Chapitre 32

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Je pivote légèrement vers Adrian qui me fixe déjà.

— Rappelle-toi de ce que je t’ai dit tout à l’heure, Catelyn.

Son regard est suppliant, mais avant que je ne réplique quoi que ce soit, il s’éloigne retrouver les deux agents, avec qui il échange une poignée de mains fermes. J’avance à mon tour et m’arrête à une distance raisonnable des trois hommes.

— Catelyn, dit Adrian. Voici l’agent Ross et l’agent Yang, tous deux du FBI.

Je fixe les deux hommes. Celui qui se fait appeler Ross, est de la même carrure qu’Adrian. Grand, dans la trentaine, crâne rasé et une petite barbe au menton. Il m’observe, le visage fermé. À l’inverse, Yang plus petit de taille et un peu voûté, paraît plus courtois.

Ont-ils convenu de jouer au duo classique du gentil et du méchant flic ?

Yang doit approcher la soixantaine. Ses longs cheveux grisâtres, presque blancs, sont noués en un chignon bas. Il porte un costume noir, le même accoutrement que son collègue.

— Bonjour Catelyn, dit-il en faisant un pas dans ma direction.

Sa voix est basse et légèrement enrouée. Sa démarche est quant à elle ferme et vive.

— Tout ceci doit vous paraître déroutant.

Non, vraiment ?

— Mais si vous voulez bien vous asseoir, nous allons discuter.

Je lève les yeux vers Adrian. Il hoche la tête. Je n’ai pas besoin de son feu vert pour me soumettre. Ils sont trois contre moi, dont deux semblent lourdement armés, si j’en juge la bosse à la hauteur de leurs tailles, et sans doute d’autres armes planquées un peu partout dans l’entrepôt. Si j’essaie quelque chose, je ne m’en sortirai pas sans blessures. J’ai déjà mon lot de cicatrices, et je n’ai aucune envie d’en rajouter.

J’emboîte le pas de l’agent Yang et tire l’une des quatre chaises disposées autour de la table au centre de la pièce. Le grincement métallique résonne dans toute la salle. Maintenant que je peux observer correctement, je réalise à quel point elle est grande et… vide. Pas de fenêtres. Une seule porte, celle par laquelle nous sommes entrés. Très peu de marge de manœuvre. Tout est calculé.

Je m’assois et fixe l’agent Yang, installé en face de moi. Ross s’approche et prend place à côté de son collègue. Adrian est le dernier à rejoindre la table. Il s’arrête à deux mètres, sans s’asseoir.

Méfiance ou mesure de sécurité ?

Probablement les deux.

— N’en voulez pas à l’agent Miller, reprend Yang en jetant un rapide coup d’œil à Adrian avant de se recentrer sur moi.

— Il a voulu vous mettre dans la confidence, mais s’est vu refuser ce droit.

Il marque une pause, comme s’il pesait chaque mot avant de parler.

— Je lui ai ordonné de ne rien vous dire.

L’accent qu’il met sur le premier mot ne laisse aucun doute sur sa position dans ce petit groupe. C’est lui le chef.

Ses traits se durcissent, son regard devient acéré. Il ne rate rien de mes réactions, et me scrute comme s’il pouvait fouiller mon esprit.

Je croyais que c’était lui le gentil. Je me suis trompée. Sous ses airs de calme et de bienveillance se cache un froid calculateur. Parfait.

J’ai affaire à un semblable.

Il pense sûrement savoir comment les gens comme moi réagissent. Comment on raisonne. Comment on craque. Je lui rends un sourire à peine perceptible.

Il peut toujours essayer.

Il pose sur la table un cartable en cuir marron que je n’avais pas remarqué jusque-là. Il craque légèrement sous ses doigts. Un dossier noir, épais, en émerge, qu’il dépose devant moi avec une précision presque chirurgicale. Il referme ensuite le sac, le glisse à ses pieds, puis relève lentement les yeux vers moi.

— Vous êtes difficile à approcher, mademoiselle Wells, dit-il en ouvrant la première page du dossier.

