Chapitre 30

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— Qui t’a appris à te battre ?

Je bloque le poing de Taylor et me dégage de l’emprise de ses bras musclés. Une seconde de plus, et il m’aurait mise KO, un couteau sous la gorge.

— Personne, répond-t-il en se redressant, faisant habilement tournoyer son arme.

— Menteur, lancé-je en décrivant de petits cercles autour de lui.

Un lent sourire étire ses lèvres. Il me suit du regard, concentré sur chacun de mes mouvements, attendant patiemment qu’une faille se révèle dans ma posture pour attaquer. Une demi-heure qu’on s’entraîne, et aucun signe de fatigue ou d’essoufflement dans sa voix. Impressionnant pour quelqu’un de sa carrure. Un mouvement sur ma gauche me distrait, et le temps d’un battement de cils, je perds de vue mon adversaire. Puis, en quelques secondes, tout s'enchaîne.

Je l’ai à peine entendu approcher, que je me retrouve nez à nez, collée contre son torse, incapable de me libérer de son emprise. Son bras droit maintient fermement mon cou, bloquant tout mouvement de ma tête, tandis que son bras gauche agrippe mon poignet, me forçant à lâcher mon couteau. Je résiste tant bien que mal, mais une pression insistante de son pouce à la commissure de ma paume me fait abandonner. L’objet tombe sur le sol de la salle d’entraînement dans un bruit sec. Sans attendre, à l’aide de son pied droit bloquant le mien, il tente une clé de cheville, mais ça, je l’avais vu venir. Au lieu de finir étaler par terre, c’est lui qui s’y retrouve. D’un mouvement rapide, je récupère mon couteau gisant au sol et dans la foulée, retire le second enfoui dans ma botte. Mais lorsque je me retourne vers lui, il est déjà debout. Je pousse un juron de frustration auquel il répond par un large sourire arrogant.

— Et toi qui t’a appris à te battre ? Demande-t-il en lissant sa tenue.

— Plusieurs personnes. Mais au corps à corps, Vassili m’a montré quelques trucs.

Taylor lève un sourcil narquois.

— Oui, nous étions à ce point proches, dis-je en grimaçant.

Il ne fait aucun commentaire.

— Pourquoi ? Dis-je en l’observant.

Il s’approche d’un pas délibérément lent.

— Parce que tu te débrouilles pas trop mal pour une gonzesse.

Sa phrase me prend de court, me laissant hébétée. Je me débrouille pas trop mal ? Pour une gonzesse ? Il se fout de ma gueule ce…

Je me retrouve brutalement au sol, son poignard pressé contre mon ventre. Il a profité de mon moment d’égarement pour attaquer. Ma main glisse lentement vers mon couteau, mais son bras libre m’empêche d’aller au bout de mon geste.

Je comprends à son sourire étincelant, que sa petite remarque n’était qu’un piège. Et je me suis fait avoir comme une débutante. Je lui rends son sourire, puis j’entends un raclement de gorge provenant de l’entrée de la salle. Nous ne sommes plus seuls. Je détourne les yeux de Taylor, et découvre Adrian qui nous fixe les sourcils froncés. Par sa posture, je devine aisément qu’il est… irrité. Je fronce à mon tour les sourcils et me tourne vers Taylor. Je comprends alors son humeur. Notre position ne laisse pas beaucoup de place à l’imagination.

J’extirpe mon pied de nos jambes entremêlées pendant que ce dernier se redresse, un sourire malicieux aux lèvres. Je récupère mes couteaux, et les range dans mes poches. Lorsque je relève la tête, deux mains sont tendues devant moi. Sur ma gauche, celle d’Adrian et à ma droite, celle de Taylor. Je me retiens de rouler des yeux et me relève seule, puis lisse mes vêtements froissés. Taylor s'éloigne alors rassembler ses affaires.

Je m’approche d’Adrian. Il m’attire aussitôt dans ses bras et pose exagérément sa main dans le creux de mes reins.

— Tu sais que tu n’as pas besoin de marquer ton territoire ? dis-je en enlaçant son cou.

