Anton

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De retour à Los Angeles, Anton retrouva ses réflexes de cadre supérieur dans une grande société. Il était anxieux, irritable et un peu épuisé mentalement. Quelque chose ne tournait pas rond mais quoi ?

Il avait approché un gros revendeur de pièces détachées à Albuquerque. L’entretien s’était bien passé mais le client avait voulu un peu de temps pour réunir son équipe de direction et lui fournir une réponse favorable. Anton avait mis son stress, son irritabilité sur le dos de ce contrat dont l’issue était encore incertaine.

Lundi. 9h55.

Quelqu’un frappe à la porte. « Votre rdv de 10 h est là Monsieur Dravitch. » lança sa secrétaire et tout de suite après, une personne entra.

- C’est vous, mon rdv de 10h père Stanislas ! quelle belle surprise. J’ignorai que l’église faisait aussi commerce de pièces détachées. Asseyez-vous, je vous en prie.

- Je suppose que vous faites allusion au commerce de la foi, je ne relèverai pas cette remarque un peu trop acide cadrant peu avec la « belle surprise » que vous avez laissé échapper de votre bouche un peu trop vite manifestement.

-Vous avez raison, pardonnez cet humour de mauvais goût. Dites-moi plutôt ce qui vous amène et ce que je peux faire pour vous.

- En l’occurrence, c’est moi qui peux faire quelque chose pour vous Anton.

-Ah oui, comment ça ?

- Il se trouve que je connais une personne qui est en affaire avec vous pour l’achat de pièces détachées en grande quantité.

- Par quel miracle si vous me passez l’expression, cela serait-il possible ?

- Cette personne, la cinquantaine grisonnante dirige la société « repair cars » et vous l’avez rencontrée la semaine dernière à Albuquerque n’est-ce pas ?

- Oui, c’est juste. Mais je ne vois toujours pas le rapport avec l’Eglise ?

- Le dirigeant de cette société est mon oncle.

- Que le monde est petit ! Alors comme ça, Justin Galloway est votre oncle, quelle coïncidence ? Et puis-je savoir comment cette rencontre assez confidentielle est parvenue jusqu’à vos oreilles indiscrètes ?

- Aucune indiscrétion, rassurez-vous, mon oncle est un homme d’affaire fiable, n’importe qui pourra vous le dire. Il se trouve que je vous ai vu sortir de ses bureaux alors que je le rejoignais pour aller déjeuner.

- Très bien, voilà un premier point éclairci. Passons au second si vous le voulez bien. Comment pouvez-vous m’aider ?

- Je détiens une information sur mon oncle qui pourrait peut-être vous être utile.

- Quelle que soit cette information, je ne veux pas la connaître, je ne travaille pas de cette façon. Vous vous êtes crû dans un épisode des Sopranos ou quoi ? Veuillez sortir de mon bureau.

- Anton, vous vous croyez invincible, vous pensez pouvoir tout maîtriser mais depuis votre retour de Lourdes, votre vie vous échappe et vous n’arrivez plus à dormir et encore moins à réfléchir. Pendant combien de temps encore allez-vous jouer cette comédie auprès de votre famille, de vos amis ?

- Mais enfin de quoi voulez-vous parler ? Vous avez déjà pourri la tête de mes amis en leur racontant des histoires à dormir debout et maintenant que je suis le seul à résister, vous avez décidé de pourrir la mienne. Je ne vous laisserais pas faire.

- Soyez tranquille Anton. Rien ne sera dévoilé ici, votre secret sera bien gardé et s’agissant de vous pourrir la vie, vous vous débrouillez très bien sans moi. Une dernière chose, je pensais que votre séjour à Lourdes vous aurait permis de trouver votre propre vérité mais vous êtes toujours dans le mensonge et cela vous ronge. Bonne journée. Nous nous reverrons.

Anton sortit de son bureau, enfila sa veste et prévint sa secrétaire qu’il serait absent toute la journée.

Il passa les deux heures suivantes sur un banc face à la mer à Venice beach.

Des questions tourbillonnaient dans sa tête.

Comment le père Stanislas avait eu vent de son secret ? Aucun de ceux qui étaient à Lourdes ne le connaissait, aucun risque de ce côté-là…à moins que…A moins que, le père Stanislas puisse voyager dans les rêves des autres. « Impossible »se dit-il. Je n’y crois pas mais quelle autre hypothèse suivre dans ce cas ? Anton eut beau retourner le problème dans tous les sens, la piste des rêves restait la plus plausible. Oui mais s’il était dans son dernier rêve, celui-là même où le prêtre aurait pu découvrir son secret pourquoi lui, Anton, ne l’a pas vu.

Il sortit son téléphone et appela Marje.

- Coucou Marje, comment vas-tu ? Aurais-tu du temps pour moi ce soir, on se fait une visio ?

- Avec plaisir Anton. On se capte vers 21 h si ça te va.

- ça me va. A ce soir alors.

Lundi.21 h

Marje : Coucou Anton ! Comment ça va ? ça tombe bien qu’on se parle parce que je voulais m’excuser pour le week-end dernier, je ne voulais pas te piéger tu sais.

- Ne t’inquiète pas, je suis passé à autre chose et je ne me suis pas senti piégé. Enfin pas vraiment.

- De quoi voulais-tu me parler ?

- De l’Anneau de Dieu

- Ah oui, vraiment. D’accord. Que veux-tu savoir ?

- Et bien, je me demandais si certaines entités pouvaient voyager dans les rêves des autres ?

- Oui, bien sûr c’est le cas de Norman à qui ça arrive bien involontairement jusqu’ici dit-elle en souriant.