Personne n'avait plus prononcé mon nom de famille depuis une éternité

Sur la feuille face à moi, mon visage occupe toute la moitié supérieure de la page, suivi d’une série de lignes parfaitement alignées, froides et impersonnelles. Les mêmes fiches qu’on établit pour une cible. Ou pour un recrutement. Dans certains cas, la différence est mince.

Viviane Catelyn Wells, vingt-quatre ans, un mètre soixante-dix, cinquante-neuf kilos, née à Dunkerque en France. Sur la page suivante, une autre photo de moi, adossée à ma voiture, sur le parking du centre. Elle date d’à peine quelques mois. L’agent Yang la fait glisser vers moi, calmement, tout comme la précédente. Sur la suivante, je suis de dos. Vladimir me fait face. Nous sortons d’une réunion avec un acheteur, en dehors de la ville. Celle-là remonte à plus d’un an. Puis une autre, Ricky et moi, en tenue de combat. Il parle, je souris à moitié. Lentement, il sort encore d’autres images, une à une, qu’il pousse vers moi du bout des doigts. Sur la dernière, je porte une robe de soirée. Je souris à un homme assis à mes côtés. Vassili.

Je prends une longue inspiration et détourne le regard, lasse. Le message est clair. Ils me suivent depuis des années, à en croire les dates auxquelles certains clichés ont été pris. Des photos prises à mon insu, dans des lieux différents, seule ou accompagnée. Des images d’une netteté telle qu’il me serait impossible de nier quoi que ce soit, ni les rencontres, ni les visages, ni même les lieux. Je crois le déballage terminé, lorsque l’agent Yang sort deux nouveaux clichés.

Et là, tout bascule.

Comme les précédents, il les pousse vers moi, lentement, avant de lever les yeux. Un sourire naît au coin de ses lèvres.

Sur la première photo, Adrian me porte dans ses bras à la sortie du club. Je ne me souviens pas de ce moment, mais la robe que je porte suffit à me situer. C’était la fête en l’honneur de Marie-Antoinette, il y a six jours. Je me rappelle avoir trop bu… puis plus rien. Un blackout total. Le cliché a donc été pris ce soir-là. Mais la photo qui me glace le sang, c’est la dernière. L’agent la pose devant moi avec une lenteur calculée, avant de refermer le dossier d’un geste sec.

Ma vision est floue depuis un moment, et ça fait dix fois que j’essaie de compter jusqu'à trois, sans succès. À la onzième tentative, j’abandonne. Je me lève d’un bond, la chaise tombe dans un tintement assourdissant. Je pivote vers Adrian et comble l’espace en quelques enjambées. Mon poing frappe sa mâchoire juste quand j’arrive à sa hauteur. Il titube. Avant qu’il ne se reprenne, je lui attrape la jambe et force une clé qui lui fait perdre totalement l’équilibre. Il s’effondre dans un bruit sourd. Je me retrouve à califourchon sur lui, et un deuxième coup s’écrase contre sa mâchoire.

— Comment as-tu osé ? m’écriai-je la rage au ventre.

Comment a-t-il pu partager avec eux cet instant de fragilité, de vulnérabilité, de pur… joie ? Cet instant où j’avais totalement confiance en lui, au point de me laisser photographier dans mon intimité, dans ma chambre, une tasse de chocolat chaud à la main, vêtue seulement de son t-shirt, le regard débordant d’amour pour celui derrière l’objectif. Lui.
Mon sourire… Dieu, mon sourire. Rayonnant, sincère. Le cliché parfait de l’idiote, éperdument amoureuse.

— Comment t’as osé me faire ça ? Nous faire ça ?

— Catelyn, je ne… murmure-t-il.

Je ne le laisse pas finir sa phrase. Un troisième coup, un quatrième, un cinquième… je lâche tout, sans retenue. Il ne se défend pas, ne montre aucun signe qui laisse penser qu’il en a même l'envie. Ce constat embrase encore davantage ma rage. Il me regarde seulement, les yeux pleins de regrets.

— Défends-toi ! hurle-je. Défends-toi !

Qu’il m’offre une raison de plus de le haïr. Comme s’il en fallait davantage, comme si cette trahison, cette humiliation, n’étaient pas déjà suffisantes. Les brûlures dans mes phalanges ne sont qu’une douleur sourde sous ma colère ; je ne les sens presque pas. Un coup de feu claque tout près de mes oreilles. Ça ne m’arrête pas. Je ne sais plus combien de fois je le frappe. J’ai arrêté de compter. Je ne veux pas compter. Je veux juste qu’il comprenne, qu’il souffre comme je souffre.

