Les Zizis

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« Dans le temps, y aurait un zizi dessiné comme ca, on l’aurait effacé, fulmina Gigi, qui venait de récupérer ses nouvelles lunettes Raffleflou, profitant du retour de l’offre exceptionnelle 1 pour le prix de 2.

- Oui, ces jeunes ! Je te jure, si je les attrapais…

- Comment tu sais que c’est des jeunes ?

- C’est toujours des jeunes. Ils n’ont que ça à faire, traîner et foutre la merde. Tu dessines des zizis toi ?

- Non, mais j’ai fait les beaux arts, répondit Josiane, pas peu fière de son mois passé là-bas. N’empêche, ils auraient mieux fait d’écrire la devise des boîtes : prendre un livre et déposer un livre en échange. Là, tu vois, les gens prennent, et c’est tout.

- Oui, mais il y’en a qui posent, Josianne, sinon y’en aurait plus !

- Sauf qu’on les voit pas ceux là !

- Ils ont peut-être honte des merdes qu’ils balancent ! Faut les comprendre. Tu sais quoi ? Je vais en poser un demain, comme ça je peux prendre le Tord l’Ego et le truc de L’ïle, ça a l’air bien caustique.

- Faut en poser deux alors si tu veux être honnête Gigi.

- Sauf que j’en ai qu’un !

- Tu vas poser quoi ? Je croyais que t’avais plus de livre.

- Il m’en reste un : celui que j’utilise pour caller l’armoire.

- Tu sais plus son titre ?

- Ben non, c’est comme l’amour. Plus tu vois la gueule d’un homme, moins tu l’aimes. C’est pareil avec les livres… tu les lis ça passe le temps, après c’est à peine un souvenir.

- Oh ! mais j’ai une idée ! s’exclama Josianne, les yeux plus écarquillés qu’un vagin distendu avec un speculum, le visage plus craquelé que jamais. On pourrait repeindre la boîte !

- Mais t’as perdue la tête Josy ? T’as un trou dans la caboche ou quoi ?

- Mais si, nous aussi, on peut les repeindre ! Ça nous rappellera le bon vieux temps, quand on collait des affiches pour l’avortement.

- Sauf qu’on en colle toujours, sauf que c’est contre l’avortement.

- Soit, mais penses à cette boîte. Ce serait pas mieux ? Pense aux enfants qui voient ces braquemarts !

- Ils en regardent sur leur téléphone. Ils sont plus innocents, les chiards d’aujourd’hui. Et puis bon, la peinture c’est cher. Faut demander à la ville ! On va écrire une lettre à la mairesse si tu veux.

- Mazette ! Super idée. Ca fait 30 ans que je n’ai pas écrit une lettre. »

Gigi et Josy disparurent une fois Chonchon soulagé : une petite miction tranquille sur le pied de la boîte à livres, ni vu, ni connu.

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