Les clés du royaume de Marje

11 minutes de lecture

Norman était reparti. Marje voulait mener l’enquête et Sofia restait absorbée par ses créations. Les new-yorkais commençaient à apprécier ses fleurs artificielles en matériau recyclé. Marje en était fan et plusieurs clients avaient écrit sur son insta que le résultat était bluffant de légèreté et de sophistication. Marje en avait acheté pour apporter plus de couleurs à sa librairie et s’était mis en tête de chercher dans ses manuscrits et autres grimoires des éléments de réponse à tout ça.

Sa librairie était appréciée des gens du quartier car il s’en dégageait un aspect un peu vieillot à la Harry Potter. Sofia aimait bien y traîner aussi. Et puis, Marje avait installé un petit coin lecture avec une machine à café pour les plus accrocs. Certains squattaient l’espace une heure ou deux avant de rentrer chez eux, d’autres s’y installaient en groupes pour débattre de leur dernière lecture, une BD ou un roman, c’était très convivial.

Marje virevoltait comme un papillon entre ses rayons et ses clients parfois même elle prenait part aux discussions. On pouvait y croiser toute sorte de personnes du cadre supérieur à l’étudiant un peu fauché. Tout était si pittoresque ici. On s’y sentait bien et puis sa librairie jouxtait la petite boutique de fleurs de Sofia. Alors elles se voyaient souvent et étaient heureuses ainsi. Elles fermaient leurs boutiques vers 20 h le plus souvent et elles se rejoignaient chez Marje ou chez Sofia pour dîner mais depuis le passage de Norman, elles passaient leurs dîners dans sa librairie à chercher des indices.

Un soir, après un dîner frugal, Marje décida de lui montrer son album de famille, histoire de voir à quoi elle ressemblait quand elle était petite. Elle s’engouffra dans son arrière-boutique et en revint avec deux objets. Une boîte à chaussures et un livre. La boîte à chaussures contenait des photos d’elle et le livre portait pour titre « L’anneau de Dieu. » Sur la couverture du livre, un symbole s’étalait sur la moitié de l’espace ; ce même symbole que Magda avait dessiné quand elles étaient à Lourdes. Marje était tout excitée, leur recherche avait porté leurs fruits. Ne restait plus qu’à le lire, Marge s’en chargea avant même que Sofia puisse dire un mot. Tant mieux se dit-, elle car entre ses nuits à fureter dans les rayons de livres et ses toutes nouvelles insomnies, ses productions de fleurs avaient pris du retard.

Le lendemain matin 8h.

Le téléphone de Sofia vibra.

Sofia : Coucou, Marge ! tu es bien matinale (sa boutique n’ouvrait qu’à 9h).

Marje : Je suis à la boutique, rejoins-moi, j’ai découvert des trucs qui pourraient nous aider.

C’était lundi matin en plein mois d’août, les new-yorkais dormiraient encore une bonne heure avant de se balader dans le quartier.

Sofia accrocha un « come-back soon » et poussa la porte d’entrée de sa bibliothèque, ça sentait bon le café. A sa tête, Sofia comprit vite qu’elle avait passé une nuit blanche en compagnie de l’Anneau de Dieu.

- Tu n’as pas beaucoup dormi on dirait.

- J’ai fini le bouquin figure toi. 300 pages en une nuit, suis vannée.

- Tu m’étonnes ! Bon, qu’est ce qui urgeait tant ? Pourquoi sommes-nous là en pleine matinée ?

Elle prit le bouquin, avala une gorgée de café, reposa le bouquin et fixa Sofia.

- Tu te souviens de cette histoire de clé que je devais trouver pour entrer dans mon royaume et bien …

- Et bien quoi ?

- Je crois que c’est cette clé, page 151. Elle montra une page du livre.

- Et en quoi cela nous avance-t-il si nous ignorons où la trouver ?

- Mais au moins, nous savons qu’elle existe. Apparemment, c’est l’une des clés qui ouvrirait le reliquaire du linceul du Christ qui se trouve à Jérusalem.