- Et est -ce que ces mêmes personnes peuvent changer d’aspect dans ces rêves ?

- C’est marrant que tu me parles de ça parce qu’en relisant certains passages avec plus d’attention, j’ai découvert une entité appelée Figi , ces entités peuvent voyager dans les deux mondes sans se faire remarquer car elles ont brouillé leur empreinte énergétique.

- De quoi tu parles ?

- Tu sais que tous les êtres vivants sont traversés de courant électrique, ce qui confère à chacun de nous, une empreinte énergétique aussi fiable que nos empreintes digitales. Mais les Figi en brouillant leur empreinte ne sont pas visibles ou difficilement visibles. Je crois que Magda peut les démasquer.

- Comment le sais-tu ?

- Parce que lorsque nous étions à Lourdes quand elle a vu le père Stanislas, ces poils se sont hérissés. Au début, elle a cru que c’était à cause de l’histoire qu’elle avait eu avec lui mais elle s’est vite rendu compte qu’il y avait autre chose et c’est en lisant l’anneau de Dieu que la vérité lui est apparue.

- Que veux-tu dire par l’histoire qu’elle a eu avec lui ?

- Ecoute, je t’ai dit tout ce que je pouvais te dire, pour le reste tu dois lire le livre et demander à Magda la suite de l’histoire, je ne veux pas trahir sa confiance tu comprends. Pourquoi me poses-tu toutes ces questions alors que le week -end dernier, tu nous prenais pour des fous ?

- Le père Stanislas est venu me voir aujourd’hui et nous avons eu un échange étrange. Laisse-moi le temps de régler ça, et je te raconterai tout.

- N’oublie pas que nous sommes là, n’hésite pas à demander de l’aide. Pour une raison que j’ignore, nous sommes tous liés les uns aux autres et nous devons nous serrer les coudes dans ce monde comme dans l’autre.

- Oui tu as raison. Je vais appeler Magda, elle pourra sûrement m’aider à le démasquer dans mes rêves.

- C’est une bonne idée. Je crois savoir qu’elle s’est beaucoup documentée là -dessus. Tiens-moi au courant. Bye.

Il appela Magda ; ils se racontèrent leur histoire. D’autres tabous étaient tombés, cela les rapprocha un peu plus. C’est à ce moment qu’elle lui raconta ce qu’elle avait vu dans les yeux du père Stanislas quand leurs regards se sont croisés. Les yeux du père s’étaient mis à rouler dans leur orbite de sorte que seule la partie blanche de ses yeux était visible, cela n’avait duré qu’une fraction de seconde mais cette image l’avait poursuivie très longtemps après cet événement.

Bien sûr, à ce stade, elle ne savait pas si elle pouvait être d’un quelconque secours pour Anton mais ils ne seraient pas trop de deux pour affronter cet « étrange ». Magda lui proposa donc de l’appeler à la rescousse si les choses partaient en vrille dans ses prochains rêves. Ils allaient pouvoir vérifier si ce lien qui les unissait tous était si puissant.

Et ce fut le cas du rêve qui avait suivi le coup de fil à Magda.

Anton est dans un bar. Il y a deux autres hommes accoudés au bar. Les deux hommes s’approchent de lui et l’un des deux dit « mon patron voudrait bien faire affaire avec vous mais il a peur que vous lui demandiez autre chose en compensation de vos prix attractifs »

Anton répond : Comment pourrait-il le savoir, je n’ai pas encore dit un mot.

Le plus bavard des deux hommes poursuit. « Mon patron le sait parce que je contrôle ses pensées, comme je contrôle les vôtres ».

A ce moment du rêve, Anton appelle Magda, d’abord faiblement puis de plus en plus fort jusqu’à déformer sa mâchoire. Tout à coup, Anton, Magda et les deux hommes se retrouvent dans le bureau d’Anton. Magda, allonge son bras tout en regardant fixement l’homme le plus bavard, ses yeux marrons virent au vert, tournent dans leur orbite. L’homme cherche à s’échapper, il prend Magda en otage, Magda regarde Anton et lui crie « bats toi, tu es le maître de ces lieux ». Soudain, Anton se retrouve revêtu d’une armure et d’une épée. Il court vers cette chose devenue indéfinissable, se glisse sous ses jambes devenues immenses et lui sectionne les deux jambes. Le Figi s’effondre, ses bras libèrent Magda qui peut enfin lui transpercer le cœur avec son bras droit transformée en lance pour l’occasion.

Anton se réveille en sueur, le cœur haletant, il se dirige vers sa cuisine, il boit d’une traite un litre d’eau et retourne se coucher.

8h du matin. Bureau d’Anton. Son téléphone vibre c’est Magda.

- Salut Magda. Comment ça va, pas trop fatiguée ?

- C’est à toi qu’il faut que je pose la question. Tu t’es battu comme un chef

- Oui, on a formé un duo d’enfer... enfin, façon de parler.

- Je t’ai entendu tu sais.

- Je le sais bien, je t’ai vue. Merci de ne pas m’avoir abandonné.

- Jamais ! tu m’entends. Est-ce qu’on en parle aux autres ?

- Oui, absolument. Ils doivent savoir. J’ai tellement de choses à leur dire. Je dois te laisser, mon rdv de 10h, un certain Justin Galloway vient finaliser le contrat que je lui avais proposé.

- Bonjour Monsieur Galloway

- Bonjour M. Dravitch

- Attendons-nous votre neveu ?

- Non, je crains que non, il m’a appelé pour me dire qu’il était souffrant et qu’il désirait partir à Lourdes de nouveau le plus vite possible.

- Grand bien lui fasse. Asseyez-vous et commençons.

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