Chapitre 24

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J’entre vivement dans mon bureau, suivie de près par Adrian.

Camilo, le médecin, vient de nous confirmer que Luis s’en sortirait. La balle qu’il s’est tirée dans le ventre est ressortie sans toucher d’organe vital. Comment a-t-il fait, avec un gilet pare-balles par-dessus ? Lui seul pourrait le dire. Son état est stable, mais il reste inconscient.

D’un côté, je suis soulagée de le savoir en vie, mais de l’autre, je suis tentée de le maudire pour son imprudence. Comment peut-on être à ce point maladroit et manquer de discernement ?

Une douleur aiguë à ma tempe me force à m’agripper à la table. Je ferme les yeux pour la contenir. Elle est si vive qu’elle me fait grimacer. Je passe la main dans mes cheveux en désordre et masse l’endroit précis. Le soulagement est presque immédiat mais, sans surprise, de courte durée.

Je sens le regard d’Adrian peser sur moi. Depuis que nous avons franchi le seuil de la porte, il reste à distance, déterminé à ne pas rompre le silence.

Irritée par son mutisme, je me tourne vers lui et l’affronte directement.

— Tu es là pour une bonne raison. Alors parle, et qu’on en finisse.

Il me fixe, peu perturbé par mon ton sec. À chaque fois qu’il pose son regard sur moi, j’ai l’impression d’être complètement nue devant lui. Pas seulement physiquement, mais aussi émotionnellement, et je n’ai pas encore décidé si c’est quelque chose que j’apprécie ou non.

— Tu es en colère, constate-t-il. Contre moi.

Mon premier réflexe est de nier, car je déteste qu’il devine aussi facilement mes sentiments. Mais nier serait futile, et je n’ai plus la force de me battre aujourd’hui. Et surtout pas avec lui. Alors, j’acquiesce simplement.

— Pourquoi ? demande-t-il en avançant d’un pas.

Je recule instinctivement, et il s’arrête. Un éclair de frustration traverse son regard, pourtant il fait un autre pas dans ma direction. Je tente encore de reculer, mais je bute contre la table derrière moi. Il continue d’avancer, jusqu’à ce que nos corps ne soient plus séparés que par un simple filet d’air.

— Catelyn !

Sa voix ferme déclenche un frisson qui remonte le long de mon échine. Chaque nerf de mon corps s’éveille, comme si une pluie de picotements m’envahissait.

Ses yeux plongent dans les miens, à la recherche de réponses, mais cette proximité forcée tend à me faire perdre toute capacité de réflexion. La chaleur qui émane de lui m’enveloppe, et mon corps réagit violemment, malgré moi.

— Tu as outrepassé mon autorité ! crié-je, incapable de contenir plus longtemps la pression.

Il me fixe, confus, et je profite de ce moment d’égarement pour m’extirper de son ombre.

— Je… je ne comprends pas.

— À l’armurerie, avant que Sanchez et ses hommes n’arrivent, dis-je en soutenant son regard. Quand j’ai révélé le sort qui nous attendait. Tu as pris la parole et tu…

Ma voix se brise, la honte me serrant la gorge à l’idée d’avouer ce malaise.

— Tu les as rassurés, lâché-je, le souffle court.

Son visage demeure confus.

— Tu leur as parlé comme si c’était toi leur chef. Et ils t’ont écouté.

Je marque une pause, le cœur battant.

— Ce n’est pas ton rôle. Et sûrement pas en ma présence. Je n’ai pas besoin qu’on vole à mon secours. Je n’ai pas besoin de ton aide. Pas de… peu importe ce que tu pensais faire.

— Cate…

Le regard que je lui lance suffit à l’arrêter. Qu’il n’ose pas prononcer mon prénom. Surtout pas quand sa voix l’effleure comme une caresse sur ma peau.

— Autre chose, continué-je.

Je raffermis ma voix.

— Tu ne discutes pas mes ordres. Quand je te dis de faire quelque chose, tu le fais. Quand je te demande de couvrir l’arrière du bâtiment, tu couvres l’arrière du bâtiment. Sans discuter ! Si ça ne te convient pas, la porte est là.

