Chapitre 3

3 minutes de lecture

Un murmure parcourut la salle, aussitôt étouffé par la voix grave du conseiller. Diane sentit un frisson lui parcourir la nuque. Elle buvait ses paroles comme si sa vie en dépendait.

— Si vous êtes parmi nous aujourd’hui, c’est que vous avez réussi l’examen d’entrée. Sachez qu’il est bien en dessous de ce qui vous sera demandé au quotidien pendant nos cours. Beaucoup rêvent de l’Élite, peu y parviennent. Nous encourageons chaque élève, et personne n’aura de traitement de faveur. Ici, toutes les ambitions sont permises, à condition qu’elles soient assumées.

Il marqua une pause, le temps de jauger son auditoire.

— Nous suivrons de près vos parcours et avons hâte de vous connaître davantage. Madame la directrice va maintenant vous présenter le programme et les règles de fonctionnement.

Madame Fouquet s’avança, mais Diane ne pouvait détacher son regard d’Adalric Van Grendal. Cet homme avait quelque chose de magnétique, une aura singulière, même si elle n’aurait su dire en quoi.

Madame Fouquet se lança dans la présentation du fonctionnement de l’Académie, enchaînant les banalités que Diane avait déjà lues des centaines de fois dans ses livres. Autour d’elle, les élèves s’impatientaient, se tortillant sur leurs chaises. Au bout de ce qui lui sembla être une éternité, Madame Fouquet finit par conclure :

— Vos chambres ont été préparées. Nous vous laissons vous installer. Le repas sera servi dans une heure, merci de revenir dans ce délai.

Les voix éclatèrent de nouveau dans le réfectoire tandis que les premières années retournaient dans le hall, où les professeurs demandaient à chacun de se mettre en rang : les filles à droite, les garçons à gauche, pour se diriger vers les dortoirs.

Ils montèrent ensuite une multitude d’escaliers. Diane ne pouvait s’empêcher de dévisager les élèves des années supérieures qu’ils croisaient. Certains se retournaient sur son passage, et elle sentit un malaise naître en elle. Grande blonde aux cheveux de blé et au teint halé par le travail en plein air, elle était l’exact opposé de Mélissa. Et cela semblait attirer les regards, à sa grande frustration. Combien de fois avait-elle dû s’énerver sur le marché avec ses parents quand des clients tentaient ouvertement de la draguer ? Trop souvent. Elle avait donc rendu sa voix sèche, presque rocailleuse, et ses interlocuteurs savaient aussitôt à quoi s’en tenir.

— Voilà la porte du dortoir des filles, annonça le professeur Lysanne, une dame d’une quarantaine d’années, au chignon parfait et visage doux.

Elle caressa la porte, et une poignée émergea de l’encadrement.

— Heureuse de vous revoir, Madame Lysanne, dit la poignée.

— Plaisir partagé, répondit le professeur. Voici les nouvelles élèves de cette année. Je te laisse les visualiser et répartir les informations pour tes complices.

— Bien entendu, répondit la poignée, qui semblait sourire. Vous pouvez entrer, vos numéros de chambre sont affichés dans la salle commune.

Les filles se mirent en file indienne pour passer devant la porte. Diane avait entendu parler de ces poignées magiques propres à l’Académie : de la magie ancienne, aujourd’hui disparue. Le château en était apparemment truffé, et elle comptait bien découvrir tous ses secrets.

Une fois le passage franchi, elle pénétra dans la salle commune. Le lieu était agréable : quelques fauteuils et tables étaient disposés, et Diane s’imaginait déjà y passer ses soirées. Elle chercha son nom sur la liste affichée au mur :

Miss Diane Calven : chambre 016.

— Chambre 022, lui dit Mélissa derrière elle.

Chacune se dirigea dans le couloir pour trouver sa porte. Diane apposa la main sur la poignée, mais la retira aussitôt : le métal était légèrement chaud. Un mot s’inscrivit à la surface : Bienvenue Diane.
Elle déglutit bruyamment. Il lui faudrait sans doute un moment pour s’habituer à cet endroit.

Elle franchit le seuil et découvrit sa chambre. Ses valises l’attendaient contre une armoire à droite, un lit trop grand pour elle occupait presque tout l’espace, et un bureau avec une chaise étaient installés dans un coin. Un plan figurait au mur pour indiquer la salle de bains commune et les toilettes.

C’était mieux que tout ce qu’elle avait imaginé.

Elle n’osa pas s’asseoir sur le lit, de peur d’abîmer quelque chose. S’approchant de la fenêtre, elle contempla la vue sur le parc. Au loin, la mer s’étendait derrière les falaises, au-delà du domaine. Ranger ses affaires lui prit peu de temps, mais, prise d’une envie soudaine, elle déplaça son bureau pour qu’il soit face à la fenêtre.

Mélissa et Diane descendirent à l’heure au réfectoire et trouvèrent une table libre.

— Tu as vu l’emploi du temps ? demanda Mélissa.

— Oui. C’est assez chargé, répondit Diane. Éthique et obéissance demain matin, puis cours de survie dans la nature. Il paraît que cette matière est…

— Horrible, compléta Mélissa avec une grimace. Effectivement.

C’est alors que l’atmosphère changea ou du moins, c’est ce que ressentit Diane dans toutes les fibres de son corps. Des silhouettes venaient d’entrer dans le réfectoire, revêtues de l’uniforme réglementaire et de lourdes capes grises.

C’était eux.

Les membres de l’Élite.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire LEMBREZ THOUIN ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0