8.2 - L'esprit de la lumière

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Nash s’avoua vaincu. Elle était très entêtée et ne manquait pas d’audace. Il ne pouvait pas s’empêcher de craindre qu’un jour ou l’autre, elle commette une terrible erreur qui lui coûterait cher. Il se dit qu’elle essayait sûrement de se surpasser, à cause de l’embuscade des derniers mois.

Il fallait quand même que Luna soit prudente, car lui aussi avait été aventureux pendant sa jeunesse. Il s’était senti invincible et avait foncé la tête première dans n’importe quel entraînement, dans le but de prouver à tous qu’il pouvait être extraordinaire. Finalement, il s’était rendu compte qu’il ne valait pas mieux que quiconque au palais et avait fini par s’assagir.

Flint devait être très jeune, à l’époque, et il était fort possible que ce dernier ne se souvienne pas de la crise d’adolescence de son oncle. Le blond vivait la sienne durant sa vingtaine, ce qui surprenait plusieurs membres de sa famille.

Quand il jugea que Luna ne reculerait pas devant un potentiel danger, Nash dit :

— Plutôt morbide, tout ça… Mais bon, tu m’as convaincu. Avançons. Tu me promets de rester près de moi, d’accord ? Les fantômes sont imprévisibles.

Luna accepta, puis laissa son protecteur marcher devant elle. Plus ils avançaient, plus le passage devenait étroit. À un moment donné, Nash vit un changement. De par les nombreuses courbes souterraines, il remarqua qu’ils amorçaient une descente et plusieurs directions s’offraient à eux. Il faillit se cogner la tête contre une stalactite, mais l’évita de justesse. Ils rencontrèrent aussi quelques créatures sauvages qui rôdaient par-ci, par-là : des chauves-souris, des rats et des insectes, tous inoffensifs. Cependant, l’adolescente avoua à son capitaine qu’elle n’aimait pas être en présence de chauves-souris. Leurs petits cris la rendaient inconfortable.

Ils arrivèrent dans un couloir plus ouvert, situé tout près d’un lac souterrain, coulant vers ce qui semblait être une sortie. Une petite chute d’eau, venant du haut de la grotte, amenait la source au lac. L’adolescente remarqua quelques petites bulles qui apparaissaient ici et là dans l’eau. Selon elle, c’était sûrement de petits insectes qui bougeaient dans l’obscurité ou bien des poissons qui s’étaient égarés.

Les deux brigadiers s’échangèrent quelques informations.

— Il y a des échos de partout, on dirait, commenta Nash. Ça expliquerait les bruits nocturnes et pourquoi les religieux n’arrivent pas à dormir.

— Mouais, répondit la magicienne. Nos voix résonnent bien sur les parois rocheuses. Peut-être qu’un groupe de bandits viennent ici, au crépuscule et qu’ils font… Des trucs ? Je ne sais pas… Nous devrions peut-être chercher d’autres indices.

— Ne reste pas près de l’eau, ça peut être glissant.

Sur ces mots, ils s’enfoncèrent un peu plus loin dans la grotte. Nash et Luna finirent par trouver une autre salle, près d’une intersection. Le chemin menait probablement à une sortie quelconque, mais la pièce semblait contenir plusieurs objets abandonnés. Il y avait un coffre au fond de celle-ci, ouvert, avec de vieux tableaux recouverts de poussière. Il y avait aussi des objets métalliques installés dans des caisses de bois, tel que des fourchettes, cuillères, couteaux, gobelets et assiettes. Un cageot contenait des vêtements déchirés et de vieux livres moisis par l’humidité.

Je suis ici… murmura une voix à l’oreille de Nash.

Ce dernier tourna sur lui-même ; la magicienne le dévisagea, inquiète.

— M’as-tu parlé ? demandait-il à l’adolescente.

— Euh… Non ? Pourquoi ?

Il ne lui répondit pas. Il se mit à fouiller dans les breloques à ses pieds, retournant tout ce qu’il trouvait devant lui.