Puis je sens le froid d’un métal appuyé contre ma nuque, et, juste après, le déclic du cran de sûreté qui saute.

— Je ne rate jamais une cible.

Au son de la voix froide et posée de l’agent Ross, je m’immobilise, les poings suspendus, prêt à s’abattre de nouveau.

Je conclus que le premier coup de feu n’était qu’un avertissement. Il n’avait pas pour objectif de m’atteindre. Mais le second…

Lentement, je me redresse, la respiration erratique, et m’éloigne de l’homme au sol. Lorsque ma vision se stabilise, et que la pièce reprend ses contours, je jette un regard à Miller et retient aussitôt un cri.

Son visage est maculé de sang. Ses traits sont à peine reconnaissables. Ses yeux ne forment plus qu’une ligne, ses lèvres entrouvertes laissent échapper un filet rouge. Il ne bouge pas. Une peur panique me saisit la poitrine à l’idée de l’avoir peut‑être tué. Je fais un pas vers lui, mais au même moment, il remue. Je me ravise aussitôt et recule, puis me redresse, les muscles encore tendus.

L’agent Ross me fixe, méfiant, le revolver toujours braqué dans ma direction, hésitant sur la marche à suivre. Je m’approche de la chaise tombée, la relève et m’assois de nouveau en face de l’agent Yang, qui n’a rien manqué de la scène. Il me tend un mouchoir. Je l’accepte et essuie mes doigts, maculés du sang de l’agent Miller… et un peu du mien. Je regarde Miller, qui peine à se remettre debout. Un pincement au cœur me traverse, mais je l’étouffe aussitôt. Il ne mérite pas ma pitié.

Ross décide à cet instant, de ranger son arme. Il tend ensuite la main à son collègue. Mais Miller la repousse et parvient enfin à se redresser seul, avant de s’éloigner vers l’arrière de l’entrepôt.

Je me tourne vers Yang.

— Merci, dis-je en pliant le mouchoir et en le glissant dans ma poche.

Il hoche simplement la tête.

— Depuis combien de temps ?

Il me fixe longuement, délibérant si ma question mérite une réponse.

— L’unité a été montée il y a deux ans, finit-il par dire.

— Miller ne nous a rejoints que depuis six mois, ajoute‑t‑il ensuite, comme s’il venait seulement de comprendre le sens de ma question.

Six mois donc qu’il prépare son coup, bien avant d’arriver au centre, où il n’est présent que depuis près de deux mois.

Je revois ses mots ce jour-là, quand je l’ai confronté : “Quoi de mieux pour me venger du système que de travailler pour le compte de ceux qu'ils prétendent combattre.” Il m’a regardé droit dans les yeux, et m’a menti.

— Nous savons que… commence l’agent Yang, mais je l’interromps.

— C’était l’idée de qui ?

Il me dévisage, l’incompréhension se peignant sur son visage.

— Qui a eu l’idée de me séduire ? C’était la vôtre ou la sienne ? Qui a pensé que ça irait plus vite en me mettant dans son lit ?

Le silence devient lourd. Sa mâchoire se contracte, trahissant une irritation contenue. J’observe les deux agents en face de moi. Ross se redresse sur son siège, une gêne palpable dans son geste. Yang, lui, rassemble les dernières photos éparpillées sur la table et relève lentement la tête, ses yeux plantés dans les miens.

C’est alors que le troisième revient. Son visage est tuméfié, mais le sang a disparu, laissant place à une expression froide et résolue.

— Ce n’était l’idée de personne, lâche enfin le plus âgé.

Je sens une tension que je ne soupçonnais pas quitter mes épaules.

— Lorsque j’ai découvert votre… relation, j’ai ordonné qu’il y mette un terme. Évidemment, il ne m’a pas écouté.

Il jette un regard sévère au concerné, comme pour lui rappeler qu’il l’avait prévenu.

