8 DIONYSOS

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La Jalousie d’Héra



Héra était furibonde. Alors qu’elle arpentait les couloirs du palais de l’Olympe, elle cherchait une solution à la source de son problème. Zeus, son mari, avait encore été voir ailleurs. Et naturellement, comme à chaque fois qu’il partageait la couche de quelqu’un, un enfant était conçu. Cela la mettait particulièrement en rogne. Cela devrait être ses enfants ! Les siens ! Pas ceux des autres !

En temps normal, elle n’avait pas trop de difficulté à s’en débarrasser ou à les maudire. Ces maudites concubines étaient en général seules et sans le moindre support. Zeus ne s’en souciait plus après s’être amusé avec elles. Il accordait à peine de l’importance à ses multiples enfants à moins qu’ils aient un talent particulier. Cela laissait à Héra le champ libre pour intervenir et les maudire. C’était bien la seule chose qu’elle pouvait faire puisqu’il lui était impossible de s’en prendre à son époux directement. Il restait le dieu des dieux.

Pour Déméter, la première, elle n’avait rien fait. Elle ne savait pas quoi en penser. Elle pensait que la faute lui revenait. Qu’elle n’avait pas été une épouse exemplaire. Pourtant elle lui était fidèle et entièrement dévouée … Elle ignorait ce qu’elle avait pu faire de mal pour qu’il aille voir ailleurs. Alors elle avait accepté en silence le fait que sa sœur ait un enfant de son mari. Une fille, Perséphone. Il en fut de même pour Maïa de qui Hermès fut le fruit de l’union.

Mais par la suite, elle avait bien senti qu’elle n’était nullement en cause car elle avait veillé à être irréprochable en plus d’être fidèle. De là, une colère naquit pour son époux mais aussi ses maîtresses toujours plus nombreuses.

Pour Leto, cela avait été simple. Elle avait juste promis milles maux et tourments aux terres qui oseraient lui donner asile pour qu’elle mette au monde ses enfants. Elle pensait avoir réussi son coup jusqu’à ce que Délos se dévoue pour soulager la déesse de son fardeau.

Pour Métis, elle n’avait eu qu’à rappeler à Zeus la sombre prophétie de Gaïa pour qu’il l’avale tout rond avant même la naissance de son enfant. Elle n’avait toutefois pas songé à la possibilité qu’Athéna lui sorte de la tête avec armure et casque en main. Mais au moins, Métis était partie …

Il y en avait de nombreuses autres bien sûr. Tellement qu’elle en avait perdu le compte, des nymphes, des déesses, des mortelles, son mari ne faisait aucune différence tant que la femme était désirable de son point de vue. Une belle créature digne de ses attentions éphémères.

La dernière en date était Perséphone elle-même. Malheureusement, la concernant, c’était bien plus compliqué de s’en prendre à elle alors qu’elle était enceinte. Hadès veillait. Il n’était pas ravi de la situation mais il était là pour son épouse. Alors elle cherchait un moyen de se venger et abattre son courroux d’une façon ou d’une autre. Que ce soit sur la mère ou l’enfant, elle s’en fichait. Elle voulait juste avoir une cible sur laquelle s’acharner.

Et elle en eut finalement l’opportunité quand Perséphone revint sur l’Olympe pour la saison d’été avec son petit Zagreus dans les bras. Héra profita de l’occasion pour faire appel à quelques titans. Elle n’allait pas faire elle-même la sale besogne tout de même ! Elle devait restée aussi immaculée que du lait !

Elle fut ravie d’apprendre que le petit fut emporté et entièrement démembré. Elle l’aurait même été encore plus s’il avait été dévoré par les titans. Hélas, ils avaient été terrassés avant. Mais le mal était fait. Le petit Zagreus était désormais mort.

Athéna revint au palais avec un petit sac.

— Qu’est-ce ‘Théna ? Demanda Héra.

— Le cœur de Zagreus, ma tante, répondit la déesse de la sagesse. Père me l’a confié.

— Oh … Garde-le bien dans ce cas.

Héra s’éloigna. Elle était perplexe. Qu’est-ce que son époux avait en tête ? Qu’allait-il faire du cœur de son fils ? Elle mena son enquête dans la plus grande discrétion. Elle découvrit alors dans les mois qui suivirent que Zeus entretenait une relation avec une mortelle, une certaine Sémélè.

Même si elle rageait à l’idée d’avoir une nouvelle rivale — une mortelle qui plus est ! — elle restait intriguée. Zeus avait l’habitude de prendre des concubines pour une ou deux nuits et après il s’en lassait et passait à la suivante. Pourquoi là était-ce différent ? Ce fut là qu’elle comprit. Le cœur de Zagreus. Sémélè avait été choisie pour être la matrice d’un nouveau pour le petit Zagreus.

Héra hurla de colère dans son palais avant de se taire. Elle avait un plan pour détruire celui de son époux. Ce garçon ne naîtrait pas une deuxième fois ! Il en était hors de question ! Elle prit donc l’apparence d’une proche de Sémélè pour lui susurrer quelques mots à l’oreille. Son objectif était de saper sa confiance et sa dévotion envers cet homme qui prétendait être Zeus, qu’elle le voit comme un simple mortel qui se jouait d’elle. Et s’il était réellement Zeus, alors elle devait lui demander de se montrer sous toute sa splendeur divine pour prouver ses dires. Héra se garda bien toutefois de lui mentionner qu’elle en mourrait sur le coup, c’était son objectif.

Et ainsi son plan se déroula. Pas une seule fausse note. Elle était satisfaite. Zagreus était définitivement bien mort, et de la main de son père, c’était encore mieux !

Quelle ne fut pas sa surprise quelques mois plus tard de voir son époux se trancher la cuisse et de voir un garçon en sortir, rattaché à son père par un cordon ombilical.

— Et bonjour mon petit, fit Zeus en le soulevant. Bon retour parmi nous, mon petit Zagreus… Hmmm… Tu es né une seconde fois… Un nouveau nom doit t’être donné… Laisse-moi réfléchir… Dionysos ! Tu seras Dionysos !

Héra s’éloigna calmement de son époux et, une fois à l’abri des regards, éclata sa rage sur la terre entière. Un énième fils de Zeus était né.

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