Chapitre 2 : Confidences au p'tit déj

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Hugo entrouvre un œil et aperçoit son réveil qui indique sept heures vingt-huit. « Deux minutes trop tôt » grommèle-t-il en se retournant, la couette sur la tête. Des bruits dans la cuisine voisine l’interpellent, il resserre son oreiller autour de sa tête. « C’est bon, je me lève » râle-t-il en repoussant ses draps au pied du lit. Il enfile son peignoir et quitte la chambre pour découvrir Joris en sous-vêtements qui s’affaire à la préparation du petit déjeuner.

— Qu’est-ce que tu fais déjà debout ? Tu ne bosses pas le vendredi ?

— Bien le bonjour à toi aussi !

Son ton sarcastique et sa grimace de dédain font aussitôt sourire Hugo.

— Pardon… bonjour à toi, mon cuisinier sexy, lance Hugo avec amusement.

Joris se cambre et remue ses fesses musclées sous le nez d’Hugo qui hausse les narines en se reculant sur son tabouret.

— Tu préfères une part de mon énorme gâteau ou ma grosse saucisse juteuse ? s’amuse Joris en se dandinant autour de lui.

— Un café suffira, minaude Hugo en serrant ses bras sur sa poitrine.

— Un café pour monsieur, un !

Joris se retourne et attrape une tasse fumante qu’il dépose devant Hugo.

— Monsieur désire-t-il quelques pancakes pour bien démarrer sa journée ?

— Tu as fait des pancakes ? Mais que me vaut cet honneur ?

— Ben… je me suis dit que ça te remonterait le moral…

Hugo est touché par l’attention de Joris, à un tel point qu’il sent les larmes lui monter aux yeux. Il se lève et l’enlace tandis qu’il a le dos tourné.

— Merci, Joris…

— De rien, mon chéri.

Joris se retourne et dépose un baiser sur le front d’Hugo.

— Dépêche-toi, sinon tu vas être en retard au boulot !

Tandis qu’Hugo se rassoit, Joris pose une assiette garnie de trois pancakes légèrement trop cuits. Hugo se retient d’éclater de rire et Joris le remarque.

— Oui, bon, ils sont un eu bronzés… c’est cette poêle, elle chauffe trop fort !

— Oui, vilaine poêle, ricane Hugo en levant la main, le poignet cassé. Ce n’est pas grave, ils ont l’air délicieux.

Joris sourit, fier de lui, et s’installe en face d’Hugo avec sa propre assiette.

— Tu vas faire quoi de ta journée ? demande Hugo en s’enfournant un énorme morceau de pancake dans la bouche.

— Berengère m’a proposé de passer la voir, mais je vais d’abord m’entrainer un peu. Tu veux qu’on fasse un truc ce week-end ?

— Comme quoi ?

— J’sais pas… on pourrait sortir ? Ça fait un bail qu’on est pas allé en boite !

Hugo hoche la tête, une moue hésitante sur le visage.

— Bof, j’suis pas motivé…

— Et si j’invite Reynald ? Ce serait l’occasion pour vous de faire connaissance. Et il pourrait faire un petit entretien de ta tuyauterie, ajoute Joris en haussant les sourcils, un sourire coquin aux lèvres.

Hugo lève les yeux au ciel.

— Sérieusement, c’est tout ce qui t’intéresse ?

Son ton soudain incisif braque aussitôt Joris.

— C’est bon, Hugo, je plaisantais.

— Ouais, mais c’est plus drôle ! Y a pas que le cul dans la vie, bordel !

— Eh oh, calme-toi, je m’excuse, OK ?

Hugo soupire en serrant les dents tandis que Joris lève les paumes dans sa direction.

— Moi j’crois que t’aurais justement besoin d’un bon coup bien placé pour te remettre les idées au clair ! lance Joris sans ménagement. Tu te crois mieux que tout le monde parce que tu cherches l’amour ? Mais redescend un peu sur terre, ta toute la vie pour trouver ta moitié, alors profite, merde !

Hugo fulmine. Il sait que son meilleur ami à raison, mais hors de question de l’avouer. Pour lui, il n’y a rien à gagner à coucher avec tous les beaux mecs de la terre. Seule une véritable passion peut lui offrir le frisson et l’exaltation qu’il recherche. Il jette ses couverts dans son assiette et se lève. Joris tente de le retenir.

— Nan, Hugo, pardon, c’est pas ce que je voulais dire…

Hugo l’ignore et retourne dans sa chambre en claquant la porte.

Après une douche peu relaxante à ronger son frein, Hugo finit de s’habiller et s’apprête à quitter l’appartement lorsque Joris l’intercepte.

— J’te demande pardon, je voulais pas être condescendant… c’est toi qui as raison de vouloir trouver la bonne personne. Moi j’me contente de me resservir au buffet alors que toi, tu veux juste savourer ton plat.

Hugo est impressionné par l’effort de langage de Joris.

— C’est une belle métaphore. Mais c’est toi qui as raison, j’ai tout le temps de trouver le bon… c’est juste que… les relations sans lendemain, ça me réussit pas. La dernière fois, c’était il y a presque huit mois…

— Huit mois ?! Tu te moques de moi ?

— Ben… tu te souviens de Ben, l’anglais qu’on avait croisé au Queen Club ?

— Tu veux dire que c’est le dernier mec avec qui t’as pris ton pied ?

— Ben en fait… j’ai même pas pris mon pied…

— Comment ça ?

Hugo se frotte la tête, gêné de faire cette confidence, même à son meilleur ami.

— On était raide, on s’est calé dans les toilettes pour… s’amuser… mais quand j’ai commencé à le sucer, il a eu des hauts le cœur et j’ai juste eu le temps de me pousser avant qu’il gerbe…

— Attends ! C’est pour ça que tu t’es barré comme un voleur ?

— J’avais tellement honte…

— Merde alors, j’en reviens pas !

Joris ouvre de grands yeux stupéfaits tandis qu’Hugo se dandine de gêne.

— Pourquoi tu me l’as pas dit ?

— J’avais horriblement honte ! Ça me ressemble pas d’agir comme ça, de me laisser aller à mes… pulsions…

— Ouais, mais c’est humain. Tu peux pas t’en vouloir d’être un mec normal.

Hugo soupire en secouant la tête, ébranlé par ses révélations. Joris remarque son trouble et le prend dans ses bras.

— Tu sais que tu peux tout me dire et que je te jugerai jamais. J’me moquerai, mais j’te jugerai pas.

Hugo esquisse un sourire tandis que Joris rigole à sa propre blague.

— Et si t’as besoin d’un p’tit coup de temps en temps, j’suis prêt à me sacrifier…

Hugo le repousse avec une grimace de dégout sur le visage alors que Joris éclate d’un rire franc qu’il lui communique aussitôt.

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