Chapitre 25

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Aujourd'hui, je suis de bonne humeur. Marie-Antoinette ou plutôt Ava, comme elle exige désormais qu’on l'appelle, trouvant le premier trop long et… trop religieux, rentre.

Ce matin, j’ai reçu une photo où elle est confortablement assise en première classe, champagne en main, jambes croisées, menton relevé, le regard planté dans l’objectif avec détermination. En légende, deux mots seulement : Je rentre.

Connaissant son penchant pour le spectacle, si je devais parier, je dirais qu’elle est déjà là depuis plusieurs jours, flânant dans les rues, volontairement à découvert, laissant traîner son ombre aux bons endroits pour que la rumeur s’en charge. Si je la confronte, elle niera. Jamais elle n’admettra qu’elle s’amuse à tester jusqu’où son charme peut aller. La séduction est un art, Catelyn, me répéterait-elle encore, sourire en coin.

Les derniers jours ont été chargés en émotions, sa présence aura l’effet d’une véritable bouffée d’air.

Contre toute attente, Marie-Antoinette s’est révélée être une alliée redoutable. Et, une amie surprenante. Quelque temps après notre arrivée, son tempérament farouche, en total contradiction avec sa beauté délicate, en a séduit plus d’un. Nous avons arrêté de compter le nombre de bagarres provoquées en son nom, au club comme à l’extérieur, dès que cela a arrêté d'être drôle. Sa seule présence suffisait à éveiller des rivalités entre hommes de pouvoir. Les femmes, elles non plus, n’y échappaient pas.

Nous sommes passées par plusieurs phases. Au départ, elle ignorait l’effervescence qui l’entourait, ou peut-être refusait-elle de le voir. Ensuite, lorsqu’elle en a pris conscience, elle l’a rejeté. Puis, peu à peu, voyant ce que que cela pouvait lui rapporter : la facilité d’obtenir tout ce qu’elle voulait d’un simple battement de cils, ou d’un sourire bien placé, elle a fini par l'accepter. Et ce pouvoir, elle en a fait une arme. C’était fascinant à observer.

Vladimir, lui, exultait. L’affluence qu’elle attirait au club et les sommes astronomiques que les clients dépensaient pour juste être en sa compagnie, faisaient son bonheur. Tout cela était beau, jusqu’à ce que cette ferveur commence à attirer l’attention des mauvaises personnes : les autorités, la presse.

Alors, l’idée m’est venue de l’envoyer loin. Vladimir, fidèle à lui-même, a d’abord trouvé cela absurde. Puis, comme une évidence, il a compris.

Parmi ses nombreux admirateurs, il y en avait un pour qui elle avait de l’affection. C’était un jeune homme de la tech. Il avait l’air gentil, et la traitait bien. Vladimir était fermement opposé à ce qu’elle parte s’installer avec lui, pour des raisons évidentes. Ils avaient de l’affection l’un pour l’autre, ce qui en faisait un mélange dangereux. Mais surtout, il n’était ni assez riche, ni assez influent.

Et sur ce point, je rejoignais Vladimir. Il nous fallait accéder à des cercles privilégiés. Et cet homme de la tech, son nom m’échappe, était le moins adéquat.

Le choix de Vladimir s’est porté sur un sénateur. Trop rigide à mon goût. Et son épouse, un obstacle non négligeable. Avec lui, Marie-Antoinette aurait été un secret bien gardé, enfermée entre les murs de son appartement. Trop peu d’espace de manœuvre. Or, il lui fallait pouvoir aller et venir librement. Assister à des événements, rencontrer des gens, nous mettre en relation avec eux, tendre l’oreille, capter l’ombre d’un murmure et tout cela sans avoir à se cacher, ni éveiller le moindre soupçon. Alors, d’un commun accord, nous avons choisi l’avocat. C’était le plus réputé de New York. Il n’était pas mon préféré, ne l’est toujours pas d’ailleurs; il y avait un truc chez lui qui me hérissait le poil, je ne saurai dire pourquoi. Mais il était honnête, avait le portefeuille garnit, les bonnes relations et cerise sur le gateau, était célibataire. Il savait ce que nous voulions, et était plus que partant pour nous l’offrir.

J’entre dans l’aile de l’infirmerie, et me dirige vers la chambre où Luis a été transféré après sa sortie d’opération. Devant la porte, je toque une fois, puis sans attendre, j’abaisse la poignée. D’un mouvement presque chorégraphié, plusieurs têtes se tournent vers moi lorsque je fais un pas dans la pièce.

