Chapitre 20
— Ramène la dans sa chambre et veille à ce qu’elle se nourrisse. Elle reprend le travail demain.
La porte claque, et je sens une présence s’approcher de moi. Elle détache les sangles autour de mes poignets, suspendus au plafond, et je m’écroule dans ses bras. À l’odeur familière qui m’enveloppe, je sais que c’est Ricky. Une épaisse couverture se pose sur mes épaules et m’engloutit tout entière. Les tremblements de mon corps nu s’atténuent peu à peu, au rythme de la chaleur qui m’envahit. Ricky me dépose délicatement sur le sol et s’attaque aux liens serrés autour de mes chevilles. Je suis trop épuisée pour bouger ne serait-ce qu’un doigt. Les maux de tête provoqués par la faim sont devenus si constants que j’ai l’impression qu’ils font partie de moi. Malgré tout, je parviens difficilement à les ignorer.
— Petite louve, peux-tu te lever ?
La voix de Ricky me parvient comme un écho lointain, étouffé. J’essaie de toutes mes forces de bouger les lèvres pour lui répondre, mais rien ne sort.
Il me pose toujours cette question, chaque fois qu’il vient me détacher. Et, comme à chaque fois, il n’attend pas ma réponse. Ses bras me soulèvent avec précaution. Il réajuste la couverture pour qu’aucune parcelle de ma peau ne soit visible. Puis d’un pas lent mais déterminé, nous nous éloignons de la chambre froide située au sous-sol du club.
***
J’ouvre les yeux. Je suis blottie contre Adrian.
Son souffle chaud effleure mon visage, son odeur m’enveloppe tout entière. Tout est calme, paisible. Seule sa respiration, profonde et régulière, vient troubler le silence réconfortant de la pièce. J’ai dormi longtemps, d’un sommeil profond, presque réparateur. Mon regard remonte lentement vers lui. À travers la fenêtre, les premiers rayons du soleil dessinent une bande lumineuse qui scinde son visage en deux et baigne sa peau d’une douce lueur dorée. Je tends la main, mais la retire aussitôt, craignant de le réveiller. Il a besoin de repos.
Mes yeux s’attardent sur son épaule. Pas de sang. Les points de suture tiennent bon. Les bandages n’ont pas bougé.
— Alors, verdict, docteure ?
La voix rauque d’Adrian me tire de ma contemplation et un frisson me parcourt tout le corps. Je détourne aussitôt les yeux de son épaule pour les poser sur lui. Ses paupières restent closes quelques secondes encore, puis, lentement, il les soulève. Ma respiration se suspend une fraction de seconde face à l’intensité de son regard. Lui, en revanche, semble parfaitement ignorer le pouvoir qu’il exerce sur moi.
— Comment te sens-tu ? Ton épaule ? demandé-je, la voix légèrement voilée.
Il tend la main vers moi, et, instinctivement, j’approche mon visage pour lui éviter le moindre effort. Ses doigts frôlent ma peau et je ferme les yeux, savourant la douceur de ce contact. Une chaleur familière s’éveille au creux de mon ventre.
— Mon épaule et moi allons bien, m’assure-t-il.
Je n’y crois qu’à moitié. La douleur doit être à peine supportable.
— Et toi ? demande-t-il plus doucement. Comment te sens tu… vraiment ?
Des élancements me martèlent le crâne, conséquence directe de tout l’alcool englouti la veille. Mon côté droit est engourdi d’être resté immobile toute la nuit. Je regrette toujours mes mots envers Ricky, mais une chose m’apaise dans ce chaos, Adrian est en vie. Et cette certitude éclipse toutes les autres sensations réunies.
— Je vais bien, dis-je simplement.
Son doigt suit lentement le contour de mon visage, traçant une ligne invisible, avant de s’arrêter à la commissure de mes lèvres.
— Comment s'est passée la mission avec Taylor ? Avez-vous découvert qui a engagé les bikers ?
