45.2 - L'Héritage des Markios

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Athéna n’arrive plus à communiquer avec vous, Dia, mentionna Nash. Cependant, puisque nous sommes en train d’utiliser une autre méthode qui risque de nous causer des ennuis, je ne peux pas perdre mon temps. Elle a besoin que vous retourniez au Saint Royaume, toi et les autres esprits. C’est la méthode la plus rapide de refermer les failles et d’affaiblir le nouveau corps de Perséphone. Tant que vous serez dans notre monde, vous risquez d’être convertis par son influence démoniaque.

Mais ça n’a pas de sens… dit Flint. S’ils partent, alors Perséphone va pouvoir détruire le voile facilement…

Pas vraiment, expliqua son oncle. En fait, une partie du voile vient directement du monde spirituel. En renvoyant les esprits au monde spirituel, ils vont renforcer le voile et retourneront chez eux pour refaire le plein d’énergie.

En gros, leur devoir de protéger ces terres s’achève ici, soupira Flint. Avons-nous réussi ?

En quelque sorte, répliqua Nash. Tu possèdes en toi le pouvoir de renvoyer les esprits élémentaires et les démons dans leurs dimensions respectives. Tu peux aussi purifier et exorciser les victimes qui sont possédés par des forces maléfiques. Pour le moment, je veux que tu te concentres sur le sauvetage du dragon. La survie de notre monde, en dépend. Tu dois tout faire ce que je t’ai dit, sinon nous risquons de tout perdre !

Qui va là ?! tonna une autre voix, dans l’esprit de Flint et Dia.

Mince ! Ils nous ont repérés… marmonna Nash. Flint, Dia, j’essaierai de communiquer avec vous plus tard. Partez pour la capitale, maintenant !

Il y eut un bruit de déchirure, comme si une feuille de papier venait d’être froissée près des oreilles de Flint. La créature élémentaire fouilla dans les souvenirs de Flint pour y consulter ce qu’il avait échangé avec son oncle. Elle en déduisit que l’âme de Nash avait commis un sacrilège divin et qu’il se trouvait avec quelqu’un d’important.

Gabriel commençait à se réveiller. Il était déboussolé et parlait étrangement. Flint mit une main sur l’une de ses joues, soulagé de le voir réveillé. Il l’aida à se relever, puis ensemble, ils se rendirent près du monument où le jeune homme avait laissé son chandail. Son vêtement flottait dans une flaque d’eau. Il grelottait de froid et constata que tous ses sens étaient à redevenus normaux, puisque ses ailes avaient disparu.

Je me demande ce qui cause ça, se dit-il, alors qu’il tordait son habit trempé. J’ai été très imprudent de voyager ainsi sans armure. On a failli y laisser notre peau à cause de ces maudites gorgones.

Gabriel retira le haut de son armure. La pluie avait cessé depuis quelques instants déjà et il s’inquiétait pour la santé de Flint. Il retira son grand chandail de laine qu’il avait enfilé par-dessus une chemise à manches courtes.

— Tu grelottes, Flint… Prends ça, dit-il alors qu’il passait son chandail à son mari.

— Ce n’est pas à ma taille, Gab, ricana le grand blond.

— Je sais, mais ça va te réchauffer, crois-moi.

— Très bien, très bien…

Une minute après avoir renfilé le haut de son armure, l’imposant brigadier observa son époux et haussa un sourcil. Il ne comprenait pas trop comment il avait fait pour atterrir doucement au sol après le coup puissant qu’il s’était pris en pleine figure. Il avait perdu connaissance, en plein vol. Il se dit que c’était probablement dû au choc de se faire attaquer avec ce sort.

C’était un miracle pour lui de se retrouver face à face avec Flint, qu’il croyait perdu à cause du commentaire de Windy. Le golem s’était senti bizarre, un peu plus tôt dans la journée, comme si les forces surnaturelles avaient tenté de résonner avec lui. Le plus important était qu’il avait retrouvé son mari, sain et sauf. Il se sentait rassuré de savoir que Dia était aussi vivante.

Le cycle naturel du monde semblait disjoncté depuis quelques heures. L’atmosphère était devenu chaotique. Même les créatures sauvages sortaient des bois, agressives les unes envers les autres ou bien apeurées. L’air devenait sec, la température s’était réchauffée après cette pluie et l’orage qui avait suivi. On aurait dit une journée d’été en début de printemps. Même la neige avait fondu par endroits.

Le mieux que Gabriel puisse faire en cet instant, c’était de révéler à Flint pourquoi il s’était retrouvé ainsi dans les airs.

— Serenity est… commença-t-il.

— Perséphone, je sais.

— Comment l’as-tu deviné ? demanda Gabriel, étonné.

— Disons que Nash m’a aidé d’outre-tombe, alors que j’étais pétrifié. Littéralement. Te souviens-tu de la fameuse sorcière qui a élevé Luna ?

— Euh… Plus ou moins… Pourquoi ?