- Et bien sûr, il suffit de se pointer dans l’un de ces musées et de la dérober, c’est ça ton idée ?

- Evidemment, présentée ainsi, ça semble tout à fait farfelu.

- Farfelu et irréalisable surtout.

- C’est pour ça que j’ai gardé l’autre idée avant de te la présenter. Il y a une autre clé.

- Vas-y, je t’écoute.

- Dans ce livre, il parle aussi des deux mondes et d’une porte que seuls les Humandei , on les appelle aussi des grands-maîtres, pourraient franchir et la clé originale se trouverait derrière cette porte.

- Et donc, tu proposes quoi ?

- Je crois que je pourrais trouver cet endroit si le narrateur pouvait m’aider.

- Mais on ne connaît absolument rien de ce monde, on a beau être des Humandei ou je ne sais quoi, on peut aussi mourir je suppose. Ça me fait flipper.

- C’est bien pour ça que j’ai pensé à appeler le grand-maître du Combat.

- Mais t’es en plein délire ou quoi. Qui c’est celui-là encore ?

- Anton .

- Quoi Anton ???

- C’est lui le grand-maître du Combat ; c’est un combattant. Dans l’autre monde, il est à la tête des chevaliers de Dieu. Il pourrait nous aider.

- Mais ça fait des lustres que nous n’avons plus de nouvelles de lui. Il n’est pas du tout au courant de tout ça. Comment vas-tu t’y prendre pour le convaincre ?

- ça, c’est ta partie. Il vit à Los Angeles mais sera à Albuquerque ce soir. Vous êtes toi, Anton et Norman invités à dîner chez Magda. Tu pourrais en profiter pour rencontrer la mère de Norman, elle avait l’air de drôlement t’intriguer l’autre soir et Norman sera ravi de te revoir.

- Et pourquoi Norman serait-il ravi de me revoir ?

- Parce que tu lui plais, ça se voit comme un nez au milieu de la figure. Vas-tu y aller, oui ou non ?

- ll me faudrait au moins 3 jours et j’ai une boutique à faire tourner.

- Ne t’inquiète pas pour ça. Je gère. Une amie a déjà accepté de te remplacer pour le week-end. Ton vol décolle dans 3 heures, tu as juste le temps de l’attraper et d’être là-bas pour le dîner.

- Le dîner ??? Mais quel dîner ???

-Je viens de te le dire. Magda vous invite tous les trois chez elle ce soir. J’ai pensé à tout comme tu vois. Tu logeras chez Magda et son mari, ils possèdent une grande maison avec dépendance. Je t’ai noté toutes les adresses sur ce bout de papier. Anton a préféré louer une chambre dans un hôtel.

- Je vois surtout que tu fais les choses dans mon dos, suis pas sûre d’être encore ton amie à mon retour.

- On parie ?

- Non, c’est pas la peine. Tu as trop de tours de magie dans ta poche, je vais encore me faire avoir. Sofia enlaça tendrement Marge dans ses bras.

Marje : Bon allez, file.

Albuquerque, chez Magda et son mari

Magda attendait Sofia à la sortie de l’aéroport. C’était vraiment gentil de sa part de l’accueillir à l’aéroport étant donné qu’elle allait déjà loger chez elle.

Une brève accolade et les voilà parties.

Sa demeure se révéla être une espèce de ranch avec beaucoup d’espaces verts tout autour et une piscine assez impressionnante.

Il était presque 17 h.

Magda : Ta chambre se trouve sur l’aile droite de la terrasse. Mets -toi à l’aise. Si tu veux un maillot, j’en ai plusieurs à te proposer. J’ai totalement oublié de le dire à Marje.

- En parlant de Marje, depuis quand avez-vous manigancé tout ça ? Parce que moi je n’ai été mise au courant que ce matin.

