74.2 - Révélations et réconciliations

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— Pfft, c’est tellement gentil, papy, soupira son petit-fils qui reprit le contrôle de son corps, temporairement. Mais bon, on vit ensemble désormais, alors va falloir t’y faire.

Le grand reptile secoua la tête et reprit sa posture initiale.

— Je ne m’habituerais jamais à sa présence, mentionna Luna. C’est trop flippant…

Cassandra approuva d’un signe de tête.

Le soleil allait bientôt se coucher, le groupe commença à préparer le terrain afin d’y camper pour la nuit. Un quart d’heure plus tard, Flint, Shayne et Dia se rendirent dans les bois, au nord des plaines, afin de traquer un sanglier. Giotto partit chasser, de son côté, alors que Gabriel et les autres préparaient un potage aux légumes.

Le capitaine trancha quelques arbustes devant lui, et se fraya un chemin avec Dia dans l’une de ses mains. Elle était retournée à sa forme d’épée, alors que le vampire se trouvait à quelques mètres d’eux. Il se tenait debout, près d’un arbre. Il avait fermé ses yeux et écoutait les bruits de la nature. Flint remarqua qu’il semblait méditer. Il s’approcha près de lui, après s’être débarrassé d’une branche qui s’était coincée dans son chandail. Comment le vampire s’était retrouvé là ? Il l’ignorait. Cependant, la rapidité de ce dernier l’impressionnerait toujours.

— Tu en as mis du temps, dit le général qui ouvrit l’œil. Ça fait vingt minutes que je t’attends. Que s’est-il passé ?

— Dia devait faire ses besoins et je me suis perdu, expliqua Flint. C’était une très mauvaise idée de te suivre. Je n’ai jamais été très habile dans les bois.

— La capacité de traquer une proie dans la forêt s’acquiert avec de l’entraînement et beaucoup de patience. En tant que vampire, j’ai été forcé d’apprendre à survivre dès mon plus jeune âge. Parfois, la meilleure façon de se déplacer est de grimper aux arbres et simplement de sauter de branches en branches…

— Ah, parce que c’est ce que tu as fait ?

Il hocha la tête et poursuivit :

— Toutefois, j’oublie que tu n’es pas un vampire, donc il te serait plus facile de faire apparaître tes ailes et survoler ces bois.

— Sûrement, mais je n’ai pas ton sens de l’odorat, ni ta vision et ton ouïe.

— Tu sais que c’est faux, remarqua Dia à son partenaire. Tu ne veux simplement pas utiliser tes pouvoirs car ils t’épuisent. N’est-ce pas ?

Flint marmonna des paroles inaudibles. Shayne comprit qu’il râlait. Il n’avait pas vraiment fait attention à ses mots. Il entendait des bruits à sa gauche : des oiseaux qui volaient au-dessus de leurs têtes.

— Il a passé trois jours dans un coma. Vaudrait mieux qu’il ne nous refasse pas le même coup, mentionna le vampire qui s’adressa à l’épée magique.

— Pour une fois, nous sommes du même avis, formula Flint. Je préfère ma bonne vieille apparence. J’aime quand c’est plus simple.

— Par contre, si tu les utilisais plus souvent, tu apprendrais à mieux contrôler le mana que tu dépenses, poursuivit Shayne. Je sais que Giotto t’en a parlé l’autre jour, mais je serais prêt à te servir de partenaire d’entraînement.

— Arf, tu ne vas pas me faire la morale toi aussi… ?

Flint lui fit son air de chien abattu, ce qui ne surprit pas Shayne. Le vampire s’éloigna de l’arbre et haussa les épaules.

— Nous ne voulons que ton bien, dit-il. Seulement tu ne sembles pas prendre la tâche que ta mère t’a offerte, au sérieux.

— Depuis quand crois-tu en elle ? demanda alors la louve. N’es-tu pas athée ?

— Disons que je n’ai plus vraiment le choix de croire à vos histoires de dieux, puisque je suis plongé au beau milieu de vos drames.

Il fronça des sourcils.

— Je crois avoir eu cette même conversation avec Nox, des milliers de fois, continua-t-il. Te souviens-tu au moins s’il était vivant, ces dernières années ?

— Bien sûr ! déclara Dia. Il était tout le temps en ma compagnie… On ne se quittait jamais… Enfin… Sauf qu’on a été séparés et je ne me rappelle plus pourquoi…

— Je crois qu’on ne devrait pas trop la forcer à se souvenir de tout ça, suggéra Flint. Ça viendra tout seul. Laissons-lui du temps.

Le vampire approuvait cette idée, toutefois il était distrait par un nouveau détail.

— J’entends ton estomac grogner, dit-il. Je crois que je vais traquer le sanglier pour vous. Tu es trop affamé pour faire quoi que ce soit.

— Même pas vrai, mentit le blond.

GrrrRrrrRrrr... Ses gargouillements se firent plus fort. Il rougit timidement.

— D’accord, je m’avoue vaincu. Dia devrait y aller avec toi.

— Entendu, conclut le général. Retourne au camp. Nous ne tarderons pas.

Shayne était sur le point de partir lorsque Flint s’approcha et le retint par le bras.

— Attends, dit-il.

— Quoi donc ?