— Elle a des sœurs. Ce sont des gorgones et elles ont juré de venger la mort de Méduse, avant de me transformer en pierre. Quelques heures se sont écoulées avant que je ne commence à entendre la voix de Nash. Ensuite un éclair m’a frappé puis… Hm… Ça serait plus facile pour moi de te montrer que de t’expliquer…

Flint se racla la gorge un moment avant de cligner des yeux. Aussitôt, ses ailes blanches apparurent à travers le chandail que lui avait passé Gabriel, sans même déchiré le vêtement. Les ailes dégageaient une magie si puissante qu’elles donnaient un certain vertige au colosse, rien qu’à les observer. Même Dia semblait déstabilisée par cette puissance.

— Il a fait de moi un ange, dit Flint.

— Minute… Es-tu en train de me dire que tu es mort ?! brailla le colosse.

— Je l’ignore… Vraiment… Mais je sais que maintenant je peux appeler ces ailes comme je le veux et j’ai de nouvelles connaissances…

Il plissa des yeux avant de rajouter :

— D’étranges formules magiques circulent dans mon esprit. J’imagine que ça vient avec mes nouveaux privilèges.

— Mais les anges sont des créatures rares qui vivent aux côtés d’Athéna. Comment un ange peut-il vivre sur ses terres s’il n’est pas… enfin… Si tu n’es pas vivant ? Tu dois donc être mort forcément et… euh…

Flint caressa tendrement la tête de Gabriel et lui répondit tout simplement :

— Vaut mieux ne pas s’attarder sur ces détails. J’ai bien peur que les voies des divinités soient impénétrables, bien qu’incompréhensibles. Je suis là, c’est tout ce qui compte, non ?

Gabriel hocha nerveusement la tête, même s’il se demandait s’il devait lui faire confiance. Était-ce vraiment son Flint ou quelqu’un qui avait décidé de prendre son apparence ? Il n’était plus certain de savoir qui était réel avec tous ces clones. Même cette Dia aurait pu être fausse.

— Ne t’inquiète pas, je suis là, en chair et en os ! répondit Flint qui semblait avoir compris ses doutes, après avoir lu l’expression sur son visage.

— Je ne dis pas le contraire mais…

Flint roula des yeux, puis se mit sur la pointe de ses pieds avant de déposer ses lèvres sur celles de son mari, qui se mit à rougir comme à chaque fois que le blond lui faisait cette surprise. Les ailes de l’ange avaient disparu, comme elles étaient apparues, ce qui rassura le colosse.

— Eh ! Ça suffit les amourettes ! Nous avons une ville à sauver ! râla la louve, toujours dans sa forme d’épée. Souviens-toi, Flint ! Nash va tenter de reprendre contact avec nous et je crois bien qu’il espère que nous retournions à Baldt !

Le brigadier roula les yeux, puis opina du chef. Il n’aimait pas être interrompu lorsqu’il était en présence de son chéri. Néanmoins, il n’avait pas le choix. Il jeta un coup d’œil du côté du cheval qu’il avait emprunté pour se rendre au monument ; il n’était plus qu’un gros point sombre dans l’obscurité de la nuit. L’animal était toujours pétrifié. Les premiers rayons de la lune commençaient à éclairer les plaines.

— Comment va-t-on expliquer tout ça aux autres ? demanda Gabriel à partenaire de vie, alors qu’ils commençaient à marcher en direction de la capitale.

— Je n’en ai aucune idée. Parfois, il vaut mieux ne pas trop se poser de questions avec tout ce qu’on a pu vivre récemment… Dia et les autres ont quand même des passés qui sortent de l’ordinaire.

— Ah, et c’est toi qui dis ça ? Toi qui as passé toute la vie à renier les dieux ?

Le colosse roula les yeux.

— N’en rajoute pas, ma belle grosse patate ! grogna le blond, qui le fixa sauvagement avant de sourire.

Gabriel s’esclaffa. Il était heureux de constater que c’était bel et bien lui. Ils se taquinaient toujours ainsi lorsqu’ils étaient ensemble.

Dia commençait à y être habitué, sauf qu’elle s’ennuyait déjà de la voix de son porteur précédent. Elle se demandait pourquoi il avait interrompu la conversation, un peu plus tôt. Était-il poursuivi, là-haut ? Elle n’était jamais sortie du Jardin d’Éden du Saint Royaume, là où elle et ses semblables avaient été créés. Athéna les avait envoyés tout droit sur Aeglys. Elle avait espéré qu’ils pourraient protéger le peuple des mortels. Ensuite, elle leur avait demandé de s’assurer que les nombreux sceaux placés sur le voile ne soient jamais brisés. Le simple fait que la Déesse n’arrivait déjà plus à communiquer avec ses créations inquiétait la louve. Perséphone avait à désormais un avantage contre son clan. Maintenant que les esprits étaient affaiblis, il était fort probable qu’ils perdraient la guerre.

— Au fait, comment es-tu censé renvoyer les élémentaires dans leur monde d’origine ? interrogea Gabriel. Je ne t’ai jamais vu faire d’invocation ou de magie, depuis le temps qu’on se connaît !

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