J’hésite à lui confier mes soupçons. Jade, leur cheffe, nous a assuré n’avoir jamais rencontré le commanditaire. Quant à la voix qu’elle a décrite, j’ai beau me creuser la tête, elle ne m’évoque rien. Elle pourrait appartenir à n’importe qui.
Plusieurs personnes connaissent l’existence de ces plans, mais très peu savent où ils se trouvent ou plutôt, où ils se trouvaient. Et ceux qui étaient au courant de la mission se comptent sur les doigts d’une main; Jorys, Ricky, Adrian, Vladimir et moi.
— Non. Nous avons seulement obtenu une description vocale qui pourrait correspondre à n’importe qui.
Adrian fronce les sourcils. Il hésite à dire quelque chose, puis se ravise. Il change de position et s’allonge sur le dos. Je l’imite, et nous restons ainsi, le regard perdu au plafond.
— J’aurais dû te laisser venir avec moi, dis-je finalement en rompant le silence. Toi, et pas Taylor. C’était ton droit et je te l’ai refusé.
Il tourne lentement la tête vers moi et m’observe, son regard insondable.
— Je sais pourquoi tu l’as fait. Je ne t’en veux pas. Mais sache que je suis parfaitement capable de me protéger tout seul, comme un grand.
Ses derniers mots sont teintés d’une légèreté presque amusée, mais je n’y adhère pas. Tout cela aurait pu être évité si j’avais su mettre mes émotions de côté.
Et malgré ce qu’il affirme, il m’a fallu bien plus qu’une nuit de sommeil réparateur pour étouffer ce sentiment de culpabilité.
***
Les dernières semaines se sont écoulées calmement, sans incidents majeurs. Le poids de la mort de Conrad et d’Hector s’est totalement dissipé, aidé par l’absence de Vladimir, parti pour affaires.
Les recrues ont pris leurs marques et évoluent plus naturellement qu’à leur arrivée. En dehors des chamailleries habituelles entre Antonio et Luis, une bonne entente règne parmi l’équipe. Kyle a repris du poil de la bête, et Taylor, qui au départ se tenait à l’écart, s’intègre progressivement. Chacun suit une routine bien définie, que Ricky et moi avons soigneusement élaborée. Mes échanges avec lui se limitent au strict minimum professionnel. Nous n’avons jamais reparlé de l’incident, évitant tous les deux le sujet. Je sais qu’il se sentait déjà coupable avant même que je ne l’accuse. Ricky, comme moi, porte la responsabilité de chaque personne sous ses ordres. C’est aussi pour cela qu’il déteste s’occuper des recrutements. Chaque blessé, chaque mort parmi ses hommes le touche profondément. Et moi, je n’ai fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Cette situation me pèse bien plus que je ne veux me l’avouer. Je veux retrouver mon ami, mais pour une raison qui m’échappe, je n’arrive pas à faire le premier pas.
La blessure d’Adrian guérit lentement, trop lentement à son goût. La plaie est refermée et il récupère peu à peu sa motricité. Chaque jour, je suis de près ses progrès, et il supporte mal cette surveillance. À présent, il peut s’habiller seul, un progrès qu’il accueille avec un mélange de satisfaction et de frustration. Les raideurs matinales se sont dissipées, mais il reste fragile. Pour éviter tout risque, il a interdiction de fournir le moindre effort physique. Ses tâches ont été réparties dans l’équipe, et il est écarté des missions jusqu’à guérison complète. Une décision qui le ronge, même s’il fait semblant de l’accepter. Rester inactif le rend fou, et savoir que d’autres compensent son absence n’arrange rien. J'en suis venue à la conclusion qu'il déteste se sentir redevable. Il y a une semaine, il a tenté d’en faire trop et a rouvert sa blessure, nous faisant perdre plusieurs jours de récupération. Cet incident a au moins eu le mérite de lui faire comprendre qu’il n’a pas le choix. Depuis, il subit son immobilité avec un peu plus de résignation. Et même s’il s’obstine à minimiser sa douleur, je vois bien qu’elle l’épuise. Les médicaments le plongent dans un sommeil lourd, seule échappatoire temporaire à sa propre impatience.