Il détourne lentement les yeux de Taylor et me fixe, mais ne répond rien. Sa mâchoire est toujours serrée. Je prends son menton entre mes doigts et pose délicatement un baiser sur ses lèvres.

— Ne sois pas jaloux, dis-je avant d’approfondir mon baiser.

Il encadre mon visage de ses mains, et beaucoup plus détendu, me rend mon baiser. Lorsque nous nous séparons, Taylor a quitté la pièce.

— Viens, dit-il.

Je prends sa main et nous nous dirigeons vers ma chambre.

— Passe la journée avec moi, dit Adrian au moment où je sors de la douche.

— En dehors du centre je veux dire, précise-t-il.

Je le fixe d’abord surprise, ne comprenant pas là où il veut en venir, puis mon visage s’éclaire.

— Est-ce un rencard que tu me proposes, Adrian ? Fais-je sourire en coin.

Il se rapproche et me prend par la taille. Sa main glisse sous ma serviette, effleurant la peau lisse de mes fesses. Son touché provoque des frissons dans tout mon corps.

— Oui, répond-t-il dans un murmure. Mais vêtu de la sorte, je ne suis plus sûr de ma proposition.

Je glousse, faisant semblant de m’extirper, mais n’ayant aucune envie de quitter ses bras.

— Il s'avère qu’aujourd'hui, c’est ma journée de repos…

Je fais semblant de réfléchir.

— Je pourrai peut-être libérer un peu de mon temps pour vous, mon beau monsieur.

Adrian pousse un grognement dans le creux de mon épaule qui me chatouille. Un rire m’échappe que j'étouffe aussitôt.

— Cependant, continué-je en le pointant du doigt, je ne crois pas qu’aujourd'hui soit un jour de congé, pour vous.

Il se redresse et me fixe, un sourire aguicheur sur le visage.

— Je connais la patronne.

Je lève un sourcil.

— Et je pense qu’elle ne sera pas contre un jour de congé anticipé.

Mon expression est dubitative, alors il enchaîne.

— Surtout si cela sert ses intérêts. J’ai entendu dire qu’elle ne passe aucun marché sans être d’abord sûre d'en tirer le meilleur parti.

— Et que gagne-t-elle cette fois ?

Il fait semblant de réfléchir.

— Et bien, d’abord un déjeuner dans son restaurant préféré, le Sunday Grill, ai-je entendu dire. Ensuite, une promenade, munis d’un gros pot de pop-corn, les deux tiers salés, le reste sucré, mélangés de manière très, très, très, très homogène.

La surprise doit se lire sur mon visage. Je ne sais pas lequel de Ricky ou de Katherine a vendu mes secrets, mais je pencherais pour Katherine.

— Ensuite, on ira au parc. J’ai aussi entendu dire qu’elle voulait faire un tour de chute libre.

Je pensais qu’il ne m’écoutait pas quand je me plaignais de toutes ces choses que je n’avais jamais faites et qu’il fallait absolument cocher sur ma liste.

— Et s’il reste de la place pour le dessert…

— Il y a toujours de la place pour le dessert.

— Alors on prendra un dessert. Glace vanille bourbon, graines de pistache et pépites de chocolat noir.

Mon sourire s’élargit progressivement et je lui tends la main.

— Marché conclu, dis-je.

Il fixe ma main tendue, puis me dévisage, comme pour s’assurer que je suis vraiment sérieuse. Je hoche vivement la tête, et il finit par me tendre la sienne.

— Marché conclu, répète-t-il. Mais pour commencer, continue-t-il, il me semble que la patronne est chatouilleuse du creux de l’épaule.

Je retire aussitôt ma main et recule.

— Je n’ai pas accepté cette clause, dis-je en reculant davantage.

Le sourire d’Adrian s’élargit alors qu’il avance. Mon dos heurte le mur derrière moi, et je me retrouve prisonnière.

— Faut toujours lire les petites lignes en bas de page.

Puis il se jette sur moi, me faisant pousser un grand cri.

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