34.2 - Pour qui sonne le glas

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— Bon sang, Kyran, que se passe-t-il ? demanda Flint. On dirait que tu as vu un fantôme… C’est quoi ce bout de papier ?

— R… r… reconnaissez-vous ce… cette écriture ? dit-il, alors qu’il montrait le parchemin à son père et son frère.

— C’est celle de Troyd, remarqua Artael.

Sur la note, on pouvait lire :

« Je vous ai laissé une petite surprise à l’écurie, dommage que vous soyez si lents… Gros paresseux… Je crois que vous allez vous en mordre les doigts… Au fait, Nash a mené un combat exemplaire, mais n’a pas survécu… Dommage, hein ? Maintenant, soyez sages et laissez-moi faire mon travail. — T. »

Flint prit la feuille, la lit à voix basse et froissa cette dernière avant de lâcher quelques jurons. Son père était choqué.

— Je ne sais pas à quel jeu il joue, mais je n’aime pas ça, dit le brigadier.

— Il a t… t… tué Tonton Nash… bégaya Kyran, au bord de la panique.

— C’est peut-être un mensonge pour faire diversion ? suggéra le président.

— Allons, papa ! soupira le conseiller. Tu sais mieux que quiconque dans cette région que ton frère n’est pas doué pour les mensonges ! Il aime nous faire peur et nous torturer par n’importe quel moyen !

— Dans ce cas, nous allons devoir nous faire à l’idée que Nash est probablement décédé lorsque nos troupes reviendront… répondit Artael, dont le visage s’assombrit aussitôt. Merde… Pourquoi lui… ?

Le président était au bord des larmes.

— Mais l’écurie… ? formula Flint. Que peut-il avoir mis là ?

Le conseiller haussa les épaules.

— Ce matin personne ne nous a rapporté d’incident, expliqua Artael. Il est fort probable que quelque chose ait été déplacé là-bas en même temps que cette lettre a été plantée près de l’ascenseur.

— Nous n’avons pas une minute à perdre dans ce cas ! déclara Flint.

Ensemble, tous trois prirent l’ascenseur jusqu’au rez-de-chaussée. Une fois arrivé à destination, ils se mirent à courir vers la porte de sortie et prirent le chemin pour se rendre à l’écurie, suivis de quelques gardes qui avaient compris qu’ils avaient repéré un potentiel danger.

Près de l’écurie étaient rassemblés quelques responsables, en état de choc, ainsi que quelques chevaux qu’on avait sortis. Flint et Artael entrèrent dans le bâtiment en bois pour s’y enfoncer au fond. Il y avait des traces de sang un peu partout, qui sortait d’un grand sac en tissu solide qu’on avait déposé au sol.

Lorsque Flint trouva enfin le corps de la victime, il sentit son corps lui lâcher. Il s’agenouilla, puis se mit à dégueuler. Les larmes sortirent automatiquement.

Sur une note plantée dans un pilier en bois, Artael reconnut l’écriture de son frère :

« Maintenant que vous avez perdu deux de vos cochons, comprenez ceci… Ils ne seront pas les derniers. Si vous insistez à vous mettre en travers de mon chemin et de celui du culte, vous aurez le bonheur d’être tués par mes propres mains… — T. »

Cette note lui glaça le sang.

Puis, le président baissa son regard vers ce qui semblait être le corps de Misaki Megumi, entaillée à plusieurs endroits. Les yeux manquaient, la langue absente et une partie du ventre avait été détruit. Lui-même avait de la difficulté à contrôler le malaise qui était en train de naître en lui. Il leva son regard, et essaya de ne plus penser à la dépouille. Il prit la main de son fils qu’il tira loin du box où ils avaient trouvé le corps.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Kyran qui était resté près du groupe des serviteurs et des civils.

— Ordonne à tout le monde à rester chez eux pour les prochaines heures. Le corps de l’une de nos brigadières a été retrouvé sans vie. On l’a assassinée.

— Qui était-ce ?! demanda l’un des gardes.

— Misaki, dit Flint, le regarde vide.

— Ça ne peut pas être elle… gémit l’un des gardes.

— Mademoiselle Megumi ?! hoqueta Kyran. Mais… elle était enceinte !

— Demandez au Père Shalom de venir sur le champ, ordonna Artael à l’un des soldats. Nous venons de perdre une personne très importante.

Pendant que le président s’occupait de limiter les dégâts dans la foule, en compagnie de son fils aîné, Flint se faufila parmi eux. Il était dans un état second. Dans sa tête, il revoyait le visage de Misaki vivante et heureuse, souriante et pleine de vie. Le corps qu’il venait de voir à l’intérieur de l’écurie venait de lui jeter un froid. L’une de ses amies avait été tuée et il regrettait amèrement de ne pas avoir pu la sauver.

Plus il s’éloignait des lieux, plus les gens de la ville s’approchaient de la scène. La nouvelle s’était rapidement ébruitée à travers Baldt lorsqu’on alla chercher le prêtre. Flint s’arrêta aléatoirement près des marches du palais, puis s’assied sur ces dernières. Le temps s’était arrêté pour lui.

Il ne remarqua pas les individus qui allaient et venaient devant lui depuis maintenant plus d’une heure. Il n’était même pas conscient que son mari était venu lui porter une couverture chaude autour des épaules et qu’il était resté là quelques minutes avant de repartir à l’intérieur du palais, attristé par cet événement.

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