Sa mâchoire se contracte, ses yeux brûlent d’un éclat contenu. Je m’avance d’un pas, assez pour que ma présence impose le silence.

— Est-ce que c’est clair, Adrian ?

Nos regards s’accrochent. Le sien est défiant, le mien refuse de plier.

— Tu m’as éloigné de toi, lâche-t-il soudainement.

Je fronce les sourcils.

— Tu m’as tenue à l’écart.

Il marque une pause, puis reprend, son regard fixé dans le mien.

— Pourquoi Catelyn ? N’importe qui aurait pu prendre ma place. Nous savons tous les deux que ce n’était pas à cause de mon épaule.

Ses yeux descendent un instant vers mes lèvres, puis remontent, brûlants.

— Pas après la nuit dernière.

Il colle son front contre le mien, sa voix s’abaissant jusqu’au murmure.

— Pas après que tu aies crié mon nom à en perdre haleine sur cette même épaule que tu dis encore blessée.

Mon visage s’empourpre, mais pas de colère. Les images affluent malgré moi, brûlantes, et mon premier réflexe serait de détourner le regard. Mais je m’y refuse. Il ne verra pas l’effet de ses mots sur moi. J’ouvre la bouche, cherche une réplique, mais rien ne vient.

Une lueur satisfaite traverse son regard. Puis, sans prévenir, il s’écarte brusquement et va se poster à l’autre bout de la pièce. L’air semble se vider de sa substance, et ce manque me lacère plus que je ne veux l’admettre.

— Réponds-moi, Catelyn. Je pense mériter une explication.

Son ton est calme. Beaucoup trop calme.

— Sanchez connaît ton visage, avoué-je enfin. Il sait qui tu es. Quand tu étais encore dans la police, tu as fait saisir plusieurs de ses cargaisons. Il voulait déjà ta peau bien avant ton renvoi. Quand tu as disparu des radars, il n’avait plus aucune raison de s’en prendre à toi. Mais s’il t’avait vu avec nous, cela aurait soulevé trop de questions. C’était trop risqué. Il ne devait pas te voir.

— Et surtout, je ne voulais pas risquer qu’il t’arrive quoi que ce soit.

Il me fixe, interdit, presque sonné.

— Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?

— Je viens de le faire.

Sa mâchoire se contracte.

— Comment le sais-tu ?

Je soutiens son regard, refusant de céder un pouce.

— Je sais beaucoup de choses, Adrian.

Au même moment, on frappe à la porte. Ricky entre, puis s’immobilise en nous voyant. Il nous observe tour à tour, hésitant, avant de reculer légèrement.

— Je repasserai plus tard, dit-il.

— Ce n’est pas la peine, l’arrêté-je. Nous avons terminé, et j’ai moi aussi quelque chose à te dire.

Je croise un dernier regard avec Adrian. Sans un mot, il tourne les talons et quitte la pièce.

                     ***

L’odeur de la nicotine m’apaise.

Malgré mon aversion pour toute forme de dépendance, je n’arrive toujours pas à m’empêcher d’en griller une entière lorsque j’estime l’avoir mérité. Ce qui est le cas, à cet instant.

J’observe l’épais cercle de fumée se dissiper lentement dans l’air.

Le soleil est couché depuis une heure, mais sa lueur rougeâtre imprègne toujours l’atmosphère. J’entends les talons de Katherine résonner dans le couloir et je savoure les dernières secondes de répit qui me reste avant son arrivée.

Adossée à la fenêtre du cinquième étage, exactement à l’endroit où se tenait Kyle quelques heures plus tôt, je scrute la vue dégagée. Je repasse mentalement l’emplacement précis des hommes de Sanchez. Kyle aurait pu en descendre au moins trois avant même qu’ils ne s’en aperçoivent ou ne réagissent. Mais vu leur nombre, nous n’avions aucune chance. Pas sur un terrain aussi exposé.

