qui étaient tombées amoureuses du père de Hotaru, ce qui avait valu pas mal de licenciements car les jeunes femmes se préoccupaient de leur possible relation amoureuse, au détriment du soin de la petite. Suite à ces histoires, Kazuma avait exigé que ce soit des hommes qui soient embauchés. Seuls deux répondirent à l'annonce et ce fut un cataclysme avec l'enfant mais aussi dans la maison.

Après l'entretien, ils se séparèrent, la petite avait dit au revoir en s'inclinant poliment devant Hokuto, surprenant les deux adultes. Madame Kawamura lui promit une réponse dans la semaine. Il rentra à l'auberge et ne la quitta pas d'un petit moment, toujours à scruter divers annonces.

La fin de la semaine arriva très rapidement. Hokuto n'avait toujours pas eu de réponse. Il avait contacté à plusieurs reprises l'agence mais elle lui confirma un silence radio de son côté.

Un soir il se décida à rappeler lui-même. S'il dérangeait à nouveau Monsieur Kawamura et qu'il n'avait pas le poste, il avait pris la décision de l'envoyer sur les roses.

Le téléphone sonna plusieurs secondes sans que personne ne réponde. Au moment où il allait tomber sur la messagerie, une petite voix lui répondit, c'était Hotaru. Il regarda sa montre et fronça les sourcils, que faisait-elle debout à 21h20 ? Elle lui raconta un tas de choses sur l'école, les vacances, la mer et elle ajouta avant de raccrocher qu'elle voulait qu'il soit sa nounou. Il sourit et lui admit qu'il l'espérait aussi. Ils raccrochèrent puis il réalisa qu'il n'avait absolument pas eu la confirmation de Monsieur Kawamura. Il estima qu'il était impoli de rappeler et décida de retenter le lendemain.

Kazuma rentra tard le soir de l'entretien d'embauche. Il avait passé sa journée en shooting et avait été agacé par le photographe insistant pour faire des clichés en sous-vêtement, extrêmement sensuels alors qu'il avait horreur de ça. Le fait qu'en plus, il reçoive l'appel du jeune étudiant l'avait d'avantage énervé. Il était donc rentré excédé. Sa mère s'était occupé de Hotaru une bonne partie de la journée. Elles l'attendaient sur le canapé du salon, en regardant une émission. La petite lui sauta dans les bras et la mère le salua, lui parla de l'entretien avec le garçon qu'elle avait trouvé charmant et intéressant, lui donna le CV et la lettre de motivation de celui-ci puis quitta l'habitat. Kazuma décida de se pencher sur le profil du baby-sitter plus tard. Il remercia mentalement sa mère de lui avoir laissé une assiette de curry, qu'il alla dévorer devant la télé en compagnie de son petit ange. Comme il gagnait bien sa vie, sa demeure était un grand appartement à Yokohama près de l'école de danse. Composé de l'entrée, d'un grand salon avec un canapé en cuir faisant angle et un immense écran plat. Une grande salle à manger où étaient disposés une longue table en chêne massif surmonté d'un grand lustre d'ampoules vintage fixées sur des grosses branches en bois flotté. La cuisine, très moderne et à l'américaine était très bien agencée, de quoi faire baver un fou de cuisine, à la différence que Kazuma ne cuisinait jamais, par manque de temps et d'envie. Il avait un bureau, étant sa pièce secrète où personne n'avait le droit d'y pénétrer, une salle de danse et musculation pour s'entraîner. Pour les chambres il y en avaient trois, toutes avec salle de bain, et celle de Hotaru possédait en plus une salle de jeu. Après son repas englouti en quelques minutes, il prit sa fille dans ses bras et la cajola en lui posant des questions sur le jeune-homme qu'elle avait rencontré l'après-midi même. Elle lui dit qu'il était mignon, beau, un vrai prince charmant ! Cela fit lever les yeux au ciel de son père mais il sourit à la réponse. Mise à part ça, il semblait gentil doux et à l'écoute. Il avait beaucoup d'enfants autour de lui et donc de l'expérience, en revanche, elle avait décelé qu'il rougissait facilement en parlant de sa vie personnelle. Kazuma fut épaté de la répartie et de la fine analyse de sa fille encore si jeune. Son intelligence et sa maturité avaient toujours été une source de problèmes avec ses anciennes nounous, la prenant pour un bébé alors que cela faisait bien des années qu'elle ne l'était plus. Elle comprenait les soucis des grandes personnes sans difficulté. Le fait d'avoir été élevée par sa grand-mère et son père, lui avait permis d'acquérir un grand savoir sur la société, les comportements humain et un tas d'autres choses dont un enfant ne prêterait pas toujours gare. Il lui demanda alors si elle le pensait capable de faire le repas, le ménage, le repassage, de s'occuper d'elle et de l'amener à l'école, au karaté et à la danse. Pour tout, elle acquiesça immédiatement. Il ajouta les courses et tous les rendez-vous médicaux, ce à quoi elle fronça les sourcils en lui répliquant qu'il n'allait pas tout faire non plus car elle comptait voir un peu son père aussi. Kazuma rit de bon cœur et serra davantage sa fille contre lui. Elle était son trésor le plus précieux. Il la berça jusqu'à ce qu'elle s'endorme dans ses bras puis l'amena à son lit. Il était tard et il avait encore du travail. Bien qu'il lui restait deux mois avant la rentrée, il fallait qu'il commence à préparer ses cours, car il n'aurait pas le temps en journée à cause des nombreux shooting de la nouvelle collection du printemps. Etant professeur de Hip Hop et de cours théorique sur la danse, il avait énormément de travail à fournir. D'autant plus que cette année, la direction en voyant ses excellents résultats de l'année passée, pour les réussites d'examens, avait eu la riche idée de lui donner les classes à partir de la première année alors qu'il n'avait que les terminales. Il devrait suivre ses classes - trois classes ! - jusqu'au diplôme soit trois ans avec les mêmes élèves. Ceci ne l'enchantant guère puisque son caractère difficile risquait de faire abandonner certains première année. Enfin, il verrait le moment opportun. Avant d'attaquer la paperasse, il se pencha sur le CV de l'étudiant et la lettre de motivation. Il écarquilla les yeux en lisant celle-ci. La coïncidence voulu que Kazuma soit son professeur à la rentrée. Un choix difficile se présenta à lui. Devrait-il le retenir ou non ? S'il l'embauchait, ne serait-ce pas la Bérézina entre leur relation prof/élève et patron/employé ? Toutes ces questions le firent souffler bruyamment. Sa mère lui avait donné la semaine pour lui répondre, il avait donc du temps devant lui.