Non… Tu gèles… répliqua la voix. Un peu plus vers la gauche…

Instinctivement, le capitaine se tourna vers sa gauche et remarqua une épée, brillant à la lumière de sa torche. Elle était suspendue dans un baril ouvert, tout juste à côté d’un balai poussiéreux. Il ramassa l’arme, puis l’observa de plus près.

— Je crois perdre la raison, Luna, dit Nash. Cette arme m’a adressé la parole.

— Si c’est toi qui le dis, répondit son amie, qui haussa les épaules.

— Je t’assure que je te dis la vérité…

Il déglutit, angoissé par cet endroit.

Et tu dis vrai, commenta la voix. Seulement, il n’y a que toi qui peux m’entendre...

Nash eut peur et lâcha l’épée, elle tomba à ses pieds. Cette dernière se transforma aussitôt en une grande créature canine, recouverte d’une soyeuse fourrure laiteuse.

— Une louve… blanche ? formula l’homme qui recula de deux pas, confus.

L’animal se gratta l’oreille avec l’une de ses pattes arrière et bailla.

— Ce n’est pas trop tôt ! dit l’animal. Ça fait des mois que je t’attendais. N’as-tu jamais reçu mon appel dans tes rêves ?

— Hein ?! Mais… Euh…

— La louve, dans tes rêves ces derniers mois… C’était moi. Je voulais tant te rencontrer ! Enfin, te voilà !

Elle sautilla de joie, ce qui surprit à la fois Nash et Luna.

— Je ne me souviens pas de t’avoir vue dans mes rêves, désolé, répondit le capitaine. Tu dois sûrement te tromper d’individu…

La louve observa Nash pendant un instant avant de cligner des yeux.

— Pas de doute, c’est bien toi que j’ai rencontré dans mes rêves, dit-elle avec assurance. Sinon, la déesse ne m’aurait pas montré ces images de toi et ta famille pour rien ! Tu es bien plus petit que je l’imaginais, par contre…

— Est-ce que tu comprends ce qu’il se passe, Luna ? demanda Nash à sa collègue.

— Je l’ignore… mais ça me dit quelque chose… Il me semble avoir lu un livre à ce sujet. Je l’ai sur le bout de la langue… Faut seulement que je m’en souvienne…

La bête blanche continua la conversation :

— Je crois comprendre ce qu’il s’est passé. Si je ne t’ai pas rencontré dans tes rêves, il s’agissait sûrement de mes visions du futur ! Ça expliquerait donc pourquoi tu ne sais rien de moi ! Oh sacrée Athéna… quelle farceuse, ma maman !

Nash cligna des yeux, ceux-ci fixés sur la louve. Il ignorait s’il devait la prendre au sérieux ou non. Était-ce une mauvaise plaisanterie ?

— Des visions du futur ? demanda-t-il, incrédule. Tu me parles comme si on était amis, mais je ne connais pas ton nom, louve.

— C’est Dia… Tâche de t’en rappeler, dit l’animal qui montra ses crocs. Sinon je vais te mordre les fesses ! Je suis une dame sensible, moâââ…

— Dia… Dia… et tu connais mon prénom… Vraiment étrange…

— Ne ressens-tu pas ce lien qui nous unit ? N’as-tu pas été capable d’entendre ma voix, plus tôt ? C’est notre lien ! Nous sommes unis depuis toujours et notre destin nous a menés jusqu’ici, dans les sous-sols de Kritz ! Je ne te raconte pas le nombre de personnes qui m’ont déplacé depuis ma dernière transformation ! J’ai eu la frousse de ma vie, la dernière fois qu’un voleur a tenté de me kidnapper… et je ne te raconte pas les furoncles dégoûtants de son visage répugnant ! Il empestait la sueur et l’alcool ! J’en fais encore des cauchemars…

Dia contourna Nash nerveusement avant de se lécher les pattes avant.

— Je veux bien reconnaître que j’ai ressenti quelque chose lorsque je suis passé par ici et que j’ai entendu ta voix dans ma tête, déclara Nash. Mais je ne comprends toujours pas qui tu es… Ce que tu es, je veux dire…

— Mais qu’est-ce que les gens vous enseignent dans les églises ?! couina la louve, sidérée par l’ignorance de l’homme.

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