Katherine entre dans mon champ de vision. D’un geste fluide, elle m’arrache la cigarette des doigts, la porte à ses lèvres et aspire une longue bouffée. Son rouge à lèvres vif contraste avec la fumée qu’elle recrache lentement en formant un « O ». Puis, d’un geste précis, elle écrase le mégot dans le cendrier posé sur la table avant de se tourner vers moi.

— C’est interdit de fumer ici.

Mon regard reste fixé sur le parking.

— C’est moi qui ai instauré cette règle, tu te souviens ?

— Alors respecte-la, rétorque-t-elle vivement.

Je détourne, à contrecœur, les yeux du paysage pour les poser sur elle. Regarder une nature morte m’est bien plus agréable que de croiser son regard cynique. Elle a l’air en forme, du moins, mieux que la dernière fois lorsqu’on s’est parlé dans l’armurerie. À ce moment, l’incertitude l’avait rendue plus… docile. À présent, tout cela relève du passé.

Mais, quelque chose m’interpelle.

Son comportement ces dernières semaines est étrange. Qu’on ne se méprenne pas, Katherine n’est pas gentille. Mais elle n’est pas mauvaise non plus. D’ordinaire, elle m’ignore, nos échanges se limitent au strict minimum. Mais dernièrement, elle est sans cesse dans mes pattes, irritable, et prompte à lancer des piques aussi tranchantes que blessantes.

Je me redresse, lasse de ses attaques et trop préoccupée pour me lancer dans une énième bataille.

— Que comptes-tu faire pour Vladimir ? demande-t-elle soudain.

Je l’ignore.

— Tu sais qu’il va répliquer. Il ne laissera pas passer cet affront, poursuit-elle.

Elle a raison, et c’est bien ce qui m’inquiète. Vladimir devient de plus en plus instable, sans compter sa naissante paranoïa. Si, sous certains aspects, cela me permet de marquer des points, dans la situation actuelle, c’est un désavantage. Son imprévisibilité m’empêche d’anticiper ses prochaines actions.

— J’y ferai face. Comme toujours.

Je la dépasse et m’élance dans le couloir lorsque ses prochains mots me figent sur place.

— Il sait pour Adrian.

Mon cœur rate un battement, et mes pensées volent dans tous les sens. Je me retourne vers elle.

— Il a remarqué votre proximité et m’a posé des questions, explique-t-elle.

— Et que lui as-tu dit ? demandé-je, appréhendant sa réponse.

Elle penche la tête de côté et me dévisage longuement, silencieuse. Puis, elle comble la distance entre nous et s’arrête à quelques centimètres, les bras croisés.

— Oh… est-ce de la peur que je lis sur ce visage habituellement si impassible ?

Je serre les poings, me retenant de lui en coller une. Elle prend un malin plaisir à me pousser à bout.

— Ne m’oblige pas à me répéter, dis-je les dents serrées.

Ses lèvres s’étirent en un rictus dédaigneux.

— Pour qui me prends-tu ? Bien sûr que je ne lui ai rien dit. Je lui ai simplement conseillé de s’adresser directement à toi, s’il avait des questions.

Un bref éclat de colère traverse son regard, mais j’ai l’impression qu’il ne m’est pas destiné.

— Il s’en est pris à toi.

Ce n’était pas une question.

Sa mâchoire tressaute, mais elle ne dit rien. Elle n’en a pas besoin. Admettre cela, c’est reconnaître le pouvoir de Vladimir. Une chose que Katherine n’admettra jamais.

Mon cœur se serre, conscient de la violence dont il peut faire preuve. Je fais un pas hésitant vers elle, mais elle recule vivement.

— On sait tous qui est Vladimir, rétorque-t-elle. C’est toi, Catelyn, que je ne reconnais plus. Tu es déconcentrée. Revois tes priorités.

Elle me tourne le dos et s’éloigne à grands pas.

Je reste immobile un instant. Vladimir a toujours agi ainsi, il s’en prend aux autres pour m’atteindre. Il l’a toujours fait, et il continue. Il est donc évident que sa prochaine cible sera Adrian.