— Je n’interromps rien, j’espère, dis-je en les balayant du regard.

L’air est saturé d'odeurs de désinfectant. Je déteste les centres de soins.

— Non, pas grand chose, répond Roman, le sourire crispé.

Je fronce les sourcils et referme la porte derrière moi en entrant dans la pièce. À part Ricky et Adrian, toute l’équipe est là. La chambre est bien trop petite pour accueillir tout ce monde, surtout avec leurs gabarits, mais personne ne semble s’en plaindre. Au contraire, ils se serrent les uns contre les autres pour me faire de la place. L’ambiance est étonnamment détendue. Je m’approche du lit. Luis est allongé, l’air plutôt en forme. Le drap remonté sur son torse dissimule le pansement qui couvre l’impact, là où la balle l’a traversé.

— Comment te sens-tu, dis-je m’arrêtant au pied du lit.

Il m’adresse un sourire, les yeux brillants de sa malice habituelle.

— Je courrais un marathon si tu me le demandais, plaisante-t-il.

Mais la blague tombe à plat. Quand il tente de se redresser, je me précipite vers lui. Il grimace de douleur, et Roman et moi le forçons à se rallonger. La douleur est encore trop vive pour des gestes inutiles.

— L’infirmière est passée ? demandé-je.

— Oui, tôt ce matin, répond Roman à sa place.

Je me tourne vers lui. Il a l’air exténué.

— Depuis combien de temps es-tu ici ?

— Depuis ma sortie du bloc. Deux jours. Et il n’a pas l’intention d’aller se reposer, ajoute Luis.

Mon regard passe de l’un à l’autre, inquiet.

— Je ne serais pas ici si tu n’étais pas aussi imprudent, rétorque Roman. Il faut toujours que je te surveille comme un putain de gamin. Je savais que t’étais un abruti, mais pas suicidaire. Un moment d’inattention, et voilà les conneries qui commencent. Te tirer toi-même dessus ? T’en as fait des conneries dans ta vie, mais celle-là, elle les dépasse toutes !

Un silence suit sa tirade. Nous devenons des témoins muets de l’altercation entre les deux cousins. Tout à coup, je me sens de trop dans cette dispute familiale. Luis serre la mâchoire et se renfonce dans son lit, fuyant le regard incendiaire de Roman. Mais derrière cette colère, je devine aisément une peur sourde. Celle de perdre la seule personne, la seule famille qu’il lui reste. Je n’ose pas imaginer ce qu’il a dû ressentir en sachant son cousin entre la vie et la mort.

Les deux se ressemblent au point où on les prendrait pour des frères. Roman est le plus jeune, mais aussi le plus mature. Il a vingt-six ans, deux de moins que Luis. Même chevelure noire de jais jusqu’à la nuque, même regard brun profond, mêmes sourcils épais. Luis est plus élancé, Roman un peu plus massif.

— Je pense qu’il a compris la leçon, dis-je enfin, rompant le silence devenu pesant.

Il s’écoule quelques secondes avant que Roman ne détache enfin ses yeux de son cousin, et acquiesce.

— Il va bien, tu n’as plus à t’inquiéter, dis-je à Roman, tout en gardant les yeux posés sur Luis.

— Jusqu’à la prochaine connerie, grommelle Antonio en se raclant la gorge.

Je lève vers lui un regard désapprobateur. Il lève aussitôt les mains, en signe de reddition.

— Je pense pouvoir rivaliser… il m’est déjà arrivé un ou deux trucs insolites, moi aussi, ajouté-je un petit sourire en coin.

Instantanément, toutes les têtes se tournent vers moi.

— Toi ? s’étonne Jorys, les sourcils levés. Même avec une vidéo à l’appui, j’y croirais pas. Tes actes sont bien trop calculés, trop réfléchis.

Je ne sais pas si je dois le prendre comme un compliment ou une pique déguisée. Je fronce légèrement les sourcils, les dévisage un à un. À en juger par leurs expressions, ils semblent tous partager l’avis de Jorys.

C’est donc vraiment ce qu’ils pensent de moi ?

— Quand j’étais…

On frappe à la porte, interrompant ma phrase. D’un même mouvement, nous nous tournons vers le bruit. Ricky apparaît sur le seuil, mais il n’entre pas. Il balaie la pièce du regard, puis me fixe. Son regard est insistant.