— J’ai cru que c’était sa stratégie pour rapidement gagner votre confiance. Même si c’était le cas, je ne voulais pas qu’il prenne le risque de se faire happer dans votre monde et oublie ce pourquoi il était là.

Il marque une pause.

— Et je ne pense pas que vous soyez du genre à confier des informations sensibles à vos amants sous l’oreiller.

Sans une intention derrière.

Il ne le dit pas, mais le sous-entendu est clair.

— J’étais inquiet que la nature de votre relation compromette la mission, et que nous devions repartir de zéro. Mais je me trompais. Il m’a prouvé sa fiabilité, et j’ai compris que je pouvais aussi vous faire confiance pour nous aider.

J’observe Adrian. Son expression reste neutre, comme si, dans son état, il pouvait faire mieux… Un agent fiable, donc. Un informateur redoutable. Humm.

Je détourne le regard et fixe Yang. Je ne sais pas pourquoi, il se livre de bon cœur, me donnant toutes ces explications, ni si je dois le croire. Pourtant, l’entendre dire qu’Adrian et moi, ce n’était pas planifié me soulage. Tout n’était pas un leurre.

Quoi qu’il en soit, en se confiant, il cherche à n’en pas douter à instaurer un climat de confiance. Mais jamais je ne ferai confiance à la police. Pas après qu’aucune enquête sérieuse n’ait été menée il y a six ans pour retrouver sept jeunes filles enlevées en pleine journée d’été.

— Que voulez‑vous ? dis‑je à mon tour.

Cette fois, c’est l’agent Ross qui parle, voix posée, contrôlée.

— Vladimir, répond‑il.

Je le fixe. Mon visage reste de marbre ; lui, me scrute sans ciller, puis reprend.

— Nous savons que vous êtes la tête pensante de l’organisation depuis plusieurs mois. Mais si vous en êtes là, ce n’est pas par choix. Comme beaucoup d’autres, vous êtes coincée. Vladimir menace la liberté de votre sœur, Sandra.

Ma mâchoire se serre. Miller leur a-t-il fourni ce renseignement, ou l'ont-ils découvert sans lui ?

— Ce que nous proposons est simple, continue Ross. Vous nous aidez à l’arrêter, et nous renonçons à vous poursuivre pour les actes commis sous son autorité. Malgré votre rang, vous restez d’abord une victime.

Il marque une pause.

— Aidez‑nous, Catelyn, et vous retrouverez votre sœur. Vous pourrez enfin vivre la vie que vous auriez dû avoir.

J’observe les deux hommes devant moi, puis me tourne vers l’agent Yang.

— Et si je refuse ?

Ce dernier me toise, blasé, comme si je ne faisais que rejouer un scénario qu’il connaissait par cœur, comme si cette question lui avait été posée des dizaines de fois, et que je n’étais qu’un énième visage à lui prouver que je ne faisais pas exception.

— Si vous refusez, dit‑il froidement, vous irez en prison. Inculpation pour espionnage, vols à main armée, cambriolages, braquages, meurtres, trafic d’armes… la liste est longue. Vos complices, Ricky, Katherine, Marie‑Antoinette alias Ava, seront poursuivis pour complicité.

Les visages en face de moi se ferment. Tout devient net. Au moins, là, c’est clair.

Je porte mes doigts à la hauteur de mes yeux. À cet instant précis, je regrette l’absence d’une manucure flamboyante. L’effet aurait été plus… dramatique.

— Adrian n’a pas réussi à réunir assez d’éléments pour me faire tomber. Je serais déjà en prison sinon. Au pire, quelques délits mineurs, et mes avocats se feront un plaisir de m’en débarrasser.

Yang me fixe. Nous savons tous les deux que j’ai raison. Ce n’est pas moi qu’ils veulent. C’est Vladimir. Ils viennent eux-mêmes de le dire. Sans moi, c’est peine perdue. Et ça, ils le savent aussi.

— Vous arrivez six ans trop tard pour que je vous aide de bonne foi, dis-je en me redressant. Voici ce que je propose.

— Vous n’êtes pas en droit de négocier, intervient Ross.

— Oh, vous croyez ? rétorqué-je en haussant les sourcils.

— Que voulez-vous, Catelyn ? reprend Yang, non sans jeter un regard discret mais lourd d’avertissement à Ross.