Je me détourne, le cœur lourd, et m’éloigne à mon tour, l’appréhension nouant ma gorge.

                      ***

Je sors de la douche. Adrian est assis sur le lit. Il lève la tête vers moi et nos regards se croisent dans un silence lourd. Mon ventre se serre, tiraillé entre la colère qui persiste et l’inquiétude que les révélations de Katherine ont semée en moi.

Ses yeux glissent lentement le long de mon corps encore humide, effleurant ma peau comme une caresse invisible. Lorsqu’ils reviennent accrocher les miens, ils brillent d’un désir à peine contenu. Mon corps, malgré moi, répond aussitôt.

Il tapote sa cuisse, m’invitant sans un mot à m’y asseoir. Je resserre la serviette nouée autour de ma poitrine, puis m’avance. Arrivée à sa hauteur, je passe une jambe de l’autre côté, me retrouvant à califourchon sur lui. Le tissu glisse, remontant assez pour dévoiler une partie de mes fesses.

— Tu es nue, murmure-t-il.

Je glisse mes mains autour de sa nuque, laissant tomber la serviette.

— Est-ce vraiment surprenant ?

Ses yeux s’attardent sur ma poitrine découverte, puis descendent plus bas, effleurant ma fine toison d’un regard chargé de désir.

— Non, souffle-t-il d’une voix rauque.

Il m’embrasse aussitôt d’un baiser vorace. Nos lèvres s’entrechoquent, nos souffles se mélangent, et le claquement de nos dents trahit l’urgence qui nous consume. Sa morsure sur ma lèvre m’arrache un gémissement. Ses lèvres quittent ma bouche pour dévorer ma gorge de baisers brûlants. Je bascule la tête en arrière, m’abandonnant à lui, tandis que mon corps se cambre contre la pression insistante de son érection. Ses mains parcourent ma peau nue avec une impatience fiévreuse, et sa bouche descend lentement, attisant chaque nerf sur son passage. Lorsqu’il capture mon sein entre ses lèvres, une vague de frissons électrise tout mon être.

— Adrian… murmuré-je, à bout de souffle.

Il grogne, sa langue encerclant mon téton dressé avant de le happer entre ses lèvres. Une chaleur fulgurante se propage en moi, attisant un désir insatiable. Mes doigts se crispent dans ses cheveux tandis qu’il descend encore, parsemant ma peau de baisers brûlants. Je me cambre contre lui, cherchant désespérément plus de contact, plus de lui. Sa main libre effleure mon ventre avant de plonger plus bas, jusqu’à mon pubis. J’ondule instinctivement contre sa paume, affamée, incapable d’attendre. Un rire rauque vibre dans sa gorge, me transperçant comme une caresse. Il glisse un doigt en moi. Un soupir de soulagement m’échappe, brutal, incontrôlé. Je me redresse, le fixant, et comme s’il avait lu mon besoin, il ancre ses yeux aux miens. Alors je bouge. Je soulève mes hanches pour redescendre sur la base de son doigt qui me pénètre profondément. Je recommence, encore, ondulant contre lui, jouissant de chaque friction. Ses pupilles s’élargissent, il aime ça, tout autant que moi. Mais très vite, il reprend le contrôle. En un geste sûr, il nous bascule sur le lit, me clouant sous son poids. Un second doigt se joint au premier, me forçant à l’accueillir. Sa cadence s’emballe, ses mouvements deviennent plus durs, plus précis. Mes gémissements emplissent la chambre, crescendo, jusqu’à ce que mon corps se tende, mes muscles se contractent autour de lui. Dans un cri étranglé, je jouis violemment contre ses doigts.

Je retombe, haletante, le corps trempé de sueur. Quand je reprends mes esprits, mon regard glisse aussitôt vers l’entrejambe d’Adrian. Il tient son sexe entre ses doigts, à moitié raide, maculé de sa semence répandue sur ma cuisse.

— Je t’ai salie, souffle-t-il.

Mes lèvres s’étirent en un sourire lent, presque félin.

— J’aime que tu me salisses, dis-je, la voix rauque, râpée par le plaisir.