Magda sourit. Il n’y a aucune manigance dit-elle. Marje m’a appelée au milieu de la nuit pour me faire part de ce qu’elle avait découvert dans ce livre, le symbole et tout le reste. J’ai été moi aussi excitée à l’annonce de cette nouvelle et c’est à ce moment qu’elle me proposa de vous réunir tous les trois ici et ça tombait bien car mon mari est en déplacement, mon fils en week-end chez son meilleur ami et comme tu peux le voir, je ne manque pas d’espace, des fois ça me fout la trouille. Ça va être une soirée sympa, je me réjouis de vous revoir tous les trois.

- ça me fait plaisir à moi aussi. Tu n’as pas beaucoup changé.

- A l’extérieur peut être pas mais à l’intérieur, tu as devant toi une toute nouvelle Magda. Yvan est au courant de tout. Au début, cela a été difficile et puis petit à petit à force d’amour, nous nous sommes rapprochés. Vraiment. Et toi alors ? Marje m’a dit que tu t’étais finalement installée à New York et que vous étiez devenues très proches.

- Oui, en effet. Elle m’a trouvé un espace jouxtant sa librairie qui est parfait pour moi. Cet espace appartient à ses parents, elle a pu me faire un prix en attendant que mes ventes décollent.

Un bruit de klaxon devant l’entrée du ranch. Ce sont les garçons Anton et Norman.

Magda : Coucou les garçons ! salut Anton ! Salut Norman !

Anton et Norman lui rendirent son salut et les embrassades prirent fin.

Magda : Vous avez trouvé le ranch facilement?

Norman : C’est moi qui conduisais alors oui, avec Anton au volant on serait encore à Albuquerque.

Tout le monde se mit à rire.

Magda : Je nous ai préparé une grillade, ça vous va ? j’ai pensé qu’avec ce beau temps, ce serait sympa de dîner dehors.

Sofia : Très bonne idée, c’est vrai qu’il fait vraiment doux, c’est agréable.

Deux heures plus tard, une fois les sujets politiquement corrects abordés, Sofia décida de lancer un petit caillou dans la mare.

- Est-ce que quelqu’un a rêvé ou voyagé comme dit Norman, depuis que nous avons quitté Lourdes ?

Anton : Moi, j’ai rêvé pour ainsi dire la suite de mon premier rêve où il y avait un prêtre qui nous disait « allez debout, nous avons une bataille à mener tout en nous tendant des armes moyenâgeuses. Et bien récemment, j’ai rêvé que j’étais à la tête d’une sorte d’armées équipées d’armes au pouvoir surprenant pour ne pas dire magiques. C’était chouette, pour un peu, je me serais crû dans « Star Wars ».

- Et qui en est sorti vainqueur ?

- Je ne sais pas, je me suis réveillé avant la fin des combats.

Pendant le récit d’Anton, Sofia fixait Norman et une fois l’histoire terminée s’adressant à lui, elle lui dit : « Norman, leur as-tu parlé avant ce dîner ?

- Je n’ai pas eu vraiment le temps, Marje ne m’a prévenu qu’hier.

-Tu dois leur dire..

Anton : Nous dire quoi au juste ?

Norman leur raconta mot pour mot ce qu’il avait raconté la veille à Marje et à Sofia.

Anton : Si j’ai bien compris, Marje maîtrise les énergies, Sofia est une super traductrice multi-langues, Norman tu es le passeur de temps. Je n’ai pas bien compris ce que Magda et moi étions dans toute cette histoire.

Sofia: Norman et Marje pensent que tu es le grand maître des chevaliers de Dieu , celui qui dirige toutes les entités divines impliquées dans la lutte contre les forces de l’ombre. Pour Magda, je ne sais pas. Aucun de nous le sait.

Anton : Et que suis-je supposé faire dans cette histoire de clé du royaume de Marje ?

Sofia : Marje a trouvé ce livre avec le même symbole dessiné par Magda quand on était à Lourdes. Je t’en ai fait une photocopie. Je n’ai pas eu le temps de le lire mais selon Marje, à l’intérieur se trouveraient certaines réponses à tout ce qui nous est arrivé à Lourdes et bien plus.