Quelques jours passèrent sans qu'il ne repense à la candidature de son futur étudiant. Il avait beaucoup de travail et était toujours indécis. Il estima que ce n'était pas le plus urgent et se dit que le plus jeune attendrait bien encore un peu la réponse.

Un matin, il fut tiré très tôt de son sommeil par la sonnette de l'appartement. Sa mère entra sans attendre qu'il lui ouvre, ayant un double des clefs. Il était encore dans son lit à moitié dénudé, les yeux plissés et les cheveux en bataille, pendant que sa mère lui passait un sacré savon sur son manque de politesse. Elle se doutait qu'il n'avait pas encore répondu au jeune homme et lui fit bien comprendre qu'il fallait qu'il se hâte s'il ne voulait pas passer à côté de cette perle et surtout, qu'elle avait son travail et qu'il était de plus en plus compliqué pour elle d'assumer la garde de sa petite fille, son éducation et son travail. Kazuma entre deux bâillements, lui promit de contacter le garçon le soir-même.

En rentrant du travail, il était encore plus épuisé que d'habitude. Hotaru était encore debout quand il décida d'aller se doucher avant de la coucher. Il sortit de la salle de bain, une serviette autour des hanches en entendant sa fille parler. Croyant qu'il y avait quelqu'un chez eux, il se dirigea dans le plus simple appareil vers le salon et vit qu'elle raccrochait son téléphone.

- C'était qui ma puce ?

- C'était Hokuto ! s'exclama-t-elle des étoiles pleins les yeux.

- Hokuto ? interrogea Kazuma fronçant les sourcils.

- Mais oui, mon prince charmant nounou, papa !

- Oh ! comprit Kazuma. Et alors qu'est ce qu'il me voulait ? D'ailleurs, depuis quand tu réponds à mon portable toi ?

- Une question à la fois papa ! J'ai répondu parce que j'ai reconnu son numéro que j'ai appris par cœur ! sourit la petite.

- Tu es très amoureuse dis-moi ?!

- Oui très papa ! Il sera un super mari ! rigola-t-elle. Et sinon il voulait prendre de mes nouvelles je pense parce qu'il m'a demandée comment j'allais...

- Ah bon ? Il ne voulait pas plutôt me parler de son poste ?

- Peut-être mais je lui ai dit qu'il était accepté de toute façon.

Kazuma roula des yeux, gronda sa fille pour la forme et lui promis de le rappeler le lendemain matin afin de lui confirmer son affectation. La petite sauta de joie dans les bras de son père toujours en serviette, il la porta dans sa chambre et après avoir revêtu une tenue plus adéquat, il retourna six fois dans la chambre de sa fille afin de la calmer. Elle était tellement excitée par l'embauche de « son prince charmant » qu'elle gloussait et ne parvenait pas à s'endormir. Kazuma n'ayant aucune autorité concrète sur elle, passa le plus clair de la soirée à l'apaiser en vain.
Le lendemain fut dur pour les deux qui restèrent cotonneux une bonne partie de la journée. Dans l'après-midi, Kazuma décida de téléphoner à son futur élève. La voix, à la fois suave et grave le surprit. Il ne se rappelait pas qu'elle était aussi belle lors de leur premier contact. Le garçon fut extrêmement poli et le remercia à plusieurs reprises. Le professeur de danse se garda bien de révéler à son interlocuteur qu'il serait bientôt son professeur. Ils convinrent de commencer le contrat une semaine après la rentrée. Cela arrangeait Kazuma car sa mère avait des congés à ce moment-là et surtout, il pourrait observer son élève avant de voir le travail que celui-ci fournirait pour sa fille adorée.

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