Chapitre 1
Février 2025
Le soleil se lève. Ma moitié est allongée dans un lit. Un lit qui n'est pas le sien et qu'elle devra quitter sans tarder pour laisser la place à une autre personne dans le besoin. Un lit branché à une prise murale, un lit à barrières avec une pancarte à son extrémité pour surveiller les constantes vitales de ses hôtes temporaires. Un lit d'hôpital quoi.
Le diagnostic est tombé il y a plusieurs mois déjà. Nous l'avions plus ou moins deviné, les symptômes ne trompaient pas et le dénouement final n'était pas difficile à imaginer. La grosseur au sein de ses entrailles grandissait à vue d'œil.
- Plus que quelques semaines, nous avait annoncé sans détour le spécialiste.
Enfermée entre ces quatres murs aseptiques, ma bien-aimée, immobile, dont le visage serein ne reflète pas les dernières épreuves traversées, a rejoint le monde des songes. Tout est passé si vite. Elle n’était que douleur et… je n'ai rien pu faire. Je n'ai rien pu faire si ce n'est lui tenir la main dans ses instants de souffrance, susurrer quelques mots confus et lui offrir l'aperçu de mon visage chamboulé.
Le scope, comme ils l'appellent et qu’ils n’ont cessé de surveiller, n’arrête pas de clignoter. Lui ne s’interrompra jamais. Son mode silencieux me permet de profiter de ce silence nouveau, mais son alarme rouge, oscillant sur les murs roses pâle par intermittence, me rappelle inlassablement ces heures éprouvantes. Je n'ai pas dormi. Je ne pouvais pas. Et ce phare rouge bien que désagréable n'en est pas la principale raison. Ma vie ne sera plus la même. Il faudra l'assumer.
Nous sommes le cinq février, les premiers rayons du soleil pénètrent par stries au travers des rideaux lamellaires dans cette chambre d'hôpital située au premier étage. Ils nous accueillent tous les trois dans cette nouvelle aventure. Julie, épuisée et endormie, respire paisiblement. Un bandeau de lumière illumine ses traits marqués quand d'autres zèbrent ma mine heureuse et déconfite de fatigue. Je porte dans mes bras encore maladroits notre petit explorateur intrépide qui ne l'est pas tant au regard de son incapacité même à tenir sa si lourde tête.
Ces dernières heures ont été difficiles. Il y a eu quelques complications, quelques frayeurs et quelques claques si gentiment proposées que je n'ai pu les refuser. Mais l'accouchement est enfin terminé. Elio est né.
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