— Laisse-moi faire, murmuré-je en lui retirant son t-shirt.
Nous sommes dans ma chambre. Adrian est assis sur le lit, comme chaque soir depuis plusieurs jours. Avant de dormir, nous faisons ensemble les étirements prescrits par le médecin.
— Tu en fais déjà assez, proteste-t-il.
Je pose ma main à l’endroit où la balle l’a traversé, juste au-dessus du cœur, et exerce une légère pression.
— Lève le bras, ordonné-je.
Il rechigne mais finit par obéir.
— Primo, je le fais parce que j’en ai envie. Secundo, tu apprendras bien assez tôt que je ne fais jamais rien gratuitement.
Il arque un sourcil, intrigué, tandis que je fais doucement pivoter son avant-bras droit.
— Ce n’est pas gratuit ? répète-t-il.
Un sourire malicieux se dessine sur mes lèvres.
— Exactement.
— Et comment suis-je censé te rembourser ?
— Tu verras, soufflé-je d’un ton mystérieux.
Une fois les rotations terminées, je passe derrière lui pour masser toute l’épaule. Mes gestes sont fermes mais mesurés, exactement comme Camilo me l’a montré.
Malgré ces quatre semaines sans entraînement, ses muscles sont restés étonnamment toniques, sans doute grâce à son alimentation stricte. Mon regard suit la ligne de son torse nu, glisse lentement jusqu’à la fine toison au niveau de son nombril, qui disparaît sous la ceinture de son pantalon. Une chaleur sourde, familière, s’éveille en moi. Mais je la réprime, comme je le fais depuis des semaines.
Il doit d’abord guérir. Le reste viendra après. N’est-ce pas ?
Adrian remarque aussitôt mon changement d’humeur. Son regard ardent s’accroche au mien, mais je détourne les yeux et me réfugie dans la salle de bain. Quand j’en ressors, il est allongé et profondément endormi.
Nous ne parlons jamais de cette tension électrique qui vibre sans cesse entre nous, omniprésente, presque palpable. Adrian n’en dit rien, mais je la lis dans ses yeux. Chaque matin, je me réveille avec la preuve de son désir pressée contre moi, mes fesses ou mon ventre, selon la position dans laquelle nous nous sommes endormis. Nous n’avons pas non plus reparlé de ce qui s’est passé sur la terrasse, lors de l’anniversaire de Vladimir. C’était mon choix, et il l’a respecté. J’ai cette certitude qu’en mettant des mots sur ce qui nous lie, cela rendrait tout trop réel. Comme si, en refusant de l’admettre à voix haute, cela effacerait la gravité de la situation. Comme si rien n’était interdit. Comme si rien n’avait de conséquences. Alors, nous nous taisons. Même quand nos baisers deviennent trop fiévreux et que je me dérobe à son étreinte. Même quand, au lieu d’insister, il se contente de me serrer fort contre lui et d’enfouir son visage dans mon cou pour en humer longuement l’odeur.
Mais ce soir, tout est différent. Je le sens.
Je l’ai compris en me réveillant en pleine nuit, le souffle court, la peau moite, encore hantée par le rêve dont il était le seul protagoniste. Et lui, juste à côté, dort paisiblement, inconscient du tumulte qu’il provoque en moi.
Je crois que je deviens folle.
Mon sursaut finit par réveiller Adrian. Un seul regard, et il comprend. Sans un mot, il se penche et m’attire contre lui, ses bras puissants m’enfermant dans une étreinte rassurante. Mais cette fois, je le sais, un simple câlin, aussi réconfortant soit-il, ne suffira pas à calmer l’incendie qui me consume et pulse entre mes cuisses.
Je me dégage légèrement et plonge mes yeux dans les siens. Comme toujours, ce regard m’aspire, me fait perdre pied. Lentement, je réduis la distance entre nous et pose mes lèvres sur les siennes.