Il éclate d’un rire grave, profond, qui résonne dans ma poitrine et m’arrache un nouveau frisson.

Je ferme les yeux un instant, ma tête retombant sur l’oreiller. Nous restons ainsi, dans un silence complice, avant que je ne me lève pour filer sous la douche, bientôt rejointe par Adrian.

Plus tard, assise dans le séjour, il attire mon attention d’un ton posé.

— J’ai repensé à ce que tu as dit.

Je lève les yeux. Il est adossé au plan de travail, vêtu uniquement d’un bas de pyjama noir. Son t-shirt, je l’ai sur moi.

Il tire la chaise en face de moi et s’y installe, ses yeux cherchant les miens.

— Je ne voulais pas te mettre dans une situation délicate. Je voulais simplement t’aider. Mais tu as raison, ce n’était pas à moi de le faire. Je dois me rappeler que je ne suis plus lieutenant, murmure-t-il pour lui-même.

Il marque une pause, puis ajoute.

— Je suis vraiment désolé si, à un moment, tu as eu l’impression de perdre le contrôle sur tes hommes.

Je porte à mes lèvres la tasse de chocolat chaud qu’il vient de me servir, savourant la chaleur qui s’en dégage.

Adrian impose une autorité naturelle. Ce n’est pas sa faute s’ils ont vu en lui un meneur. Le problème, c’est qu’ils n’avaient pas encore suffisamment confiance en moi. Même si aujourd’hui j’ai prouvé que je pouvais être à la hauteur, leur obéissance totale ne m’est pas encore acquise.

— J’ai eu très peur tout à l’heure, avoue-t-il.

Je repose ma tasse et le fixe, attentive.

— Je ne pouvais pas te protéger. S’il t’était arrivé quelque chose…

Son regard se perd au loin. Son visage tourmenté trahit la douleur qu’il porte seul.

— … je n’aurais rien pu faire, murmure-t-il en revenant à l’instant présent.

Je ne pensais pas que l’éloigner lui ferait autant de mal, ni que cela raviverait de vieux souvenirs. Doucement, je pose ma main sur la sienne et la serre en signe de réconfort. Il lève les yeux vers moi.

— Ce n’était pas de ta faute, Adrian, dis-je doucement.

— Si, répond-il, se détournant.

Je me lève et m’approche.

— Regarde-moi, lui dis-je en me tenant derrière lui.

— Regarde-moi, Adrian, répété-je plus fermement.

Il se retourne enfin, et son regard électrique rencontre le mien.

Porter la responsabilité d’une perte, d’un échec que l’on croit sien, est l’une des tortures les plus cruelles qu’on puisse s’infliger soi-même. La culpabilité vous ronge lentement, jusqu’à vous consumer entièrement.

— Ce n’était pas de ta faute. Tu as fait tout ce que tu pouvais.

Il secoue la tête, peu convaincu.

— Je ne l’ai pas suffisamment protégé.

Je serre ses bras nus, cherchant à lui transmettre la force de mes mots. Sous ma poigne, ses muscles sont fermes, puissants.

— Écoute-moi. Tu n'aurais rien pu faire pour sauver cette femme et son bébé. Il faut que tu te débarrasses de cette culpabilité. Pardonne-toi, ou transforme-la en arme. Sinon, elle te détruira. Ce qui est arrivé est tragique, mais ce n'était pas de ta faute. Et de la même manière, tu ne peux pas me protéger, Adrian.

Il relève vivement la tête, comme frappé par mes paroles. Son visage se ferme, son regard s’assombrit, une lueur indéchiffrable traverse ses yeux. Malgré l’intensité de la situation, je ne peux m'empêcher de le trouver incroyablement séduisant.

— Personne ne le peut. Je ne suis pas une demoiselle en détresse.

Il me fixe, pesant mes mots. Puis, dans un geste tendre, il caresse ma joue. Sa paume est douce et chaude. Un frisson me parcourt, et je me perds un instant dans l’odeur de musc et de vanille qui émane de lui.

— Alors, qu’attends-tu de moi, Catelyn ? En quoi pourrais-je t’être utile ?