— Je… Mm… Je m’excuse de t’avoir manqué de respect, l’autre jour.

Shayne ne s’était pas attendu à ce que Flint ait une prise de conscience de ce genre. Ses oreilles s’écarquillèrent, comme celles d’un félin surpris.

— Je dois reconnaître que j’avais aussi mes torts dans cette dispute, répondit le vampire. Luna et les autres m’ont fait comprendre que je ne suis pas assez souvent avec votre groupe pour voir comment vous gérez les choses. C’était injuste de ma part de me servir de mon rang comme excuse. Donc, moi aussi je suis désolé.

Flint lâcha la manche du militaire endurci et se laissa tomber la tête, soulagé.

— Fiou… dit-il. Je m’étais répété cette scène dans la tête à plusieurs reprises, mais je n’imaginais pas que tu me dirais tout ça.

— Ah bon ? demanda l’autre. Pourquoi ?

— Il fait de l’anxiété, lui informa la louve. Je croyais que tu le savais.

— Oh, pardon… J’ai fini par oublier ce détail à force de m’occuper de tous ces dossiers. J’ai plus de deux cents brigadiers à gérer, vous savez ?

Flint trouvait cette remarque déprimante.

— Et dire que tu es l’une des personnes qui m’a conseillé de voir un psychologue, quatre ans plus tôt, dit-il. Franchement, je suis déçu.

— Mais euh… C’est que… déglutit le vampire.

— Quatre looongues années de thérapies et mon pauvre thérapeute ne veut même plus me voir en peinture, tellement je ne suis qu’un adulescent irrécupérable…

Sa partenaire de combat reconnut aussitôt son côté mélodramatique. Cette facette de lui n’apparaissait que lorsqu’il blaguait. Il le faisait rarement devant les autres. C’était surtout devant son mari et sa fille qu’il agissait ainsi.

— Quand même, il a fait beaucoup de progrès, je trouve, remarqua Dia.

Elle fit une pause et observa la réaction effrayée du général.

— Voyons, Flint ! Tu es en train de le traumatiser… lui reprocha-t-elle.

Le capitaine gloussa et mit une main sur l’épaule de son supérieur.

— Allons, je te fais marcher. Je vois toujours mon psychologue, mais moins souvent qu’avant. Par contre, il m’arrive d’aller lui parler pour discuter de mes problèmes familiaux. Pour ce qui est de l’anxiété, bah ça fera toujours partie de moi, j’en ai peur.

Il déposa son épée au sol et elle reprit l’apparence d’une louve sous leurs yeux.

— Est-ce que tu me trouves difficile à gérer ? demanda le vampire à son subordonné.

— Seulement quand tu essaies de prendre des décisions à ma place, commenta Flint. Quand ça arrive, mes mécanismes de défenses prennent le dessus et je deviens agressif. Désolé pour ça...

— Oh… ça explique maintenant ton comportement quand on te fait trop de suggestions. Je tâcherais de m’en souvenir…

Il salua alors le blond d’un mouvement de tête, puis ordonna à Dia de le suivre. Elle rejoignit celui-ci et ils s’éloignèrent rapidement dans les bois.

Flint rebroussa alors chemin et revint au campement de son groupe. À sa grande surprise, il constata que Giotto était en train de refaire la coiffure de Misaki à quelques mètres de la tente. Lorsqu’il avait terminé sa tâche, le dragon miniature bondit au sol, alors que la guerrière s’observait dans un miroir à main. Il avait raccourci ses cheveux de quelques centimètres, qui lui montaient jusqu’aux épaules. Avant, ils étaient assez longs pour qu’elle puisse se faire une queue de cheval plus longue. Elle semblait satisfaite de son travail.

— Pas mal ! dit-elle au reptile.

— Ce fut un plaisir, répliqua Giotto qui fit une révérence.

L’esprit élémentaire de la création se promena ensuite en direction des autres et sauta dans le sac de Gabriel. Quant au colosse, celui-ci mettait un peu de sel dans la marmite, alors que Luna mélangeait le tout. Les légumes sauvages qu’ils avaient trouvés sur la route allaient leur servir de repas ; les plaines de Lanartis en avaient en abondance. Ce qui expliquait pourquoi en en vendait à travers le monde.

Pendant ce temps, l’albinos se nettoyait avec un linge humide. Elle vit Flint s’approcher du reste des autres et formula :

— Déjà de retour ?

— Je crève de faim… dit-il, la tête basse. Mon estomac vide déconcentrait Shayne alors il m’a demandé de revenir au camp.

— J’ai des galettes aux noisettes dans mon sac, proposa Cassandra.

— Ça ira, merci, répliqua le blond. Tu manges déjà assez peu, je préférerais que tu les gardes pour quand tu auras envie de grignoter.

L’elfe désapprouvait cette remarque, mais il n’avait pas tort. Elle n’avait pas un énorme appétit et ses habitudes alimentaires limitaient ses choix de collations.

— Me prends-tu pour une anorexique, ou quoi ? Je suis végétarienne, râla-t-elle. Je ne meurs pas de faim… J’ai simplement moins d’appétit que Gabriel et toi.

— Et il n’y a aucun mal à cela, rétorqua Flint. Seulement, je me sentirais mal de te priver de tes délicieux biscuits, puisque tu les aimes autant que moi.

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