— Qu’est-ce qui se passe ? demandé-je calmement.

Son visage est fermé comme à son habitude, mais marqué par des plis inhabituels sur son front.

— Tu peux venir, s’il te plaît ? lance-t-il.

Mais avant que je ne réplique quoi que ce soit, il tourne déjà les talons et claque presque la porte.

Je ravale mes mots.

— Eh bien, je m’en vais, dis-je, me retenant de lever les yeux au ciel.

Je me tourne vers Luis et lui adresse un fin sourire.

— Merci d’être passé, dit-il, moins énergique que tout à l’heure.

— Ce n’est rien.

Je me tourne vers les autres.

— Laissez-le se reposer. Ça vaut pour toi aussi, Roman.

C’est Luis qui s’est fait retirer une balle, mais c’est lui qui a l'air de s’être battu contre la mort.

Je les laisse échanger quelques mots d’au revoir, puis je sors.

Ricky, m’ayant entendue approcher, se redresse du mur contre lequel il est adossé.

— Si tu n’as pas l’intention de me dire pourquoi tu es de si mauvaise humeur, alors ne me rends pas curieuse, dis-je d’entrée de jeu.

Son visage s’adoucit légèrement, mais reste fermé. Il s’éloigne sans un mot, et je lui emboîte le pas. Si je ne connaissais pas Ricky, je dirais qu’il est désemparé. Mais il ne me dira rien. Inutile d’insister. Lorsqu’il voudra se confier, il saura où me trouver.

— Nous avons du retard sur nos livraisons, dit-il une fois arrivés au bout du couloir.

En plus de nous procurer nos propres armes, nous recevons des cargaisons de fournisseurs fiables. Il y a une pénurie régionale depuis plusieurs mois, mais je ne pensais pas que cela finirait par nous atteindre. D’ordinaire, nous sommes servis en priorité. Les autres prennent ce qu’il reste.

— À quel point est-ce impactant ? demandé-je les sourcils froncés.

— Le stock de Sanchez est épuisé, et celui de la dernière mission touche à sa fin. Nos clients s’agitent. Les Brown ont menacé d’aller voir ailleurs.

— Si nous n’avons rien, où comptent-ils aller ?

Ricky se tourne et me fait face.

— C’est ce qui m'amène, dit-il.

Je le fixe, attendant qu’il continue.

— Il y a un nouveau fournisseur en ville qui rafle toutes les parts du marché. Le cadet des Brown prétend qu’ils ont des armes qu’on ne trouve généralement que chez nous. Tout le monde semble se tourner vers eux.

— Depuis combien de temps ?

— Quelques semaines.

— Et pourquoi je ne l'apprends que maintenant ?

— Ils pensaient que nous savions.

— Comment ça, nous savions ? C’est une blague ? Qu’est-ce qu’on sait sur ces nouveaux fournisseurs ?

— Pas grand chose. J’ai tenté de soutirer des infos à John, mais il n’a rien voulu lâcher.

Il est inconcevable que des inconnus détruisent en quelques semaines ce que j’ai mis des années à construire.

— Il faut découvrir qui ils sont.

Ricky hoche simplement la tête.

— Tu pars donc en mission. Prends Taylor avec toi. Il sait être discret. Ils te reconnaîtront peut-être, mais pas lui.

Ricky se tend, visiblement hésitant.

— Ta réticence a-t-elle un rapport avec ton humeur actuelle ?

Pour ceux qui ne le connaissent pas, il serait facile de lier sa réaction à la menace que représentent ces nouveaux fournisseurs. Mais les imprévus, les contretemps, c’est notre quotidien. Nous savons les gérer. Il y a donc autre chose.

— Thomas te remplacera, dis-je en le fixant. Il sait tout sur notre fonctionnement.

— Non, contredit-il fermement. J’irai avec Taylor.

Puis il ajoute plus calmement.

— Quelques jours loin de ces murs me feront du bien.

Je marque une pause, et le scrute plus attentivement. Il a des cernes sous les yeux et semble en une journée, avoir vieilli de dix ans. C’est rare de le voir montrer des signes de fatigue. Je n’insiste pas et me contente d’acquiescer. Sortant mon téléphone, je reprends ma marche.

