J1 - jeu de société - une partie de Monopoly 

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De l’autre côté de la table, Wendy sourit de toutes ses dents blanches.

Ses yeux pétillent, tandis qu’elle s’évente ironiquement avec une épaisse liasse de billets.

« Alors, Frank ? Tu lances ton dé ? »

J’observe le plateau de jeu, dont de trop nombreuses cases sont occupées par des maisons qui ne sont pas à moi.

J’avale, pour la énième fois, difficilement ma salive.

Cette partie de Monopoly n’a pas, mais alors vraiment pas, tourné à mon avantage !

Et bien sûr, moi, entêté invétéré que je suis, je persiste à refuser de laisser tomber et j’ai accepté la règle bonus proposée par mon amie, juste pour éviter de perdre !

Voyons… j’arrive dans une zone où elle a un tout petit peu moins de propriétés…

Avec de la chance, je peux esquiver la ruine et même peut-être tirer une bonne carte à la caisse communautaire.

Je lance mon dé, en croisant les doigts de toutes mes forces !

Et le verdict est… mes espoirs s’effondrent comme un château de cartes, tandis que l’air satisfait de Wendy s’accentue encore plus.

« Avenue Mozart ! C’est chez moi ! Du coup, tu me dois… »

Je pourrais presque lui voir pousser une queue et des cornes de diablotin, tellement elle se réjouit de ma déveine, pendant qu’elle rafle les pauvres billets que j’avais eu tant de mal à conserver jusqu’à présent.

Une fois qu’elle a engraissé ses piles de billets avec mon argent, elle jette une œillade amusée aux restes de ma "fortune", qui s’élève désormais à un pitoyable montant de cent cinquante.

« Tu veux que la banque vole (encore) à ton secours ? »

Je maudis mon esprit compétitif et mauvais perdant, alors que je lui adresse un grognement affirmatif.

Les commissures de ses lèvres vont finir par rejoindre ses oreilles si elle continue à sourire comme ça.

« Alors ? Qu’est-ce que tu me mets en gage, cette fois ? » m’interroge-t-elle dans un ronronnement, alors qu’elle me détaille sans vergogne.

Qu’est-ce qui m’a pris d’accepter qu’elle s’occupe de gérer la banque ?

Cette vipère m’a déjà dépouillé de ma montre, de ma chemise et de mon pantalon…

« …Je peux mettre en gage mes chaussettes ? »

« Rien ne te l’interdit. Mais tu n’obtiendras pas grand-chose pour ça. »

Si cette fille devient la patronne d’un empire financier un jour, je ne serai même pas étonné.

« Même si je suis sûr que tu me donneras davantage pour mon boxer, je ne le miserais pas… »

« Sauf que tu n’as rien d’autre. »

Elle appuie sa tête sur son poing, pendant qu’elle recommence à s’éventer avec son argent.

« Mais… tu as de la chance : j’accepte de te faire une autre proposition pour te renflouer ! »

Je sais que je vais le regretter…

« Et quelle est la nature de cette offre si généreuse ? »

Elle se saisit de son sac à dos, qui était jusqu’alors resté appuyé contre le pied de sa chaise, pour le poser sur ses genoux.

« Un gage, disons. »

Je la dévisage, circonspect.

« À quel point tu avais tout prévu ? »

Un rictus équivoque fleurit sur ses lèvres, alors qu’elle ignore ma question pour demander à la place : « Tu marches ou tu continues la partie avec ton maigre pécule ? À moins que tu préfères admettre ta défaite… »

Mon amie me connaît trop bien. Elle sait exactement quoi dire pour me mener par le bout du nez !

Je soupire.

« D’accord… C’est quoi ? »

« La banque te donne trois mille pour chaque gage que tu acceptes ! »

« De quoi me remettre plus qu’à flot ! Mais ça ne me dit pas ce que je vais devoir faire… »

« Accepte d’abord de te soumettre au moins au premier gage et je te le dirai. »

« Mais dis-moi ! »

« Accepte d’abord. »

Son silence obstiné en aurait fait se méfier plus d’un, mais moi je suis habitué à son caractère entêté. En cela, on se ressemble tous les deux.

« Bon, ok. J’accepte. »

Elle se fend d’un rictus satisfait, puis fait glisser la fermeture éclair de son sac, en dévoilant le contenu.

Oh sainte mère.

Cordes, menottes en cuir, rubans adhésifs, pinces à tétons et autres "joyeusetés" du même calibre s’offrent à ma vue.

« Le premier gage est gentil : juste les pieds menottés à ta chaise. Pour la suite, je pense que ça partira sur une main attachée dans le dos, puis sur les pinces …et après je n’ai pas encore décidé ! »

Je la dévisage, pesant le pour et le contre.

Les menottes aux pieds, ce n’est pas grave et j’ai déjà dit oui de toute façon.

J’ai mes chances… trois mille à chaque fois, c’est quand même pas mal !

« Ok, je marche. »

« Génial ! On va bien s’amuser. »

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