Un sourire contrit étire mes lèvres.

— Crois-tu que je t’ai attendu tout ce temps pour me défendre ? Je n’attends rien de toi. Pas dans ce que toi et moi, nous partageons.

Il baisse la tête vers moi et nos fronts se touchent.

— Ta seule présence me suffit.

Son souffle chaud effleure mon visage. Je me presse contre lui et joins mes lèvres aux siennes. Il me rend mon baiser. Ce n’est pas le feu brûlant d’avant, celui-ci est doux, tendre. Adrian me serre contre lui à m’en couper le souffle, et je chéris son étreinte comme on préserverait le dernier pétale d’une fleur de cerisier.

— Certains pensent que tu me rends faible et que tu m’éloignes de mes objectifs. Moi, je pense le contraire. Ta seule présence m’empêche d’oublier pourquoi je me bats. Quand je suis avec toi, je m’autorise à rêver. Je peux croire qu’il existe quelque part, en dehors de ces murs, un monde meilleur.

Adrian capture mes lèvres avec une intensité dévorante. Ses doigts s’enfoncent dans mes cheveux, pressant ma tête contre la sienne. Je peine à respirer, mais je ne voudrais être nulle part ailleurs.

— Raconte-moi comment l’idée des plans t’est venue, demande-t-il soudainement.

Je me redresse, le repoussant doucement.

— Je savais qu’un moment comme celui-ci finirait par arriver, mais je ne pensais pas que ce serait si rapide. Peu après ton réveil à l’infirmerie, j’ai envoyé Thomas, Ace et Roman en mission de repérage. J’ai divisé le plan en trois parties et confié à chacun la vérification de son authenticité. Ils sont revenus avec des images et une cartographie complète en 3D, grâce aux drones fournis par Jorys. Une bonne partie des souterrains est sans issue et impraticable, mais le reste est une véritable mine d’or.

Adrian me fixe.

— Mais… je n’étais pas au courant de cette mission. Personne dans l’équipe ne l’était.

— Parce qu’ils avaient pour consigne de ne rien révéler à personne.

Et visiblement, ils m’ont bien obéi. C’est aussi un moyen de savoir à qui je peux vraiment me fier.

— Tu prévois toujours tout, n’est-ce pas ?

Un sourire arogant étire mes lèvres.

— J’ai toujours plusieurs coups d’avance. Ne l’oublie pas.

Je marque une pause.

— J’ai donné à Sanchez juste assez pour le satisfaire, et ça ne représente qu’un dixième de ce qui se trouve dans ses souterrains.

— Vous m’épatez de jour en jour, mademoiselle, dit Adrian.

— Je suis Catelyn. J’ai une réputation à tenir.

Son rire emplit la pièce, et je me surprends à rire avec lui. Je me sens bien, peut-être un peu trop.

— Adrian ?

— Oui ?

Nous nous faisons face, et mon sourire s’efface, laissant place à un air sérieux.

— Vladimir sait pour nous deux.

Son regard se fait plus intense.

— Promets-moi de faire attention.

— Catelyn…

— Promets-le-moi, répété-je.

Il prend ma main dans la sienne et la serre doucement.

— Je te le promets. Il ne m’arrivera rien.

— Ne commets pas l’erreur de le sous-estimer.

Adrian me fixe, intrigué. Je lis toutes ses questions dans ses yeux, brûlant d’intensité.

— Qu’est-ce qui te fait autant peur ? murmure t-il.

— Il ne s’en prend plus à moi.

Ma faiblesse, ce sont ceux à qui je tiens. Mais ce qu’il oublie, c’est qu’ils sont aussi ma force.

Salut salut,

Ce chapitre arrive avec un peu de retard. Je ferai de mon mieux pour respecter la fréquence d'un chapitre tous les vendredi, voir plus au cours de la semaine, si j'avance bien dans l'écriture.

J'espère que ce chapitre vous aura plu. N'hésitez pas à liker et commenter si c'est le cas.

Bon week-end et à la semaine prochaine, j'espère :)

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