— Vous partirez ce soir. Trouvez qui ils sont, d’où ils se procurent les armes, ainsi que la liste détaillée de tous nos clients qui les ont rejoints. Ensuite, rentrez, ne traînez pas. Si vous êtes démasqués, vous devrez vous débrouiller seuls.

Ricky acquiesce, puis je rajoute.

— De mon côté, je contacte Reed. Il doit savoir ce qui se passe.

Reed est le député qui valide l’entrée des cargaisons d’armes sur le territoire. S’il y a le moindre problème, il est toujours le premier au courant.

— Ava est rentrée, annonce Ricky abruptement.

Je lui lance un regard amusé, puis me reconcentre sur mon téléphone avant de répliquer.

— Je sais. Elle m’a prévenue ce matin.

Je termine l’envoie de mon message à Jorys afin qu’il organise une rencontre avec le député. Si mes soupçons sont fondés, il ignorera mes appels, mais il ne pourra pas échapper à un face-à-face.

— Elle est au bar, précise-t-il.

Je marque une pause et relève vivement la tête.

Un rictus moqueur se dessine sur les lèvres de Ricky.

— Pardon ?

— Je ne t’apprends rien, continue t-il. Sa présence commence déjà à causer des ennuis.

Sur ces mots, il s’éloigne, me laissant seule à l’entrée du centre.

Je prends le chemin opposé et me dirige à la rencontre de mon amie. Il est encore trop tôt pour voir des clients. Seuls les employés sont présents, préparant le service qui ne commencera pas avant quelques heures. Je m’engage dans le passage réservé aux résidents du centre et entre par l’entrée du service. Les lumières sont encore vives et la musique, à peine audible, n'est qu’un fond sonore qu’on n’entend presque pas si on n'y prête pas attention. Les employés s'activent, certains transportant des caisses d’alcool, d'autres disposant les bouteilles ou terminant le nettoyage des surfaces.

À cette heure, Katherine devrait être là pour tout superviser, mais je ne vois sa chevelure blonde nulle part. Depuis notre dernière altercation près de la fenêtre, nous ne nous sommes plus revues, et cela n’est pas pour me déplaire.

Quant à Marie-Antoinette, je n’ai aucun mal à l’identifier parmi toute cette agitation. Sa chevelure lisse, d’un noir profond, lui descend jusqu’à la taille et capte parfaitement les reflets du lustre en cristal suspendu au-dessus du bar. Impossible de la manquer. Chez elle, tout est calculé, jusqu’à l’endroit précis où elle s’est installée, là où la lumière flatte le mieux sa peau d’albâtre.

— Tu devrais laisser les employés travailler tranquillement. Ta présence les perturbe, lancé-je, m’arrêtant à quelques pas derrière elle.

À peine ai-je terminé ma phrase, que l’un d’eux se cogne l’orteil contre une chaise, manquant de renverser son plateau.

— Au contraire, je suis une source de motivation, répond-elle de sa voix traînante. Regarde-les, tout sourire, à accomplir joyeusement les tâches pour lesquelles Vladimir les exploite.

Elle ponctue sa tirade d’un mouvement gracieux de l’épaule et se tourne vers moi. Pendant un moment, son visage reste neutre, puis soudain, elle éclate de rire. Je l’imite, ce qui attire aussitôt les regards dans notre direction. Elle se lève de son tabouret et se précipite vers moi, mais je suis plus rapide et me jette dans ses bras.

Nous nous étreignons longtemps. Lorsqu’enfin nous nous séparons, je la détaille de la tête aux pieds. Nous faisons la même taille, mais avec ses talons vertigineux, je dois lever les yeux pour la regarder.

— Tourne-toi, dis-je le sourire aux lèvres.

Elle s’exécute et effectue un tour complet sur elle-même. Je prends le temps d’observer sa silhouette fine que sa robe moulante rouge épouse à la perfection.

— Tu es éblouissante, dis-je sincère.

— Si j’étais attirée par les femmes, j’aurais tenté ma chance, ajouté-je.

— J’attire tout le monde, très chère, répond-elle avec cette assurance propre à elle. Mais, je suis bien trop chère pour toi, chère amie, ajoute-t-elle en relevant fièrement le menton.

— Ne sois pas snob.

— Tu me connais, c’est plus fort que moi.

Nous repartons dans un éclat de rire. C’était comme si le temps n'étais jamais passé.