Le baiser, d’abord tendre, s’embrase vite. Nos dents s’entrechoquent, nos langues se frôlent avec une urgence presque douloureuse. Je mords sa lèvre, il me rend la pareille. Un gémissement m’échappe lorsqu’il empoigne mes fesses, attisant le brasier qui dévore mes entrailles. Toute pensée rationnelle s’efface.
D’un geste fluide, il attrape le bas de mon t-shirt et le fait passer au-dessus de ma tête. Ses yeux s’écarquillent en découvrant ma poitrine nue, offerte à lui seul. Il déglutit bruyamment, ses pupilles dilatées trahissant un désir qu’il ne cherche plus à masquer. Un frisson me traverse, ma peau brûlant déjà de l’envie de ses caresses.
Ses lèvres se posent sur mon téton, déclenchant une onde de plaisir qui se répercute directement entre mes cuisses. Je soupire de soulagement, basculant la tête en arrière, savourant enfin la chaleur de sa bouche contre moi. Instinctivement, je me cambre, offrant encore plus mon sein dur à sa gourmandise.
Il mordille ma peau sensible et une décharge électrique me traverse. Il aspire, lèche, suçote et je me perds totalement sous ses caresses. Il semble avoir deviné à quel point cette zone est sensible et lui accorde toute l’attention dont j’ai toujours rêvé. Lorsqu’il se tourne vers mon autre sein, ses gestes sont tout aussi précis, tout aussi avides.
Et moi, je ne pense plus à rien.
Le plaisir monte, m’engloutit. Des mots sans suite franchissent mes lèvres, se mêlant à mes soupirs et à mes gémissements. Je ne suis plus qu’une vague de sensations.
Adrian empoigne mes cheveux et m’embrasse fort. Dans un moment de lucidité, je l’entend murmurer.
— Hey, ma douce, reste avec moi.
Même si je ne me considère pas comme douce, ce surnom, qu’il utilise depuis son accident, me touche droit au cœur et réchauffe une part de moi longtemps laissée à l’isolement.
Il resserre son étreinte, me ramenant contre lui, puis s’allonge sur le lit. Je glisse doucement sur son torse, me retrouvant à califourchon au-dessus de lui. Nos visages sont à la même hauteur.
Je sais que mes lèvres sont gonflées, mon teint rosé, mon regard un peu hagard, mais à cet instant, rien de tout cela n’a d’importance.
Ses mains, d’une douceur infinie, caressent mon visage, glissant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Il me fixe intensément et, d’une voix calme mais pleine de certitude, murmure.
— Assieds-toi sur mon visage.
Je prends un instant pour laisser sa demande résonner dans mon esprit. Puis, presque sans réfléchir, je m’exécute, rampant vers lui.
Me voilà au-dessus de sa tête, avide et impatiente de découvrir la suite.
Délicatement, sa main glisse sur le tissu de ma culotte, effleurant l’orée de mon sexe. Un souffle m’échappe, mes lèvres s’ouvrent en un « o » silencieux. Il approche son visage, inspire profondément mon parfum. Son grognement est si guttural qu’il résonne au plus profond de mon âme.
Puis, d’un geste précis, il décale doucement mon string sur le côté.
Lorsque la chaleur de ses lèvres enveloppe entièrement mon sexe, un long soupir m’échappe. J’ai l’impression de renaître, comme un rayon de soleil perçant la froideur d’une matinée glaciale. Sa langue se pose délicatement sur mon bourgeon gonflé de sang, l’enlace doucement. Puis il aspire, mordille, et alterne des mouvements de va-et-vient, parcourant chaque recoin. Mes jambes tremblent, peinant à me soutenir. Je m’accroche fermement au mur en face, luttant contre la faiblesse qui menace de m’envahir. Ma main libre se fige dans ses cheveux.
— Adrian, souffle-je fébrilement au moment où il glisse cet organe chaud et humide en moi.