— Je veux que vous protégiez Katherine. Mettez-la sur la liste des témoins sous protection. Éloignez-la de Vladimir. Trouvez-lui un abri. Rien ne doit lui arriver.

Les deux hommes me dévisagent, les sourcils froncés.

— Elle est enceinte ! criai-je presque.

Yang et Ross échangent un regard, Yang plus marqué que Ross. D’un même mouvement, ils se tournent vers Adrian, qui confirme mes dires d’un simple hochement de tête. Une colère sourde brûle dans le regard du vieil homme. Je crois qu’il aurait aimé être prévenu avant. Peut-être pour s’en servir comme monnaie d’échange ? Trop tard, j’ai été plus rapide.

Il semble qu’Adrian ne leur dise pas tout, finalement

— Et qu’est-ce qu’on y gagne, à la fin ? reprend Yang, froidement.

— Vladimir, sur un plateau d’argent. N’est-ce pas donc ce que vous voulez ?

Il me scrute longuement pour détecter un mensonge ou un piège. Je soutiens son regard, immobile, sans ciller.

Convaincu de ma sincérité, il hoche la tête.

— Marché conclu, dit-il.

Il tend la main pour sceller l’accord. Je la serre, sans jamais quitter ses yeux.

Personne ne touchera à Vladimir. Il est à moi, et à personne d’autre.

— L’agent Miller s’occupera de la liaison. Comme il le fait déjà, dis-je un rictus aux lèvres.

Je n’ai pas besoin de me retourner pour sentir sa raideur.

Je me lève, mettant ainsi fin à l’entrevue ou au guet‑apens. Tout dépend du point de vue.

J’avance vers la sortie, mais à mi‑chemin remarque qu’Adrian ne me suit pas. Je m’arrête, me retourne.

— On nous a vus partir ensemble. Je ne veux pas avoir à justifier ton absence.

Il jette un coup d’œil à Yang qui acquiesce. Puis fait quelques pas hésitants dans ma direction. Ça m’irrite. Je ne vais pas le mordre. Quoi que, avouons-le, je viens presque de le tabasser à mort.

Je m’adresse aux deux agents restés en retrait.

— Vos informations ne sont pas à jour.

Yang plisse les yeux, attendant.

— Je fais soixante-cinq kilos maintenant. Le rendez-vous chez le médecin, c’était il y a dix‑huit mois.

Je me rappelle chaque détail de cette visite. Il s’agissait de feindre un simple contrôle chez le médecin de famille d’une cible, pour se rapprocher de lui et obtenir ses informations médicales. Je n’ai pas pu esquiver les examens classiques, taille, poids, tension, température... Si le FBI a pu y accéder, qui d’autre a eu le même accès ? Il faut que Jorys supprime toutes mes traces dans chaque base de données. Chaque indice, chaque chiffre. Tout doit disparaître.

Je leur lance un sourire narquois avant de sortir dans la fraîcheur de la nuit, Adrian à mes côtés. Il fait complètement noir maintenant. Sans la lune pour éclairer un peu le ciel, je n’aurais jamais repéré ma voiture, garée non loin, ses contours se fondant dans l’ombre.

Je fais quelques pas vers le véhicule quand mon nom résonne dans le silence glacial.

Je me fige. Incapable du moindre mouvement. Le temps semble ralentir. L’air devient soudainement lourd. Je reconnais cette voix. Je la reconnaîtrais parmi des millions. Cette note presque cristalline… Elle a mûri avec le temps, mais c’est la même. Des frissons me parcourent, mais pas à cause du froid.

Adrian est le premier à se retourner. Il se rapproche de moi, faisant barrière. Je force mes muscles à m’obéir et me tourne à mon tour. Mon cœur rate un battement, comme si ma tête ne l’avait pas déjà anticipé.

Non… ce n’est pas ce que je crois. Je dois rêver.

Là, devant moi, se tient la dernière personne que je veux voir ici.

— Sandra ? dis-je confuse.

Elle sort de la pénombre et avance d’un pas, la lune révélant les contours réguliers de son visage. Les mêmes que les miens, à son âge.

Définitivement, cette journée est une putain de punition divine.

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