— Viens, allons nous asseoir, dit-elle en m’invitant d’un geste fluide. Tu as des choses à me raconter.

Elle plisse légèrement les yeux en me détaillant de la tête aux pieds, un sourire malicieux accroché aux lèvres. Ses yeux étant naturellement bridés, l’effet se perd un peu, mais je m’abstiens de le lui faire remarquer.

— Apparemment, un policier a réussi à abattre le mur glacial qui entoure ton cœur.

Je me retiens de lever les yeux au ciel.

— Pour commencer, Adrian était lieutenant, pas simple policier. Ensuite, il n’a rien abattu du tout.

Elle porte son cocktail à ses lèvres, indifférente à ma remarque qu’elle balaie d’une main parfaitement manucurée.

— Ce n’est pas ce qu’on m’a dit.

— Eh bien, ta source n’est pas fiable.

Elle hausse les sourcils, m’observe attentivement, puis réplique.

— Si tu le défends autant dès qu’on parle de lui, ma chère, celle qui n’est pas fiable ici, c’est toi.

C’est à mon tour de porter mon verre aux lèvres afin d’hydrater ma gorge sèche.

— Depuis quand es-tu là ? Et à qui as-tu déjà parlé ?

— Je te laisse croire que je n’ai pas compris que tu détournes la conversation. Mais pour répondre à ta question, je suis arrivée il y a deux jours. J’avais quelques affaires à régler, dit-elle en vitesse, en réponse à mon regard appuyé. Je ne suis arrivée au centre que depuis quelques heures. Tu étais occupée, je n’ai pas voulu te déranger. Et ce n’est pas parce que je ne vis plus ici, que je ne sais pas ce qui s’y passe.

Je prends une autre gorgée de mon cocktail à la vanille, puis demande.

— Tu as ce que je t’ai demandé ?

Elle repose son verre.

— Oui, mais ça attendra. Pas de boulot ce soir. Je viens juste d’arriver.

— Tu viens de dire que tu es arrivée il y a deux jours.

— Je sais ce que j’ai dit. Mais ce soir, j’ai envie de m’amuser. On parlera affaires demain.

Elle marque une pause, puis lance avec un sourire en coin.

— D’ailleurs, il faut qu’on se prépare.

— Se préparer pour quoi ? demandé-je, perplexe.

— La fête en mon honneur, voyons ! Vladimir ne t’a rien dit ?

— Disons que nos rapports sont quelque peu... tendus, ces derniers temps.

— Ça aussi, on y reviendra, dit-elle le ton un peu plus sérieux.

— Mon retour n’est plus un secret pour personne. J’y ai veillé ces derniers jours. Ce soir, ils viendront tous pour me voir… et je dois être la plus belle de toutes.

— Tu l’es déjà, la rassuré-je.

Pour l’argent investi en elle, et surtout ce qu’elle rapporte, Marie-Antoinette est la plus rentable de toutes les filles de Vladimir. Elle a donc parfaitement le droit de jouer la diva. En un sens, elle l’est.

— Je sais. Mais ce soir, je dois l’être encore plus. Allez, prends ton verre, on y va. Sinon, on sera trop en retard, et ça gâcherait tout l’effet.

— Mais je n’ai rien apprêté. Regarde-moi…

Elle me détaille d’un air amusé, un petit rictus accroché aux lèvres.

— C’est exactement ce que je fais depuis tout à l’heure. Et c’est d’ailleurs pour ça que j’ai fait venir quelqu’un, spécialement pour toi.

— Eh bien, merci, répliqué-je, faussement vexée.

— Il fut un temps où tu rivalisais avec moi. J’en étais même jalouse. Puis, du jour au lendemain, tu as décidé que tu voulais te battre comme un homme…

— Quoi ?! m’exclamé-je, les yeux écarquillés.

— Tu m’as bien entendue. Et maintenant tu ressembles à…

Je la fixe, prête à bondir si elle ose terminer sa phrase comme je le crains. Elle soupire, lève les mains et capitule.

— On n’a pas le temps de se chamailler.

— C’est toi…

— Non, tais-toi, me coupe-t-elle. Si tu continues, tu vas m’énerver, et ce n’est pas bon pour ma voix. Allez, viens.

Je ne vois pas bien le rapport avec sa voix, mais ça m’arrache un rire. Et, je me laisse entraîner.

Putain, qu’est-ce qu’elle m’avait manqué.

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