Il me dévore avec l’urgence d’un ex-prisonnier retrouvant sa liberté, savourant chaque instant après une longue privation. Ma voix s’échappe, rauque, presque méconnaissable. D'un mouvement instinctif, je me laisse guider par le rythme de ses coups de langue. Un grondement sourd lui échappe, et mes muscles se tendent, répondant à son appel. Mon sexe pulse, et Adrian aspire avidement tout le jus qu’il fait couler. Le bruit de ses suçons m’envoûte complètement et je perds toute retenue, explosant de plaisir dans une déferlante de sensations intenses. Mon corps tremble de la tête aux pieds, tandis qu’Adrian serre ma taille, me soutenant pour m’empêcher de vaciller.
Le temps semble suspendu, seules résonnent ma respiration saccadée et haletante. Lorsque les spasmes s’estompent, je tente de me redresser, mais Adrian, manifestement, a d’autres projets. Il raffermit son étreinte autour de mes cuisses.
— Nous n’avons pas fini, annonce-t-il doucement.
Je baisse les yeux, surprise. Nos regards se croisent. Puis, en articulant lentement chaque mot, il murmure.
— Enlève ta petite culotte.
Ses quatre mots s’insinuent en moi comme une caresse. D'un geste presque mécanique, je m’exécute. Il soulève ma jambe et se repositionne. Mes cuisses n’encadrent plus que la moitié de son visage. Il lève la tête, dépose un baiser tendre sur mon bourgeon encore sensible, puis se tourne vers mes lèvres charnues.
Délicatement, il glisse un doigt en moi. Un long souffle s’échappe de mes poumons, libérant tout l’air que je retenais. Son geste est lent, mesuré, habituant mon corps à cette intrusion. Le plaisir monte aussitôt, et je sens plus que je ne le vois l’arrivée d’un second doigt. À deux, ils m’étirent avec une lenteur exquise, m’arrachant un nouveau gémissement.
— Adrian…, soufflé-je dans un mélange de supplice et de frustration, incapable de supporter plus longtemps ce rythme trop lent.
Ses lèvres se courbent en un sourire, ignorant mes murmures de protestation. Sa langue fait de nouveau son apparition, m’amenant au bord du précipice. Je m’abandonne presque entièrement contre lui, les muscles liquéfiés, à bout de forces. Pourtant, cela ne l’arrête pas. Au contraire, il redouble de précision, chaque geste mesuré, presque dévoué, comme s’il voulait graver ce moment dans ma chair. Sa persévérance me submerge autant qu’elle m’émeut, et je sens mon cœur s’emballer à l’unisson du plaisir qu’il me fait éprouver.
Ma chambre devient le théâtre d’un concert mêlant jurons, gémissements et supplications. Adrian m’amène aux portes de la jouissance, puis s’arrête brusquement, me poussant à implorer encore et encore son attention. C’est une torture exquise. Je voudrais qu’il arrête tout en espérant qu’il continue sans jamais s’arrêter.
— Ma douce…
Sa voix résonne comme dans un rêve lointain.
— Tu es prête, maintenant.
Prête ? Prête pour quoi ?
Je n’ai pas le temps de formuler ma question que je comprends déjà. Il insère un troisième doigt en moi.
— Adrian…, soufflé-je d’une voix brisée. Je… je ne…
— Chut, m’interrompt-il doucement. Fais-moi confiance, murmure-t-il avec assurance. Tu es si trempée que tu coules dans ma barbe.
Seigneur !
Le rire rauque d’Adrian me fait comprendre que j’ai parlé à voix haute. Mais déjà, toute pensée cohérente m’échappe. Ses doigts m’épousent parfaitement. Ils semblent avoir été façonnés pour moi, s’adaptant à mes formes, explorant des recoins dont j’ignorais l’existence. À mesure que ses mouvements gagnent en intensité, je les accueille avec un soulagement presque désespéré. Il ne m’en faut pas plus pour me briser en mille éclats. Je jouis fort, si fort, que je suis persuadée que tout l’étage a entendu mon cri.
Mais peu importe, les conséquences attendront demain.
La suite reste floue. Je me souviens seulement d’avoir sombré dans un sommeil si profond que, le lendemain, j’ai manqué mon briefing avec Ricky.
Je n’ai jamais été en retard. Jamais.
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