Pour commencer, nous devons nous rendre à Jérusalem et trouver la porte qui communique entre ces deux mondes ; derrière cette porte, se trouve une clé, c’est elle que nous devons trouver pour accéder au royaume de Marje .

Magda : Et peut être bien à d’autres royaumes, qui sait.

Anton : C’est complètement dingue ! Mais, vous êtes tous devenus fous !! il n’y a que dans les films de science-fiction que des humains arrivent à se balader dans deux mondes aux propriétés physiques totalement différentes. Moi, je suis venu ici pour chercher un transporteur et voir ce qui était possible de faire avec la société dans laquelle travaille Norman.

Sofia : Merci pour nous. Nous aussi on est heureux de te revoir.

Anton : Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Désolé, c’est un peu le chaos dans ma boîte, je dois trouver de nouveaux contrats et tout ça me met un peu sous pression. Quand j’ai vu ton message et ton invitation Magda, je t’assure que j’étais content de m’éloigner un peu de Los Angeles alors s’il vous plaît, pardonnez-moi. C’est juste que là, je ne peux pas encaisser tout ça.

Magda : Bien sûr qu’on te pardonne. Je sais qu’on se connaît depuis peu mais cela ne doit pas nous empêcher de nous parler de temps en temps et d’être à l’écoute.

Sofia: Tu sais moi aussi je me suis posée un tas de questions et je comprends parfaitement ta position. On pourrait tout arrêter et en rester là mais il y a tellement de choses incompréhensibles qui nous sont arrivées depuis Lourdes. Quand Marje m’a révélé tout ça, j’ai mis un certain temps à le digérer. Quelle était la part d’hallucination collective ? Mais nous venions tous d’horizons complètement différents, chacun avec ses valeurs, sa foi et dès le deuxième jour, ces rêves en commun... Ce prêtre, les dessins de Magda... on passait du rêve à la réalité…les frontières étaient devenues si poreuses…Si cela doit nous coûter un billet d’avion pour Jérusalem pour avoir des réponses et dormir enfin sur nos deux oreilles, je dis que cela en vaut la peine. Personnellement, je n’irai pas plus loin que ce voyage, je l’ai dit à Marje mais à ce stade, je ne peux pas renoncer et nous irons avec ou sans toi Anton.

Magda et Norman étaient d’accord avec Sofia.

Minuit déjà.

Anton et Norman restèrent silencieux quelques minutes. Ils tombaient tous de sommeil. Magda leur proposa de les retrouver demain dans le parc d’attraction du coin, il s’y trouvait des auto-tamponneuses. « On pourrait oublier tout ça le temps de retrouver notre adolescence » dit -elle.

A la grande surprise de Sofia, l’idée sembla plaire à tout le monde ; Rendez-vous était pris pour 17 h, il fait moins chaud.

Après une journée détente bien méritée, retour au ranch. Sofia devait préparer son sac, son vol décollait à 7h du matin le lendemain. Anton restait quelques jours de plus pour affaire avait-il dit.

De retour à new-York

Dimanche midi

Marje attendait Sofia à l’aéroport dans une voiture avec chauffeur. Elle venait de déposer ses parents qui s’envolaient pour Paris.

« La grande classe » lui dit-elle en entrant dans le véhicule. Ce sera sans doute la première et dernière fois de ma vie.

- Bon alors, raconte. Comment ça s’est passé avec Anton ?

- Salut Marje, mon vol s’est déroulé idéalement sans turbulences. Le ranch de Magda est superbe, j’ai passé deux jours magnifiques à Albuquerque. Oh oui, j’oubliais... je vais bien, merci.

- Oui bon, on a compris ta petite leçon de choses. As-tu réussi à convaincre Anton ?

- Franchement, je ne sais pas. Il n’avait pas l’air emballé et nous a même traités de fous furieux alors je crois que c’est mal parti.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Janick Armand ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0